Deux oiseaux sur le bord d'une coupe remplie d'eau semblent converser - Image par Andrew Martin de Pixabay
Question

Dire que les religions qui ne croient pas en Jésus ont tort, est-ce de l’intolérance ?

Par : pasteur Marc Pernot

Deux oiseaux sur le bord d'une coupe remplie d'eau semblent converser - Image par Andrew Martin de Pixabay

Question posée :

Bonjour ,

Suite à un débat assez animé avec une amie , je suis tombé sur votre site et je me permets de vous poser une question.

Est-ce que pour vous, dire que les religions qui ne croient pas en Jesus ont tort est de l’intolérance ?

De mon point de vue, dire à quelqu’un qu’il a « tort » c’est dire qu’une personne à une position contraire à la raison, à la vérité ou au droit. Cependant peut-on parler de vérité lorsque cela concerne la religion ? La religion est du domaine du privé et chacun à sa propre conception de la vérité. Néanmoins, lorsque l’on dit « tu as tort » en parlant de la religion de quelqu’un c’est réfuter l’existence même de cette religion, ce qui est pour moi la définition de l’intolérance.

Je ne me détourne pas pour autant de ma foi, je ne suis pas d’accord si on me dit que Jesus n’existe pas mais je n’estime pas qu’ils ont tort car je n’ai aucune légitimité à dire qui a raison et qui a tort pour moi seul dieu le peut.

Je pars du postulat que les religions dont nous parlons ont tous les mêmes « but » ( s’aimer les uns les autres et se respecter malgré nos différences). Néanmoins pour les personnes « radicales » qui veulent imposer leurs idées par la violence ou tout autre moyen ne sont pas facilement convaincu par nos paroles puisqu’ils sont souvent focalisés sur le fait que : « Je sais que j’ai raison donc vous avez forcément tort ». On m’a par exemple dit : « Le faite de ne pas penser que les autres religions ont tord c’est renier ta propre religion »

Je ne vois pas vraiment comment donner une autre vision des choses à quelqu’un qui ne veut pas voir. A la fin , on évite juste de parler de religion puisque chacun à tendance a camper sur ses convictions et le débat tourne en rond.

Merci d’avance.
Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Oui, à partir du moment où l’on pense qu’il y a un seul Dieu, toutes les religions honorent le même. C’est là le but commun à toutes les religions.
Ensuite, malheureusement, et vous le voyez dans les remarques que vous subissez, toutes les façons de chercher Dieu n’ont pas pour conséquence de « s’aimer les uns les autres et de se respecter ». Tout dépend quelle idée de Dieu on se fait. Théoriquement, pour le chrétien, voyant Jésus exalter la foi d’un centurion romain qui n’était même pas monothéiste, pardonnant les pécheurs, présentant Dieu comme aimant même ses ennemis… je pense qu’il devrait être naturel de vivre en aimant et en respectant comme vous le faites.
Mais si l’on a comme théologie un Dieu qui serait un terrible et impitoyable juge, gardant le juste et éliminant le pécheur (comme si nous n’étions pas tous pécheurs)… alors l’adorateur de ce Dieu là aura quelque chance d’avoir le comportement de ces haineuses personnes que vous avez rencontrées. Hélas.
D’où l’importance de la théologie.

Je suis donc bien d’accord avec vous pour ne pas affirmer qu’une religion qui ne reconnaîtrait pas Jésus comme Christ serait mauvaise, ou même aurait seulement tort. En tout cas en ce qui concerne les religions et les usages de la religion pas trop extrêmes.

Il me semble effectivement que c’est de l’intolérance que de dire à une personne « tu as tort » d’avoir telle foi, telle religion, telle conviction (souvent = tu as tort de ne pas être de ma religion ou de mon idéologie non croyante). C’est un signe d’intégrisme, de sectarisme, d’intolérance. Cela est un symptôme du fait que ma religion (ou mon idéologie) ne me procure pas tant que cela un épanouissement, une paix, une grandeur d’âme et de réflexion. Mais bon, chacun fait ce qu’il peut. À partir du moment où l’on respecte Dieu réellement comme dieu, c’est à dire comme transcendant, cela implique qu’on le reconnaisse comme dépassant tout ce que l’on peut dire, et même penser, de lui/elle. Et par conséquent cela me semble devoir impliquer que l’on suspende son propre jugement en ce qui concerne la façon dont il a pu se manifester à d’autres personnes que moi.

Cela dit, il me semble que cette ouverture et cette humilité ont quand même des limites. Si une personne arrive avec une idéologie ou une religion prônant précisément la haine des autres, voire le meurtre, il me semble que c’est normal de dire à l’autre « tu as tort », ou plutôt « à mon avis, tu as tort ».

C’est vrai que c’est un petit peu paradoxal d’être intolérant à l’intolérance ! C’est néanmoins indispensable. Mais de le faire le plus humainement et respectueusement possible, en particulier en ne confondant pas la personne avec son idéologie. Toute personne est acceptable, même si elle a une idéologie en certaine partie inacceptable. Parfois ce n’est pas l’idéologie ou la religion en elle même qui est massivement inacceptable, mais le rapport de la personne avec son idéologie ou sa religion. C’est le cas du chrétien intégriste haineux, le problème n’est pas le christianisme (génial, en tout cas pour moi), mais l’intégrisme et la haine. Et la personne qui vit cette foi est probablement à plaindre comme ayant besoin d’aide.

Avec une personne qui ne dialogue pas vraiment, qui campe sur ses positions, je ne pense pas que ce soit trop la peine de chercher à la convaincre. Qu’elle garde sa conception et que Dieu la bénisse. Au mieux, il est possible de dire ce que l’on pense soi-même, ce que l’on vit soi-même. Sans chercher à faire évoluer ce que pensent les autres. Cela leur appartient (tant que cela ne blesse pas les autres).
Dieu vous bénit et vous accompagne

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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