18 juin 2025

jeune femme pensive - Photo de Daria Kraplak sur https://unsplash.com/fr/photos/une-femme-en-veste-blanche-regardant-son-telephone-portable-8jsNNELDdI4
Foi

Foi naissante à l’épreuve du chaos mondial actuel ?

Question posée :

Cher Pasteur,

Tout d’abord, je tiens à vous remercier de tout cœur pour la création et la tenue extrêmement qualitative de ce blog. J’ai 28 ans et, n’ayant reçu aucune éducation religieuse depuis l’enfance, je me suis toujours considérée comme athée.

J’ai découvert votre blog il y a quelques mois, à une période de ma vie assez compliquée, une période pendant laquelle je me suis sentie complètement perdue, démunie, et surtout à un moment où j’ai ressenti le besoin de m’introspecter et de me recentrer sur l’essentiel. Je pense que c’est dans cette détresse que j’ai décidé d’ouvrir mon esprit et de me dire simplement : « Pourquoi pas ? »

Cela m’a poussée à me renseigner, à me questionner, et je suis tombée sur votre blog. J’y ai trouvé beaucoup d’informations sur le christianisme et notamment sur le protestantisme (religion que je ne connaissais que sommairement), des conseils, mais également et surtout des mots, des paroles d’une intelligence et d’une tolérance rares, d’une bienveillance et d’une sagesse extrêmement touchantes.

Je vous remercie donc pour toutes ces clés que vous m’avez apportées, qui m’ont permis aujourd’hui de trouver l’apaisement et une autre façon d’aborder la vie.

Depuis, j’essaie de cultiver cette petite graine de foi que j’ai trouvée en moi en écoutant des prédications, en continuant de me questionner, et j’ai commencé depuis peu à lire la Bible.

Je vous écris aujourd’hui car je me sens totalement désemparée par le climat de haine, de division et de violence dans lequel nous vivons… Voir ou entendre toutes ces horreurs, autant de souffrance, m’affecte énormément (même si je ne suis absolument pas à plaindre en comparaison de tous ces gens qui souffrent dans le monde).

Je vous avoue que tout cela met également ma foi (tout juste naissante) à rude épreuve. Comment croire en Dieu face au chaos mondial actuel ? Comment continuer à espérer ? Comment ne pas détester l’Humanité ? Comment être utile ? Comment s’autoriser à être heureux alors que tant de personnes souffrent ? Mais en même temps a-t-on le droit de se plaindre ? Rien qu’en écrivant ce message j’ai l’impression d’être égoïste… Toutes ces questions se bousculent dans ma tête depuis quelques semaines et c’est pourquoi j’en appelle à votre expérience et à vos connaissances aujourd’hui.

Auriez-vous des lectures, des versets de la Bible à me conseiller, des prédications à écouter dans lesquelles je pourrais espérer trouver un peu de sérénité et d’espoir ?

Je vous remercie par avance pour votre temps.

Bien respectueusement,

Réponse d’un pasteur :

Chère Marion

Toutes mes félicitations pour votre démarche, tellement belle, profonde, sincère, et aussi, je le sais, tellement courageuse. Car ce n’est pas facile d’ouvrir de nouvelles dimensions dans son être, pas facile de découvrir cet univers qu’est la foi et la Bible.

Pour ce qui est de l’état du monde, il y a évidemment énormément à redire, et pas mal d’inquiétudes, à la fois sur l’ambiance dans la société, l’individualisme, la violence et le respect du droit international. Comment ne pas détester l’humanité ? Je pense que c’est en aimant les personnes une par une. Quand on les rencontre, la plupart du temps on voit des personnes qui font du mieux qu’elles peuvent, qui essayent. Sous cet angle, derrière un comportement manifestement individualiste, on découvre une personne souffrante de peur et d’ignorance. Par exemple, quand je vois un mail comme le vôtre : comment ne pas être réconcilié avec l’humanité ?

Comment croire en Dieu devant le chaos du monde ?

Dieu n’est pas un magicien qui tire les ficelles. Il est une puissance profonde d’évolution. Nous ne croyons pas en Dieu malgré le chaos du monde, mais nous croyons en lui précisément car nous voulons que ce chaos soit calmé, domestiqué, préparé pour recevoir la beauté de la vie. Voici les premiers mot de la Bible :

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide (elle était chaos) : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.” (Genèse 1:1-3)

Nous faisons confiance en Dieu car il est la source d’évolution, il donne son Esprit pour faire de noius, aussi, une source d’évolution positive.

