17 mars 2024

instruements servant au baptême et à la confirmation catholique - Image par Alex Muzzi de https://pixabay.com/fr/photos/communion-sacrements-%C3%A9glise-7076967/
Question

Pourquoi il n’y a pas de confirmation, en tant que sacrement dans le protestantisme ?

Question posée :

Bonjour,
Je suis chrétienne je vais régulièrement au culte réformé et c’est ce qui, je pense se rapproche le plus de ma sensibilité. Néanmoins, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de faire des retraites dans des monastères et abbayes catholiques.Celles-ci m’ont beaucoup apportées. Cependant, Certains catholiques ne comprenaient pas qu’au sein du protestantisme il n’y ait pas la confirmation en tant que sacrement. C’est à dire l’imposition des mains par l’évêque pour la réception de l’esprit -Saint et ainsi parachever le baptême.
Il me semble pertinent de penser que Dieu n’attend pas un geste d’un homme pour donner son esprit à ses disciples. Il m’a alors été fait mention de certains passages bibliques comme en acte 8 ou Simon et Jean ont imposé les mains à ceux qui avaient « seulement été baptisés au nom de Jésus-Christ » pour la réception du Saint-Esprit.

Les protestants seraient d’autre part toujours en train de se déchirer sur les enseignement bibliques et cela prouverait le bien fondé de la succesion apostolique de l’église catholique. Que réponderiez vous à ces arguments, cher Marc ? J’ai choisi librement de me tourner vers le protestantisme en tant qu’adulte. Je n’avais jamais eu d’éducation religieuse et j’ai peur de me laisser influencer ( « et si ils avaient raison’ ?) bien que j’ai passé la trentaine.
Je vous remercie et vous adresse mes salutations fraternelles,
Virginie

Réponse d’un pasteur :

Chère Virginie

Retenir le meilleur de chaque confession chrétienne

Je comprends ce que vous dites.

  • Pour ce qui est du culte et des groupes bibliques ou théologiques, c’est dans le protestantisme ouvert que je me trouve le mieux, parce qu’il est non dogmatique, ouvert à la recherche, au questionnement, à la science, au dialogue. Cela permet d’avancer soi-même en sincérité.
  • Et pour enrichir ma prière, ainsi qu’un travail sur moi-même, je fréquente les monastères cisterciens trappistes. Ce qui l’apporte beaucoup, comme vous en témoignez aussi.

Il est donc heureux de pouvoir ainsi bénéficier du meilleur de ces deux maisons. Personne n’a jamais été choqué dans le protestantisme que je fréquente des monastères catholiques, et que je le recommande. Et dans les monastères, j’ai toujours été très bien accueilli comme protestant, puis comme pasteur. J’ai même été invité par l’Abbé de Cîteaux pour donner une série de conférences sur plusieurs jours à propos de l’interprétation de la Bible.

Vous avez manifestement rencontré des fervents catholiques qui veulent vous attirer dans leur église. Cela peut arriver. Il est vrai que je préfère fréquenter des personnes respectueuse de la foi (ou de la philosophie) des autres. Mais c’est très humain de vouloir convertir l’autre à sa propre foi. Jésus, lui félicite publiquement un centurion romain pour sa foi, sans chercher à le faire changer de religion !

Le sacrement de « confirmation » : afin de recevoir l’Esprit ?

Ensuite, il y a votre question sur la « confirmation ». Ce geste existe dans notre église : le baptême (d’un enfant ou d’un adulte) est le signe que Dieu aime cette personne en particulier et pour toujours. A cette grâce » nous pouvons répondre par notre foi : c’est un peu répondre « oui » ou « oui de Dieu sur nous. L’ensemble grâce + foi forme une alliance,une association, une équipe. Voilà pour la théologie.Comme nous ne sommes pas un pur esprit, pour mieux intégrer cette théorie dans notre être, cela nous aide de les exprimer dans une cérémonie, dans un rite. Le baptême nous aide à intégrer cette grâce de Dieu sur nous (même si nous étions bébé, cela aide les parents et cela dit à la personne que l’amour de Dieu est sans condition, que c’est un choix de Dieu qui nous a précédé, et qui demeurera que nous aimions Dieu ou non). La confirmation nous aide à marquer d’une pierre blanche dans notre chemin de foi notre volonté de compter sur lui pour avancer dans notre vie.

