Ma fille fait du lahochi. Connaissez vous ce mouvement ? Ça me fait un peu peur,pensez vous que ça soit mal ?
Question posée :
Bonjour Pasteur. Ma fille fait du lahochi. Connaissez vous ce mouvement ? Ça me fait un peu peur,pensez vous que ça soit mal ? J’aimerais avoir votre opinion. La séance commence par une prière à Laho,c’est une pratique par imposition des mains sur soi ou sur les autres,et ça permettrait de guérir les âmes. Tout cela m’effraie,je ne sais pas comment dire ce que je ressens. Pour moi qui suis croyante,je ne prie que Dieu et lui seul..Puis je avoir votre réflexion sur ce sujet ? Merci
Réponse d’un pasteur :
Chère Madame
Je comprends tout à fait votre inquiétude.
Ce n’est pas que cela fâcherait Dieu, car il aime votre fille et l’aimera de toute façon toujours. Dieu comprend ce qu’il y a d’espérance derrière sa recherche et sa pratique. Je sais pas en ce qui concerne cette pratique en particulier, ni la personne avec qui votre fille la pratique, seulement, dans ce domaines des soins alternatifs, n’importe qui peut prétendre apporter de la guérison, élaborer des explications d’apparence scientifiques, revendiquer venir d’une pratique remontant aux anciens égyptiens, chinois ou népalais, et vendre très cher sa pratique et ses stages. Cela demande donc de la prudence afin de ne pas se laisser entraîner dans n’importe quoi.
Pour justifier le fait que telle ou telle pratique n’est pas reconnue, ces mouvements se défendent en disant que la communauté scientifique a l’esprit étroit. Ce n’est pas vrai, les scientifiques adorent les nouvelles théories, seulement il faut qu’une nouvelle théorie fasse ses preuves objectivement. C’est très pragmatique et ne trompe pas. Une pratique est proposée, c’est aux personnes défendant cette pratique de mener une étude statistique : avec d’un côté cette pratique apportée à un échantillon de personnes, de l’autre un échantillon de personnes reçoit un placebo sans savoir qu’ils n’ont reçu aucun traitement réel. Et on compte les risques et les bénéfices dans les deux échantillons. C’est aussi simple que cela. Et si une technique totalement nouvelle apporte quelque chose, la communauté scientifique applaudit. C’est le cas par exemple du « stent » dans les artères du cœur, c’était une technique tout à fait inouïe, elle été essayée dans les années 1970-80, son intérêt a été prouvé scientifiquement une dizaine d’année plus tard, tout le monde s’en est réjouit et elle sauve effectivement des centaines de milliers de gens. Si vraiment telle pratique alternative a un intérêt, il serait facile à ses praticiens de mener une étude, de montrer des résultats objectifs, ils seraient reconnus par la communauté scientifique car elle a l’esprit de découvertes : si ça marche, tout le monde s’en réjouirait, et l’assurance maladie en premier lieu.
Mais bon, si ça ne fait pas de bien, au moins, comme vous dites, il est bon de veiller à ce que cela ne fasse pas de mal.
J’espère en premier lieu que votre fille ne dépense pas d’argent dans cette pratique, ou des sommes minimes, car c’est souvent un problème dans ce domaine.
Au moins, il y a quelque chose de bon et de favorable dans ce que fait votre fille : elle espère aller mieux. Et elle fait quelque chose pour cela. C’est déjà bien. Ensuite, il est toujours problématique de compter sur n’importe quoi pour aller mieux, car cela risque de détourner des véritables enjeux. Avec une perte de chance d’autant plus importante. Pour se prémunir de cela, il est bon de ne pas espérer seulement dans une pratique indépendante.
Donc, au moins, il me semble utile de garder les fondamentaux que sont, pour la santé : 1) une bonne hygiène de vie, 2) la médecine reconnue par le système de soin. S’il y a d’autres pratiques en plus, et qu’elles ne fassent pas de mal et qu’elles prennent pas trop de ressources en temps et en moyens, ce n’est pas grave, à mon avis.
Pour ce qui est du spirituel, c’est vrai que le christianisme aussi reconnaît la puissance de cette dimension sur le développement de la personne. Une des dimensions, sans que ce soit le tout du développement de la personne humaine. Nous avons le danger d’un spirituel débridé. C’est pourquoi nous avons aussi l’importance de la réflexion personnelle, afin que nous ne nous laissions pas entraîner vers n’importe quoi, et de prendre en compte aussi les autres domaines touchant à l’humain.
Il semble favorable d’avancer avec cette double inspiration : de prière et d’étude, de mystique et de réflexion (cette réflexion étant en dialogue avec la théologie, la Bible, l’histoire, la science, la philosophie, les arts). Cette double inspiration me semble essentielle : car chacune des deux stimule et corrige l’autre, chacune empêche l’autre de prétendre faire le tour de tout.
Donc peut-être qu’en plus de cette pratique, il me semblerait bon d’encourager votre fille à ne pas mettre toute son espérance là-dedans, mais de l’associer à d’autres chose : l’hygiène de vie (alimentation, exercices), la médecine hospitalière, et pour ce qui est du spirituel : la prière et la réflexion ouverte, en débat avec les autres domaines de l’intelligence et de la culture.
Mais bien entendu, chacun fait ce qu’il veut. On ne pas forcer. Il ne serait pas très bon, je pense, de trop l’ennuyer sur sa pratique car cela lui appartient. La meilleure façon est de montrer soi-même l’exemple de notre propre cheminement, et de refuser nettement d’entrer dans sa pratique si cela ne vous plait pas personnellement.
Dieu vous bénit et vous accompagne, vous et votre fille.
par : pasteur Marc Pernot
Articles récents de la même catégorie
- Il m’est arrivé il y a 15 ans une expérience comme si effectivement j’avais été possédée.
- D’une trop grande solitude en communion avec Dieu, je m’ouvre au monde grâce à un chien
- Comment expliquer à mes enfants que « Papa a une foi qui se base sur un mal-être »?
Articles récents avec des étiquettes similaires
- Recevoir la plénitude & Vivre l’incomplétude (Éphésiens 3:14-19 ; Matthieu 18:1-3)
- J’envisage de faire une réduction mammaire, est-ce compatible avec ma foi chrétienne ?
- Il m’est arrivé il y a 15 ans une expérience comme si effectivement j’avais été possédée.