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Christianisme Primitif : Un « Club » non-séparatiste
Dans notre langue d’aujourd’hui, le mot secte est plutôt péjoratif, il fait penser à un club de personnes qui se séparent du reste de la société, vu comme étant un lieu de perdition.
Les chrétiens n’étaient pas du tout coupés des juifs jusque vers l’an 70. Cela fait presque deux générations de mélange : des chrétiens allaient à la synagogue et se retrouvaient aussi par ailleurs entre personnes qui pensaient que Jésus était le Messie : probablement le mercredi et le dimanche entre chrétiens et le samedi à la synagogue. C’était donc fraternel entre juifs ne reconnaissant pas Jésus comme Messie et les chrétiens (juifs ou non) reconnaissant Jésus comme Messie.
Par ailleurs, on le voit bien dans ce qu’écrit Paul : il n’invite pas les chrétiens à se couper des non-chrétiens : il en parle à propos des invitations à manger chez des païens (1 Corinthiens 10:27).
Paul en parle même en ce qui concerne le couple, la famille : “Si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari.” (1 Corinthiens 7:13)
Dans ce cas-là, je ne pense pas que l’on puisse parler de « secte« .
Une Sensibilité Libérale et Spirituelle du Judaïsme
Je dirais plutôt que le christianisme était au départ une sensibilité libérale, ouverte et spirituelle du judaïsme. Libérale parce que l’application des lois religieuses, concernant la nourriture, les prières, les ablutions, la circoncision ou les sacrifices deviennent facultatifs dans les milieux chrétiens. Certains continuent à pratiquer ces commandements, d’autres parmi les chrétiens les abandonnent, d’autres encore, venus du monde païen, ne les ont jamais pratiqués. C’est pourquoi l’Église chrétienne est ouverte à tous, aux juifs comme aux non-juifs, aux hommes comme aux femmes, et ne fait pas de difficultés à fréquenter dans la vie courante toutes sortes de personnes.
L’Intégration des Non-Juifs : Le Point de Rupture Historique
Le problème va donc venir plus tard, historiquement. Cette large ouverture à tous fait qu’assez rapidement le nombre de chrétiens venus du monde païen va devenir plus important que le nombre de chrétiens venus du monde juif.
Cela devient plus embarrassant pour les synagogues juives d’accueillir cette diversité qui ne s’intéresse plus autant à la loi juive. La participation de personnes n’observant pas la loi juive était autorisée à la synagogue, ce qui montre que les juifs avaient l’esprit large eux-mêmes (ces personnes étaient appelées des « craignant Dieu »). Mais je comprends que quand la proportion des païens dans ce club de chrétiens est devenue trop importante, cela a pu devenir gênant. C’est ainsi que, vers l’an 70, la synagogue va demander aux chrétiens d’aller suivre leur chemin en dehors de la synagogue.
La Richesse de la Diversité Inspirée par l’Esprit
Il me semble que notre église aujourd’hui est assez proche de cet esprit des premiers temps : dans l’église le dimanche matin se retrouvent des personnes très diverses, avec des sensibilités théologiques, spirituelles très différentes, des cheminements de vie différents. Ce qui nous rassemble n’est pas tant un ensemble de dogmes, ni une même pratique suivie par tous, ce qui nous réunit en un corps, c’est l’Esprit, c’est un intérêt pour le Christ. Et comme l’apôtre Paul nous y invite dans 1 Corinthiens 12, la diversité des membres est vécue comme une richesse, la rencontre avec des personnes « païennes » est vécue dans la joie.
par : pasteur Marc Pernot
