Marc Pernot le 19 octobre 2025
Prédication

Théodicée : Dieu est bon, pourquoi le mal ? (Ésaïe 42:1-10)

Résumé de cette prédication vidéo : La question du mal interroge la foi et la raison depuis l’Antiquité (Épicure). Si Dieu est tout-puissant et bon, pourquoi la souffrance ? Cette prédication, s’appuyant sur le prophète Ésaïe, explore une théologie de la création continue. Il distingue la souffrance causée par le chaos (désordre non intentionnel) du mal humain (injustice, choix). Découvrez comment Dieu travaille à achever sa création, et quel rôle nous jouons, par l’amour et l’action, face à l’absurdité et à la méchanceté.

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(Voir le texte biblique ci-dessous)

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève le dimanche 19 septembre 2025,
par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Transcription de la Vidéo :

Pour cette prédication, j’ai reçu une commande spéciale de la part des deux adultes qui ont été baptisés ce dimanche : nous poser la question essentielle de l’existence du mal dans le monde. Déjà, trois siècles avant Jésus-Christ, Épicure posait cette question de la théodicée avec ce paradoxe : si Dieu est tout-puissant, s’il est conscient de ce qu’il se passe sur terre et si Dieu est bon, alors, le mal ne devrait pas exister. C’est juste, il faut donc évoluer dans notre théologie, car cela touche notre foi, nos peines, notre angoisse, notre action et notre prière.Répondre, comme certains théologiens, que « c’est le grand mystère de Dieu » et clore ainsi la question est une injure à ce qu’est la foi, comme s’il fallait renoncer à toute cohérence de pensée pour avoir foi en Dieu. Bien sûr que non. La Bible a heureusement bien plus de ressources que cela. Par exemple Ésaïe.

La 1ère cause de mal : le chaos résiduel et la création continue

Ésaïe évoque la première cause de mal et l’action de Dieu pour y répondre dans le verset 5 : « Ainsi parle Dieu, l’Éternel, qui a créé les cieux et qui les déploie, qui étend la terre et ses productions, qui donne la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui la parcourent. »

Dieu est appelé ici à la fois « Dieu » (El) et « l’Éternel » (Yahouh), ce qu’il apporte ici est donc à la fois un acte puissant de création et un acte de compassion venant au secours de sa création qui souffre.

Dans cette traduction que je vous ai lue, il y a une erreur grave : elle parle de Dieu « qui a créé les cieux », au passé, or dans l’hébreu le verbe créer n’est pas ici à l’accompli, il est au participe présent et donc Dieu est « créant les cieux », sans cesse en train de créer et de se rendre présent à ce monde ; il est en train d’étaler la terre : de créer un espace où la vie est possible ; il est en train de donner la respiration et le mouvement : faisant de nous des êtres vivants capables d’évoluer ; il est en train de nous donner à tous de son souffle, son Esprit Saint, comme le dit la Pentecôte. Tout cela, Dieu le fait dans le présent, sans cesse, il s’agit donc d’une création continue. Et cela change tout.

Dieu-horloger vs Création en cours

Dieu n’a pas été créateur qu’à un seul moment du passé comme le pensait Voltaire avec son Dieu-horloger qui laisse tourner sa création à distance. Ésaïe (et il n’est pas le seul dans la Bible, loin de là) nous dit ici que Dieu est sans cesse à l’œuvre pour créer et pour sauver. La création est encore en cours, cela signifie qu’elle est encore inachevée. Il reste donc une part de **chaos résiduel** sur laquelle Dieu continue à travailler par sa puissance afin de créer du bien.

Le chaos est ainsi la première cause de mal dans le monde, il correspond effectivement à tout ce qui est catastrophe naturelle, de la disparition des dinosaures à la maladie et la mort du nourrisson, par exemple. Ce n’est pas la volonté de Dieu car Dieu est source de vie et non de chaos. Ce n’est pas non plus que Dieu aurait besoin de nos prières pour le tenir au courant ou pour le motiver. Chaque fois qu’un de ces drames arrive, c’est que Dieu n’a pas pu l’empêcher dans l’immédiat, mais il y travaille et il est à 100 % avec celui qui souffre pour faire avancer sa situation et il nous embauche. Dieu est source d’évolution, il ne peut pas, instantanément, achever l’ensemble de la création du monde, il y travaille. Père, comme le dit Jésus, que ta volonté soit faite, nous l’espérons ardemment, nous savons que tu es innocent de ces souffrances, et que tu es la solution, me voici, que puis-je faire ?

