03 septembre 2018

Parrocel - Jésus et la femme samaritaine - Musée Fesch Ajaccio
Bible

Selon Jésus un regard de désir est comme un adultère ?

Par : pasteur Marc Pernot

Parrocel - Jésus et la femme samaritaine - Musée Fesch Ajaccio

Question posée :

Bonjour

J’ai une question importante pour vous. Il s’agit d’un passage dans la bible. Dans l’évangile selon Matthieu 5-27 il est écrit: « Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère avec elle dans son coeur ».

L’adultère concerne que les personnes mariées n’est-ce-pas? Si on n’est pas marié, est-ce-que ce passage s’applique à nous quand même? Dans ce cas, c’est quoi exactement l’adultère?

Merci

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

D’abord, il ne faut pas prendre ce genre de discours de Jésus comme une loi à appliquer à la lettre mais comme une question à se poser.

C’est un principe général très important avec la Bible, parce que sinon il est difficile de comprendre.

Le passage que vous citez est pour cela intéressant, il y en a un encore pire un tout petit peu plus loin dans le même évangile : quand Jésus dit « de ne pas résister au méchant » (Mt 5:39), c’est un passage très clair, les mots ne posent pas de problème en particulier, mais si quelqu’un entend appliquer cela à la lettre, comme un ordre absolu à appliquer… on arrive très vite à des horreurs = il est manifestement impossible de laisser les pédophiles, les violeurs, les gangsters et les tyrans faire n’importe quoi sans résister. Au contraire, la foi de Jésus-Christ a été bien souvent une source d’inspiration pour des hommes et des femmes qui ont résisté à l’oppression, à l’injustice, à la méchanceté. Bien sûr.  Ce genre de commandements est dangereux quand il est pris à la lettre, c’est dangereux dès lors qu’il est pris comme un absolu appelant à la soumission.

Mais ces paroles sont géniales quand on le prend comme des questions nous ouvrant sur une réflexion plus approfondie, de sorte que chaque personne sera grandie, nourrie, éclairée et pourra alors apporter une réponse adaptée aux circonstances particulières.

Jésus dit « ne résistez pas au méchant », il nous fait réfléchir sur la question de la méchanceté et de l’agression.

Quand il parle d’adultère à propos d’un regard de désir : Jésus ne nous condamne pas ainsi à mort, mais il nous invité à nous interroger sur la question que pose notre désir et notre façon de le gérer.

Mais c’est comme avec le commandement précédent, il n’est pas bon de lire cette parole au pied de la lettre, comme si c’était une condamnation de Dieu pour un désir que nous ne pouvons pas contrôler. Ce serait dangereux, inutilement culpabilisant et même désespérant. Mais ces paroles de Jésus sont bien plus fines et intelligentes, bien plus fécondes, bien plus source de vie pour nous qu’une petite Loi. Cette parole que vous citez nous aide à prendre conscience de ce désir comme potentiellement source de mauvaises choses, comme étant la racine de l’adultère, et plus largement comme mettant en nous l’animal au dessus de l’enfant de  Dieu, au dessus aussi de notre intelligence, de nos valeurs de dignité, de respect des autres. Cette parole de Jésus nous rend attentif au symptôme, et nous aide à voir notre faiblesse avant qu’elle ne se traduise en actes faisant du mal.

Donc oui, ce passage s’applique à tous, mais il faut le prendre comme un sujet de réflexion sur nous-mêmes et sur l’humanité, nous invitant à demander à Dieu un supplément d’Esprit Saint, de sagesse et de force, de cœur et de foi.

Autre exemple : Jésus dit dans ce même passage que celui qui traite son frère d’imbécile est pire qu’un assassin, qu’il est digne d’être passé dans le feu éternel (Matthieu 5:22)!!! Or, au chapitre 23 du même évangile selon Matthieu, on voit Jésus traiter d’insensé les scribes et pharisiens et même de bien pire que cela. Il n’est donc pas question de lire ce commandement de Jésus à la lettre, mais là encore de se poser la question de la violence de nos mots et même de la violence de nos pensées. Ensuite, même si nos actes ne vont heureusement pas jusqu’à assassiner quelqu’un, c’est vrai qu’une parole dure peut parfois être salutaire, mais qu’elle peut parfois elle peut blesser très très profondément quelqu’un, et parfois même le pousser à la mort. Il est vrai que quand nous pensons du mal de quelqu’un, sa valeur dans notre tête et dans notre cœur sont comme salies, voire réduites à néant en nous. Et que cela est triste et grave. Jésus nous invite donc à regarder en nous-même, à réfléchir avec l’aide de Dieu, afin d’avancer, et que soit purifié notre amour, notre intention, notre discernement. Alors notre parole ou notre silence, nos actes auront un peu plus de chance d’être porteurs de vie et non de mort, de progrès et non de blessures, de bonheur et non de souffrances. Oui, bien souvent nous avons besoin du feu de l’amour de Dieu pour purifier en nous tout cela.

S’ouvrir à ce genre de question et de démarche est très utile pour progresser, je pense. Et en plus cela aide Dieu à poursuivre notre propre évolution, bien au delà de ce que nous aurions été capable de faire par nos propres forces.

Amitiés fraternelles

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Arthur Ceyrac dit :

    Bonjour Monsieur le Pasteur,

    Je ne suis pas d’accord avec vous! Jesus nous parle de l’intelligence du cœur. Et quand on désire la femme d’un autre, le cœur n’est pas pur. Ou quand on a de la haine envers le méchant, le cœur n’est pas pur. Jesus traite les scribes d’insensés et renverse les tables dans le Temple mais il n’a pas une once de haine en lui. Et d’ailleurs il a empêché Pierre de sortir son épée face aux soldats romains et il s’est fait lapidé et crucifié alors qu’il pouvait l’éviter en tant que Fils de Dieu. Et à la fin que dit-il : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Donc oui tendre l’autre joue est à prendre au pied de la lettre. Et pareil pour le désir de la femme de son prochain. C’est très exigeant et très difficile mais c’est ainsi. Voici mon opinion, c’est trop facile d’interpréter parce qu’on est choqué. (Et d’ailleurs tendre l’autre joue est commun avec le bouddhisme tibétain, c’est un argument en faveur de l’interprétation littérale).

    1. Marc Pernot dit :

      Chacun a le droit de lire la Bible à sa façon, bien entendu.
      Et d’aimer le bouddhisme tibétain, ou le bouddhisme occidentalisé, le chamanisme, ou autre spiritualité.
      En tout cas, Dieu vous bénit et vous accompagne

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