05 février 2023

Statue de Christ à Cusco au Pérou - Photo by Zachary Olson on Unsplash
Foi

Peut-on aller communier si l’on ne pardonne pas à son frère ?

Par : pasteur Marc Pernot

Statue de Christ à Cusco au Pérou - Photo by Zachary Olson on https://unsplash.com/fr/photos/vEQe_DuVmKk

Christ accueillant à bras ouvert « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jean 6:37)

Question posée :

Bonsoir, ma mémoire est défaillante en ce moment, et c’est peut-être mieux ainsi… car je ne saurais pas animer un sujet qui m’échappe.

Il fut un temps où avant la Cène le Pasteur disait quelque chose dont l’esprit serait : « avant de te présenter à cette table, si tu as offensé ton voisin, va d’abord faire la paix avec lui ». je ne sais pas si cela provient d’un texte biblique ou religieux.

De nos jours, les pasteurs disent que la table est ouverte à tous ceux qui reconnaissent Jésus comme sauveur. Il n’y a pas contradiction, mais cela me laisse perplexe.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Je pense que le verset auquel vous pensez est celui-ci : Jésus dit “Si tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande.” (Matthieu 5:23-24)

Ce verset est bien intéressant, mais personnellement je ne crois pas qu’il s’applique à la Communion. En effet, pour nous, la communion n’est pas une offrande que nous adressons à Dieu, ce serait plutôt l’inverse : c’est Dieu qui nous invite, c’est Dieu qui nous présente son offrande, celle de sa Parole, celle de sa bénédiction, de sa vie. C’est le Christ qui, à l’image de Dieu, nous offre sa personne et sa vie à « manger », à assimiler pour que nous soyons fortifiés, que nous soyons nourris par sa foi, par son amour… Pourquoi font-ils tout cela ? Pour nous sauver, c’est à dire pour nous aider à avancer. La Communion est donc pour nous tous, qui ne sommes pas parfaits. Et même : plus nous avons du mal à avancer, plus nous avons besoin de l’aide de Dieu, et donc plus nous sommes invités et bienvenus à la communion.

« Jésus leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
(Marc 2:17)

Effectivement, Jésus n’a jamais rejeté le pécheur, au contraire, il l’a accueilli, il lui a parlé, il a mangé à sa table, il a même servi de sa main et en premier Judas lors de la Cène. Effectivement Jésus mange à table avec un intégriste qui lui fait un mauvais accueil, et qui semble l’inviter plutôt pour l’observer et penser du mal de Jésus intérieurement. Et cela donne à Jésus l’occasion de lui parler, effectivement. Si le Christ refusait à sa table les personnes qui ont du mal à avancer et les pécheurs, ce serait comme si un médecin ne recevait dans son cabinet que les personnes qui sont suffisamment en bonne santé.

C’est pourquoi nous invitons largement toute personne qui reconnait dans le pain et le vin de la Cène des signes de ce que Dieu nous donne en Christ pour nous aider. Et dans l’accueil à la communion, nous avons en général une phrase (elle aussi tirée de l’évangile) où nous reconnaissons que nous n’en sommes pas digne, personne. Puis nous disons cette phrase du Christ « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jean 6:37). Cet accueil nous semble fidèle à la grâce de Dieu.

Je me souviens d’un culte où j’ai vu arriver au milieu du culte un homme que je connaissais bien, c’était un homme condamné à une lourde peine de prison, juste en permission de sortie pour un week-end. Cet homme participait régulièrement au partage biblique que j’organisais tous les 15 jours dans la prison où j’étais aumônier, mais en refusant de toucher une bible, se disant athée et juste là pour accompagner un ami. Cet homme, donc arrive au milieu du culte, entend la Bible, la prédication, la prière… et entend l’annonce d’ouverture de la Cène à quiconque le désire, et cette « prière d’humble accès » avec les trois « je ne suis pas digne… mais tu as dit « je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ». Et voilà ce monsieur qui se met dans le cercle et qui prend le pain, le mange, reçoit la coupe et trempe ses lèvres. Cet homme, non baptisé, m’ayant dit être athée, ayant commis je ne sais quel crime a dû sentir quelque chose de l’Evangile, non ? Et c’est grande joie au ciel (comme le dit Jésus – Luc 15:7), et grande joie pour nous d’en avoir été témoin, c’est inspirant.