La création dans le Genèse est donc un programme en cours. Elle parle de Dieu comme entièrement bon et créateur, totalement innocent du moindre mal. Dans cette création, il n’y a pas non plus de dieu méchant source de mal comme dans les religions dualistes. Il n’y a que Dieu qui agit par étapes, comme ici au verset 9, et il y a le chaos : le désordre brut qui est neutre, n’ayant pas de sens, pas de projet ni de volonté. Ce chaos provoque effectivement du mal, de la souffrance et de la mort. Inutile de chercher un responsable ou une logique à ce genre de catastrophe, il n’y en a pas. Dieu est à 100 % notre allié face à ces coups du sort.

Le mal comme manque de bien (Saint-Augustin et la philosophie)

Dans ce monde il y a donc le chaos et Dieu. Ce n’est pas symétrique du tout, comme le bien et le mal ne sont pas symétriques. C’est ce que remarque Saint-Augustin dans son débat avec les manichéens quand il dit que le mal n’est en réalité que du manque de bien : « les ténèbres ne sont quelque chose que par l’absence de la lumière ». Il a parfaitement raison : il existe des particules de lumière : ce sont les photons, mais il n’existe pas de particule d’obscurité. L’obscurité est facile, normale, elle n’a pas besoin d’être créée, il suffit qu’il n’y ait rien. De même pour le chaos. La science nous dit que spontanément, si personne n’intervient, tout système n’évolue que dans le sens du chaos croissant (c’est le 2ᵉ principe de la thermodynamique).

Cela fait que l’existence du chaos, et l’existence du mal qu’il provoque, n’ont pas besoin de cause pour exister : il suffit que personne n’ait rien créé de bon. Par contre, le vrai miracle, c’est l’existence du bien : il est improbable, stupéfiant, fragile. Le bien, le bon et le beau ne peuvent exister que par une action construite, délibérée et bonne allant à contrecourant du principe de chaos croissant.

Vous êtes le miracle des miracles, avec votre personnalité, votre capacité à aimer et à créer : c’est un miracle surgi du néant. C’est pourquoi depuis Hésiode jusqu’à Leibnitz et Heidegger se pose cette question bien plus difficile que celle de l’existence du mal : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ou qu’il y ait du bien, du bonheur et de la vie plutôt que le seul chaos ? On peut appeler Dieu ce qui fait que, déjà, ce miracle existe.

La 2nde cause du mal : l’humain et la responsabilité

Ésaïe évoque ensuite un appel que Dieu nous lance, cet appel révèle une seconde source de mal et une seconde action transcendante de Dieu : « Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour la justice pour une alliance du peuple, pour la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour libérer les prisonniers des ténèbres… »

Le mal n’est plus ici les conséquences du chaos, le mal est ici l’injustice, le mal est le manque d’alliance, c’est-à-dire le manque de relations fidèles avec Dieu et avec les autres. Le mal est ici le manque de discernement des personnes, faisant qu’elles sont menées par le bout du nez. Ces maux sont dus à l’humain. Nous sommes la seconde source de mal en ce monde, il faut le reconnaître. En effet, l’humain est créé par Dieu avec une capacité à créer, il a donc le pouvoir de faire le bien comme faire le mal (sur ce point, voir cette question). Je disais que dans la théologie de la Genèse, il n’y a pas de Dieu méchant, pas de diable, mais le voilà qui sort le bout de sa queue et de ses cornes : l’humain, oui, est parfois diabolique, c’est-à-dire source d’augmentation du chaos dans le monde, de divisions entre nous et contre Dieu. C’est la seconde grande source de mal dans le monde : la folie ou la faiblesse de l’humain.

Notre rôle d’allié de Dieu face au mal

Comment est-ce que Dieu réagit ? Nous ne voyons ici : il appelle l’humain de toutes ses forces, pour qu’il devienne source de bien et non de chaos. Il nous donne son souffle et la capacité à évoluer, il nous appelle par des prophètes, par le Christ, il nous appelle par la prière. Dieu nous appelle et nous rend capable du bien : c’est son action, là encore, continue. Il nous prend par la main, nous protège et nous établit.

Dans la mesure où nous le voulons bien, nous ferons moins de mal, nous pourrons même aider Dieu à domestiquer le chaos, car nous avons des moyens qu’il n’a pas. Dieu est une source d’évolution dans le monde sur un temps long, il n’a pas de mains pour relever notre voisine de palier âgée qui est tombée, c’est pourquoi Dieu nous donne son appel et son amour pour que nous nous sentions concernés et ayons la joie d’avoir participé au bien, aussi peu que ce soit.