Ce n’est pas Dieu qui a besoin de ces gestes. Il ne nous a pas attendu pour nous aimer et pour nous donner son Esprit. Jésus nous a promis de nous donner l’Esprit Saint, il n’a pas dit que cela devait passer par un rite ou quoi que ce soit. C’est un acte de Dieu, et Dieu n’est pas aux ordres des humains. Nous donner son Esprit est la base du programme de notre création comme humain, comme le dit la Genèse : nous sommes pétri de poussière du sol (d’humus) et Dieu souffle en nous son Esprit de vie pour faire nous un être vivant (Genèse 2:7). C’est la volonté de Dieu pour nous et elle est certainement en partie réalisée pour chacun (cela se voit au fait que nous sommes capable parfois d’un petit peu aimer). Ensuite, notre prière, essentiellement, consiste à demander à Dieu de nous donner son Esprit : de nous aider à grandir, à être plus libre, plus lucide et aimant, plus conscient de notre vocation, plus libre et plus responsable, plus sincèrement en communion avec Dieu. C’est à cela que « sert » la confirmation : à nous inscrire volontairement dans ce cheminement où nous comptons sur l’aide de Dieu pour cheminer dans la vie. C’est souvent utile pour une personen de faire ce geste, car c’est impressionnant de se préparer à cela, de se présenter devant les fidèles réunis un dimanche et de dire cette intention. Mais en même temps, cela n’a rien d’obligatoire puisque de toute façon Dieu nous aimera tout autant, et que pour ce qui est de nous c’est le cœur qui compte.

C’est en ce sens que certains passages montrent une personen recevant l’Esprit après une imposition des mains. C’est vrai q’un geste peut nous aider. Cela dit, il y a plus encore de passages où une personne reçoit l’Esprit sans que personne n’ai fait de geste sur eux. Comem dans l’épisode de Pierre avec Corneille : il n’a besoin ni de baptême ni de confirmation pour recevoir l’Esprit (Actes 10:47).

La communion (ou Eucharistie, ou Sainte-Cène) reprend le sens du baptême (le pain et le vin offerts sont signe de la grâce de Dieu pour nous), et le fait de prendre et d’assimiler ces aliments est une façon de dire notre désir de vivre de ces dons par la foi, qu’ils nous rendent plus vivant. Là encore, ce geste n’est pas obligatoire (il y a bien des façons de s’ouvrir à ce que Dieu espère nous apporter), mais il y a bien des personnes qui sont sensible à ce geste pour nourrir leur relation à Dieu.

Dans le protestantisme, nous apprécions ces gestes qui nous aident à prendre en compte ces réalités spirituelles. Seulement nous nous méfions toujours un peu que le geste vienne prendre plus d’importance que la réalité qu’il devrait servir, cela tourne alors à la superstition. L’essentiel est la grâce que Dieu nous accorde, pas le baptême qui n’en est que le signe, et encore moins l’eau ou le pasteur qui baptise : ce ne sont que des instruments. L’essentiel est le cœur qui aime Dieu, ce n’est pas tel rite de confirmation ou de communion qui ne sont que des exercices pour notre foi. Comme nous sommes à la fois conscient de l’intérêt de ces rites, et conscient du risque de superstition, le protestantisme a choisi de ne pas sacraliser outre mesure ces rites, et de n’appeler « sacrement » que les deux principaux que sont le baptême et la communion. Mais nous pratiquons aussi la confirmation, la cérémonie de mariage, la consécration d’un pasteur, parfois une onction d’huile, une imposition des mains en geste de bénédiction sur une personne. Seulement nous ne les appelons pas « sacrements », pour ne pas trop les sacraliser, précisément. De toute façon le terme même de « sacrement » pour parler de ce genre de rites n’est absolument pas quelque chose que connaissait le Christ. C’est nous-mêmes qui nous donnons des gestes pour essayer de mieux saisir sa parole et d’en vivre.

Donc heureusement que vous n’avez pas à attendre un geste de qui que ce soit sur votre front, ni d’une peu d’huile parfumée, ni de quoi que ce soit pour recevoir l’Esprit de Dieu, juste de le demander à Dieu, ce que vous pouvez faire dès ce soir, et continuer à le faire demain. Mieux vaut mille fois un cœur sincère que le geste d’une autre personne.

Les protestants et la Bible

La Bible est géniale précisément en ce qu’elle est riche de bien de sensibilités différentes, et en plus, chaque passage de la Bible est riche de mil interprétation possibles différentes. C’est fait pour. Et c’est en se posant des questions et en cherchant soi-même ce que le texte nous dit à nous que l’on avance.

Les théologiens catholiques et protestants sont tout à fait d’accord sur cette façon de lire la Bible, nous avons les mêmes professeurs de Nouveau et d’Ancien Testament, les mêmes bibliothèques avec les mêmes auteurs qui débattent entre eux. Il n’y a pas de de décision de Rome pour imposer le sens du texte. L’autorité de Rome porte sur d’autre genres de choses, sur la doctrine et l’organisation de l’église, les rites. Personnellement, je préfère mil fois la liberté que le chrétien a dès l’ors qu’il se sent en confiance avec Dieu, c’est devant lui que nous pouvons penser et prier, chercher ce que nous ferons. Je ne confierais pas les clefs de ma sincérité, des mes opinions, de ma foi et de ma conscience à je ne sais quel homme qui se prétendrait mon chef, ni même à une commission de personnes.

