
Donald Trump, l’Antéchrist, les chrétiens évangéliques, la fin du monde et nous.
Question posée :
Bonjour
Les évangéliques affirment qu’à la fin des temps viendra un antichrist : de même que Dieu est venu en chair sous la forme de Jésus, le diable viendra en chair sous la forme de l’antichrist.
Jean 8:44 dit que le diable est le père du mensonge : l’antichrist sera donc identifiable au fait qu’il proférera des mensonges.
Un personnage public proférant des mensonges peut donc être considéré comme animé de l’esprit antichrist, l’esprit du diable.
Or, le service « Fact Checker » (vérificateur de faits) du Washington Post a compté une moyenne de 21 mensonges par jour de la part de Trump lors de ses 4 ans de présidence. On peut donc considérer en toute logique que Trump est animé de l’esprit antichrist, l’esprit du diable.
Comment alors expliquer que 80% des évangéliques américains ont voté pour lui, pour cet homme animé de l’esprit antichrist, l’esprit du diable ?
Cordialement,
Réponse d’un pasteur :
Cher Monsieur,
Je trouve aussi que la violence, les outrances et les mensonges de Donald Trump sont épouvantables.
Qui est l’Antéchist ?
Mais, il est impossible, à mon sens, de dire qu’une personne en particulier serait l’antéchrist à 100 %, car nul ne pourrait être dans une telle négativité et vivre. À l’inverse, qui oserait prétendre être si parfait qu’il n’y a en lui ou elle pas même 0,5 % de manque d’amour ?
La figure de l’antéchrist dans quelques rares passages tardifs du Nouveau Testament est là pour nous amener à reconnaitre en nous cette part de progression que nous pourrions avoir, nous-mêmes, pour être un peu plus fidèles à l’esprit du Christ, vivant par la foi, l’espérance et l’amour, et un peu moins vivants par l’oubli de Dieu, la résignation et le manque de respect. C’est une pédagogie fréquente dans la Bible de proposer des archétypes marqués afin de stimuler notre introspection personnelle. Elle nous offre ainsi l’opportunité de déterminer notre propre positionnement par rapport à ces modèles. Caïn et Abel, Noé et l’humanité, Ésaü et Jacob, Saül et David, Christ et Antichrist, ange et démon…
D’autant plus que les rares mentions de cette figure de l’antéchrist sont pour la plupart dans les lettres de Jean, qui sont les lettres les plus centrées sur l’amour du prochain. Or l’amour même de son ennemi ne conduit pas à l’assimiler à l’Antéchrist. Jésus, face aux soldats romains entrain de le crucifier et de le ridiculiser en public, ne les traite pas d’antéchrist, mais de personnes qui « ne savent pas ce qu’elles font », c’est-à-dire d’humains qui pourraient être de bonnes personnes qui sont en quelque sorte troublées, aveuglées, malades. Il me semble que c’est la question qui se pose devant une personne comme Trump (entre autres) : ce serait recueillir l’avis de psychiatres qui auraient pu l’ausculter, il me semble. Et dans ma bouche, ce n’est pas une injure ni du mépris, c’est du souci pour lui (et aussi pour les conséquences de ses actes).
Travailler sur soi-même
D’une manière générale, il me semble que c’est une attitude enrichissante de s’exercer à réagir face à ce que nous voyons en nous donnant l’occasion de progresser nous-mêmes plus que de condamner. Les personnes réelles (histoire et actualité) et les personnages des œuvres fictives (films, romans) nous donnent l’occasion de nous interroger sur ce qu’est le bien, la justice, la bonté, l’intelligence, la fidélité… Cela peut nous amener à nous engager politiquement, à nous engager dans des actions de pédagogie ou de solidarité. C’est surtout cela qui sera source de paix dans le monde, dirais-je, que d’ajouter de la violence à la violence, et amplifier les fractures de toutes sortes. Pour nous entraîner à lire ainsi la monde (et nous-mêmes), la prière est d’un grand secours.
