En burnout, j’ai été stressante, odieuse. Je suis à un tournant de la vie. J’ai besoin d’un exercice spirituel pour remonter la pente.
Question posée :
Bonjour cher pasteur,
Je vous lis depuis longtemps. Et j’aime trouver dans vos écrits et vos échanges avec d’autres personnes des moments éclairants.
Merci, merci pour tout ce que vous faites.
Je vous écris aujourd’hui, alors que je suis à un tournant de ma vie. Je dirigeais une petite entreprise jusqu’au mois de septembre. Toute l’année dernière, mon état de stress s’est empiré. Et j’ai reçu des remarques de mon entourage professionnel, fatigué de mon état et de mon comportement. J’ai cru avoir pris en compte ces remarques, les avoir incorporées. Mais au moment de boucler un important projet, j’étais dépassée. Je pensais tenir le choc du stress, mais pas du tout. J’ai fait trois nuits d’insomnie consécutives et j’ai été odieuse, stressante (c’était, selon les termes de mes collègues, « insupportable ») pour finalement m’effondrer quand l’une de mes collègues a eu le bon sens de me dire « non ». Ce « non » salutaire m’a conduit à me mettre en arrêt de travail pour burn out pendant trois mois.
Aujourd’hui, je vais passer la direction de l’entreprise et pense à me reconvertir.
Je suis très triste de les avoir fait souffrir inutilement. Et je suis très triste que les relations soient abîmées. Je sais que chaque personne réagit différemment et que je ne pourrai peut-être pas avoir de conversation avec tout le monde pour m’expliquer et présenter mes excuses. Pourtant, même si je sais cela, je voudrais être pardonnée.
Je ne peux pas vivre avec cette culpabilité lancinante. Il faut que j’aille de l’avant. Mais toujours me reviennent en mémoire mes erreurs, mes manquements, mes débordements et je me sens incapable, illégitime, dangereuse pour les autres et donc paralysée.
J’ai besoin d’un exercice spirituel, d’une méditation, pour ne pas me laisser enferrer dans une spirale auto-destructrice.
J’ai besoin de ressentir le pardon de Dieu (mais est-ce que je le mérite ? comment faire réparation ? ) pour mettre de la lumière sur ce qui s’est passé et sur aujourd’hui.
Bref, je suis un peu perdue.
Si vous avez le temps de me répondre, j’en serai heureuse.
Réponse d’un pasteur :
Bonjour
Bon courage dans ce cheminement. C’est tout à fait touchant. Car le burnout est une chose dure et qui nous atteint sournoisement. Comme une sorte de spirale qui nous entraîne.
Et vous, vous avez compris, vous avez réagi, et vous avez agi en pensant aux autres plus qu’à vous-même.
C’est tout à fait admirable, car ce n’est pas facile.
Vous avez été plus victime que coupable de ce qui est arrivé. Je pense que les bonnes personnes de votre équipe le comprendront tout à fait. A mon avis, vous avez largement assez pris en compte votre part relative dans ces difficultés. Vous avez fait ce que vous avez pu pour vous excuser auprès des personnes. Je pense sincèrement que vous avez fait votre part.
Il reste maintenant à chasser toute culpabilisation, cela est injuste et cela n’aide en rien. Il est inutile de revenir sans cesse vers le passé, vous l’avez déjà bien fait, je pense. Maintenant il ets temps, comme vous le pressentez, de penser à vous et de vous tourber vers le présent et de construire vers l’avenir.
Je sais que le plus difficile est souvent de se pardonner à soi-même, mais c’est là précisément que la foi peut aider énormément. Car Dieu est pardon. Il est même plus que cela puisqu’il est amour, pour chaque personne et donc pour vous, tout particulièrement en ce temps où vous en avez le plus besoin. Il n’y a rien à racheter pour mériter quoi que ce soit de la part de Dieu, il pardonne et il aime parce qu’il est comme cela, c’est sa nature, c’est sa joie, si je puis parler ainsi.