Une phrase de l’apôtre Paul qui pourrait être mal comprise.

J’ai entendu des personnes âgées qui m’ont dit avoir entendu, et tremblé en entendant cette lecture avant la Cène : “celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur, il mange et boit sa propre condamnation.” (1 Corinthiens 11:27-29). Cette annonce peut avoir un effet désastreux, et donner une idée de Dieu comme celle d’un juge terrible qui rejettera de son amour la personne qui n’aurait pas le niveau. Cela pourrait faire que le pécheur hésite à s’approcher de Dieu. C’est pourquoi nous ne disons pas cette phrase dans la liturgie de la communion. Car elle pourrait être comprise en première écoute en contradiction avec la grâce de Dieu.

Comment comprendre ce terrible avertissement de l’apôtre Paul ? Ce n’est pas un chantage, bien entendu, et cela ne contredit pas l’accueil inconditionnel à la Cène de tous, à commencer par les pécheurs, comme l’a toujours fait Jésus (et Paul aussi, d’ailleurs). C’est le Christ lui-même qui nous considère comme dignes qu’il donne sa vie pour nous : « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5:8).

Mais ce verset de Paul nous avertit que cette nourriture, cette médecine qu’est l’amour de Dieu pour nous ne sera efficace que si nous y mettons du cœur, de la sincérité, du désir de ce que Dieu nous offre en Christ. Par exemple, celui qui pratique la religion sans s’ouvrir à une vraie démarche, un volonté de cheminement et de croissance, une espérance d’une guérison qui vienne de Dieu… sa religion est vaine. Ses actes religieux et ses sacrifices peuvent même être source d’orgueil, de dureté, d’une sorte d’arrogance devant Dieu lui-même, pensant que c’est bien normal qu’il nous considère comme quelqu’un de bien… de sortes que ce n’est pas facile pour Dieu, dans ces conditions de de nourrir notre être. Cette personne n’est pas rejetée par Dieu (bien sûr : Dieu aime même ses ennemis nous dit Jésus), mais cette personne-là reste sans le secours de Dieu pour avancer.

Don, je voudrais vous dit très chaleureusement que vous êtes bienvenue, telle que vous êtes au culte, à la communion, et dans votre prière. Puisque le Christ lui-même vous promet que jamais, en aucune circonstance il vous rejetterais. Mais en plus, le fait même de vous être posée la question montre que vous n’êtes absolument pas en risque de manger le pain et boire la coupe inutilement.

En ce qui concerne le pardon : c’est tout à fait normal d’avoir du mal à pardonner quand on a vraiment été blessé. C’est pourquoi nous demandons dans le « Notre Père » que Dieu nous aide dans cette question du pardon, d’arriver à nous pardonner à nous-même, comme d’arriver à pardonner aussi. Voir par exemple cette prédication.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Philippe dit :

    Bonjour, merci pour cet article. Je rebondis sur les texte de Corinthiens où Paul met en garde de prendre indignement le Saint Repas en ne discernant pas le corps de Christ. Le corps de Christ c’est nous, or si j’ai de la haine envers un frère ou une soeur en Christ quelque soit le raison. Je ne discerne pas le corps de Christ en ayant d ela haine dans mon coeur. Je prends indignement les éléments. C’est ce que je comprends dans ce passage. Dieu vous bénisse

    1. Marc Pernot dit :

      Comme le Christ n’est pas venu pour les justes (s’il y en existait), mais pour les pécheurs (que nous sommes tous au moins un petit peu), comme le berger laisse tomber les brebis parfaites pour aller chercher la brebis perdue, comme Jésus donne de sa propre main la communion à Judas qui a déjà décidé de le trahir… tout le monde est bienvenu à la communion, c’est un excellent geste manifestant notre désir que Dieu vienne nous aider à être plus en forme.
      Doc, quand nous ne sommes pa sen forme, pas le cœur en paix, plein de douleur d’avoir subi la trahison ou l’abandon, la méchanceté ou la maladresse d’une personne : c’est un excellent moment pour nous tourner vers Dieu pour lui demander son aide, et donc un excellent moment pour aller communier.
      Mais si effectivement on ne fait pas le lien entre ce petit bout de repas et le Christ, ce n’est pas certain qu ece soit très utile de communier. Bien que … sait on jamais, et cela ne fait pas de mal quand même.

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