C’est une composante forte dans la bouche de Jésus de prier pour nos ennemis (parce que parfois, on ne voit vraiment pas quoi faire), de chercher à leur faire du bien (pour qu’ils soient plus en forme), à les bénir (pour dire que Dieu aimerait êtr een relation avec eux pour les aider aussi).
Luc 6:27-28 Jésus : Je vous dis, à vous qui écoutez : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous injurient.
C’est ce que reprend Paul dans son fameux chapitre 12 de sa lettre aux Romains (v. 17-21):
Ne rendez à personne le mal pour le mal. Efforcez-vous de faire ce qui est bien devant tous. S’il est possible, pour autant que cela dépende de vous, soyez en paix avec tous. Ne vous faites pas justice vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez place à la colère, car il est écrit : C’est moi qui fais justice ! C’est moi qui paierai de retour, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des braises que tu amasseras sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.
Les chrétiens évangéliques et la fin des temps
Les chrétiens évangéliques ne sont certainement pas heureux de traits majeurs du comportement et des paroles de Donald Trump. Mais d’un autre côté, les chrétiens de cette sensibilité ont une façon de penser qui les conduit parfois (pas toujours) à s’engager dans la droite radicale. La théologie n’est pas seulement une spéculation abstraite, elle a des implications très concrètes sur notre manière d’être et de porter des fruits. Cela nous invite à faire plus de théologie, à approfondir notre lecture de la Bible. Alors que si nous ne faisons pas l’effort, nous laissons ce domaine en friche, dans notre être et dans notre monde. Et, nous voyons, cela n’est pas sans conséquences.
Selon le Christ, nous sommes dans la fin des temps, ce n’est pas une menace, c’est un encouragement pour tous à aller dans le sens d’une réconciliation de l’humanité par un travail avec Dieu, en nous-mêmes et dans le monde. Certains annoncent le retour du Christ pour bientôt, pour cette génération… C’est plus intéressant de le comprendre comme un appel à ce que le Christ vienne en nous-mêmes : et que nous vivions plus par l’Esprit. Que le corps du Christ puisse se constituer, avec plus de personnes se soucient de leur prochain et de Dieu, comme le Christ nous y a invité (et nous l’a montré).
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Il faut reconnaître qu actuellement le Président Trump exerce des décisions radicales sans concertation avec les différents groupes ou partis d opposition, sans consultation des besoins des plus pauvres, des immigrés. On l’ a vu à l’ oeuvre avec sa clôture aux frontières pour empêcher la remontée d étrangers. Désormais , c’est le licenciement sec au niveau de certaines administrations.
Avec lui, d’ autres dictateurs existent dans le monde. Ou si ce n’est dictateurs, c’est la recherche du pouvoir avant tout et empêcher la libre expression.
On est tout à fait à l’ opposé des paroles de Jésus, qui,lui, souhaite que tout être s occupe du plus faible, du plus nécessiteux, qui soit charitable envers son prochain, ne juge pas des différences, etc.,..
Il nous faut espérer dans un changement profitable un jour , dans l intérêt de tous. Il nous faut espérer qu un jour ils reviendront sur des décisions trop hâtives, et qu ils écouteront les bonnes paroles.
L’ histoire nous démontre que les conquérants, les dominants perdent leurs pouvoirs au bout d un certain temps.
Dietrich Bonhoeffer ne voyait-il pas un antéchrist en Hitler ? Avait-il tort ?
Je dirais qu’il y a de l’antéchrist dans Hitler, mais je pense que Jésus aurait été capable de voir aussi en lui un enfant de Dieu qui n’est vraiment pas en forme.
l’idée d’un troisième conflit mondial m’effraie car je pense que cela pourrait arriver…Tout est possible hélas
Inquiétant !!!
Prenons notre peur légitime, et peut-être notre colère, et transformons les, convertissons les en bonne énergie pour avoir des petits gestes de paix, de douceur, de bienveillance, d’attention, de soin pour ceux que nous croiserons. Dieu est maître en l’art de transformer le mal en bien.