Questions suite à la lecture des premiers chapitres de la Genèse avec une application de découverte de la Bible
Question posée :
Bonjour,
Tout d’abord, je tenais à vous présenter mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2025. Pour certains, c’est juste la date qui change, pour d’autres ce sera autre chose. Pour moi, une nouvelle année, c’est synonyme d’espoir et d’espérance ; c’est un nouveau cycle, une nouvelle opportunité. D’ailleurs, quelle est la vision chrétienne (s’il y en a une particulière) du Nouvel An ? Si vous avez des textes à me proposer, cela m’intéresserait 🙂
Merci de votre retour sur mes précédentes questions en fin d’année 2024, je vais donc continuer ma réflexion en 2025, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin…
Ma lecture du jour concerne aujourd’hui la Genèse, qui m’est proposée par l’application de découverte et réflexion biblique que j’utilise au quotidien. J’en suis à Genèse 2. Versets 1 à 14. Il s’agit donc de la création du monde par Dieu. J’aimerais donc vous partager ma compréhension du texte et mon avis sur l’interprétation qui en est faite par les auteurs, commentateurs de l’application. D’après ma lecture, je comprends que Dieu a créé le monde avec toutes ses caractéristiques et les phénomènes qui l’accompagnent. Tout ce que nous appelons « nature ». J’y vois un appel à respecter cela, dans le sens qu’en tant qu’humains, nous ne maîtriserons jamais totalement la nature et que chercher à le faire, à tout contrôler, serait dénaturer la création et nous prendre pour ce que nous ne sommes pas, à savoir Dieu. Cela colle parfaitement à la conscience écologique actuelle : la nature ne nous appartient pas, nous devons en prendre soin, autrement elle risque de se retourner contre nous… à cause des excès de l’Homme.
Mais quand je lis le commentaire, j’ai l’impression qu’on parle d’un Dieu tout puissant qui serait aux commandes de la météo, des catastrophes naturelles, etc. (il est question de la puissance de Dieu … capable de contrôler la force de la foudre et du vent notamment). J’ai du mal avec ce point de vue. Comment un Dieu d’amour aurait-il pu s’acharner sur un peuple comme Mayotte en la dévastant d’un cyclone (et bien d’autres périodiquement, malheureusement) et ainsi causer autant de dégâts ? J’ai du mal à voir l’œuvre de Dieu dans les catastrophes naturelles, personnellement. Pourquoi s’en prendrait-il à des hommes, femmes, enfants, animaux comme ça ?
Voilà pour ma réaction quant à cet élément.
Une deuxième réflexion qui m’est proposée aujourd’hui et que je souhaiterais partager avec vous porte sur le sens de la vie. Ce calendrier biblique m’invite aujourd’hui à m’interroger sur le sens de la vie en mettant en avant que seule la croyance en le Dieu de la Bible est cohérente et logique, et ce, je cite, « contrairement à la philosophie » . Qu’il fallait donc ne pas essayer de tout comprendre, mais juste croire et faire confiance. Là encore, j’ai du mal avec ce rejet de la philosophie : pourquoi ? Tout n’est pas mauvais dans la philosophie, de plus ce terme signifie « amour de la sagesse » . C’est le genre d’argument que pourrait utiliser une dérive sectaire pour restreindre la réflexion, je trouve. Aussi, tout est logique dans la Bible… oui et non… d’une certaine manière et pour peu qu’on y soit déjà un peu initié : à première vue, il y a des aberrations d’un point de vue scientifique, moral. Il faut pouvoir lire entre les lignes pour y voir le message de Dieu. Heureusement qu’il y a la science pour comprendre, mais aussi réparer, prévenir certaines choses.
Voilà pour mes réflexions en cette fin de journée.
Bonne fin de journée.
Réponse d’un pasteur :
Chère Madame
Il n’y a pas particulièrement de vision chrétienne du nouvel an. Dans l’idée biblique, le temps ne tourne pas en rond, mais il s’écoule de façon continue. Et il est une occasion de cheminement, de croissance, d’élévation, comme dans le Psaume 121, par exemple. C’est vrai qu’en passant du 31 décembre au 1er janvier : nous n’avons pas un an de plus, en réalité, mais seulement un jour de plus. De même à notre anniversaire. Ce sont juste des symboles. Mais les symboles sont importants pour nous, ils nous aident à nous repérer. Chaque anniversaire de notre naissance, de notre mariage, du décès d’une personne qui nous est chère, ou le passage d’un cap décisif dans notre vie (par exemple, pour certaines personnes, leur baptême) : ces dates nous donnent l’occasion de faire le point, de regarder si, effectivement, nous avançons, nous stagnons, ou nous régressons. Cela peut être l’occasion de réagir, d’ajuster notre façon de vivre, nos priorités et peut-être notre agenda : là où nous investissons du temps, ce temps précieux.