Vous avez donc bien raison de compter sur Dieu, de chercher à lui faire une bonne place dans ce chemin de rétablissement de votre forme, et même d’épanouissement de votre personne, en vous-même et dans votre créativité.
Il est bon de se donner des exercices spirituels pour soi-même, régulièrement. De se donner aussi une hygiène de vie pour notre corps, pour notre vie en société. Car notre être est multiple tout en étant un. Nous sommes un animal spirituel, sensible, pensant et social : il est bon d’exercer notre corps, notre relation à Dieu, notre sensibilité à la beauté, notre intelligence et nos relations humaines. Chacun selon sa sensibilité, son rythme, ses possibilités. Mais de veiller à chacun de ces axes, à mon avis. ans exagérer dans aucun, en étant à la fois souple et régulier dans sa pratique.
Plutôt que de la « méditation », il me semble bien d’associer le lecture des évangiles, des psaumes, de la prière. pas trop longtemps d’un coup, mais régulièrement. Par exemple matin au réveil, très tôt, avant le petit déjeuner, puis à midi, et enfin le soir juste avant de dormir :
- C’est juste un exemple, bien sûr. Peut-être le matin et le soir : commencer par un temps de calme, disant le « Notre Père ». De vous concentrer ensuite quelques minutes sur la pensée de l’amour de Dieu pour cet univers si vaste, sur notre monde, son amour pour chaque personne de l’humanité et sur vous-même. Puis de poursuivre votre lecture des évangiles là où vous l’aviez laissée, d’en lire un verset, un paragraphe ou une péricope (entre deux sous-titres ajoutés par l’éditeur dans le texte). Puis de prier, comme vous le sentez, mais sans jamais en rester à des choses tristes, passer à la reconnaissance et à la confiance. Et de terminer par un de vos psaumes préférés comme le Psaume 23 ou le Psaume 121 (voir cette rubrique sur le site https://jecherchedieu.ch/priere/quelque-psaumes-de-la-bible-pour-aider-a-prier/). Le tout peut prendre de quelques minutes à une demi heure maximum. Sans abuser, sans saturer.
- A midi, cela pourrait-être simplement de prendre les « béatitudes » de Jésus, et peut-être aussi les versets qui suivent (Matthieu 5:1-16)
Peut-être que ce que je vous proposerais c’est aussi de sortir de chez vous, et de prendre quatre à cinq jours (pas plus) de retraite dans une abbaye pour initier ce processus de cheminement de résurrection ! Dans un beau coin de nature vous permettant aussi de bonnes promenades.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Nous sommes allés en début d’année quatre jours à l’Abbaye d’Hauterive sise dans les méandres de la Sarine. Nous nous sommes fait beaucoup de bien et avons pu effectuer de belles promenades revitalisantes dans les environs immédiats. C’est juste une idée pour elle.
Les chants grégoriens dans la chapelle sont également apaisants. Il faut juste contrôler que ladite chapelle ne soit pas en transformation, car l’Etat de Fribourg a voté des crédits pour la transformation des lieux.
Effectivement, Hauterive est excellent. Voir cette émission :
https://pages.rts.ch/emissions/passe-moi-les-jumelles/12488541-a-quelques-pas-de-l-infini.html#timeline-anchor-integral-12583257
Dans le même genre, il y a Cîteaux, Tamié, Aiguebelle que j’ai fréquentés avec bonheur (toutes les trois sont dans de magnifique coins de nature).
Bonjour.
Je viens de visionner l’émission sur Hauterives.
Le mode de vie de ces moines est frappant de simplicité et de joie.
Avec un reportage qui laisse place au silence, aux animaux, à la création entière autant qu’à l’homme, c’est vraiment un reportage qui est bien fait et cela fait du bien de voir toute la création mise à l’honneur de cette façon.
Les moines sont inspirants par le fait qu’ils ne négligent rien par une subtile attention au réel.
Merci Marc pour ce partage vivifiant et motivant.