05 janvier 2021

un homme joyeux en fauteuil roulant prend un verre avec des amis - Photo by Elevate on https://unsplash.com/fr/photos/polo-marron-homme-vofmJUVScDE
Ethique

Ma femme m’a dit de demander plutôt à une assistante sexuelle si j’en éprouve le besoin.

Par : pasteur Marc Pernot

un homme joyeux en fauteuil roulant prend un verre avec des amis - Photo by Elevate on Unsplash

Question posée :

Bonjour Pasteur,
Je suis atteint d’une sclérose en plaque, à cause de cela depuis plus de 3 ans qu’il n’y a plus de relation intime avec mon épouse qui n’a plus envie de faire cela, je pense qu’il est toujours possible de le faire bien que différemment que par le passé, elle m’a simplement dit d’allez voir une assistante sexuelle pour cela, après beaucoup d’hésitation, j’ai rendez-vous lundi prochain avec une jeune dame pour cela, en tant que chrétien si j’ai pas de solution je vais vivre dans l’adutère, dès fois je préférais mourir.
Merci pour votre écoute.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur

D’abord, je voudrais vous dire mon respect pour votre courage dans votre chemin de vie. Bravo de chercher à vous interroger sur la dimension spirituelle pour choisir comment avancer.

Je ne suis pas persuadé que ce soit vraiment une bonne chose à faire pour vous, il me semble que la masturbation est une meilleure solution. Mais c’est à chaque personne de chercher ce qui lui semble le mieux dans son contexte particulier. En tout cas, c’est infiniment mieux que d’ennuyer votre femme avec du sexe si elle n’en a pas envie. Ça, cela serait vraiment une faute grave. Mais je vois dans le grand respect que vous montrez vis à vis de votre épouse, même ennuyé par sa réponse, il me semble qu’il n’y a pas de rancune ou de colère contre elle à cause de cela.

Ensuite, je trouve que le terme d' »adultère » est ici exagéré. Vous ne trompez pas la confiance de votre femme, vous ne forcez pas l’assistante sexuelle qui est, je suppose, rémunérée pour son service.

C’est vrai que votre maladie est bien cruelle. Avec de difficiles périodes, probablement. J’espère qu’à part la question (secondaire à mon avis) du sexe entre vous, vous avez une vraie relation avec votre femme ? J’espère que vous avez d’autres personnes aussi, avec des attachements et des échanges profonds, de la famille, des amis ? Il serait normal qu’ils soient à vos côtés face à ces difficultés et ces souffrances. Et qu’il y a de vrais beaux moments de vie avec eux ?

Par ailleurs, j’espère que vous pouvez avoir des occasions de faire preuve d’inventivité par vos activités quelles qu’elles soient.

Tenez bon. L’humanité est un corps, et ce corps s’épanouit quand chaque membre tient sa place à sa façon, comme il le peut. Votre courage d’être est un encouragement pour beaucoup, et je voudrais ici vous rendre hommage pour cela.

Dieu vous bénit et vous accompagne pour le meilleur possible.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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Un commentaire

  1. Claire-Lise dit :

    Bonjour Monsieur,

    Lorsqu’on se marie, on pense que c’est pour le bonheur, mais nous ne sommes pas préparés à ce que le malheur arrive, comme la maladie grave.

    J’ai écrit il y a quelques années :

    « Concernant le couple, ma santé génère une asymétrie ingérable dans ma relation avec mon conjoint.
    Je prends comme métaphore deux bateaux. L’embarcation de mon mari navigue à vive allure sur les eaux calmes du lac et sous un soleil radieux. Il est dans les pulsions de vie, sa bonne santé est pour lui un atout pour croquer l’existence à pleines dents.
    De mon côté, ma barque reste bloquée au port. J’oscille constamment entre Eros et Thanatos, luttant contre des idées dépressives et parfois le désespoir. Mon bateau, trop encombré de maladies diverses et de douleurs, ne peut atteindre celui de mon conjoint.
    La question se pose alors : comment ces deux embarcations pourront-elles se rejoindre ? »

    La maladie chronique est à inscrire dans un modèle bio-psycho-social,

    Bio : la maladie est une liste de symptômes cliniques et médicaux à gérer.

    Psycho : comment intégrer psychiquement, spirituellement, socialement ce délitement de Soi,
    ce sentiment d’impuissance , de vulnérabilité, de fragilité, d’ imprévisibilité, de finitude même auxquels nous renvoie la maladie chronique ?

    Social : assumer le regard d’autrui sur soi qui ne sera plus jamais le même. Assumer le comportement de l’entourage qui se trompe de cible en étant agressif envers la personne malade au lieu de l’être sur « cette foutue maladie ».

    Tant de paramètres sont à revisiter :

    – Identité corporelle pour le patient qui se sent étranger à lui-même comme à autrui.

    – Regard social sur la personne malade qui se sent réduite à un « objet maladie » en occultant la richesse de son être profond.

    – Avenir amputé de projets auxquels il faudra renoncer.

    On aimerait tant que ce soit comme avant la maladie. Or, il y a un après le diagnostic de la maladie grave. Tout est bouleversé, tout explose dans la vie de la personne du malade, y compris dans l’entourage immédiat et élargi.
    Tout, tout est à re-créer, pas seulement avec, mais malgré la maladie.

    Chacun est alors plongé dans un processus de deuil plus ou moins long. Chacun navigue à son rythme, avec toutes les émotions négatives qui y sont liées.
    Mais il n’y aura pas de renouvellement d’une Vie possible pour la personne malade, le conjoint, l’entité couple, les enfants, les relations amicales sans regarder en face la souffrance de la perte, chacun pour soi.

    Alors il sera envisageable de re-créer un couple, des relations avec autrui en s’ancrant dans le réel de l’existence avec la créativité propre à chacun et dans tous les domaines de la vie.

    En n’oubliant pas que la bible ne réduit jamais une personne à un ensemble de symptômes : lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. (2 Cor. 4 : 16)

    Je pense que le livre : Finitude, solitude, incertitude, Philosophie du deuil, de Jean-Michel Longneaux , PUF, 2020 pourrait vous aider à y voir plus clair individuellement et en couple.

    Bien à vous et avec toute ma compassion
    Claire-Lise

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