17 juillet 2022

des mains sur le clavier d'un ordinateur affichant des données de trading - Photo by Kanchanara on https://unsplash.com/fr/photos/5hcV51EeeWc
Ethique

Effectuer des transactions sur les marchés financiers est-il conforme ou non avec l’Evangile ?

Par : pasteur Marc Pernot

des mains sur le clavier d'un ordinateur affichant des données de trading - Photo by Kanchanara on Unsplash

Question posée :

Bonjour,

merci pour votre site remarquable.

Je me pose une série de questions concernant les marchés financiers accessibles au grand public, et au fait de savoir si effectuer des transactions sur ces marchés est a priori conforme ou non avec disons l’Evangile, la bonne nouvelle de Jésus Christ dans la Bible, en supposant des acteurs qui fassent au minimum un effort de sélection de type éthique sur les actions choisies, pour essayer de ne pas faire de transactions avec des actifs qui ne correspondent à leurs valeurs éthiques après avoir fait un effort minimal de quelques recherches, même succintes et superficielles. J’aurais aimé vous demander votre avis de théologien, scientifique, philosophe, pasteur, protestant, francophone concernant donc ces marchés financiers et l’Evangile de Jésus Christ…

On peut trouver quelques paraboles concernant l’investissement dans les évangiles canoniques : parabole des talents… mais il me semble que c’est plutôt à lire au sens figuré : il s’agit de faire fructifier ses talents en vue d’une situation meilleure si possible de manière générale (peut-être même d’oeuvrer pour le royaume de Dieu si on suit les évangiles), et pour cela, selon les les options de chacun et les possibilités pratiques bien sûr, de ne pas les enterrer pour les protéger, ce qui les rend inutilisés au moins pendant un temps.

Voici quelques exemples d’articles sur l’éthique de la bourse :
– Ethics, Speculation, and Values Rebecca Roache
– The theory of stock exchange speculation – Arthur Crump
– The Ethics of Speculation – John A Ryan
– Charte de la Finance Chrétienne – 2015 (FR)
Il est parfois fait référence à des placements à long terme, qui sont opposés à de la spéculation, souvent associée à du court terme.
Mais dans les deux cas, il me semble qu’il s’agit d’achats et de reventes, en essayant de dégager un profit. Peu importe à mon sens au niveau éthique que l’on reste investi 10 ans parce l’on touche les dividendes tranquillement et un bénéfice peut-être au bout des 10 ans, ou que l’on fasse 100 aller-retours en 10 ans sur la même valeur.

Max Weber a aussi écrit un livre offrant un éclairage indirect sur le sujet : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Sa thèse centrale est qu’un certain type de protestantisme du XVIème au XIXème siècle a été à l’origine du développement du capitalisme en occident en favorisant (dans certaines églises et à l’époque) l’idée que la réussite financière était liée au fait d’être favorisé par Dieu ou dans les bonnes grâces de Dieu et des hommes grâce à un bon type d’actions combinant le fait de prendre soin de soi (par ses revenus et la satisfaction de son travail) et des autres (à travers ses clients et les salariés par exemple) comme selon le second commandement. La bourse est alors un des moyens associé à la croissance du capitalisme [je ne sais plus s’il parle de la bourse dans ce livre].

Indépendamment de toutes lectures voici une recension d’arguments pour et contre, à noter qu’ils semblent plus ou moins s’équilibrer…

Voici quelques arguments pour
(+) côté investisseurs :
– espérance de gains financiers raisonnable, possibilité de gains importants
– excellente liquidité pour les investisseurs (moindre pour les très petites capitalisations), c’est-à-dire qu’il est possible de récupérer son argent investi rapidement en revendant ou rachetant ses positions puis en en faisant un virement vers un compte bancaire classique
– connaissance de l’économie et des entreprises
– gain d’expérience et de compétences en investissement, en gestion des risques…
– possibilité (selon niveau et réussite) de complément de revenus et donc d’indépendance financière accrue
– possibilité (selon niveau et réussite) de revenus, et donc d’indépendance financière vis à vis du marché de l’emploi (un des moyens de sortie du statut de salarié si on le trouve pesant du fait par exemple du management…)
– possibilité offerte à chacun (dans la limite importante et très restreignante d’avoir un peu d’argent à placer, et le cas échéant de vouloir en placer une partie sur des marchés financiers) de se positionner coté purement capital, et non plus coté travail (y compris au niveau gérant si on créé son entreprise)

(+) côté entreprises :
– un des moyens majeur de financement des entreprises lors des introductions en bourse et des recapitalisations pour une croissance plus rapide
– source de crédibilité auprès des collectifs de banques pour des prêts (de plusieurs milliards d’euros par exemple…) lorsque le cours se porte bien

(+) coté ensemble de la société (pays ayant recours à la bourse)
– création accélérée de valeur ajoutée
– soutien aux projets des entrepreneurs
– assez importante transparence informationnelle pour les grands marchés (moins pour les nouveaux entrants sur les alternext…) par rapport à des actifs non cotés

Voici quelques arguments contre :
(-) côté investisseurs :
– gains non garantis, pertes possibles à tout moment
– risque important de pertes financières
– risque de frustration en cas de pertes financières
– selon l’approche choisie, souvent très coûteux en temps
– risque de perte de temps au sens où du temps est consacré sans gains financiers
– risque de perte de sens : exploitation d’opportunités hors de son « périmètre éthique »
– risque de cynisme : revente à un moment où l’on pense qu’il est risqué de continuer à être actionnaire… ou vente à découvert si la tendance est baissière
– risque de dépendre d’algorithmes (de robots traders programmés par soi-même ou non…) pour ses revenus si on utilise du trading algorithmique
– risque de consacrer trop d’attention à ce type d’investissements, de déplacement de ses centres d’intérêts au détriment d’autres activités ayant du sens
– valeur ajoutée assez faible au point de vue individuel : simple participation à un grand mécanisme économique et financier

(-) côté entreprises :
– risque de perte de crédibilité si le cours évolue trop à la baisse trop longtemps
– risque de perte de valeur économique si le cours est trop bas
– risque de ne pas pouvoir se financer correctement auprès des banques si le cours est trop bas
– risque d’entraînement du cours vers le bas en cas de crise économique générale
– risque de faible valorisation du marché dans certains secteurs
– risque au contraire de bulle sur certains types d’actifs
– risque d’instabilité du cours

(-) coté ensemble de la société (pays ayant recours à la bourse) :
– risque d’excès de mise en avant de la croissance économique et financière, au détriment de la préservation des ressources limitées de la planète…
– risque de chaos économique d’origine financière suite à un krach boursier d’origine spéculative (bulles financières…)
– risque d’aggravation d’une crise économique par la superposition avec une crise financière en cas de krach boursier lié à la situation économique
– organisation systématique d’une compétition économique dans la société, provoquant des succès mais aussi des échecs importants, et souvent des implications très importantes dans la carrière professionnelle, peut-être au détriment d’autres éléments de la vie personnelle ?
– interaction complexe avec les banques centrale en cas par exemple d’émissions monétaires et de programmes d’achats d’actifs, sources potentielles d’inflation sur les marchés financiers pouvant créer des distorsions de prix, des bulles financières sur plusieurs années voire dizaines d’années, et une décorrélation entre la valeur économique réelle des entreprises et leur valeur financière en cas de valeur de capitalisation excessive
– risque que la valorisation boursière soit l’objectif ultime de nombreuses ou de la plupart des entreprises, au détriment d’autres sources de valeur ajoutée non financière par l’activité et le travail
– risque de mise en avant trop importante du matérialisme et de la réussite économique et financière (réussir son job, sa boîte…) au détriment d’autres modèles de vie (artistiques, spirituels, sociaux…)
– risque de jalousie vis à vis des revenus des traders professionnels
– risque de jalousie vis à vis des revenus des dirigeants de grandes entreprises
– risque de critique des profits s’ils sont fait au détriment de la population (guerre, hausse des matières premières, exploitation d’une situation de monopole ou de quasi monopole)
– contribue au fait que les clients subissent le « pricing power » des entreprises leaders sur leur marché : hausse des prix possible lorsque les alternatives sont peu ou pas accessibles aux clients

Qu’en pensez-vous ? Serait-ce éthique ou non d’investir en bourse un peu ? beaucoup ? passionnément ? Existe-t-il des alternatives pour la société ?
Devrait-on poser des limites à certains marchés en terme de prix ou de possibilités de spéculation (risque de déstabilisation pour tous les très nombreux clients) : ressources naturelles, énergétiques, secteur primaire notamment agroalimentaire… ?

Merci beaucoup par avance si le sujet vous intéresse et si vous souhaitez y répondre !

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Merci pour les encouragements, et grand bravo pour votre démarche. C’est tout à fait ce que Jésus encourage quand s’étonne : “Pourquoi ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste?” (Luc 12:57) Nous sommes amenés à ouvrir les yeux, à creuser par nous-même, en conscience. Et dans cette démarche, il est bon de penser à une dimension éthique et chrétienne, une recherche de ce qui juste et bon au sens large.

L’Evangile de Jésus Christ dans la Bible, c’est d’abord une bonne nouvelle, celle de l’amour de Dieu pour nous sans condition, et donc de son pardon. C’est effectivement une bonne nouvelle car cela permet de vivre en traçant notre propre route, cela nous permet de respirer, de ne pas être dans une perpétuelle angoisse d’un Dieu qui nous menacerait. Nous connaissons cette logique, qui existe dans toutes les religions et idéologies du monde, où la personne entre puis est est prise dans une contrainte de pureté de plus en plus forte, frénétique, intransigeante, avec l’observation d’un code de pureté assorti de promesses généreuses de lendemains qui chantent et de menaces terribles d’être perdu atrocement en cas de transgression. Bien sûr. Point de cela dans l’Evangile, Le Christ recentre sur l’essentiel, être à l’image de Dieu, aimant et créateur. Un idéal que nous visons non pas par contrainte ou intérêt personnel (faire son salut), mais par conviction. C’est un idéal infini, donc personne ne peut nous en vouloir de ne pas y arriver, cela amène à chercher à faire au mieux, en sincérité, selon notre vocation personnelle et les opportunités. Cela signifie le droit de ne pas être parfait, tout en gardant en ligne de mire cette perfection qu’est Dieu. C’est effectivement extrêmement heureux comme position car en ce monde nous sommes souvent confronté au tragique. Nous ne pouvons tout simplement pas prétendre à la pureté : pour faire une omelette, je suis bien obligé de casser des œufs, et même si je renonçais aux œufs, et donc à l’omelette, je devrais dévorer une salade toute vivante, ce qui est navrant, ou des lentilles ce qui les empêche à jamais de germer en terre, ce qui est aussi navrant car leur nature est de germer et de produire de la vie. Le pire est souvent dans notre vie professionnelle. Nous savons tous que ce n’est pas toujours facile, bien des personnes de foi sont confrontées à des cas de conscience. Cette promesse de la grâce de Dieu nous libère et nous responsabilise à la fois. De telle sorte que c’est à chacun de discerner jusqu’où il peut aller. A la fois jusqu’où il s’autorise à aller du point de vue de sa propre conscience (et non d’une menace de Dieu), et jusqu’où il peut aller aussi compte tenu du fait que nous devons manger, et parfois nourrir des personnes qui comptent sur nous. On peut dire que l’humain est une personne debout, avec la tête au ciel dans l’idéal de pure perfection et les pieds en contact avec la terre et en mouvement sur cette terre où le bien et le mal sont souvent bien inextricablement liés (voir la parabole de Jésus du bon grain et de l’ivraie, Mt 13:29). Le chrétien, par sa dimension divine, n’est pas de ce monde, et pourtant nous vivons dans ce monde (Jean 15:19), et ce n’est pas toujours confortable. Cette tension fait partie de la difficulté et de la vocation extraordinairement riche de la nature humaine.

Pour ce qui est de gagner sa vie en faisant fructifier de l’argent sur les marchés financiers, vous avez très très bien circonscrit la question, et vous m’avez appris plein de choses. On voit bien les questions que cela pose, en positif et en négatif. Votre réflexion nourrit bien la question et prépare un discernement personnel.

Cela repose à la base sur un système d’échanges de choses de valeurs variables, activité sociale qui remonte à la préhistoire, dans les trocs de perles de parure ou d’outils, allant jusqu’à les transporter sur des milliers de kilomètres pour les échanger là où ‘autres pourraient en avoir besoin ou envie. Dès lors que l’humain est un être vivant dans une humanité qui est un corps fait de collaboration entre ses membres et non en Robinson sur une île déserte, des échanges existent dans les différents domaines de l’humain. Participant à ces échanges d’une façon où d’une autre, nous sommes appelés par le Christ à « avoir faim et soif de justice » (Mat 5:6), ce que vous avez manifestement. Et non prétendre faire partie d’un petit club de « purs » retirés du monde pour ne pas avoir à nous salir les mains en aucune façon. Ce que Christ propose serait plutôt, me semble t il, une vie dans ce monde avec une soif de justice. Le club de « purs » criera à la compromission, au relativisme, à l’impureté de personnes vivant dans ce tragique du monde ? Sans doute crient ils, jugent ils. Ils sont dans une autre logique, celle de la séparation et du jugement. Notre conscience elle même crie et se rebelle de vivre dans le monde, toute imprégnée de notre idéal infini. Certes. C’est sa vocation d’être du ciel et de nous interpeller. Qu’elle se rassure premièrement par la grâce du pardon de Dieu accordé sans condition, puis qu’elle transforme son sens aigu de l’injustice en une ardente faim et soif de justice, une soif d’une parole, d’un geste afin de pousser le curseur, aussi peu que ce soit, autant que possible, dans le sens de plus et de mieux de justice.

La grâce de Dieu nous rend capable d’assumer une zone grise entre le plus blanc que neige et la noirceur de la compromission. Il y a un continuum dans lequel nous sommes envoyés en mission avec cette soif de plus de justice, tout en vivant dans ce monde où son mêlés justice te injustice. Pourtant, malgré ce continuum entre partiellement juste et partiellement injuste, il nécessaire de sentir, de discerner et de choisir des seuils au delà duquel nous refusons d’aller. Cela fait aussi partie de notre vocation personnelle. C’est souvent présomptueux de juger de ces seuils à la place d’une autre personne, c’est ce que l’on peut déduire de la parabole de Jésus de la paille et de la poutre (Mt 7:3-5).

La question de ce qui est juste ou non n’est pas seulement cette question du bien et du mal. Une question me semble être aussi de chercher à exprimer notre propre créativité. Il est de notre vocation d’embellir et d’améliorer le monde ou d’aider d’autres personnes d’une façon personnelle, autant que possible et aussi peu que ce soit. Heureux celui qui a pu trouver un travail qui permet cela. Quand ce n’est pas possible, il est bon de chercher à exprimer notre vocation humaine de créer, à l’image de Dieu qui est créateur, de l’exprimer en donnant des coups de mains, ou en plantant des arbres…

  • Celui qui crée une petite entreprise de plomberie avec un apprenti, cherchant à faire de belles installations à l’écoute des personnes a une vraie créativité, par exemple. Le vigneron qui travaille avec sa vigne pour faire un bon produit qui réjouira une tablée d’amis a une créativité. Peut-on appeler cela une alternative aux placements en bourse ? Ce n’est pas non plus à la portée de tout le monde.
  • Celui qui apporte un soutien à des personnes voulant créer, ou à des entreprises cherchant à investir dans des recherches, ou à des associations, ou à des initiatives sérieuses pour créer quelque chose, cette personne là apporte par son activité un soutien indispensable à leur élan de créativité. Là aussi, ce n’est pas à la portée de tout le monde de prendre de tels risques. Il peut y avoir une vraie créativité à participer à permettre la création directe.

Injecter aussi peu que ce soit un peu de conscience, un peu de bon esprit, un peu d’Esprit dans ce que vous faites, comme vous le faites, j’en suis persuadé, c’est déjà excellent. Cela me rappelle la parabole du semeur de Jésus (Matthieu 13), ses graines sont lancées dans le monde tel qu’il est, bien à l’image de notre monde réel qu’il soit notre cœur, notre société, notre église, et nos marchés financiers. Ces graines semblent comme jetées en majorité sans effet sur la pâte du monde embrouissaillé, empierré et piétiné. Pourtant le semeur sème ardemment, en conscience, car c’est précisément ce monde réel qui a besoin de semeurs et de semailles. Et c’est à ce monde bien réel qu’est promis la moisson de bons fruits.

Bravo encore pour votre recherche, votre cheminement
Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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3 Commentaires

  1. Dinotaupien dit :

    [je suis celui qui a posé la question]
    Merci beaucoup pour votre réponse très approfondie ainsi que pour votre parole de soutien et d’encouragement !

    J’ai entre autres particulièrement apprécié les paragraphes suivants :

    C’est tout à fait ce que Jésus encourage quand il s’étonne : “Pourquoi ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste?” (Luc 12:57) Nous sommes amenés à ouvrir les yeux, à creuser par nous-même, en conscience. Et dans cette démarche, il est bon de penser à une dimension éthique et chrétienne, une recherche de ce qui juste et bon au sens large.

    Notre conscience elle même crie et se rebelle de vivre dans le monde, toute imprégnée de notre idéal infini. Certes. C’est sa vocation d’être du ciel et de nous interpeller. Qu’elle se rassure premièrement par la grâce du pardon de Dieu accordé sans condition, puis qu’elle transforme son sens aigu de l’injustice en une ardente faim et soif de justice, une soif d’une parole, d’un geste afin de pousser le curseur, aussi peu que ce soit, autant que possible, dans le sens de plus et de mieux de justice.

    La grâce de Dieu nous rend capable d’assumer une zone grise entre le plus blanc que neige et la noirceur de la compromission. Il y a un continuum dans lequel nous sommes envoyés en mission avec cette soif de plus de justice, tout en vivant dans ce monde où son mêlés justice te injustice. Pourtant, malgré ce continuum entre partiellement juste et partiellement injuste, il nécessaire de sentir, de discerner et de choisir des seuils au delà duquel nous refusons d’aller. Cela fait aussi partie de notre vocation personnelle.

    La question de ce qui est juste ou non n’est pas seulement cette question du bien et du mal. Une question me semble être aussi de chercher à exprimer notre propre créativité. Il est de notre vocation d’embellir et d’améliorer le monde ou d’aider d’autres personnes d’une façon personnelle, autant que possible et aussi peu que ce soit. Heureux celui qui a pu trouver un travail qui permet cela. Quand ce n’est pas possible, il est bon de chercher à exprimer notre vocation humaine de créer, à l’image de Dieu qui est créateur, de l’exprimer en donnant des coups de mains, ou en plantant des arbres…

    Injecter aussi peu que ce soit un peu de conscience, un peu de bon esprit, un peu d’Esprit dans ce que vous faites, comme vous le faites, j’en suis persuadé, c’est déjà excellent. Cela me rappelle la parabole du semeur de Jésus (Matthieu 13), ses graines sont lancées dans le monde tel qu’il est, bien à l’image de notre monde réel qu’il soit notre cœur, notre société, notre église, et nos marchés financiers. Ces graines semblent comme jetées en majorité sans effet sur la pâte du monde embrouissaillé, empierré et piétiné. Pourtant le semeur sème ardemment, en conscience, car c’est précisément ce monde réel qui a besoin de semeurs et de semailles. Et c’est à ce monde bien réel qu’est promis la moisson de bons fruits.

    *****

    J’aurais voulu encore ajouter quelques points concernant l’éthique et les marchés financiers.
    (+ : point positif, – : désavantage, = neutre)

    (+) Concernant votre remarque sur la créativité comme réalisation de soi et apport au monde : il est possible de combiner un peu de bourse surveillée comme du lait sur le feu, mais du coin de l’oeil, avec une activité créative, ou simplement de la lecture, pour ne pas s’ennuyer devant des courbes, surtout lorsqu’il ne se passe pas grand chose. Il existe cependant de très nombreuses activités non rémunérées qui pourraient apporter de la valeur : exemple : un logiciel qui ajouterait des espaces dans certains manuscrits anciens (grec biblique…) où les mots sont collés les uns aux autres pour améliorer leur lisibilité : valeur économique = 0€, valeur pour la recherche historique : faible mais non nulle pour les spécialistes habitués à ce format d’écriture, potentiellement importante pour ceux qui sont moins habitués ; valeur pour le confort personnel de déchiffrage : potentiellement importante. Idem pour certaines créations sans financement, pour certaines recherches hors laboratoires… Sans employeur, le seul moyen de réaliser ce genre de projets est de les auto-financer. D’où la bourse comme vecteur potentiel de liberté voire de financement et de réalisation de certains projets, en parallèle d’une sobriété au niveau des dépenses… sans investir tout, en se conservant des marges de sécurité importantes… Et cela seulement peut-être seulement de façon temporaire, bien qu’il faille souvent plusieurs années de trading réel avec des montants significatifs pour obtenir des rendements positifs et un peu plus réguliers bien qu’occasionnels (et encore pas forcément en période de « bear market », marché de l’ours en anglais, marché à tendance baissière, par opposition au marché habituellement haussier du taureau (bull market), sauf à faire de la vente à découverte).

    (-) difficultés : ennui devant les courbes, risque de rater des trains au sens figuré : lorsque le marché varie rapidement, mais sans nous attendre si l’on n’a pas anticipé ou si l’on ne monitorait pas les cours, activité pas très passionnante même si l’on s’intéresse à l’économie et aux entreprises ; immobilisme alors que l’on perçoit une opportunité (sorte de paralysie de l’action difficile à comprendre après coup) ; au contraire, fébrilité lorsque la situation est non pas risquée mais clairement négative, entraînant des pertes (également difficiles à comprendre après coup), difficulté à s’abstenir d’agir certains jours, difficulté à harmoniser son action avec l’évolution du marché et les informations ; déconcentration psychologique (actualité, difficultés de l’entourage personnel…) ; difficulté à envisager ou à assumer des gains importants, c’est pourquoi il est important à mon avis d’avoir des activités créatives par ailleurs de manière à psychologiquement pouvoir se dire que cela les rémunère, très grande difficulté à visualiser, à envisager, à assumer des gains importants et stabilisés par le biais de la bourse (c’est possible mais pas dans la culture habituelle francophone)

    (-) en cas d’actualité tragique ou de période de crise, la bourse continue généralement de coter ! Faudrait-il alors d’un commun accord fermer les marchés financiers pour quelque temps ?
    Bien sûr selon la conscience de chacun, cette cotation « par tous les temps » peut poser des difficultés éthiques sérieuses : lors de la première vague de covid par exemple, les cours boursiers ont dévissés, créant des opportunités majeures de vente à découvert (vente des titres par emprunt puis rachat quelques temps plus tard). Idem lors du début de la crise toujours en cours en Ukraine. Pour ma part, je préfère sortir des marchés pour quelques temps pour ne pas faire des raisonnements ou des profits ou des pertes exploitants des opportunités liés à du tragique. En fait le plus dur serait d’assumer non pas des pertes financières, mais des gains dans ce type de période ! D’un point de vue psychologique, l’exposition médiatique peut également occasionner une très grande déconcentration.

    (-) à titre personnel, lorsque des proches vont mal (maladie, fractures…), cela peut entraîner un trouble vis à vis de la bourse. Vaut-il mieux alors sortir brusquement des marchés ou ne rien faire ou simplement continuer ? Cela peut occasionner une très grande déconcentration. Un risque existe donc vis à vis de sa propre capacité à gérer ses actifs lorsque sa sphère personnelle ou sociale (hors de soi-même) subit des difficultés.

    (=- bourse =+société) principalement dans le domaine agroalimentaire, il existe le commerce équitable qui cherche à proposer des prix d’achats indépendants du cours boursier mondial (fixé aux bourses de Chicago, Londres…) de certaines denrées agricoles (exemples typiques : le café, le chocolat, les fruits…) : cours d’achats basés sur les coûts de production lissés sur plusieurs mois (qui eux mêmes peuvent être malgré tout liés à d’autres cours de matières premières, par exemple énergétiques). Cependant, lorsque cela est appliqué pour les produits exotiques comme c’est le cas habituellement pour le commerce équitable, les importer depuis des pays lointain a un coût énergétique et de pollution (transport en bateau ou an avion)… Le commerce équitable de produits alimentaires est souvent combiné avec une production biologique, mais pas toujours (nouveaux produits Max Havelaar non biologiques).

    Il est passionnant de se poser la question de la possibilité économique et du bienfait éventuel ou non de l’extension progressive, à long terme car c’est très lent dans la pratique, du commerce équitable à davantage de secteurs de l’économie ou à davantage de parts de marché là où il est déjà présent : est-ce un type d’organisation du commerce et de la production qui a le potentiel d’être une alternative efficace d’un point de vue économique, environnemental, social, à des productions et des commercialisations davantage centrées autour et dépendantes du cours boursier mondial de certaines matières premières notamment ? Ne risque-t-on pas de créer des effets indésirables en intervenant sur le signal prix ? La bourse n’est-elle pas au contraire un instrument d’efficacité économique ? Devrait-on faire coexister plusieurs systèmes, pour une plus grande robustesse, résilience potentielle, de l’économie mondiale, surtout des secteurs les plus fragiles ?

    (-) lorsque l’on analyse le pourcentage du capital échangé sur une journée, il est souvent de l’ordre de 0,1% à 3%. S’il n’y a pas de contrepartie en face, il peut arriver qu’avec un très faible pourcentage du capital échangé, la variation du cours soit de 10 ou 20% (rare mais possible sur de moyennes capitalisations). Donc 99,9% des actionnaires n’ont pas changé d’avis sur le titre, et le cours a varié de 10% à la hausse ou à la baisse ! Ce n’est pas très logique a priori…

    (-) Exemples de possibilités de variations importantes : annonce du rachat par une autre entreprise ou par l’état (EDF récemment) : +25% ou plus en quelques jours, + prime payée par l’état (à nouveau 25%), mais cautionne-t’on la sécurité par exemple des installations électriques, souhaite-t-on avoir profité de façon substantielle d’une politique énergétique que l’on n’aurait pas du tout mise en place si l’on avait été en charge (question complètement virtuelle) : pour ma part j’aurais mis en place par exemple autant de centrales solaires que possible (miroirs concentrant l’énergie vers une sorte de phare, puis stockage de l’énergie sous une forme chimique pour la restituer la nuit ou lorsqu’il y a des nuages) ; alerte sur les profits, sur le non-suivi du plan de développement : -50% en quelques minutes, et ça continue à baisser potentiellement les 5 jours suivants… ; procès en justice auprès de la justice américaine : déjà vu -80% en quelques minutes pour une moyenne capitalisation, et ça ne remonte pas ensuite… Il est donc souvent beaucoup plus prudent de n’investir qu’une fraction de son capital dédié à la bourse sur une seule valeur (stock picking) ou bien d’utiliser des instruments de couverture du risque (produits dérivés commercialisés initialement par les banques puis vendus eux-mêmes sur les marchés en tant qu’actifs, chers et complexes, à voir si cela stabilise ou déstabilise les marchés)

    (-) Il peut être risqué de laisser dériver des actifs qui se déprécient jour après jour assez vite (exemple -5%), même si de forts rebonds sont possibles chaque jour (exemple +15%), généralement ils ne compensent pas les pertes. Savoir prendre ses pertes le plus tôt possible lorsque la réalité est beaucoup moins bien que le scénario prévu.

    (+) L’investissement social responsable peut aider à guider son investissement, mais pour ma part j’ai souvent des exigences différentes de celles

    (+) Laisser croître les actifs qui montent, et seulement eux, jusqu’à ce que les signaux indiquent la fin du mouvement, la fin de la marée montante

    (-) Ceci sans utiliser d’effets de levier (CFD, très très risqués) ni de produits dérivés encore plus risqués, ni de gestion indicielle (a-éthique)
    (+) mais uniquement des achats-revente d’actions choisies (stock picking pur)…

    (=-) marchés actions, actionnaires non professionnels : 10 % de gagnants (source AMF il y a quelques années il me semble), 50% de ni gagnants ni perdants (petites variations je suppose), probablement 20% de pertes moyennes et 10% de pertes importantes
    (=-) marchés des devises, actionnaires non professionnels : 5 % de gagnants (source AMF il y a quelques années il me semble)
    (=-) CFD (contracts for differences, recours à un effet de levier) : grosse majorité de perdants, pertes souvent importantes, gains bien sûr amplifiés pour les heureux gagnants
    (=-) produits dérivés : souvent des produits de couverture du risque, compensation des pertes, mais cela augmente le coût de gestion, et complexifie considérablement le fonctionnement des marchés financiers, risques de pertes importants, éventuellement limités aux seuls montants investis, mais cela peut même être davantage pour certains instruments

    (+) au moins 5000 € ou $ ou francs suisses (ils sont à peu près au même niveau en ce moment) investis en bourse, en dessous il me semble que l’on n’a pas vraiment les effets psychologiques liés aux risques de perte, à partir de ce seuil, 25% de gain en un mois représente déjà 1250€ : un SMIC net ! Avec seulement 5000€ investis, même s’il faut beaucoup beaucoup d’expérience pour obtenir un tel rendement, c’est possible, même si rare, d’obtenir un tel gain. Les gains importants ne sont pas forcément corrélés à des capitaux importants ni à des gestions professionnelles pour des clients, parfois au contraire, et il existe plusieurs opportunités de cet ordre chaque mois en choisissant une liste d’une vingtaine d’entreprises validées d’un point de vue éthique personnel par exemple. Comme de magnifiques saumons qui remontent la rivière à certaine saison, comme des truites en permanence dans le torrent de montagne, est-il possible de les attraper ?

    Merci encore !

  2. Un dinotopien dit :

    Quelques réflexions complémentaires :

    * Caractère inextricable de l’économie contemporaine
    Même sans chercher à investir en bourse, il est fréquent d’être concerné plus ou moins directement malgré tout : travail dans une société cotée en bourse, Plan Epargne Entreprise abondé par une participation annuelle aux résultats s’ils sont positifs… entreprise cliente ou fournisseur cotés en bourse…, banques cotées en bourse…, grandes surfaces cotées en bourse…
    Il s’agit d’une forme de commerce de titres de propriété partielle d’entreprise (actions) ou de titres de dette d’entreprises ou d’états (obligations), ou d’autres actifs ou produits dérivés cotés…
    Il se peut aussi que l’on assume le travail de son service au sein d’une grande entreprise cotée, mais que l’on soit moins à l’aise avec d’autres services (branche militaire…) ou avec le travail pour certains clients. Détenir des actions de sa société (employeur) ou plus généralement d’une société cotée en bourse revient à assumer au moins partiellement ses actions (ses titres et son agir).

    * Rapport à l’impôt
    Pour essayer de réconcilier l’intérêt individuel et l’intérêt collectif par rapport à ce sujet de la bourse, il est possible de choisir de n’utiliser que des instruments financiers dûment fiscalisés, c’est-à-dire de moins utiliser de comptes défiscalisés : par exemple en France, utiliser les Comptes Titres Ordinaires (CTO) plutôt que des Plan Epargne Action ou Plan Epargne Action – PME ou Assurance-Vie ou Contrat de Capitalisation (qui sont tous, hormis le CTO, partiellement défiscalisés sur les plus-values éventuelles).
    Ceci en vue de contribuer à participer ainsi à l’effort continu de remboursement de la dette des Etats. Ceci est bien sûr généralisable à toutes les niches fiscales, propres à chaque pays, le cas échéant.
    Pour ma part, en imaginant un gain en bourse très important après plusieurs années, je serais pour ma part plus à l’aise, j’aurais un peu plus l’impression de mériter cette somme gagnée sur les marchés financiers en ayant sélectionné selon mes critères éthiques les entreprises, et ensuite en payant des impôts, même assez élevés (a priori de l’ordre de 30% pour un CTO en France, auparavant taux marginal d’imposition sauf erreur de ma part).

    * Libéralisme économique (moindre intervention de l’état), neutralité des comptes titres ordinaires
    Le soutien aux actions éligibles aux portefeuilles sur comptes défiscalisés peut en fait s’avérer un peu artificiel, si les investisseurs flèchent leur épargne vers des entreprises défiscalisées, et non vers des entreprises rentables sur le plan économique, bien gérées…, et autant que possible et raisonnable, ayant aussi des critères extra-financiers traduisant des efforts réels et pertinents dans le domaine de l’environnement, du social, de l’éthique (au sens d’une éthique individuelle, ou plus largement consensuelle, relativement commune, reconnue, presque collective au moins pour la plupart des personnes de bonne volonté).
    Par ailleurs les comptes titres ordinaires, non défiscalisés, donnent accès à plus d’opérations, et dans le sens d’un investissement (achat puis vente) ou d’une vente à découvert (vente puis achat). Ainsi la réflexion au moment de décider de quelle opération effectuer est davantage neutre a priori, et n’est pas fléchée vers telles ou telles catégories d’actifs, parfois à des moments qui ne sont pas opportuns. Ceci est bien sûr généralisable à toutes les investissements qui seraient fléchées vers des niches fiscales, propres à chaque pays, le cas échéant, même si les niches fiscales ont certainement un intérêt pour le pays, l’état, afin de soutenir l’investissement privé vers certains secteurs qui sinon seraient peut-être délaissés. A voir si ce genre de système ne devrait pas être revu de fond en comble : en effet, l’Etat doit d’une part collecter de l’impôt (taxes y compris), et d’autre part il me semble l’investisseur ne doit pas être troublé dans son raisonnement par des avantages fiscaux, mais investir selon la qualité intrinsèque des actifs au moins jusqu’à l’échéance de son investissement. En effet, en cas de moins-value à terme ou de plus-value quasi-nulle, l’avantage fiscal devient inutile. Mieux vaut payer un impôt bien salé sur un gain que ne rien payer sur une perte.

    * Bourse => moindre sérénité à titre individuel ?
    Et si le fait d’investir en bourse risquait d’enlever… de la sérénité tout simplement ?
    En tout cas, une des recommandations est de n’investir éventuellement que de l’argent qui ne constitue pas une réserve liquide (en principe plutôt sur des comptes d’épargne permettant de couvrir suffisamment de mois et d’imprévus au besoin), et pas non plus la totalité de ses investissements pour la part investie, mais par exemple entre 0% et 33 ou 50% de son cette part investie.
    Mais même si la part investie en bourse n’a pas un statut critique, cela risque d’accaparer beaucoup d’attention (suivi des nformations économiques et financières, analyse de l’actualité, surveillance des lignes en bourse, calendrier et résultats des entreprises suivies…)

    * Sérénité : possibilité de gestion par des professionnels
    intérêt : efficacité tant qu’il n’y a pas de krach boursier, tranquillité, souvent alignement de la performance sur l’indice phare du marché investi (ex : alignement sur la CAC40 pour des valeurs françaises…)
    raison pour laquelle je ne l’utilise pas : pas de possibilité de transférer ses propres critères de choix des actions s’ils sont trop personnels ; possible en revanche dans certains cas si les critères personnels sont du type développement durable consensuel, par exemple avec labels ISR (Investissement Socialement Responsable), ou ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Mais quand on rentre dans le détail, il se peut que l’on soit plus sélectif que ces critères somme toute assez larges.

    * Non-nécessité de la bourse pour une entreprise, mais très forte incidence
    Il me semble que la bourse n’est pas absolument nécessaire : il existe de très grandes entreprises qui ont fonctionné depuis toujours sans recourir à la bourse, ou qui en sortent lorsque leur secteur n’y est pas suffisamment valorisé. Mais le parcours n’est pas le même, ne sera pas équivalent, la croissance sera peut-être moins rapide… peut-être plus sereine aussi

    En conclusion :
    A. Si l’on investit, il est possible de faire des efforts pour choisir :
    1. des investissements le plus possible conformes à son éthique personnelle. Cela revient à éviter d’effectuer de la gestion indicielle (à moins d’assumer toutes les entreprises de la cote), d’investir dans la dette des états sous forme d’obligations (à moins d’assumer le budget de ces états), et de renoncer à énormément d’opportunités (quotidiennes) si celles-ci ne concernent pas sa liste d’entreprises “validées”, “assumées” à titre personnel
    2. des véhicules d’investissement non défiscalisés afin de contribuer à rembourser la dette des états et à choisir ses investissements selon des critères économiques et/ou éthiques mais pas de défiscalisation, ce qui correspond à une intervention de l’état qui cherche à flécher l’épargne sur des véhicules potentiellement moins performant, ce qui ne fait que retarder le développement sain du marché économique.
    B. Ce type d’investissement est tout à fait reconnu comme source de revenus complémentaires. C’est beaucoup plus controversé en revanche si l’on cherche à en faire une source de revenus principaux. Néanmoins, certains projets peuvent être menés à bien sans rémunération. Il s’agit de travail, à titre personnel, artistique ou non, créatif ou non, mais non rémunéré, ou ayant un risque de ne pas être rémunéré pendant longtemps (création d’une entreprise start-up dans ses premières années…). Pendant une de ces phases transitoires éventuelles, pendant une ou des années sabbatiques, pendant sa retraite… peut-être a-t-on du temps pour ce genre d’investissements
    C. Possibilité de moduler le risque : choix des instruments financiers, choix des entreprises déjà rentables ou en croissance mais non rentables (perte de valeur si les taux d’intérêts bancaires montent comme en ce moment…)…
    D. Gains en expérience, parfois partiellement transposable ou non, gain en connaissance de soi, en connaissance de certains des rouages de l’économie, proximité avec la démarche de création d’entreprise ou de business angel ou de crowdfounding pour le financement de PME (également très risqué)

  3. Dinotopien dit :

    Il est assez curieux de remarquer que le gain imaginaire au loto de 100 000 francs suisses ou euros ou dollars ou livres sterlings serait plutôt considéré a priori comme un événement heureux ; que celui de la même somme par la location ou la plus-value de revente de tels ou tels biens immobiliers professionnels ou particuliers de toute sorte, serait perçu comme laborieux mais plutôt correct, du fait de l’usufruit de la propriété privée ou de la revente de la propriété selon les prix de marché ; que celui de la même somme à la bourse serait perçu comme sans doute associé à des prises de risques financiers, mais correct si c’est pour compléter ses revenus, et un peu discutable sinon si c’est la source principale de revenus.

    Je pense que la raison plus ou moins consciente ou inconsciente derrière ceci en est que les dividendes ou plus-values (sans parler des ventes puis rachat ni des instruments dérivés) reposent certes sur l’usufruit ou la revente de la propriété d’actions ou d’obligations…, mais aussi, et c’est là peut-être le point d’achoppement, sur le travail d’autres personnes dans l’entreprise côtée en bourse ou qui émet des obligations. Il s’agit d’une considération sur le partage de l’effort au sein de la société : compléter ses revenus oui, si on travaille à l’effort collectif.

    La question de l’acceptabilité se reformule alors ainsi : sous réserve de gagner effectivement (ce qui n’est jamais garanti, ou souvent concerne de petits gains pour beaucoup de temps consacré), le gain par l’achat/revente ou par les dividendes n’est socialement complètement acceptable ou valide au moins de nos jours en général, et avec de fortes variations selon les pays, qu’en échange d’une contrepartie sociale, de type créativité, production d’une manière ou d’une autre de quelque chose de bénéfique à la société…

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