07 décembre 2025

Avent 8 – « L’Attente de Dieu » avec Simone Weil
Bienvenue dans cette 8ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
La sincérité de l’expérience spirituelle de Simone Weil, son amour pour Dieu et pour les humains souffrant en ce monde, son intelligence de philosophe, sa lecture passionnée de la Bible et de l’Iliade d’Homère… sont, à mon avis, profondément touchants.
Pour ce jour, je vous propose une page tirée de ce recueil « Attente de Dieu ».
Pour Simone’ Weil, l’attente de Dieu » est une formule qui lui est chère, une formule doublement profonde à cause de l’ambiguïté de ces mots où l’attente de Dieu signifie à la fois deux choses :
- Dieu qui nous attend, nous, de toute éternité.
- Et aussi nous qui attendons Dieu, si possible nous concentrant profondément, car, dit-elle, « La qualité de l’attention est pour beaucoup dans la qualité de la prière. »

Simone Weil (1909-1943)
Je vous propose cette page où nous retrouvons cette mutuelle et profonde attente :
L’infinité de l’espace et du temps nous séparent de Dieu. Comment le chercherions-nous ? Comment irions-nous vers lui ? Quand même nous marcherions tout au long des siècles, nous ne ferions pas autre chose que tourner autour de la terre. Même en avion, nous ne pourrions pas faire autre chose. Nous sommes hors d’état d’avancer verticalement. Nous ne pouvons pas faire un pas vers les cieux. Dieu traverse l’univers et vient jusqu’à nous.
Par-dessus l’infinité de l’espace et du temps, l’amour infiniment plus infini de Dieu vient nous saisir. Il vient à son heure. Nous avons le pouvoir de consentir à l’accueillir ou de refuser. Si nous restons sourds il revient et revient encore comme un mendiant, mais aussi, comme un mendiant, un jour ne revient. plus. Si nous consentons, Dieu met en nous une petite graine et s’en va. À partir de ce moment, Dieu n’a plus rien à faire ni nous non plus, sinon attendre. Nous devons seulement ne pas regretter le consentement que nous avons accordé, le oui nuptial. Ce n’est pas aussi facile qu’il semble, car la croissance de la graine en nous est douloureuse. « De plus, du fait même que nous acceptons cette croissance, nous ne pouvons nous empêcher de détruire ce qui la gênerait, d’arracher des mauvaises herbes, de couper du chiendent ; et malheureusement ce chiendent fait partie de notre chair même, de sorte que ces soins de jardinier sont une opération violente. Néanmoins la graine, somme toute, croît toute seule. Un jour vient où l’âme appartient à Dieu, où non seulement elle consent à l’amour, mais où vraiment, effectivement, elle aime.
Simone Weil, dans « L’amour de Dieu et le malheur », extrait de « Attente de Dieu« , Lettres écrites du 19 janvier au 26 mai 1942, Paris: Éditions Fayard, 1966.
Dieu a ainsi un ardent désir de nous. Il nous espère comme un ami attend son ami. Cela nous éclaire sur le fond même de ce que signifie prier. Simon Weil explique cette rencontre entre Dieu et nous dans la prière avec cette comparaison :
De même, si on revoit un être très cher après une longue absence, les mots qu’on échange avec lui n’importent pas, mais seulement le son de sa voix qui nous assure de sa présence. »
Simone Weil, dans « Lettre VI – Dernières pensées », extrait de « Attente de Dieu«
Afin de nourrir notre attente de Dieu dans la prière, notre concentration à vivre intensément cette rencontre, je vous propose de méditer le début d’un des Psaumes les plus connus, le Psaume 130 (parfois 129 dans une autre numérotation), appelé le « De profundis » selon les premiers mots de la traduction latine « Des profondeurs, je cris à toi, Seigneur »)
Le Psaume 130 (De profundis) : Une Prière d’Attente et d’Espérance
Psaume 130, Psaume des montées
Des profondeurs, je crie vers toi, Éternel,
… Éternel, écoute mon appel !Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Éternel… Éternel qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon,
pour que l’on puisse toujours se tourner vers toi.J’espère en l’Éternel de toute mon âme,
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend l’Éternel
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
…Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,
ainsi son peuple attend l’Éternel.Oui, près de l’Éternel, est l’amour,
près de lui est le salut,
Il rassemble son peuple,
pardonnant toutes ses fautes.Amen
Psaume 130:1-8
Ce psaume est, par excellence, le psaume dans la détresse. Quelle qu’elle soit. Nous savons que nous pouvons en toute circonstance nous tourner vers Dieu, l’appeler et attendre son secours, ses bons soins pour nous. (Ici, quelques mots de plus sur ce Psaume).
Méditation par : pasteur Marc Pernot
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