Une mère et sa fillette sur un bord de mer et soleil couchant - Image par Sasin Tipchai de Pixabay
Bible

1) Dieu est le même pour tous ou n’est pas ! 2) J’en « veux » à l’Evangile de parler plus de social que de familial…

Par : pasteur Marc Pernot

Une mère et sa fillette sur un bord de mer et soleil couchant - Image par Sasin Tipchai de Pixabay

Question posée :

Cher Monsieur,

Hier soir encore, en écoutant un débat sur le fanatisme religieux (après l’assassinat des quatre policiers) me revient avec vigueur le point de départ de mon doute en 2005. Ce fut très précisément et très fortement lors d’une séquence journalistique montrant un jeune musulman se faisant kamikaze « au nom de Dieu » et pour rejoindre l' »autre vie »). Voyez-vous, j’ai alors eu comme une « révélation » qu’il y avait un problème avec « Dieu » : soit Il existe et c’est le même pour tous, soit il n’existe pas..
J’ai alors essayé de canaliser ce doute en écrivant sur un petit carnet à mon ami Jésus. Ce doute était tellement étrange et profond face à mon éducation catholique qu’il me fallait le nommer par ces écrits, et surtout exprimer qu’il n’était pas un rejet du message humaniste de l’Evangile.
Aujourd’hui, après un échec dans mon couple et celui de ma fille, les questions me taraudent de plus en plus.J’en « veux » à l’Evangile de parler plus de social que de familial. La famille unie est pour moi le « royaume terrestre ». La grande source du bonheur ou du malheur. Mais il y a l’amitié aussi.
J’aI beaucoup de questions et de réflexions, et j’aimerais tant échanger plus mais je ne veux pas vous importuner non plus.
Je vous remercie encore bien vivement pour votre réponse. Quel signe de fraternité en humanité !

Bonne et heureuse semaine à vous et à vos proches.
Bien amicalement.

Sylvie

ps : la lecture du livre « Dieu ? » du généticien et grand humaniste Albert Jacquard m’avait beaucoup accompagnée dans ces années (il avait revu, le Credo au cours de chaque chapitre avec honnêteté et courage à mon avis), ainsi que le livre du Père François Varillon « joie de croire, joie de vivre » et celui d’André Comte Sponville « spiritualité de l’athéisme ». Aussi « le moine et la psychanaliste » de Mary Balmary. Tant de facettes passionnantes de la Recherche de la Vérité, et j’imagine le nombre d’ouvrages qui vous ont apportés tout en étudiant la Bible..

Réponse d’un pasteur :

Chère madame

J’ai été très touché par votre mail, vous pensez et aimez d’une belle façon !

Vous avez raison, il y a un seul Dieu et c’est le même pour tous. Cependant, il y a bien des façons de s’en faire une idée.

  • Ensuite, je pense que nous pouvons mesurer la qualité d’une théologie dans un contexte donné en fonction de ce que cela produit sur la personne qui vit cette théologie. Est-ce que cela rend cette personne meilleure ? D’une certaine façon source de vie, d’épanouissement, de belles relations avec le monde qui l’entoure et en particulier les humains ? D’épanouissement, de joie, de bonheur, de paix ? Telle église, telle chapelle, telle façon de pratiquer peut être un cheminement de développement, ou une réduction de la possibilité de la personne d’être elle-même, et de vivre sa propre vie.
  • Nous avons le même Dieu puisqu’il y en a un seul, et donc toutes les prières, toutes les recherches religieuses ou seulement spirituelles convergent vers la même source ultime, vers le même sommet. C’est ainsi que le monothéisme est, ou devrait toujours être, une ouverture, une tolérance, dès lors que l’on pense que Dieu est infiniment plus que ce que l’on pourra jamais en penser et en dire. Le monothéisme intolérant existe pourtant, c’est un « il y a un seul Dieu donc c’est ma façon de le penser et de l’adorer qui est le seul vrai et mon rite qui seul conduit à son salut ». Certes, mais là ce n’est alors pas le monothéisme qui est en cause mais la psychologie de la personne qui vit cette étroitesse. Cette personen serait un idéologue athée qu’elle serait tout aussi intolérante et combattrait, par exemple, la foi des autres au nom de la vérité exclusive de sa façon d’être athée…
  • Voici une petite réflexion sur ce sujet : Choisir sa religion… et son rapport avec sa religion

Pour votre seconde question, je ne pense pas que l’Evangile parle plus de social que de familial. C’est vrai qu’une lecture sociale est souvent faite, et c’est une des possibilité, mais c’est vrai que ce serait bien dommage de se cantonner à cela. Car je suis bien d’accord avec vous, la famille (quelle qu’en soit la forme) est très très importante, et même de plus en plus importante dans nos sociétés de plus en plus individuelles (pour ne pas dire individualiste, car cela sonnerait comme péjoratif). Les textes de la Bible en général et de l’Evangile en particulier sont donnés pour qu’ils nous inspirent, nous questionnent, nous fassent aller plus loin dans ce qui est important pour nous aujourd’hui, dans les circonstances de notre vie particulière.

Une lecture possible est la lecture sociale. On a le droit, mais ce n’est pas la seule. En particulier dans les circonstances qui vous éprouvent, afin d’avancer de la plus belle façon possible et que la paix et la joie ressuscitent en nous.

  • Par exemple ce passage clé où Jésus réinterprète la Loi juive « Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur, Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mr 12:29-31)? Peut-on dire que c’est « social » ? Le champ en est si large qu’il parle à la fois de s’aimer soi-même en vérité, d’aimer Dieu dans les multiples dimensions de notre être, d’aimer notre prochain au singulier : c’est tout autant familial, et c’est aussi la rencontre avec son voisin, son collègue individuel.
  • Et puis toutes ces paraboles de qui mettent en scène un père et ses fils et des frères ? Le fait que Jésus appelle Dieu « Père » ?
  • Et le berger cherchant sa brebis cela a des applications directes sur la façon de vivre, avec notre être dont une partie parfois se perd, des applications sur notre façon de chercher à aider ceux que l’on aime et dont nous pensons avoir la vocation de prendre soin, n’est-ce pas en particulier la famille ?

Bravo pour vos recherches, vos lectures, votre carnet de méditations adressées à votre ami fidèle.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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