Une femme, avec son chien est assise dans l'herbe d'un parc - Image par eugene chystiakov https://pixabay.com/fr/photos/femme-chien-pique-nique-ami-animal-4374473/
Foi

Comment encore prier encore quand on ne croit plus en un Dieu magicien mais à Dieu comme amour ?

Question posée :Bonjour Pasteur,J’ai découvert votre site par hasard et je voulais vous remercier pour toute votre bienveillance et votre enseignement. Cela donne vraiment envie d’être avec Dieu.Chrétienne de base, j’ai toujours grandi dans la religion. Mais je pense qu’on nous l’a mal transmise. J’ai toujours connu Dieu comme un être qu’on doit louer, avec qui on doit faire l’effort de faire le bien pour qu’Il nous bénisse, pour qu’Il nous accorde des faveurs. Même moi je me trouve hypocrite, car au fond de moi, je sais que je ne suis pas quelqu’un de bien.J’ai essayé de faire le bien, je pensais que faire de bonnes actions m’aiderait à attirer les faveurs de Dieu.

Il y a quelques années, j’ai découvert l’enseignement d’un autre pasteur, qui m’a montré Dieu comme le Dieu d’Amour qui nous aime sans condition, tel que vous le présentez. Je pensais avoir compris ; du moins j’ai compris que Dieu m’a toujours aimé et m’aimera toujours quoi que je fasse.Mais malheureusement, je pense que mon subconscient a mal interprété les choses. Je suis très théoricienne et intellectualise beaucoup les choses.

Maintenant, cela paraît absurde, mais j’ai l’impression que malgré tout cela, je ne fais plus rien pour entretenir ma vie spirituelle. Je suis dans la passivité totale.Je n’aime plus vraiment aller à la messe. Je prie rarement, et même quand je prie, c’est juste une prière de panique bâclée. Je n’ose plus vraiment demander des choses à Dieu, car je me dis qu’Il sait ce dont j’ai besoin et que la prière ce n’est pas demander des faveurs à Dieu. Pourtant maintenant, je suis dans la détresse et j’ai besoin de sa faveur. 

Quand je lis vos réponses ici, quand je vois « Dieu n’est pas un magicien », je comprends bien le fond de vos explications ; mais ma sensibilité me fait prendre au 1ᵉʳ degré. Bref, je pense que je suis un peu déboussolée. Je voudrais avoir une relation sincère avec Dieu, mais je ne sais pas par quoi commencer. Je me sens trop hypocrite.

Merci déjà pour votre réponse. Bien cordialement,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Évoluer dans sa théologie, dans sa foi, sa prière

Bravo pour la sincérité de votre démarche. Bravo pour votre évolution théologique spirituelle, ce n’est jamais facile d’évoluer. Il est donc normal qu’il y ait un temps de flottement et de craintes entre ces deux façons d’être : celle basée sur la foi en un Dieu magicien qu’on cherche à séduire pour avoir ses bénédictions. Et la foi en Dieu qui de toute façon nous aime et fait tout pour nous donner la vie.

Du Dieu magicien que l’on craint au Dieu amour qui nous aime

Le problème du premier modèle, c’est que ça ne marche pas : on sait bien que les malheurs arrivent au juste comme pécheur, que la tornade qui passe détruit la villa de l’un comme de l’autre. Je connais les personnes qui ont perdu la foi au pire moment à cause de cette théologie, quand leur est arrivé un malheur terrible, cruel, injuste.

Quel sera donc la prière dans le deuxième modèle ?

  • C’est d’abord méditer sur ce Dieu d’amour. C’est très inspirant. Ça vaut beaucoup mieux que de se présenter et de méditer un Dieu qui envoie ses bénédictions à condition qu’on les ait payées avec suffisamment de prières de culte et de privations, et qui peut tout autant envoyer des malédictions si ça lui prend. Un Dieu puissant par cet amour, même s’il n’est pas TOUT-PUISSANT, il agit dans la profondeur de nos êtres et du monde. Cela permet de penser à ce que pourrait être sa volonté, son espérance pour ce monde et pour nous-mêmes, et prier avec lui pour qu’elle soit de mieux en mieux faite, sa volonté, sur la terre comme au ciel.
  • C’est ensuite la louange : elle change tout, relève ce qui est bon et beau dans notre vie, dans ce monde, dans les autres autour de nous. Et remercier Dieu. Cette démarche nous façonne : elle nous donne d’abord un regard bienveillant qui cherche consciemment ce qui est bon. Elle reconnaît les traces de l’action de Dieu, parfois ses clins d’œil. Cela tisse une relation avec lui. Et en s’ouvrant à lui de cette façon, il nous aide à affûter notre regard en tenant compte des réalités plus profondes. Nous nous laissons ainsi grandir dans notre discernement.
  • Cela peut être la plainte effectivement, le souci pour des situations de détresse, celles des autres et les nôtres. Bien entendu. La seule différence avec le premier modèle où l’on cherche à convaincre Dieu de faire ce qu’on va lui demander, c’est que dans ce deuxième modèle nous nous ouvrons plutôt à ce que Dieu a à nous dire ou plutôt à nous demander concernant les sujets que nous abordons avec lui. Il nous aide à ouvrir les yeux sur des situations où nous pourrions faire la différence. Là, encore, nous sortons, transformés en profondeur. Ce n’est pas immédiat, mais il nous éclaire d’une espérance, de solutions nouvelles. À mon avis, aussi, il nous appelle et rapproche de nous aussi d’autres de nous afin que nous fassions équipe.