Il convient donc de distinguer le mal absurde (chaos) du mal méchant (humain) car ils n’ont pas le même statut ni les mêmes causes. Tous les deux nous appellent à agir avec Dieu contre le mal et la souffrance. Mais contre le second mal, au-delà du secours direct de la personne qui souffre, Dieu nous appelle ici à un travail d’éducation que développe Esaïe : un travail spirituel, un travail d’alliance, un travail de discernement, d’intelligence et de foi, un travail d’émancipation. Car il n’y a que comme cela que nous serons moins source de chaos, et que nous serons de plus en plus avec Dieu, source de ce miracle étonnant qu’est le bien, la vie, la lumière, l’alliance, la libération de chacun.

Textes de la Bible

Ésaïe 42:1-10

Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu, en qui mon âme se complaît.

J’ai mis mon Esprit sur lui ;
il révélera le droit aux nations.
2Il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix
et ne fera de scandale dans les rues.

3Il ne brisera pas le roseau qui ploie
et il n’éteindra pas la mèche qui fume ;
il révélera le droit selon la fidélité.

4Il ne faiblira pas ni ne ploiera pas,
jusqu’à ce qu’il ait établi le l’équité sur la terre,
et que les îles s’attendent à sa visée.

5Ainsi parle Dieu, l’Éternel,
qui a créé les cieux et qui les déploie,
qui étend la terre et ses productions,
qui donne la respiration à ceux qui la peuplent
et le souffle à ceux qui la parcourent.

6Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour la justice
et je te prends par la main,
je te protège et je t’établis
pour une alliance du peuple,
pour la lumière des nations,
7pour ouvrir les yeux des aveugles,
pour faire sortir de prison le captif
et de leur cachot les habitants des ténèbres.

8Je suis l’Éternel, c’est là mon nom ;
et je ne donnerai pas ma gloire à un autre
ni mon honneur aux statues.

9Les premiers éléments sont là,
il en vient de nouveaux ;
moi je vous les annonce
avant qu’ils ne germent.

10Chantez à l’Éternel un cantique nouveau !

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8 Commentaires

  1. Pascale dit :

    Cette prédication mérite vraiment d’être partagée avec le plus grand nombre. La première fois que j’ai lu la réponse que vous donnez à la question du « pourquoi le mal ? », j’ai pu sortir d’une impasse douloureuse. Pour moi, c’est la réponse la plus satisfaisante, tant d’un point de vue intellectuel, que spirituel ou éthique. Sur le plan intellectuel, c’est assez cohérent, du moins à notre échelle (à l’échelle de l’univers il reste tout de même, entre autres, le problème de la fin inéluctable de l’humanité, si elle ne s’est pas autodétruite auparavant). Du point de vue spirituel, une telle vision du mal a en particulier l’immense avantage de pouvoir se tourner vers Dieu dans la plus grande confiance. Enfin, du point de vue de l’éthique, cela nous incite à nous retrousser les manches pour faire reculer le mal, rejoignant ainsi toute personne désirant œuvrer pour le bien, qu’elle se réfère à Dieu, ou non.
    Finalement ce qui me paraît étonnant, c’est qu’il puisse y avoir, sur cette question si essentielle, autant de réponses différentes au sein même du christianisme. Ici, vous vous appuyez sur un texte d’Esaïe. L’Ancien Testament est constitué d’écrits dont la rédaction s’étale sur des siècles, et qui concernent des personnages, historiques ou mythiques, bien différents. Il est donc particulièrement pluriel. Mais le Nouveau Testament se réfère uniquement à Jésus, lui qui a fondamentalement cherché à nous réconcilier avec Dieu, à nous faire comprendre la profondeur de l’amour de Dieu. Essayer de résoudre la question du mal me paraît indispensable à une recherche sincère de Dieu. On peut alors se demander si Jésus a laissé cette question plus ou moins ouverte, ou si c’est nous (nous, c’est à dire les premiers témoins, les penseurs qui se sont succédés au fil des siècles, et chacun d’entre nous) qui avons du mal à recevoir son message. Les théories élaborées ont-elles été le fruit d’une recherche sincère, ou bien ont-elles été au service d’autres intérêts ? Par exemple, il me paraît clair que dans les évangiles, Jésus exclut le mal comme étant une punition. Et pourtant cette notion a encore la peau dure.

    1. Marc Pernot dit :

      Merci beaucoup, Pascale,

      Il y a quantité de raisons qui font que d’autres théories existent sur la question de l’existence du mal. C’est pourquoi cette question est très discutée et qu’elle a reçu un nom spécial (théodicée).

