09 septembre 2023

large cascade avec un arc en ciel et une toute petite personne devant - Photo de Sorasak sur https://unsplash.com/fr/photos/8ZAxI5FwjFo
Développement

Comment arriver à combler notre vide intérieur, notre soif ?

large cascade avec un arc en ciel et une toute petite personne devant - Photo de Sorasak sur https://unsplash.com/fr/photos/8ZAxI5FwjFo

Question posée :

Bonjour Pasteur Marc

Je lisais un article qui expliquait la nécessité de  » se retrouver soi même », de combler notre vide intérieur, ce qui nous fait un mal intérieur, un trouble.
Je trouve extrêmement important de réussir à combler ce vide. Cela engendre des comportements addictifs, des fautes plus ou moins graves de comportement avec notre prochain. On connaît les addictions tels que soifs extrêmes , d argent, de sexe, drogue, alcool, violences verbales et physiques, etc….
Le passage de la rencontre de la Samaritaine avec Jésus nous apprend donc que Jésus propose une source d eau vive intarissable. De l’eau qui comble notre soif.
J’ai fait une recherche sur internet pour trouver une méthode mais apparemment ça ne me semble pas si évident que cela.
Il faut bien sûr faire une rencontre avec Jésus, mais déjà par la foi. Nous, êtres humains faits de chair, recherchons l évidence, le concret d une relation. On réussit à apprécier plus ou moins certaines personnes parce qu on les voit, les entend, les touche, et ainsi on se fait une opinion de cette personne qui nous apporte affectueusement, psychologiquement puisqu elle correspond à nos aspirations. Tout ça, ça se travaille, et l on peut ainsi fortement apprecier tel chanteur et en faire une idole par exemple. On peut aussi apprécier un politique parce que ce qu’il dit correspond avec ce que l’on pense.
Qu en est il avec Dieu, puisqu il faut une rencontre pour que Jésus étanche notre soif. On ne le voit pas, on ne l entend pas de façon audible, il n est bien sûr pas palpable.
On peut le rencontrer dans la prière, mais est ce suffisant.?. Je ne le pense pas personnellement parce que cela se dirait, se repeterait si c était la solution facile et adéquate. Et puis on est loin d avoir une réponse à toutes nos prières quand bien même légitimes et justifiées. La méditation, oui, pour certains, mais la notion de temps dont il est besoin comme pour certains bouddhistes dépasse l entendement par environ 4 heures par jour comme j’ai entendu, ce qui n’est pas facilement réalisable pour une personne qui travaille.
On voit aussi que ce temps de contact avec Dieu, dans la méditation, la prière, la louange , ne réussit malheureusement même pas à tous les religieux , puisque même petit pourcentage, sont malheureusement tentés et les conduisent à des attouchements sexuels ou pire, ou d autres dérives, puisqu’ils ne sont qu humains avant tout.

Tout ça pour dire qu’il n’y a apparemment pas de recette particulière, qui pourtant epargnerait l être humain de souffrir autant, de pêcher autant pour un monde qui soit moins en désordre.
Un verset nous dit bien que c’est du coeur que naissent tous les maux, convoitises, vengeance, adultères, etc ….
Rien n’est facile ici bas, mais peut être existe t’il des pistes qui contribuent justement à pouvoir plus ou moins étancher cette soif intérieure, ce qui faciliterait grandement nos relations pour plus de respect et de bienveillance.
Merci Pasteur Marc pour votre réponse.
Que Dieu vous bénisse.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir,

Grand merci pour ce témoignage passionnant dans lequel je pense que nous nous reconnaissons.

D’accord pour soigner ce qui nous fait du mal en nous, de demander parfois de l’aide, et aussi de nous laisser soigner par Dieu.

Et bravo pur votre espérance en Dieu base sur ce très profond récit de la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine de Jean 4.

Notre soif intérieure est bonne

Cette promesse de ne plus avoir soif est intéressante, car elle est assez curieuse, en réalité :

  • Est-il enviable de ne plus avoir soif ? Cela pose question : notre idéal serait-il d’être blasé ? repu ? Alors que Jésus montre que vivre est être en cheminement (Jean 14:6), que notre bonheur comprend le fait d’avoir « faim et soif de justice » (Matthieu 5:6). Je pense qu’il s’agit de sentir qu’il y a en nous des ressources divines qui calment notre fièvre, ne laissent pas au fond de nous un trou béant de mort et de néant, de manque. Cela fait qu’avec l’aide de Dieu, il peut nous venir à cœur de faire quelque chose pour faire avancer une situation qui nous tiendrait à cœur.
  • Peut-on dire que Jésus lui-même ne connaît pas la soif ? On le voit prier ardemment pour ses disciples, pour sa mission, et pour lui-même jusque sur la croix. En même temps, précisément, dans ce temps de soif il a cette ressource d’avoir accès directement à cette source qu’est Dieu.

C’est vrai que dans certaines philosophies ou religions l’objectif est de ne pas connaître de trouble ni de manque, d’avoir l’âme comme la surface d’un étang dont la surface serait comme un miroir que pas un souffle de vent ni un insecte ne viendra perturber d’une ride. C’est par exemple l’idéal stoïcien, ou bouddhiste. Je ne pense pas que ce soit ce que veut dire Jésus, ni ce qu’il a lui-même vécu, ni ce qu’il nous promet. Au contraire, il nous promet une vie vivante, et même plus que vivante : en cheminement, une « vie en abondance », ou plutôt une vie en débordement de vie autour de nous. Et à la Samaritaine, Jésus ne promet pas un état d’âme calme et tranquille, au contraire, il lui promet qu’en elle pourrait être une source jaillissante en regard de sa soif, de sorte qu’elle n’aura plus besoin d’aller puiser dans ces réservoirs d’eau stagnante puisée par d’autres. Cette source jaillissante, c’est l’Esprit en nous, cette sorte de dynamique divine qui est au fond du fond de notre être, à tous.

