26 juillet 2018

Dans les champs, allongés - Photo de l
Pratiquer

Dans ce qui est essentiel… il n’y a ni la religion, ni le culte, ni les sacrements

Par : pasteur Marc Pernot

Dans les champs, allongés - Photo de l'Instagram de l'EPG
L’essentiel, entend-on parfois, est d’être gentil avec les autres. C’est vrai que c’est essentiel, mais notre ambition pour l’être humain est plus large que cela. C’est pour un petit chien que notre plus haute ambition se limite à ce qu’il soit gentil. Pour l’être humain, notre ambition est bien plus ample, elle s’ouvre à l’espérance que la personne ait la capacité à avoir un point de vue personnel sur le monde et sur la justice, cette seconde ambition nous est commune avec tout penseur de bonne volonté. Notre ambition pour l’être humain s’élève encore dans l’espérance d’une relation personnelle avec la transcendance, ce qui nous est commun avec tous les croyants de toutes sortes, même si pour nous cette transcendance est celui que Jésus-Christ a appelé « mon Père et votre Père ».

Dans ce qui est essentiel… il n’y a ni la religion, ni le culte, ni les sacrements. Et c’est dans la droite ligne de notre chef, Jésus-Christ qui a dit « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. » (Marc 2:27). C’est ainsi qu’en ce qui concerne la religion nous pouvons, nous devons même, être très pragmatiques et ajuster ce qui nous convient le mieux comme actes religieux à un moment donné de notre existence. Ce ne sera pas forcément ce qui est le plus évident pour nous, mais ce qui, à l’usage, construit l’humain en nous, l’humain au sens où le Christ l’incarne. À chacun de choisir ce qui semble le meilleur pour lui-même et pour ses enfants, puis d’évaluer au fil des ans notre évolution pour mieux ajuster les moyens utiles. Le rythme de la pratique. L’usage de tel sacrement pour marquer des étapes et poser des jalons. À chacun d’ajuster le dosage entre la pratique en assemblée en famille ou intime « dans sa chambre porte fermée » ou « dans un lieu désert » comme le dit Jésus. La bonne église, la paroisse, le culte qui nous conviennent, les formations bibliques et théologiques, les temps de retraite, la lecture de tel livre, la recherche sur internet, la Bible, la prière le matin, le soir, ou sous la douche… C’est pourquoi nous avons préparé ce dossier avec le témoignage de personnes diverses.

L’acte religieux, selon Jésus, n’est donc pas une finalité, il doit rester un moyen au service de la genèse de l’homme. Nous avons un bon résumé de ce qu’est l’humain en pleine forme dans ce fameux résumé de la Loi que nous donne Jésus : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur, Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Et voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Marc 12:29-31).

La religion est fondamentalement une aide pour nous mettre à « l’écoute de l’Éternel notre Dieu ». Ce n’est pas inutile de nous donner délibérément les moyens de nous entraîner à cela pour mieux aimer Dieu et être ainsi plus bienveillant et bienfaisant en ce monde (nous y revoilà). Comme toute relation et faculté humaine (la forme physique, l’intelligence, la musique, la prière et la foi…) une pratique régulière adaptée à la personne est le seul moyen pour améliorer sa forme. Notre amour pour Dieu s’enrichit de l’écoute. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà entendu Dieu ni d’avoir senti sa présence…. pour l’écouter.

L’amour pour Dieu est ici au singulier, c’est une réalité intime, profonde, infiniment individuelle. Mais Jésus parle de « l’Éternel notre Dieu » et non pas seulement de l’Éternel ton Dieu. Jésus évoque aussi Israël, le peuple formé par les personnes qui écoutent l’Éternel. La finalité est bien ici que chacun, individuellement puisse grandir dans son amour pour Dieu. L’écoute de Dieu est aussi individuelle dans notre cœur, notre pensée et notre réflexion personnelle, dans notre âme, dans nos actes enfin. Mais Jésus nous invite ici, parce que c’est bon pour nous, à ce que l’écoute de Dieu soit au moins en partie collective, en peuple assemblé dans l’écoute. Car avec les autres, si semblables et si différents, nous avons plus d’idées et nous risquons moins d’être trop arrêtés sur nos certitudes. Et puis les autres aussi ont besoin de nous, ne serait-ce que de notre présence, signe de notre écoute, signe de notre reconnaissance d’un intérêt que nous leur portons. Rassemblés, nous prenons conscience que nous ne sommes pas seuls, et c’est une force et un soulagement. Certes nous sommes un individu essentiel aux yeux de Dieu, mais nous sommes aussi fondamentalement un Israël formé par l’écoute de Dieu, un peuple en chemin pour franchir les déserts. Nous sommes un peuple formé de centaines de générations de personnes en débat, un peuple formé par les quelques personnes rassemblées un dimanche, par deux personnes qui discutent, un groupe d’enfants au catéchisme, une maman qui apprend à son enfant à prier.

pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Michel dit :

    On ne peut pas nier que l’enseignement, la spiritualité et le style de vie de Jésus de Nazareth marquent un tournant décisif dans l’histoire de l‘humanité. Son apparition et son message déterminent la fin d’une mentalité, d’une forme d’être humain et religieux, de concevoir et de vivre la relation avec Dieu, avec les hommes et le reste de la création. Ils signifient également la fin d’un monde, d’une culture, d’une société programmés et dirigés par la religion.

    Jésus inaugure une nouvelle façon de concevoir la fonction de la religion dans la vie de la personne et une nouvelle manière de se rapporter à elle. En affirmant que la religion est au service de l’homme et non pas l’homme au service de la religion (Mc.2,23-28; 3,1-6; Mt.12,1-8; Lc. 6,1-5; 13,10-17), il brise le pouvoir absolu que la religion pensait détenir sur les consciences, la liberté et la conduite des humains.

    Jésus ne dévalorise pas la religion en tant que telle, mais il invite ses disciples à aller au-delà et, souvent, à passer par-dessus les obligations qu’elle impose (ses dogmes, ses pratiques cultuelles, ses exigences éthiques), et à dépasser la simple probité et honorabilité toute extérieure qu’elle procure : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ».

    À la lecture des Évangiles, on est frappé par le fait que Jésus n’exhorte jamais les siens à être de bons pratiquants ; ni à se soumettre aux normes et aux prescriptions de la Loi mosaïque (les ablutions rituelles, le repos du sabbat, le jeûne, la prière à la synagogue, la dîme due au temple…). Il n’encourage jamais ses disciples à être dociles et obéissants aux autorités religieuses ; et il est loin d’en donner lui-même l’exemple. Mais il exhorte ceux et celles qui le suivent à vivre selon la vérité et à être des personnes de cœur.

    Pour Jésus, la religion doit transformer l’homme de l’intérieur, doit changer son cœur, lui offrir la possibilité de devenir une meilleure personne. Elle doit l’aider à devenir libre ; à prendre conscience de sa dignité. Elle doit le faire grandir en sagesse, en humanité, en amour. Elle doit lui ouvrir l’accès à une plus grande confiance, à plus de paix, à plus de joie, à plus de bonheur dans sa vie quotidienne. Elle doit aider l’homme à bâtir un monde plus égal, plus juste, plus fraternel, plus respectueux, plus pacifique.

    Si la religion ne réussit pas à faire cela ; si, au contraire, elle manipule les individus, les opprime, les culpabilise, les angoisse et les terrorise par la menace de châtiments éternels, afin de les asservir plus facilement, alors elle devient une institution néfaste qui perd toute légitimité et qu’il ne faut hésiter à abandonner.

    Michel L.

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