Comment être utile

Comment être utile ? Chaque petit geste compte, bien sûr, ne serait-ce que le sourire à la boulangère ou à la conductrice du bus, mais aussi en donnant un coup de main à un collègue, en s’engageant dans une association qui aide les enfants à faire leurs devoirs ou des personnes âgées isolées. Chaque geste, chaque parole qui encourage, qui remercie, qui félicite : cela compte. Et puis je pense qu’il y a ce grand service qu’est l’émerveillement : ne pas laisser passer un petit matin sans regarder le ciel et se dire « quelle beauté ! », admirer un arbre, un visage ridé, un enfant qui rigole, se réjouir ne serait-ce que d’être vivant et de respirer. L’émerveillement est un service rendu au monde, car on n’en sort pas nous-mêmes indemnes, et cela transparaît ensuite dans ce que nous projetons dans le monde.

Comment être utile ? Premièrement en soignant cette personne que vous êtes, en approfondissant votre être, votre espérance, votre regard. Ensuite en priant Dieu : pas pour lui demander des choses, mais pour le remercier pour la vie en ce monde et pour les belles petites (ou grandes) choses que nous aurons glanées dans la journée. Bien sûr, on aimerait pouvoir changer le monde, l’améliorer, mais déjà, quand on s’améliore soi-même, on améliore le monde, et on se prépare à rayonner de quelque chose : faire un monde meilleur, ça commence tout simplement là. Cela nous semble trop modeste, trop petit, mais pas du tout. Car, en réalité, nous sommes plus que jamais interconnectés. Des études ont montré qu’il n’y a que 6 degrés de séparation en moyenne dans l’humanité : c’est-à-dire qu’une personne sur Terre peut être reliée à n’importe quelle autre personne par une chaîne de connaissances comprenant au plus cinq intermédiaires. Cela encourage, je pense, à penser qu’il y a une réelle efficacité à changer le monde globalement, en faisant un peu de bien en soi et autour de soi.

L’évolution semble toujours trop lente

Ensuite, bien sûr que c’est modeste et trop lent. Surtout face à l’accélération des changements de notre époque. Mais vous remarquerez que bien des paraboles de Jésus reprennent des images agricoles. L’agriculteur fait preuve de patience car tout prend du temps, surtout pour faire pousser un arbre : ce n’est pas demain que nous aurons des poutres pour bâtir une charpente pour couvrir notre maison, et pourtant le paysan plante des arbres dont se serviront ses arrières petits enfants. L’agriculteur sait aussi qu’une partie de son travail va être gâchée par le climat, par des oiseaux qui picorent, par des sangliers qui retournent la terre, ou par une personne méchante qui va abîmer ou voler son travail, mais il y a aussi de bonnes récoltes certaines années et pour certaines cultures. Globalement, ces images utilisées par Jésus rendent bien compte de la modestie de notre action comme de petites graines jettées à la volée. Il n’y a pas d’autres façons de transformer le monde, et en réalité: ça marche, car en général la bonne action est reçue favorablement avec joie, peut-être pas par telle ou telle personnes, mais globalement par le monde, il entre en résonance et cela amplifie chaque geste qui donne la vie.

Lire l’Évangile, s’ouvrir à l’action de Dieu, l’action avec Dieu

Comme texte biblique, peut-être que vous pourriez aller lire justement ces paraboles sur le « royaume de Dieu » (c’est à dire sur l’action de Dieu) que vous trouverez au chapitre 13 de l’Évangile selon Matthieu. Méditez ces parabole en vous mettant à la place, par exemple, du semeur, à la place du grain de blé envoyé dans le monde, en vous mettant à la place de la terre qui reçoit les semences : celles venant de Dieu, et celles de quantité de personnes qui vous entourent ou que vous croisez et qui ont pu avoir de temps en temps un geste fraternel avec vous ou devant nous. Recevoir ces graines, les sentir germer, pousser, donner du fruit en nous. Et puis ensuite, grâce à nous, autour de nous.

Prenez donc courage, le monde est infiniment plus beau que ce que l’on voit dans les informations et sur les réseaux sociaux.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Marie-Claire dit :

    Tellement d’accord avec vous!

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