Bien entendu, ce n’est pas et ne sera jamais accompli à 100%. Même Jésus, encore une fois ressent une soif si profonde sur la croix qu’il se sent abandonné par Dieu, avant qu’il retrouve le chemin de la prière en appelant Dieu. Il est donc tout ce qu’il y a de plus normal que nous ressentions cela. Et en même temps je trouve excellent que vous ayez cette espérance, cette attente et même cette exigence devant Dieu pour qu’il soit au rendez-vous de votre soif pour y répondre.

Une source intérieure jaillissante

Cela ne nous rend pas parfait, évidemment. Ni meilleurs que d’autres qui ne sont même pas croyants. Ce que je peux dire, c’est que cette source m’aident à être une meilleure version de moi-même. Un petit peu. Et c’est déjà immense. C’est vrai que je fais quelques efforts, comme vous dites, de réflexion, d’intériorité, de lucidité… et ce que je peux dire c’est que je sens qu’il y a plus que mes efforts et mes ressources personnelles, quelque chose qui ne vient pas de moi et dont je n’ai donc aucune raison d’être fier m’aide, et répond à ma soif. Pas comme un anesthésiant, au contraire, faisant parfois un petit peu de ma soif un élan. Cela n’a rien de reposant ni sécurisant, au contraire. C’est une saine intranquillité.

Un vide habité

Quand au vide, je dirais que c’est pas mal que nous ayons de l’espace en nous, un espace habité. Si nous étions plein comme un œuf (et encore, même dans un œuf il y a aussi un peu d’espace), nous n’aurions pas de place pour penser à l’autre, pour aimer, pour avoir des projets de justice, de l’espérance. Ce qui serait pas mal c’est d’avoir en nous, du plein (notre personnalité, nos pensées, nos idéaux), du vide mais un vide habité (pour faire place à d’autres et au monde en aimant).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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6 Commentaires

  1. Pascale dit :

    Je trouve que la soif est une image absolument géniale. Tout d’abord, l’absence de soif est un danger pour le corps. La question n’est donc pas comment faire pour ne pas avoir soif, mais quelle boisson choisir lorsque j’ai soif. Un soda bien frais est souvent tentant mais on sait bien que ce n’est pas très efficace et que pour être désaltéré en profondeur, un verre d’eau est préférable, à condition bien sûr que cette eau soit saine, il vaut donc mieux la puiser directement à la source. De plus, choisir la boisson adéquate ne se fait pas une fois pour toutes, c’est un choix au quotidien qui demande parfois quelques efforts. Il arrive qu’il faille attendre un peu pour pouvoir étancher notre soif, comme lorsqu’on part en randonnée et qu’on n’a pas mis assez d’eau dans notre gourde ; et dans ce cas, la moindre gorgée d’eau sera un vrai bonheur. Il peut aussi être utile de boire très régulièrement de petites quantités, par exemple pendant l’effort.

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci, Pascale. C’est très stimulant !
      Dieu vous bénit et vous accompagne

  2. Gérard dit :

    Merci bien Pasteur pour votre réponse riche au sens général.
    Je reviens sur le point particulier de cette scène où Jésus fait remarquer à la Samaritaine qu elle a eu nombre de maris. Sans vouloir lui reprocher vivement cela, Jésus lui dit quand même de ne plus pêcher.
    Il y a bien un autre verset qui dit bien qu il ne faut point séparer ce que Dieu a uni. Bien sûr analyse au sens général, on ne parle pas des cas de violences sous toutes ses formes dans le couple ou autres.
    On peut très bien analyser que Jésus ait pu remarquer en cette Samaritaine qu elle témoignait d une attitude tendant à avoir soif d autres vies de rencontres avec d autres hommes.
    On peut penser cela ou pas. C’est une analyse donc particulière de ce passage de la bible.
    Mais au sens général, effectivement, on peut garder une certaine soif qui nous fera progresser vers le meilleur.

    1. Marc Pernot dit :

      A mon avis, Jésus ne parle pas de la vie matrimoniale de la femme samaritaine, mais d’alliances au sens de ce qui fait sens pour elle. Le cinq évoque l’alliance par la Torah (les cinq premiers livres de la Bible), le 6 est une sorte d’athéisme, et elle est appelée à une nouvelle alliance par l’Esprit. En totu cas, c’ets plutôt à la femme adultère de Jean 9 qu’à la femme samaritaine que Jésus dit de ne pas pécher.

      1. Marie-Pierre dit :

        Réponse très éclairante et riche dans l’article et en commentaire, sur un sujet profond : comment apaiser cette sensation de vide intérieur et cette soif ? Beaucoup de sagesse je trouve dans la réponse, loin d’un idéal fantasmé de se sentir « toujours comblé », accepté, assumer et même bénir ce vide qui nous met en mouvement vers Dieu et vers l’autre. Merci pour cet éclairage, vraiment.

        1. Marc Pernot dit :

          Merci, Marie-Pierre. Bravo pour votre ouverture et votre belle façon d’être.

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