24 décembre 2021

lumières colorées sur un sapin de Noël - Photo by Clem Onojeghuo on https://unsplash.com/fr/photos/FQ5N5gb9Cao
Pratiquer

Noël pour tous, de toute religion et sans religion ?

lumières colorées sur un sapin de Noël - Photo by Clem Onojeghuo on Unsplash

Multicolore, ça va bien aussi !

Les chrétiens fêtent Noël aujourd’hui, c’est une belle occasion de rechercher, de creuser, de méditer, de prier, de redécouvrir, de s’ouvrir à… tout ce que Dieu nous donne en Jésus-Christ. Et cette période riche en cultes nous a permis de creuser cette question dans les églises, les temples, chapelles et foyers…

Mais pour les non chrétiens ?

Pour les juifs

N’oublions pas que Jésus, Marie, Joseph, les 12 apôtres (et même les 14 si l’on y ajoute Matthias et Paul), étaient des juifs pratiquants. Bien des juifs sont devenus chrétiens, mais évidemment pas tous : ceux qui ne pensent pas que Jésus soit le Messie, le Christ de Dieu, ne sont pas devenus chrétiens. La séparation du Christianisme et du Judaïsme eu lieu vers l’an 70. Les relations, un peu tendues au début, furent et restèrent en général bonnes, comme en témoigne le dialogue entre les premiers théologiens chrétiens (les Pères de l’Église) et les théologiens juifs des synagogues. Et il a longtemps existé au sein du Christianisme des personnes qui continuaient à suivre la Loi de Moïse (les judéo-chrétiens, à la suite de Jacques, frère de Jésus).

Mais à partir du IVe siècle un rejet croissant, puis une brutalité, et enfin des persécutions vont malheureusement être commises par des chrétiens contre les juifs, et l’antisémitisme a parfois été virulent même sous la plume de Luther (surtout dans des pamphlets abominables publiés durant les dernières années de sa vie). Bien des juifs ont pu percevoir Jésus comme étant la source d’inspiration de leur persécuteurs, ce qui n’est pas le cas, l’inspiration pour persécuter les autres vient de ce qu’il y a de plus bas dans l’humain, pas dans ce qui est élevé, jamais de l’Esprit ni de la parole de Dieu.

Depuis une cinquantaine d’années un respect croissant entre le judaïsme et le christianisme se fait sentir. Les théologiens chrétiens découvrent ou re-découvrent les trésors des lectures juives des écritures. Des savants juifs lisent en commentent les évangiles et reconnaissent en Jésus un grand penseur juif, un vrai Rabbi. Et en Paul aussi. Peut-être que les gestes courageux de certains chrétiens pour soutenir des juifs face à l’extermination nazie ont été aussi une raison de cette ouverture.

Noël peut ainsi être pour des juifs la célébration d’une grande figure du peuple juif. Et de s’intéresser à son témoignage sans pour autant nécessairement devenir Chrétien. Et puis ce serait un geste de paix entre les croyants, geste que nous pourrions nous aussi avoir lors du Yom Kippour, par exemple ?

Mais puisque Noël a été fixé de manière symbolique sur le solstice d’hiver, les juifs ont leur propre fête qui a lieu à peu près au même moment et probablement pour les mêmes raisons symbolique, la fête de la lumière (intérieure) que Dieu donne par miracle.

Les musulmans

Le Coran parle de Jésus et de la « sainte famille » sous les noms de Issa (Jésus), Myriam (Marie), Ioussouf (Joseph). Pour les musulmans, Jésus est un prophète de l’Islam au même titre que Moïse, les grands prophètes de l’ancien Testament, et Mohamed. Comme les juifs, les musulmans ne considèrent pas que Jésus serait le Messie, c’est à dire le sauveur ultime de l’humanité. Les musulmans rejettent en général la notion de « Fils de Dieu » par rejet de la trinité qui leur semble incompatible avec le monothéisme (il faut reconnaître que chez certains chrétiens, nous n’en somme pas loin). Mais puisque le Coran évoque la conception miraculeuse de Jésus en Marie par l’Esprit, sans l’aide de Joseph ni l’aide d’aucun d’homme… Il n’est pas du tout idiot pour un musulman de fêter la naissance de ce grand grand prophète (pour le moins) qu’est Jésus pour eux. Un peu comme à la fête du mouloud ils font mémoire de la naissance de Mahomet.

Les hindouistes

Ils considèrent que le divin se manifeste en toutes choses. Jésus représente donc pour eux un «avatar», c’est à dire une manifestation du divin particulièrement parlante. Il est un grand et véritable yogi, un sage qui a pu s’unifier avec le divin par la voie de la compassion et de la dévotion. Noël est pour les hindouistes une fête célébrant ce grand visage du divin qu’est Jésus.

Les bouddhistes

Contrairement à ce que l’on dit parfois, le Bouddhisme est bien une religion, avec une vraie notion de transcendance, même si ce n’est pas un Dieu créateur et personnel comme dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Pour les bouddhistes, l’incarnation et les réincarnations sont une mauvaises choses, le salut étant d’arriver à rejoindre l’unité, le nirvâna, comme une goutte d’eau qui disparaît dans l’océan.

Il y a donc des différences radicales entre les visions du divin, de la valeur de l’individu et de la vie en ce monde… mais il y a aussi bien des convergences entre l’enseignement de Jésus et la sagesse du Bouddha, en particulier la compassion, l’accueil de l’autre, la non-violence, la priorité accordée au spirituel sur le matériel.

Noël est donc pour certains bouddhistes l’occasion de méditer sur ce grand maître de sagesse qu’est Jésus, comme invitant à l’éveil des consciences.

Les agnostiques, voire même les athées non intégristes

Même si l’on rejette l’idée de Dieu, même si l’on n’aime pas trop les religions en général, et les fêtes religieuses comme Noël en particulier… il est difficile de dire que l’Evangile ne donne pas à penser, au moins comme une philosophie ayant profondément marqué l’histoire de la pensée, au moins comme un humanisme qui a produit un certain nombre de bien belles choses (et pas seulement des croisades et de l’inquisition)… Jésus a par exemple promu la valeur de tout individu personnel, riche ou pauvre, croyant ou non, homme ou femme, de son peuple ou étranger. Il a promu des valeurs de respect et de qualité d’être, de réflexion personnelle et de liberté face à la tyrannie des autorités civiles et religieuses, face au pouvoir qu’ont sur nous l’argent et les soucis de ce monde…

Fêter Noël ce pourrait entrer en débat avec cette pensée de l’homme de Nazareth ? S’interroger ensemble sur ce qui fait que la vie vaut plus que la simple survie ? Sur ce qui est en nous source d’espérance, de qualité d’être, de paix ?

Bref

Bienvenue à tous pour entrer en débat, et peut-être partager une coupe de champagne (à défaut de pouvoir partager la coupe de Sainte-Cène), ou une boîte de chocolat, ou des biscuits de Noël selon notre recette préférée ?

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

PS.

Il y a probablement une veillée ce soir dans le temple protestant ou l’église proche de chez vous, et un culte demain matin. Avec joie de partager l’Evangile.

Temple de Cologny (Genève)

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