
Je ne ressens pas d’incompatibilité entre mes amours plurielles et mon cheminement spirituel.

Les cygnes sont monogames et fidèles, ils sont en plus connus pour se disposer en couple formant un cœur avec leur cous, ce qui est quand même bien mignon.
Question posée :
Cher Monsieur,
Merci d’offrir cette plateforme, source d’inspiration et de réflexion.
Touchée par la grâce il y a quelques années, je me suis engagée sur un chemin spirituel. Je développe ma relation à Dieu au quotidien, notamment par la prière, des lectures, une participation régulière aux cultes et par des engagements bénévoles.
D’un point de vue personnel, j’entretiens plusieurs relations amoureuses et charnelles en parallèles. Ceci dans un esprit d’ouverture et de communication, sans cacher aux personnes concernées la pluralité de mes relations.
J’ai l’impression que les traditions chrétiennes édifient la fidélité et l’exclusivité de couple comme une condition nécessaire à une vie de foi. Pourtant, je ne ressens pas d’incompatibilité entre mes amours plurielles et mon cheminement spirituel. Tous deux sont, à différents niveaux, source de joie, de sérénité, de confiance, de lien à l’autre et à plus grand.
Qu’en pensez-vous?
Merci pour votre éclairage,
Réponse d’un pasteur :
Chère Madame
Bravo pour votre foi vivante, et pour tout ce que vous faites pour la nourrir, l’exercer. C’est certainement prometteur de bons fruits.
Je ne pense pas que l’on puisse dire que « la fidélité et l’exclusivité de couple soit une condition nécessaire à une vie de foi ». Le Christ n’était pas du tout moralisateur, et il dit même que bien des personnes considérées par les religieux comme des personnes de mauvaises vies précèderont ces bien pensants moralisateurs dans le Royaume de Dieu (Matthieu 21:31). La question n’est absolument pas que Dieu rejetterait une personne vivant des amours plurielles, en effet : la grâce de Dieu, par définition même, est sans condition.
La question ne se pose donc pas de cette façon, je pense. L’apôtre Paul, qui est pourtant bien bien plus moralisateur que Jésus, nous propose une démarche qui me semble très intéressante pour chercher par nous-même ce qui est bon de faire. Il la propose au détours de questions de morale que lui posent les Corinthiens, il ne se place pas en terme de permis et d’interdit, il propose : « Tout est permis, mais tout n’est pas utile; tout est permis, mais tout ne construit pas. » (1 Corinthiens 6:12 et 10:23).
Qu’est-ce qui est le plus « constructif » ?
Il me semble personnellement que pour construire sa vie, c’est quand même mieux de ne pas se disperser entre plusieurs partenaires. Pour plusieurs raisons :
- Parce que la relation interhumaine est extrêmement riche et complexe. En se concentrant dans le long terme pour construire un couple, il est possible d’approfondir le sujet, si je puis dire, non pas en extension par la multiplicité des expériences, mais dans le sens de la profondeur. Et pour cela, nous n’avons que 24 heures par jour, et qu’une seule vie qui passe si vite. La construction avance mieux en se concentrant, je pense. Si j’étais maçon et que je pose trois briques sur un mur dans un premier chantier, puis que je cours poser un parpaing ou deux pour construire un chalet en montagne, et couler une dalle en fin d’après-midi ailleurs, je ne suis pas certain que les constructions avanceront vite et bien, ni que ce soit possible de faire ainsi un chef d’œuvre d’architecture.
- à l’appui de l’idée qu’il est mieux de se concentrer, que la dispersion des sentiments les plus élevés n’est pas la voie la plus fructueuse, un ami me souffle l’exemple les trois monothéismes qui ont, de trois façons, porté le sentiment religieux-amour de Dieu beaucoup plus haut que les croyances polythéistes.
- Quand on a choisi un partenaire et un seul, dans l’engagement et la fidélité, il y a une intensité qui conduit à se dire dans un moment de difficultés ou de morne platitude : j’ai choisi cette personne, il n’y a pas de plan B, je me donne à fond pour que ça marche, que ce couple avance, vive.
- La fidélité dans un couple engagé à vie n’est pas une invention moralisante, elle n’a pas été inventée par des religieux pour nous priver de plaisir. C’est une façon d’être qui est naturelle dans bien des espèces animales. D’autres espèces vivent autrement. L’humain a la chance de choisir ce qui lui semble le mieux, le plus favorable au développement d’une vraie belle vie. Personnellement, je trouve que l’évolution vers la monogamie développe des qualités qui sont parmi les plus belles et vraies, les plus essentielles : l’engagement, la fidélité, le don de soi à l’autre. C’est effectivement cesser de partir à la chasse au ou aux partenaires. Dans un sens, c’est renoncer à être le roi, le seigneur, le petit dieu entouré de sujets ? Se donner mutuellement à un autre. Avancer ensemble, cahin-caha, certes, mais ensemble, attachés, partenaires soudés.
- La liberté trouve sa valeur, à mon avis, dans le choix. C’est comme l’argent, il trouve sa valeur quand on en fait quelque chose, quand on l’investit dans une construction. Si nous n’investissons pas notre liberté dans un choix, ce que nous choisissons alors c’est le chaos, ce qui est l’inverse de la création, de la construction, de l’édification.
Mais bon, chacun vit comme il veut, et comme il peut, sa propre vie. Et il n’y a pas de brouillon, pas d’épure ni d’ébauche, on trace directement au propre, en fonction d’un plan que l’on a intérêt à se construire en anticipant, autant que faire se peut.
Surtout, ne vous laisser en aucune façon culpabiliser par les moralistes, dans et hors de l’église. En définitive, ce qui doit vous conduire, c’est votre propre conscience affinée dans la réflexion et dans la prière.
De toute façon, comptez sur Dieu pour vous bénir et vous accompagner.
par : pasteur Marc Pernot
Réponse de la visiteuse :
Cher Monsieur,
Merci infiniment pour votre éclairage, qui résonne avec l’évolution de mes réflexions à ce sujet.
J’aimerais vous exprimer une nouvelle fois ma reconnaissance pour la plateforme « Je cherche Dieu » et pour la richesse des contenus que vous partagez.
Avec mes meilleures salutations
Réponse d’un pasteur :
Bravo pour votre démarche, c’est très courageux !
par : pasteur Marc Pernot
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Dans ma réflexion et ma tentative de comprendre..et de me poser des questions..
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Qu’est ce que le vrai…?
En ce sens que signifierait cette question
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Pour la notion de « vérité » dan sla Bible, est-ce que cela vous conviendrait ?
https://jecherchedieu.ch/dictionnaire-de-theologie/verite/
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Le cantique des cantiques de Salomon traduit par Jean Yves Leloup relate champ VI verset 8
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Cela est il vrai ou est ce faux…?
L’époque du nicolaisme aurait permis cela…Aline dagn’aud un professeur agrégé d’histoire relate les propos de Voltaire au sujet de Robert d’Arbrissel Fontevraud…ou Robert d’Arbrissel pour mieux assumer sa chasteté passait ses nuits entre deux nonnes..
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