Il y a bien des sensibilités chrétiennes qui existent. Il me semble que votre commentaire offre une vision assez effrayante de la foi, comme vous le dites. Par contre, votre vision me semble intéressante. Et votre foi et votre liberté de pensée vous permet heureusement d’avancer.
Ces récits de création n’ont pas de visée scientifique ni historique, mais théologique et spirituelle. Il parle du sens, de la valeur, de la visée. C’est pourquoi votre interprétation me semble plus intéressante. Certes, espérer « tout contrôler » serait vouloir se prendre pour Dieu (alors que Dieu lui-même ne contrôle pas tout, manifestement, il reste une part de chaos dans ce monde, il est encore en cours de création). C’est comme cela que je comprends une catastrophe naturelle : c’est du chaos que Dieu n’a pas pu, encore, maîtriser.
Sans nous prendre pour Dieu, l’humain est appelé à être « à l’image de Dieu » et appelé « à cultiver et garder le jardin » (en fait, il y a marqué « servir et garder » le jardin) : nous sommes appelés à être créateurs dans le monde, à participer à l’évolution d’une belle façon. Nous ne sommes pas seulement des gardiens de musée, appelés à conserver ce qui est. Plutôt à conserver ce qui est beau et bon, certes, mais aussi à garder un chemin d’évolution continuée. Et c’est vrai que si nous faisons n’importe quoi, le chaos augmente. Ce n’est pas tant que la nature se venge, mais c’est aussi simple que l’eau est mouillée : qui sème du chaos voit le chaos augmenter. Dieu y travaille avec puissance (se déployant dans des temps infinis, ce qui n’est pas une « toute-puissance »). Et nous sommes appelés à y travailler. Si l’on pensait que Dieu avait voulu (ou même laisserait) des catastrophes naturelles et des cancers : cela veut dire que nous ne devrions pas agir pour améliorer la situation. C’est horrible. Et un Dieu comme cela ne donne vraiment pas envie de l’aimer, ni de lui faire confiance.
Le rejet de la philosophie et de l’intelligence n’est à mon avis pas juste non plus. Et cela ne va vraiment pas dans le sens de ce que je comprends de Jésus. C’est même l’inverse : Jésus a mis en avant et tout fait pour stimuler la réflexion personnelle. Voir deux prédications (ci-dessous) que j’ai proposées à ce sujet (dont une dimanche dernier, précisément). Par ailleurs, il est très plausible que Jésus ait lu des philosophes présocratiques. Mais quand les fidèles pensent, réfléchissent : ils sont moins dociles pour accepter les doctrines des « autorités » qui les présentent comme des « vérités » divines et sacrées… hélas.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
- Prédication « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. » (Hannah Arendt & Matthieu 13:3-23)
- Prédication Délivrés du moralisme (Marc 12:28-34)
- Sue la question de l’existence du mal et de la souffrance, cet article du « petit dictionnaire« .
par : pasteur Marc Pernot
Réponse de la personne :
Bonjour !
Merci pour votre réponse, avec une opinion que je partage également.
J’ai entre temps supprimé cette application en raison de ces commentaires dont je parle justement. Leur argument est de proposer soi-disant la réalité de la Bible, que les églises n’en font qu’une interprétation… Comment dire que eux ont forcément raison sans le dire clairement. Et je suis gênée aussi par ces « réflexions » qui en fait n’en sont pas. Cela me fait penser à certains mouvements dits évangéliques, charismatiques notamment. Qui disent détenir la morale, avoir la seule vérité. Comme si Dieu était venu en personne à leur seule porte.
Un contenu biblique proposé par qui que soit, dès lors que ce n’est plus uniquement le texte original mais qu’il y a un commentaire, ce n’est pas forcément la vérité parce que le commentaire le dit. Encore moins si le commentaire le dit j’ai même envie de dire : les auteurs, les éditeurs ne sont pas Dieu ! Et même la Bible elle-même est encore en-dessous de Dieu lui-même.
Je suis donc revenue au plus simple : la lecture de la Bible seule. L’édition que je m’étais procurée est la TOB (elle est commentée certes, mais plus scientifique, historique). Cela correspond à ce que je sens être bon pour moi : lire la Bible entièrement au moins une fois dans ma vie. Pas uniquement pour mon développement spirituel (même si ça en fait grandement partie) mais aussi pour ma culture générale.
Voilà pour mon retour.
Très bonne soirée à vous,
Réponse du pasteur :
Excellent.
Pour lire la Bible, votre méthode me semble effectivement la meilleure.
J’ai proposé un ordre pou rire la Bible et quelques outils, si vous voulez :
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