Une Bible comme vivante et lumineuse - Photo de Timothy Eberly sur https://unsplash.com/fr/photos/U4UwzRSns6M
Bible

Jésus dit de ne supprimer pas un commandement, mais s’oppose à la lapidation ?

Par : pasteur Marc Pernot

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Par la Bible, Dieu nous appelle à l’interprétation, non à la soumission

Question posée :

Bonsoir Monsieur,

Tout d’abord merci pour votre travail, grâce à vous on peut réfléchir d’une autre manière par rapport à Dieu ; je voudrais vous poser une énième question sur la Loi.

J’ai lu vos réponses et je suis d’accord avec, cependant j’ai besoin de plus comprendre.

En effet, il est écrit dans la Bible : « Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. »

Cela veut donc dire que chaque commandement est à garder, mais en même temps certains commandements comme la lapidation de la femme adultère ne peuvent pas être pris à la lettre.

Ce que je trouve néanmoins intéressant, et je remercie Jésus pour cela, c’est qu’il ne dit pas que la personne subira un châtiment, mais qu’elle sera « le plus petit dans le royaume des cieux » : est-ce que cela voudrait dire que cette personne ne sera pas assez grande dans son cœur pour occuper une place importante dans le royaume des cieux ?

En même temps, il est dit plus loin : « Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. »

Pour moi, cela veut dire clairement qu’il ne faut pas suivre à la lettre près les commandements comme les pharisiens.

Donc comment respecter d’innombrables commandements de la même manière que Jésus sans les supprimer s’il-vous-plaît ?

Merci d’avance pour votre réponse et que Dieu vous bénisse.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Bravo pour votre lecture, votre recherche et cette question est assez essentielle.

Ce que Jésus de l’obéissance à la Loi biblique ?

Effectivement, dans l’Évangile selon Matthieu 5:19, Jésus dit : “Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.”

D’accord avec vous que l’on ne peut pas imaginer une seconde qu’en disant cela Jésus rétablisse la lapidation ni celle de la femme adultère qu’il ne condamne pas, et encore moins de l’épouvantable commandement de la Loi imposant de lapider  l’enfant indocile et rebelle (De 21:21) !

Pourtant, c’est ce que semble dire Jésus dans ce passage que vous citez, introduit par cette annonce de Jésus : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir » (Matthieu 5:17).

L’amour est l’accomplissement de la Loi religieuse, pas la lettre

Qu’est-ce que cela veut dire ? Il l’explique par sa vie entière et par ses paroles où il résume la Loi ainsi :

Jésus dit: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ton intelligence.
C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. »
(Matthieu 22:37-40).

Jésus tire aussi ces paroles de la Loi de Moïse. C’est assez ironique. Car en suivant tel passage de la Loi il faudrait lapider l’enfant rebelle et la femme adultère, et en suivant cet autre passage que cite Jésus il faudrait les aimer (et donc les relever pour les faire vivre) ? Au sens littéral c’est contradictoire. Cela invite à chercher avec Jésus une autre façon de lire et de comprendre les commandements bibliques, ce ne peut pas être une soumission à la lettre de ce qui est matériellement écrit dans la Bible.

Par contre, dans bien des passages, Jésus accomplit cette loi par l’amour. C’est ce que l’on voit dans ses actes. En particulier dans cet épisode de Jean 8 où il ne condamne pas la femme adultère (alors que littéralement la Loi la condamnait).

C’est ainsi que bien souvent Jésus lui-même enfreint aussi la lettre du commandement du Sabbat en guérissant une personne, il explique alors qu’il accomplit ainsi l’esprit du Sabbat juif, tout en guérissant la personne, en urgence (Luc 6:9). Le Shabbat est ouverture vers la source de la vie, le rite est secondaire par rapport au fait de relever la vie avec l’aide de Dieu. C’est une opération qui est dans l’esprit du Sabbat, même si elle enfreint le commandement du sabbat, s’il était pris au pied de la lettre. Faire le bien, aider une personne, faire preuve de compassion c’est comme un culte qui est rendu à Dieu (Matthieu 12:5-6).

Jésus nous appelle à interpréter la Bible avec amour et intelligence

En tirant ces deux paroles mettant l’amour comme l’accomplissement de la Loi, Jésus donne une clef importante. A ces paroles issues de la Loi de Moïse, Jésus ajoute une transformation extrêmement visible, il appelle à aimer Dieu, en plus, « avec toute notre intelligence », appelant chacun au discernement personnel dans une relation de confiance et de sincérité avec Dieu. C’est essentiel. Cela remet au centre le discernement personnel de chacun, dans notre amour de Dieu. C’est la clef de la recherche de l’esprit de la loi derrière la lettre de la Loi. Hélas, tant de chefs religieux prétendent dicter leur loi aux autres humains, ruinant leur droit au discernement, même sur des questions d’éthique infiniment personnelles.

C’est ainsi que comme Jésus dit « vous avez appris qu’il a été dit… mais moi je vous dis… » nous sommes appelés à interpréter la Bible la Loi de Moïse, ses commandements et ses promesses, les lisant avec cette clef qu’est l’amour. Nous gardons l’Esprit de ces textes, et non la lettre. Car la lettre tue, et l’Esprit vivifie (comme le dit l’apôtre Paul, 2Co 3:6).

Et en faisant cela, Jésus ne remet pas en cause la loi, mais la lettre de la loi, chère aux pharisiens, il accomplit la loi par l’esprit, dans l’amour.

Une lecture allégorique, spirituelle des commandements

Cela amène souvent à une lecture au sens figuré, spirituel, de ces textes, dans une recherche à les placer dans leur contexte, puis dans l’optique du Christ, puis cherchant par la prière à discerner par nous même avec intelligence (comme le suggère Jésus). Comme le fait Jésus avec une grande liberté, ce qui énerve les intégristes de l’époque. En particulier en ce qui concerne le Shabbat, le lavage rituel des mains, les interdits alimentaires : Jésus relativise tout cela, ainsi, heureusement, que la condamnation à mort des pécheurs, l’interdiction de contact avec les personnes jugées impures selon la Loi, etc.

En ce qui concerne la lapidation de l’enfant rebelle, on pourrait dire qu’il s’agit de supprimer ce qui est rebelle dans l’enfant, à commencer par nous-même, bien sûr, ce qui est rebelle à l’amour ?

Bravo de lire la Bible, de creuser et de vous poser des questions, c’est comme cela que l’on avance.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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3 Commentaires

  1. Robert dit :

    Très bonne analyse merci beaucoup

  2. Charles dit :

    Pour ce qui est du récit de la femme adultère, je ne vois pas de condamnation de la lapidation. En revanche, le récit met Jésus en scène donnant le critère d’application de la Loi. Que ‘le sans péché’ parmi vous soit « le premier » à jeter la pierre (et non pas « la première pierre »!). Autrement dit, peut initier le mouvement de mise en oeuvre de l’application de la Loi celui qui parmi vous est sans péché.
    Le seul sans péché dans le récit est Jésus et celui-ci ne met pas en oeuvre l’application de la Loi.

    1. Marc Pernot dit :

      L’histoire du « sans péché » vise à amener les accusateurs à la repentance. Certes. Mais Jésus remet en cause la Loi de Moïse en disant « Je ne te condamne pas.” Jean 8:11 alors que la Loi de Moïse ne laisse pas le choix de la condamnation? Donc non seulement ne suit pas la Loi mais il enseigne à ne pas la suivre.

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