Présenter sa vie à Dieu sans crainte

Vous pouvez donc tout à fait continuer à présenter votre être, votre vie, vos projets et vos peines, vos déceptions, vos fiertés et votre regret de ne pas être meilleure. C’est très utile et très beau. Cette prière ne sera plus teintée de crainte mais d’amour et de confiance d’être accompagnée, gardée. Cela change tout, effectivement. C’est alors dans le calme, la douceur que nous prions.

S’aimer soi-même aussi, selon l’Évangile

Mais il ne faut pas exagérer non plus les sentiments négatifs à votre égard. Vous n’êtes certainement pas une hypocrite, c’est tout à fait normal de penser à soi-même. D’ailleurs, quand Jésus résume l’essentiel, il nous conseille d’écouter et d’aimer Dieu, il nous conseille d’aimer notre prochain, et il nous conseille de nous aimer nous-mêmes. L’action de Jésus nous donne une idée de ce que Dieu veut nous apporter : face aux personnes qu’il rencontre, Jésus la relève et l’encourage, il l’envoie joyeusement sur le chemin de sa vie, plus en forme. Eh bien vous pouvez attendre ce service de Dieu, qu’il vous aide dans cette rencontre mystérieuse qui a lieu dans notre chambre quand vous le priez, et qu’il vous rende fière et heureuse d’être vous-mêmes.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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8 Commentaires

  1. Pascale dit :

    Pour ma part je trouve que les formulations du genre « Quand je demande à Dieu quelque chose, je ne prie pas. Quand je ne demande rien, je prie véritablement. » ou « Lorsque l’on invoque Dieu en ayant en vue un bien de ce monde, ce n’est pas Dieu que l’on invoque, mais l’on invoque ce qui fait l’objet de la prière, et on utilise Dieu comme un valet », donnent un peu l’impression que la foi chrétienne est une forme d’ascétisme, comme s’il était illégitime de souhaiter d’être en bonne santé, d’avoir des biens matériels, d’avoir un métier intéressant, d’avoir des amis, … Le problème n’est pas tant la légitimité de telles demandes (cela regarde chaque personne), que de chercher à être lucide sur ce que Dieu peut, ou ne peut pas, nous apporter. Il est vrai que, bien souvent les formules utilisées en église n’aident pas tellement à se débarrasser du Dieu magicien.
    Par ailleurs, on peut compléter la lecture de la réponse donnée dans l’article par celle de ces deux textes :
    https://jecherchedieu.ch/priere/prier-le-matin-pourquoi-comment-quelle-priere/
    https://jecherchedieu.ch/voir/prier-le-soir-avant-de-dormir-pourquoi-comment-quelle-priere/

    1. Marc Pernot dit :

      Chère Pascale,
      merci pour votre apport personnel si bien pensé.
      Et merci pour la pub !
      Amitiés

      1. Pascale dit :

        Une façon de partager mon enthousiasme pour ces deux textes … que, personnellement, je verrais bien dans la liste de textes intitulée « Comment arriver à prier ? » qui se trouve sur la page « Introduction à la prière ».

        1. Marc Pernot dit :

          Merci, chère pascale, j’ai ajouté une petite coche à cett equestion afin qu’elle apparaisse dans les questions concernant la prière sur cette page. Je ne sai spas s’il faut la mettre plus en avant que cela ?

        2. Pascale dit :

          En fait je parlais de ces deux articles : Prier le soir avant de dormir : pourquoi ? comment ? quelle prière ?
          Prier le matin : pourquoi ? comment ? quelle prière ?
          J’imaginais qu’ils pouvaient éventuellement avoir leur place dans la liste intitulée « Comment arriver à prier ? » sur la page d’introduction à la prière.

  2. Ruth dit :

    Maître Eckhart dit « quand je demande à Dieu quelque chose, je ne prie pas. Quand je ne demande rien, je prie véritablement. ». (Sermon 53) à lire pour comprendre la profondeur de ce message.

    1. Marc Pernot dit :

      C’est une excellente remarque. Mais toute prière, même maladroite, est une prière et que Dieu en fera son miel.

      Mais oui, pour expliquer :

      C’est ce que fait remarquer Maître Eckhart avec un art de la formule et une pertinence qui l’ont rendu célèbre, il dit : « Lorsque l’on invoque Dieu en ayant en vue un bien de ce monde, ce n’est pas Dieu que l’on invoque, mais l’on invoque ce qui fait l’objet de la prière, et on utilise Dieu comme un valet. » (Les dits de Maître Eckhart, N° 39)

      Saint Augustin dit à peu près la même chose : « C’est à ce que tu aimes que va ta prière. Tu invoques ce que tu appelles en toi, tu invoques ce que tu veux avoir en toi. Or, si tu invoques le Seigneur afin qu’il t’arrive de l’argent, un héritage, une dignité du monde, tu appelles en réalité des biens que tu désires posséder, tu te fais un Dieu complice de tes convoitises, non un Dieu qui écoute les prières. » (Discours sur le Psaume 85 §8)

      Et finalement, même si on lui demande n’importe quoi, il exauce en donnant le Saint-Esprit.

      1. SZUCS JM dit :

        Voila , ce que j’ai découvert grave à un livre écrit par un juif converti par la Croix du Christ .
        Nous sommes invités a devenir un homme nouveau, l’homme ancien ne disparaitra pas .
        Si tu adresses à Dieu, des frères de l’homme ancien, ne soit pas étonné , si elles ne sont pas exauces.
        Mais si tu es dans la démarche de l’homme nouveau, tu vas découvrir qu’avant qu’elles sortent de tes lèvres, elles sont deja reçues.

        Et tu découvres que tu n’as rien à demander .
        Prier c’est se mettre en présence de Dieu , non pas d’une idée que l’on se fait de lui.
        Bernard de Clairvaux – sermons pour Noel

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