Dieu a-t-il besoin qu’on l’adore, qu’on le loue. Et si oui, pourquoi et de quelle manière ?
Question posée :
Bonjour,
Ma question est la suivante : « Dieu a-t-il besoin qu’on l’adore, qu’on le loue. Et si oui, pourquoi et de quelle manière ? »
J’ai fréquenté des églises où on chante, danse, applaudit Dieu/Jésus, où on répète à tue-tête le nom de Jésus et où on crie des alléluias comme des ponctuations entre les phrases.
Est-ce qu’il est « heureux », est-ce qu’il a « besoin » de tout cela ? Qu’on se trémousse pour lui ? Qu’on l’applaudisse ? Qu’on scande son nom ?
Je peux comprendre que les fidèles se sentent mieux après avoir chanté et dansé pendant une matinée. Mais Dieu n’est-il pas humble ? A-t-il un égo ? Je n’arrive pas à croire qu’il ait besoin qu’on lui dresse des louanges comme à un dictateur romain ? Si des gens avaient cette attitude envers moi, cela me dérangerait (et pourtant je ne suis qu’homme).
Est-ce que ces rites font parties du message de Dieu ?
Ou peut-être que les rites sont faits pour les hommes et pas pour Dieu…
Cordialement,
Réponse d’un pasteur :
Je pense que vous avez raison. Le but de la louange est d’ouvrir le cœur de la personne à la fois aux bons soins que Dieu désire nous apporter, et de nous ouvrir aux bons côtés de la vie et de ce monde. C’est une excellente démarche.
Seulement, je dirais que comme toute prière, selon Jésus elle est fondamentalement une démarche intime, cœur à cœur avec Dieu, Jésus insiste beaucoup là-dessus en Matthieu 6. Car il y a le risque d’aliénation de l’individu par le groupe. Pourtant, si c’est dans un but pédagogique, la louange autour du culte est bonne, afin d’aider chacun à avoir ensuite cette pratique de louange intérieure et personnelle.
Quand est-ce que la louange au culte nourrit la prière personnelle du fidèle, et quand est-ce que cette ambiance de groupe vient au contraire prendre le dessus dans la piété du fidèle, et écraser le côté intime de la relation du fidèle ? C’est à évaluer par chacun. Cela dépend de la manière dont sont conduits ces cultes parfois il y a une sorte de transe de groupe, d’exaltation qui font que l’ambiance prend le dessus sur la personnalité de chacun. C’est facile à savoir, il faut se demander si l’expérience de groupe devient pour nous-même une sorte de sommet de sa relation à Dieu ? Par rapport à ce que dit Jésus, ce serait alors trop. Mais si le sommet de notre relation à Dieu est notre propre prière chez nous, dans le secret ? et que la pratique du culte (à notre rythme) a développé notre envie de prier « dans le secret » , alors c’est mieux.
Ensuite, est-ce que Dieu est « heureux » que nous lui fassions monter des gerbes de louanges ? Je ne pense pas que ce soit vraiment la question. Ce que Dieu apprécie c’est effectivement que nous nous portions mieux, car il nous aime (c »est ce que dit Jésus dans la parabole de la brebis perdue et retrouvée, Luc 15:7). Si la louange en groupe aide notre louange personnelle, qui elle-même nourrit notre foi, notre espérance, notre amour de la vie et de notre monde… alors oui, Dieu se réjouira. Car nous aurons personnellement avancé.
Donc oui, les rites sont faits pour les humains. C’est d’ailleurs ce que dit Jésus en parlant du sabbat, le rite majeur dans sa religion : « Le sabbat a été fait pour l’humain, et non l’humain pour le sabbat” (Marc 2:27). Le rite nous est donné comme un outil au service de notre développement. Ce n’est pas une fin en soi. Et ce n’est pas sacré. C’est, je pense une réponse humaine développée et affinée de génération en génération afin de répondre à l’appel de Dieu au fond de notre conscience « Cherchez ma face » (Psaumes 27:8). C’est ce que paul appelle exercer notre piété, l’exercer comme on fait de la gymnastique pour dynamiser et assouplir notre corps (1 Timothée 4:8).
Donc, les rites, le culte, la religion collective et privée : sont fait pour développer notre relation entre nous et Dieu, ce qui tendra ensuite à satisfaire les deux.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Une religion est principalement un l’ensemble de rites, d’évents, de “sacrifices de louange” au cours de l’année. Une religion est d’abord une pratique tournée vers un développement spirituel et humain, elle est un temps liturgique permettant une communion avec la nature, avec toute la Création.
Une religion ne devrait pas être considérée comme un ensemble de croyances et de dogmes, de recommandations et de règles, tel un “catéchisme”. Une telle religion déclamatoire serait intolérante et intégriste en elle-même, elle n’est pas crédible aujourd’hui
« Une religion est d’abord une pratique tournée vers un développement spirituel et humain »
C’est effectivement ce que propose Jésus quand il dit à propos de shabbat (le principal acte religieux dans la Loi de Moïse « Le sabbat a été fait pour l’humain, et non l’humain pour le sabbat » (Marc 2:27).
Je m’associe à votre vœux qu’une religion sacralisant un système de croyances, de rites et de morales ne serait plus crédible. Mais je n’en suis pas certain que ce soit général, hélas. Une religion au service du développement de l’humain demande du travail, de l’investissement, de l’incertitude pour la personne, c’est pourquoi certaines préfèrent adopter un système sur lequel la personne peut entièrement se reposer.