Je pense toujours à aider les autres avant moi, on m’a dit : « charité bien ordonnée commence par soi-même ».

Question posée :

Bonjour Pasteur Marc ,

Lorsque j’ai dit à une personne que je pensais toujours à aider les autres avant moi, il m’a répondu  : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Je ne suis pas d’accord avec ça. Ça me semble contraire à l’Évangile. Bien sûr, il ne faut pas se priver au point de ne pas pouvoir assurer ses besoins, mais après  ? Ça me convient mieux de dire qu’on ne doit pas s’oublier. Merci pour vos éclaircissements.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Je pense que vous avez tous les deux raison. Il y a seulement un temps pour penser à soi et un temps pour se donner dans le service de l’autre.

C’est ce que l’on voit dans la façon de vivre de Jésus :

1. parfois il interrompt son service, renvoie la foule et ses proches disciples pour partir se ressourcer, seul dans la montagne en priant « son Père ».
2. parfois, il est bien tranquille dans son coin, des personnes arrivent à le retrouver et il interrompt son repos pour se mettre à les servir.

C’est comme une respiration. Comme la respiration, elle peut s’accélérer dans une côte. Au contraire, il est parfois nécessaire de retenir notre respiration, mais à condition de réalimenter à temps nos poumons en oxygène. Parce que si on ne le fait pas, on tombe dans les pommes, et on ne peut plus du tout avancer ni servir. On peut même en mourir et personne n’est avancé.

En ce sens, il est donc bon de prendre soin de soi, comme le dit votre ami. Et aussi de prendre soin des autres, je suis du même avis que vous. Mais par où commencer, par l’un ou par l’autre ? C’est comme se demander ce qui est apparu en premier, la poule ou l’œuf ? À notre naissance, nous ne sommes pas capables de venir en aide à qui que ce soit, la priorité est alors de recevoir, de grandir : donc de prendre soin de soi. Ensuite, progressivement, nous pouvons commencer à apporter aux autres. Cela ne dispense pas de prendre soin de soi pour grandir encore toute notre vie. Quand vient une urgence, et qu’il nous semble qu’il nous revient de faire quelque chose, il arrive que nous nous donnions à fond. Mais c’est comme Jésus, nos réserves ne sont pas infinies, donc (comme vous le dites) il ne faut pas s’oublier mais surveiller soigneusement le niveau de nos réserves d’énergie et de moral, car, quand nous entrons dans le rouge, il peut arriver que nous nous aigrissions, que nous fassions notre service à contrecœur, ou que nous allions même jusqu’à nous abîmer. Ce n’est pas souhaitable. Notre priorité urgente est alors de prendre soin de nous. Qui veut aller loin ménage sa monture, dit la sagesse paysanne. Il est donc bon de prendre soin de nous comme nous prenons soin de notre monture.

Jésus est donc très équilibré dans sa vie à ce sujet, quand il nous dit en citant ce verset de la Bible hébraïque : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même« , pas seulement d’aimer et servir notre prochain. C’est pour chercher à chaque moment quelle est la juste priorité entre prendre soin de notre prochain et prendre soin de nous-mêmes que nous avons besoin de l’aide de Dieu et de notre intelligence. Aimer Dieu, l’écouter, y ajouter une dose d’observation et d’intelligence est indispensable pour discerner le temps juste. Nous avons le monde entier pour prochains. Si nous ne faisons pas place au soin pour notre propre personne, nous nous viderons de toute énergie ou nous nous culpabiliserons de ne pas accepter comme priorité d’aider encore telle cause en plus, puis telle personne, puis de prier pour telle situation dramatique…

Heureusement que l’Évangile est centré sur la grâce : faisons au mieux, ce sera déjà formidable.

Dieu comprend et en sera joyeux.

par : pasteur Marc Pernot