Il y a bien des façons d’être chrétienne : c’est bien normal et c’est une richesse. C’est comme pour la musique : qui a raison celui qui joue de la viole de gambe dans un ensemble baroque, ou celui qui joue de la clarinette dans un jazz band ? Et pourquoi donc mépriserais-je l’autre de vivre sa musique d’une autre façon que moi ? Cela ne fait pas de tort, l’existence des deux participe à la beauté et à réjouir des personnes. L’un et l’autre ont raison dès lors que cela leur correspond. C’est absolument la même chose dans le domaine de la religion. Ce n’est qu’un exercice au service d’une réalité essentielle qui la dépasse infiniment. Vos amis ont raison d’être catholiques puisque cela leur correspond (ils ont moins raison quand ils vous troublent). Vous avez raison dans votre façon de vivre à votre façon entre le culte protestant et les retraites dans les monastères.

Ne craignez pas. Dieu vous bénit et vous accompagne

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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7 Commentaires

  1. Jean-Christophe dit :

    Je n’ai jamais compris ce que peut être la confirmation pour un réformé ! Sois on est anti-pédobaptiste et c’est baptême au terme du catéchisme, soit on reçoit le baptême tout petit comme signe de l’amour inconditionnel de Dieu, et je ne vois pas quelle est la place de la confirmation (on confirme quoi ?). Si le baptême des petits est valable, il est signe que je peux revivre en participant à des cultes où le baptême est donné à d’autres, me rappelant le sens de celui qui m’a été donné. Pour moi, à la fin du catéchisme, je proposais aux catéchumènes de « confesser leur foi », manifestant ainsi leur engagement dans la vie ! Le rappel de l’amour inconditionnel de Dieu pour les humains qu’il s’est choisi c’est le coeur de la vie de l’Eglise qui confirme ainsi sa prédication depuis l’origine. Donc je ne vois pas ce que le catéchumène a à confirmer. Et s’il fallait une cérémonie pour redire ou faire revivre le sens du baptême, celà voudrait dire qu’on ne considère pas le baptême des enfants comme fondateur, mais plutôt comme quelque chose d’incomplet qu’il faut parachever. Ni comme geste, ni comme sacrement, je n’ai jamais fait place à la confirmation dans ma vie pastorale.

    1. Marc Pernot dit :

      C’est vrai que moi aussi, j’appelle cela « profession de foi » et cela me semble effectivement compléter un baptême. Même lors d’un baptême d’adulte, je pense mieux de commencer par le baptême et que la personne ne parle qu’après le baptême, en signe de sa foi personnelle, comme une réponse à la grâce signifiée par le baptême. Mais bon, on n’est pas tout seul, on est appelé comme pasteur dans une église, une paroisse, qui a une histoire. On accompagne, on chemine avec cette paroisse quelques années et puis on est déjà parti. Il faut donc cibler quelques petites choses utiles que l’on aimerait faire évoluer, choisir l’essentiel pour nous.
      Ensuite, j’ai appris un mot, quand j’étais dans ta région, c’est « reboussié », j’adore. Reboussions donc, en bon protestants, mais en choisissant peut-être l’essentiel ?

  2. Anne Catherine dit :

    Il faudrait peut-être déconseiller le baptêmes d’enfants pour se rapprocher des baptistes.? Les baptêmes d’enfants musulmans à tour de bras par les jésuites dans les oasis d’Algérie restent dans ma mémoire. Ces enfants étaient comptés comme chrétien . Cela ne paraît guère être message du christ appelant ses disciplines adultes.

    1. Marc Pernot dit :

      Je ne connaissais pas cette histoire des missions jésuites en Algérie. Il est vrai que le colonialisme et le christianisme ont fait parfois un mélange choquant.

      Ensuite, je suis un grand fan du baptême d’enfant, car cela met radicalement en avant la grâce de Dieu, que Dieu nous aime sans que nous n’ayons encore la foi. Cela replace au cœur de l’alliance cette grâce de Dieu et c’est une libération pour tous. Si cela n’existait pas, que le signe du baptême était réservé à des personnes confessant leur foi : alors il y a quelque chose de menaçant pour nous quand notre foi évolue, quand des questionnements ou des doutes surgissent.

      C’est ainsi que même les adultes qui demandent le baptême sont au bénéfice du fait que des enfants reçoivent aussi ce même baptême. L’adulte ayant été baptisé peut alors construire sa foi et sa vie sur cette fondation inébranlable de l’amour de Dieu pour lui.

  3. Nathan dit :

    Ecclesia semper reformanda ?? Tout y est dit ! Je pense que nous sommes une Eglise qui s’est partiellement réformée et ne se réforme quasiment qu’à la marge . Le christianisme est-il sacramentaliste ??

    1. Marc Pernot dit :

      Un peu de rite, pas trop quand même, juste ce qu’il faut (ce qui dépend effectivement des goûts). Le rite est un puissant moyen. Donc utile et dangereux.

      1. Nathan dit :

        Moi je l’aime « dry » : sans rien d’autre dedans . Je ne trouve rien qui justifie d’y adjoindre autre chose . De plus, la notion même de « sacrement » me semble problématique !

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