17 août 2018

monsieur triste (illustration) - Image:
Ethique

Je dois accepter l’inacceptable : je refuse la mort de ma mère.

Par : pasteur Marc Pernot

monsieur triste (illustration) - Image: 'Where is my Camera? - 298/365' by Amarand Agasi 
 https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/98005720@N00/3265737812

Question posée :

Monsieur le pasteur,
j’ai trouvé votre site par hasard.
Les 15 dernières années de sa vie, je suis devenu très proche de ma mère et elle pouvait compter sur moi. Les 2 dernières années, je faisais tout pour elle.

En décembre, ma mère a eu 40,5 de fièvre avec des baisses et des reprises. Le 7 janvier après avoir vu son docteur á la maison vers 12 heures, un diagnostic qui annonçait une grippe intestinale. Son docteur « dans deux jours, vous irez mieux, je ne suis pas inquiète ». Après le déjeuner, je quitte ma mère á 13h30, faire des courses, quand je reviens á 16h10, ma mère me parle avec une voix incompréhensible. Hospitalisée en urgence le 7 janvier. Elle a eu 5 ou 6 AVC, elle me comprenait quand je lui parlais, elle hochait la tête pour répondre. Je l’ai faite sourire. Je lui disais que je l’aimais. En 2012,dans ce même hôpital, je lui avait dit au revoir au cas elle décéderait. Toute le monde n’a pas la chance de dire au revoir á la personne qu’on aime.
Avec ma compagne, nous sommes restés 5 heures á son chevet, nous sommes partis ensuite 15 minutes à la cafétéria, maman nous avait quitté juste 1 ou 2 minutes après que l’on ait quitté la chambre. Ma mère avait décider d’attendre que nous quittions la chambre pour partir. Quelle grande dame MA MERE.
Je voudrais une heure avec ma mère. IMPOSSIBLE.
Je dois accepter l’inacceptable. Je refuse la mort de ma mère.
Je vais faire tout ce que je peux pour honorer sa mémoire.
Je souffre de ne plus pouvoir lui parler, de l’entendre rire, c’est l’amour de me vie mais je ne le savais pas.
Je sais qu’elle est au paradis, j’espère qu’elle a retrouvé PAPA.
Ma chère et tendre maman,je t’aime et je t’aimerai toujours, plus loin que ma vie, plus loin que tout, plus loin que l’éternel.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur
Et bravo pour cette fidélité du cœur, de la mémoire.
C’est tout à votre honneur.
Votre mère ne voudrait certainement pas que vous soyez paralysé par sa mort. Elle serait la première à dire, je pense, qu’elle espère que vous allez vite être dans un bel élan de vie, de bonheur, de créativité.

Certes, le corps de votre mère n’est plus, elle est morte sur ce plan là. Mais cela ne veut pas dire qu’elle soit disparue totalement. La preuve : vous continuez à l’aimer, quelque chose d’elle vous anime.

Oui, elle est paradis (ou plutôt dans une vie qui continue autrement), mais elle n’est pas seulement au paradis. Elle est dans le cœur de ceux qui l’aiment, en Dieu, donc, mais tout autant qu’avant dans votre cœur à vous. Alors oui, nous sommes tellement obnubilés par la matière que la vue, l’ouïe, le toucher crient l’absence. Mais le cœur, non. Le cœur continue à aimer, à garder le meilleur, à recevoir de la vie et de la qualité d’être des personnes que l’on aime, qu’elles soient en ce monde ou dans l’autre monde. C’est ainsi que, je pense, nous restons avec ceux que nous aimons. Nous ne les « retrouvons pas » puisque par le cœur nous ne sommes pas séparés.

Peut-être que cette expérience permet même de valoriser l’essentiel, un peu comme un aveugle compense ce handicap par un développement des autres qualités, l’absence physique peut permettre de développer la relation et l’amour dans les autres domaines, et que cela complète la première expérience, et enrichit notre façon de comprendre notre existence dans ses différentes dimensions. Et peut-être de faire plus attention à des dimensions que nous n’avions pas tant valorisées.

Mais bien entendu, cela prend quelques temps pour que cette évolution puisse avoir lieu.

Le fait d’avoir pu dire au revoir est une chance, peut-être est-ce l’occasion de pouvoir se demander pardon et se dire pardon de bien des fautes réelles ou imaginaires, soulageant d’autant le fardeau du passé qui reste toujours à gérer, à digérer, et à accomplir.

Et je pense que la prière, la méditation, la mémoire affectueuse et raisonnable sont d’une grande aide.

Amitiés fraternelles
Dieu vous bénit et vous accompagne. Il bénit et vous accompagne votre mère et cette relation si forte entre vous deux.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *