femme regardant sur le côté en priant, elle s'interroge - Photo de Anna Tarazevich sur https://unsplash.com/fr/photos/femme-en-haut-noir-a-bretelles-spaghetti-p937wuSGxlQ
Foi

Mal, Doute, Silence de Dieu : réponses théologiques et spirituelle aux grandes questions.

Question : Bonjour,Je me permets de vous écrire parce que je cherche, depuis des années, des réponses sincères et claires à mes questionnements spirituels. J’espère que vous pourrez m’aider à mieux comprendre, car jusqu’à présent, les réponses que j’ai reçues m’ont toujours semblé vagues et incomplètes.Je sais que mes questionnements sont nombreux, mais ils sont au centre de ma quête depuis longtemps.
Je serais profondément reconnaissante si vous pouviez répondre à chacun d’eux avec sincérité et clarté.
Je cherche vraiment à comprendre et à avancer, même si, honnêtement, je doute de plus en plus qu’un jour j’aurai ces réponses.Merci infiniment pour votre écoute et votre temps.


Réponse d’un pasteur :

Chère madame,

Mille mercis pour ce questionnement, et pour ce dont vous témoignez. Je vais essayer d’y répondre, je ne sais si je pourrait le faire de façon qui vous satisfera totalement, bien sûr, mais peut-être que cela vous apportera quelques pistes.

Je tisse mes propositions avec vos questions :


1. La souffrance et l’amour de Dieu

Question : Est-ce que Dieu est vraiment amour ?

Oui. Absolument. C’est le point essentiel de ce qu’a apporté Jésus-Christ.

Question : Ma sœur est, je crois, l’une des personnes les plus chrétiennes que je connaisse. Il y a 12 ans, elle a eu un accident qui l’a laissée paralysée, et depuis, elle vit dans des souffrances physiques terribles, sans répit. 

Pourquoi n’enlève pas au moins sa douleur à ma sœur soufrante ?

C’est donc qu’il ne le peut pas. Pas plus qu’il ne peut faire tomber du ciel un pain devant la bouche d’un des milliers d’enfants qui meurent de faim chaque jour. Cela ne veut pas dire que Dieu ne serait pas puissant, il peut plein de choses et je suis persuadé qu’il agit pour votre sœur. Par exemple, en faisant que sa sœur ait un cœur qui l’aime, et qui compatit. Je suis certain aussi qu’il est avec elle pour lui dire combien elle a « du prix à ses yeux », un prix infini. Cela a pu jouer dans sa foi si intense et rayonnante. Elle a bien dû sentir que Dieu est avec elle contre son mal.

Question :  Pourquoi certaines personnes vivent-elles des tragédies soudaines, comme une mère et son enfant qui meurent dans un accident de voiture sans aucun préavis ?

Dieu est source d’évolution, et le monde est encore en genèse, il reste par conséquent quelque chose du chaos primordial dans le monde et en chacun de nous. Ce chaos fait qu’il y a des accidents qui frappent au hasard, comme vous le signalez. Ça peut être la foudre qui tombe sur une personne, ça peut être une leucémie qui frappe un enfant, ça peut être une météorite qui détruit l’ensemble des dinosaures. Dieu travaille, car il est créateur à chaque instant, et il embauche, comme le dit Jésus : « Nous sommes appelés à faire les œuvres de celui qui m’a envoyé. » (Jean 9:4). C’est ainsi que nous sommes appelés à soulager les souffrances, à tenter de prévenir les accidents et les catastrophes au mieux, mais ce n’est pas à 100 % non plus.

Ces situations me bouleversent et me laissent profondément confuse.

Bravo de vous laisser toucher par ces souffrances, par ces catastrophes. C’est une bonne chose car nous sommes appelés corps et âme à nous soucier de ceux qui souffrent, et pour cela, nous sommes appelés à chercher notre vocation, à saisir l’occasion pour faire ce que nous pourrons.


2. L’origine des croyances et de l’humanité

Question : Au commencement, les premiers humains avaient très peu de connaissances et croyaient en Dieu d’une façon simple et instinctive. 

Il est exact que cette expérience de Dieu est très ancienne, expérience de « quelque chose » qui est source de vie au-delà du monde matériel. Cette expérience se retrouve dans plusieurs races humaines, à l’époque où il existait plusieurs races : en tout cas chez l’Homo sapiens et Neandertal. Il semble que cela date de 100 000 ou 200 000 ans au moins. Cette expérience est aujourd’hui largement répandue dans l’humanité.

Comme vous le dites, il a fallu des générations et des générations pour travailler cette expérience et commencer à la traduire en pensées et en rites permettant de s’ouvrir à cette source. À mon avis, l’expérience de Dieu est première, avant même la réflexion et le rite. Elle n’est probablement pas instinctive, car à mon avis, les animaux ne montrent pas de signe de cela, alors même que certains animaux ont une véritable conscience d’exister.

Question : Aujourd’hui, avec tout notre savoir et nos avancées scientifiques, nous avons encore plus de doutes et de difficultés à croire pleinement. Comment l’expliquer ?

Entre ces premiers temps et aujourd’hui, nous avons un rapport beaucoup plus compliqué avec notre propre conscience, et donc avec cette expérience spirituelle. La pensée a pris une immense place dans notre existence pour le meilleur, je pense, mais cela peut faire que nous ayons un rapport moins spontané avec nos émotions et avec notre spiritualité. Cela a enrichi le bénéfice que nous pouvons avoir de la spiritualité, cela a permis d’approfondir, cela a permis d’en parler, de s’enrichir mutuellement et de recevoir des générations précédentes.  De génération en génération, cela aide aussi à faire le tri entre ce qui vient de Dieu et les autres voix qui s’expriment en nous : les instincts, précisément, les fantasmes et les imaginations.

Le côté social aussi avec la communication qui s’est considérablement développée (de l’invention de l’écriture jusqu’à l’internet en passant par l’imprimerie), elle a pris une grande importance. Cela a fait de la religion une activité sociale, pour le meilleur, je pense, mais pas toujours : elle a pu devenir source de pression, de manipulation, de jeux de pouvoir, de luttes. Cela est dû au fait que la spiritualité a une importance très profonde pour la personne humaine, elle peut donc servir de levier pour prendre le pouvoir sur les personnes. Hélas. C’est d’ailleurs un signal d’avertissement dès que l’on détecte ces jeux de pouvoir dans une église (ou dans sa famille). La religion peut aussi devenir une convenance sociale, il faut aller à l’église parce que ça se fait et que sinon on serait mal vu.

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, bien des personnes ont secoué ce joug, pour s’en libérer. Ils ont raison pour une part. Mais ce serait quand même dommage, comme on dit, de jeter le bébé avec l’eau du bain. Si la religion est parfois pour le pire, elle peut vraiment être pour le meilleur. C’est simplement cela qu’il faut discerner et rechercher : éradiquer les travers d’une religion oppressive, qui cherche à imposer au fidèle ce qu’il devrait croire, penser et faire… pour se donner à soi-même une façon de vivre la religion qui développe notre réflexion personnelle et notre spiritualité, authentique, qui nous mette aussi en relation avec d’autres d’une façon qui soit enrichissante pour tout le monde sans être aliénante. C’est tout à fait possible. C’est d’autant plus facile que la personne contemporaine n’est plus obligée par la pression sociale à participer à une activité religieuse. Cela fait que dans nos églises les personnes que lon y croise sont beaucoup plus sincères et authentiques que par le passé.

Il suffit donc de choisir une paroisse sympa, ou quelques lieux de ressourcement, et de pratiquer à sa façon à son rythme comme une nourriture pour notre foi, notre prière, notre réflexion intime personnelle. C’est alors pour le meilleur sans se laisser piéger par les travers possibles.

Le doute n’est pas une mauvaise chose du tout : en sciences comme en théologie, c’est grâce au doute, remettant en question les modèles que l’on a appris, que l’on peut améliorer nos modèles. La personne qui n’aurait pas de doute au point de vue de ses croyances, cette personne va avoir une théologie figée, des dogmes rendus abusivement sacrés. Cette personne aura beaucoup plus de mal à avancer, à approfondir. Elle risque de craindre de s’ouvrir à Dieu avec confiance et sincérité, craignant que cela ébranle ses dogmes. Cette personne risque aussi d’être pénible avec son entourage, plaçant ses croyances au-dessus de tout ce que l’on peut penser. Donc : vive le doute, à condition qu’il soit animé par une recherche sincère, un approfondissement. C’est manifestement votre cas !

Question : Pourquoi Dieu aurait-il détruit les dinosaures ?

Dieu n’a pas détruit les dinosaures, il semblerait que ce soit une énorme météorite qui, croisant la trajectoire de la Terre, a bouleversé le climat durablement. Or, ce n’est pas Dieu qui guide les météorites, et il ne peut pas non plus dévier leur trajectoire. Car Dieu est une source d’évolution, il a un rapport avec l’univers matériel qui n’est pas mécanique. Qu’est-ce qui fait que cette météorite est venue rencontrer la Terre ? C’est le hasard. Il reste dans l’univers une part du chaos primordial. L’univers est encore en évolution et Dieu continue à être créateur. En attendant, il existe le choc du chaos avec ce qui existe. Cela peut être pour le meilleur, car cela participe aussi à l’évolution positive. Mais ça peut être aussi source de catastrophes dans le monde, et dans nos vies personnelles. Malheureusement, et ce mal n’a alors aucun sens ni justification, Dieu ne l’a pas permis, personne ne l’a voulu, ce n’était pas écrit d’avance. C’est juste arrivé ainsi. Parfois nous cherchons absolument à trouver du sens là où il n’y en a pas, quitte à s’accuser soi-même, ou quelqu’un d’autre, ou Dieu, ou le destin. Cela n’aide pas.

Question : Comment Dieu a-t-il décidé du moment précis où les humains apparaîtraient sur Terre ?

Je suis d’accord avec vous, il me semble qu’il y a comme un projet, une intention de créer une créature capable elle-même de créer. Cela suppose d’avoir une créature terrestre ayant une conscience, une capacité à observer, à évoluer, à imaginer librement des projets, à dialoguer avec les autres afin de constituer des équipes. C’est un saut immense dans l’évolution.

Il me semble que ce projet s’est manifesté, comme vous le dites, sur une période relativement courte dans l’histoire de notre planète, à travers différentes races en diverses régions du globe. De fait, il y a 100 000 ans, il y avait une sorte de « buisson évolutif » (pas seulement une lignée) avec au moins 5 ou 6 espèces humaines distinctes qui coexistaient. Cela laisse penser qu’il y a comme un projet qui a guidé l’évolution à ce moment-là de l’histoire de notre planète. On peut appeler « Dieu » ce qui est derrière ce genre d’évolution spectaculaire, à condition de ne pas imaginer pour autant Dieu comme un potier assis quelque part dans son atelier au ciel. Dieu est beaucoup plus complexe et différent dans son mode d’être que ce que nous imaginons à partir de notre propre nature. Je ne pense pas que les scientifiques sachent pourquoi et comment ce « buisson évolutif » a bourgeonné ainsi, mais c’est un fait.


3. La conscience et l’esprit humain

Question :  J’ai vu ma grand-mère perdre complètement la mémoire et la conscience à cause de l’Alzheimer.  Elle ne savait même plus qui elle était. Comment comprendre cela, si la conscience est censée être une part essentielle de notre âme ?

Nous ne sommes pas une âme versée dans un corps, comme le pensaient certains philosophes grecs. La Bible dit plutôt que nous sommes un corps qui a de réelles capacités spirituelles, intellectuelles, relationnelles, créatrices. Cela fait que quand le corps n’est pas en forme les capacités humaines sont fragilisées. Cela montre l’importance qu’il faut attacher aux soins de notre corps et à celui des autres humains. Et aussi, bien sûr, aux autres dimensions de notre être. C’est tragique quand la faiblesse de notre santé impacte ainsi la pensée et même la personnalité. Nous avons fait beaucoup de progrès dans ce domaine et je pense que c’est à la fois la vocation de l’humain de développer cette recherche et aussi de la mettre à profit pour aider les autres. Ça fait partie de notre responsabilité. Cela ne veut pas dire que Dieu s’en fiche, il nous appelle et nous stimule. Mais quand une personne est frappée, c’est malgré sa volonté. Il fait ce qu’il peut faire, et quand nous prions le « Notre Père » de Jésus avec ces mots « Que ta volonté soit faite » : ce n’est pas du fatalisme, c’est au contraire dans la confiance que sa volonté n’est jamais la maladie mais la santé, et c’est une façon de dire : « Me voici », qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? » Donc vive la recherche médicale et vive l’entraide pour nous soutenir les uns les autres.

Question : De même, je pense aux enfants gravement handicapés, parfois complètement absents à eux-mêmes.  Comment ces enfants peuvent-ils se poser des questions, connaître l’amour et évoluer spirituellement, si cela est censé être le but de toute vie humaine ?

Je suis donc bien d’accord avec vous, c’est bien dommage. Dieu n’a jamais voulu la maladie ni le handicap. Là encore, il y a peut-être eu des fautes et il y a des accidents, des coups du chaos dans la nature. En même temps, j’ai connu beaucoup de familles avec un enfant handicapé, pour qui cet enfant, malgré ses difficultés et celles de la famille, a énormément apporté à tous les membres de la famille. Ce n’est pas pour justifier ces handicaps. Mais c’est pour dire que, chacun avec nos capacités, nous pouvons encore apporter pas mal de choses autour de nous.

Ensuite, j’ai visité la fondation John Bost à la Force en France. Ils ont une véritable aumônerie qui permet à des handicapés assez profonds d’avoir vraiment quelque chose qui est de l’ordre du spirituel et d’évoluer dans ce domaine d’une façon magnifique et inspirante.


4.La création d’autres mondes

Question : Je me demande aussi pourquoi Dieu a créé d’autres planètes, d’autres étoiles, tout cet immense univers.  À quoi servent toutes ces planètes si nous sommes les seuls êtres vivants, ou si la Terre est le centre de son plan ?

Je ne suis pas persuadé que la création ait toujours pour but d’être utile à quelque chose. Il y a une vraie beauté dans l’existence-même de chaque élément de la création, depuis la petite fleur d’alpage dans une pente inaccessible, une mousse dans la forêt, jusqu’aux galaxies immenses. C’est important de noter cela et de s’émerveiller. Pour notre existence aussi, qui est aussi importante que tout autre élément. L’univers existe, il est en évolution et c’est une chose déjà étonnante en soi. Mais en plus il est beau, c’est une œuvre d’art. Je dirais que cette beauté est utile en soi, même si personne ne la regarde, et encore plus quand une personne s’émerveille. Il y a une sorte de beauté naïve dans ces éléments de notre univers, une beauté innocente qui ne se vante pas de sa beauté, n’en a peut-être pas conscience (je n’en sais rien).

Le « buisson évolutif » dont nous parlions plus haut pour les différentes races d’hominidés n’est pas rare en réalité. Dans l’évolution des espèces, l’apparition d’yeux complexes il y a quelque chose comme 500 millions d’années est un autre cas de buisson évolutif. Cette évolution s’est faite sur un temps incroyablement court (relativement), peut-être 50 millions d’années seulement. Là aussi cela me donne à penser qu’il y a comme un projet. En tout cas, il me semble donc probable que la vie n’est pas apparue seulement sur Terre il y a quelque chose comme 4 milliards d’années, mais qu’environ à la même période, la vie a pu apparaître en de multiples points dans l’univers. D’ailleurs, sur des échantillons prélevés récemment sur 2 astéroïdes primitives, Bennu et Ryugu, ont été trouvés des éléments fondamentaux d’ADN.

Un grand artiste, un artisan peut réaliser plusieurs chefs-d’œuvre. Cela dit, l’univers est si vaste qu’il est complètement impossible que nous entrions en contact avec des extraterrestres. Cela aurait pu être rigolo, ou dangereux, peu importe.

Mais d’accord avec vous, la terre, le vivant qui s’y est développé, et la personnalité de chaque humain : l’ensemble est un chef-d’œuvre rare, unique, même s’il y a de la vie aussi ailleurs, et pourquoi pas de la conscience aussi ?


5. L’absence de signes

Question : Depuis des années, je cherche sincèrement à ressentir Dieu au plus profond de mon âme.  Je prie, je demande des signes, je désire ardemment le rencontrer…  Mais je ne ressens rien, jamais.  Pas de réponse, pas de signe clair, seulement du silence.

Le sentiment religieux, ou l’expérience mystique si l’on veut l’appeler comme ça, est une chose assez répandue dans toutes les cultures, depuis donc quelque chose comme 100 000 ans au moins. Mais ce n’est pas généralisé non plus. À ma connaissance, parmi les personnes que je rencontre dans l’église et hors de l’église, il y a quelque chose comme 50 % des gens qui ont eu quelque chose de l’ordre du sentiment religieux. C’est à la fois suffisant pour dire que cela existe, et que ce n’est pas obligatoire pour être un croyant sincère ayant une véritable foi active et rayonnante. Chacun sa personnalité, chacun ses talents. Il n’y a pas à se désoler de ne pas avoir tous les talents et de ne pas avoir celui-là en particulier. Notre diversité est une richesse, y compris dans notre façon de vivre notre foi. Je pense que vous pouvez discerner dans votre propre évolution que vous avez reçu bien plus que vous ne le pensiez. Ensuite, cela peut vous arriver demain d’avoir ce type d’expérience aigue de la présence de Dieu auprès de vous comme Saint Paul sur le chemin de Damas. Cela ne se choisit pas. Mais je connais des personnes qui étaient complètement athées et de famille athée qui ont fait subitement l’expérience de l’amour de Dieu, ou de ce que l’on appelle parfois un « sentiment océanique », sans chercher à faire cette expérience. Comme quoi, on peut s’attendre à tout dans ce domaine. Mais si ça n’arrive pas, ce n’est pas non plus indispensable, loin de là. Et quand cela ne vient pas, c’est que cela ne manquera pas. Car si dans un sens c’est génial de vivre ça. Ceux qui ne le vivent pas découvrent Dieu autrement, et cela apporte vraiment quelque chose d’essentiel aussi. L’ensemble se complète et forme un tout, comme dans un corps avec de multiples membres.

La recherche de signes venant de Dieu est un peu un piège, car on peut interpréter n’importe quoi comme un signe : un oiseau qui passe, la forme d’un nuage, un feu tricolore qui passe au rouge ou au vert, etc. On peut tout prendre comme étant un signe qui vient de Dieu et cela risque bien de faire que les personnes qui recherchent ou qui croient en ces signes guident leur existence sur de simples hasards, des coïncidences qui n’ont pas de sens particulier. Se guider sur ces interprétations est assez fantaisiste et revient à placer ses mains sous le règne du chaos en laissant une paire de dés décider à notre place. Quand ça marche, tant mieux, mais un jour ça finit par ne pas marcher parce que le hasard est comme cela, et j’ai rencontré des centaines de personnes qui ont été extrêmement déçues par Dieu, comme s’il les avait trompées en donnant un signe très clair qui s’est révélé être une mauvaise indication. Et bien non, cela ne venait pas de Dieu, c’était simplement une mouette qui passait, ce n’était pas le Saint Esprit.

La plupart du temps, et d’ailleurs la Bible s’ouvre sur cette image, Dieu ne nous donne pas un signe, il nous donne la lumière, c’est-à-dire qu’il nous permet, par nos propres yeux, de voir la réalité avec plus de pertinence, ce qui nous permet d’avoir du discernement, puis de nous décider en conscience en fonction de ce qui nous correspond. C’est beaucoup plus libérant que si Dieu nous donnait des signes, nous imposant alors de suivre le chemin qu’il aurait choisi, lui. C’est plutôt un travail d’équipe entre Dieu et nous : il nous donne des yeux pour voir, une intelligence pour comprendre. Peut-être que parfois il nous souffle de bonnes questions ou de bonnes idées que nous n’avions pas eues, augmentant encore l’éventail de notre choix. Nous sommes ensuite libres et responsables de ce que nous choisirons de faire. Dieu nous donne aussi cette promesse de nous accompagner dans cette route que NOIUS aurons choisie, comme on le voit dans l’histoire de Jacob quand il hésite sur le chemin à prendre quand il quitte la maison de son père : Dieu lui dit qu’il est libre de choisir son chemin et Dieu lui promet qu’il l’accompagnera, qu’il l’assistera. C’est beaucoup plus riche d’avoir ainsi un Dieu qui nous ouvre les yeux et nous libère et promet de nous aider dans le chemin que nous aurons choisi que d’avoir un dieu qui nous piloterait par des consignes précises. C’est plus exigeant, cela nous demande plus de travail aussi. Mais c’est plus authentique, plus riche.

Question : Est-ce que Dieu m’entend vraiment ?

Oui, j’en suis persuadé. Je dirais que c’est un fait d’expérience de ma part, et je suis loin d’être le seul. Une multitude de personnes que je connais en témoignent aussi.

Peut-être que nous nous faisons des idées et que c’est tout simplement le fait de se concentrer un peu au soir de sa journée pour faire le point sur ce que l’on a vécu, de le placer face à notre idéal. Peut-être que c’est seulement ça qui nous fait avancer, ce serait déjà formidable. Mais la prière me semble avoir une efficacité qui dépasse largement cette simple sagesse pratique de l’exercice spirituel philosophique. Je ne peux expliquer cela que par une action venant de plus grand que l’humain qui vient travailler en nous à l’occasion de la prière et dans sa suite. Le lendemain, déjà, il n’est pas rare que je remarque que j’ai reçu quelque chose d’inattendu.

Vous parliez de signe tout à l’heure, je m’en méfie quand il s’agit de chercher à orienter nos décisions sur notre avenir. Mais je remarque quand même qu’il y a des sortes de clins d’œil de Dieu, avec, par exemple, une bonne surprise qui vient exactement répondre à ce qu’il me fallait.

Question : Pourquoi Dieu reste-t-il si caché, surtout quand je le cherche avec autant d’intensité ?

Dieu n’est pas caché, il est d’une autre dimension. Dire que Dieu existe, c’est même un abus de langage : Dieu est, et il est à l’origine de ce qui existe, c’est donc à un autre niveau, non matériel de l’existence. Par conséquent, bien sûr qu’on ne peut pas le voir, mais on peut voir des traces de son passage, de son action, de sa présence. Le fameux philosophe, scientifique et mystique Blaise Pascal se posait déjà la même question et il lui est venu cette réponse : « Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé. » C’est parfaitement cela : vous cherchez Dieu ardemment, c’est qu’il est déjà vivant intensément en vous par son Esprit. Que vous n’ayez pas l’impression de le posséder est un bon signe également pour votre foi : vous ne vous êtes pas précipitée pour vous construire une idole, sentant bien que Dieu n’est pas de cette matière-là.

Bravo. Je trouve que votre foi est belle et que votre réflexion, votre questionnement sont sains et intelligents. Je ne doute pas que cela est déjà et sera très fécond.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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