      Il existe deux gros points de résistance, à mon avis :

      • La toute-puissance et le fantasme ultime : nous savons bien que nous ne sommes pas tous puissants, mais la théologie d’un Dieu tout-puissant nous permet d’espérer pouvoir le séduire et de profiter dans une certaine mesure de notre toute-puissance, alors ayant Dieu comme sous nos ordres et par notre prière ardente. C’est très pratique.
      • La théorie d’un Dieu capable de faire le mal, et nous en menaçant, est un formidable levier de propagande et de manipulation. Alors que si l’on dit, comme je le fais ici, de toute façon Dieu vous aime et vous sauve, on peut avoir peur que les gens aient plus envie d’aller chercher des champignons que d’aller à l’église le dimanche matin.

      Vous avez tout à fait raison sur le pluralisme de la Bible, il existe des passages, même dans le prophète Ésaïe, où il est dit que Dieu est capable du bien comme du mal. C’est à mon avis un reste de ce dualisme qui précède le monothéisme des Hébreux. Dans ce passage du polythéisme au monothéisme, il y a eu comme une intégration de tous les dieux du Panthéon dans un seul grand Dieu. Dans ce passage, il a donc pu rester un certain dualisme intégré au seul Dieu : c’est alors un dieu qui est capable aussi bien de faire le bien que de faire le mal.

      La création dans le livre de la Genèse est bien monothéiste, strictement, avec un dieu qui ne fait que du bien et qui suscite une évolution positive à partir du chaos. Mais certaines lectures de ce texte affirment qu’on doit le lire comme parlant du passé, et transforment cette lecture-là en une obligation pour les paroissiens. Chacun son goût. Mais il existe évidemment bien d’autres lectures de ces textes, en particulier, celle d’une création continuée en permanence. Les appuis à une telle interprétation sont nombreux, comme par exemple le chapitre d’Ésaïe que je lis ici, mais aussi bien d’autres textes, par exemple le psaume 121 qui dit aussi que Dieu est sans cesse en train de créer le ciel et la terre (en tout cas c’est ce qui est marqué dans l’hébreu).

      Pour réfléchir sur la question du bien et du mal dans l’existence, j’aurais pu partir d’autres textes de la Bible, par exemple des paraboles du semeur et du bon grain et de l’ivraie, ou du chapitre 9 de l’Evangile selon Jean, ou de passages des lettres de Paul…

      Pour ce qui est de la fin de notre humanité, et en tout cas de la fin de notre planète, c’est vrai. Toute chose en ce monde est temporaire. Mais bien souvent, on voit que l’évolution se donne de multiples tentatives, pas une seule unique. Par conséquent, la fin de la Terre n’est pas la fin de l’univers, il y a très probablement des milliers d’autres endroits dans cet univers où non seulement de la vie est apparue (et est en train d’apparaître), mais où de la conscience et de la capacité à aimer existent.

  2. Michael dit :

    Je le permets de vous écrire suite à la lecture de cette prédication. Elle a alimenté ma réflexion face à cette grande question du mal et de la souffrance qui me préoccupe depuis longtemps.

    Le sujet me bouleverse particulièrement à l’heure actuelle, alors qu’il me faut affronter la maladie et la souffrance d’un proche qui me renvoie à cette question « où est-il ton Dieu? »

    J’ai beau étudier la Bible et la théologie depuis quelques années, je me trouve bien démuni face à ce « cri » si tragiquement humain. Que répondre à part que Dieu est présent dans cette épreuve et qu’il aime? Bien maigre consolation pour celui qui souffre.

    Votre prédication m’a aidé à ne pas perdre pieds moi-même. J’adhère à votre lecture d’Esaïe 42,1-10 et à l’idée d’une Création toujours en devenir.
    Mais alors pourquoi dans la Genèse est-il dit que Dieu se reposa le 7e jour, après avoir achevé cette dernière (Gn 2,1)? Est-ce pour abandonner à l’être humain la poursuite de la création? Pourtant, seul, ce dernier ne saurait rien faire…

    Merci pour votre blog qui donne à la théologie un visage concret et humain qui lui fait trop souvent défaut.

    1. Marc Pernot dit :

      Cher Michael

      En pensée avec vous tous face à cette maladie de cette personne proche.

      Effectivement, Dieu est avec cette personne, il est avec vous pour l’entourer aussi de la meilleure des façons, il est avec les équipes de soignants, avec les chercheurs.

      Ce n’est pas une aide négligeable. Dans le long terme, mais aussi à court terme. Ce n’est pas une baguette magique qui élimine la maladie en un instant, mais le corps d’une personne se défend mieux contre la maladie quand la personne est plus forte moralement, et en ce domaine, le spirituel joue un rôle important.

      En ce qui concerne le récit de la Genèse, il est effectivement écrit au passé. Si l’on comprend que la création est encore en cours, ce récit de la Genèse est alors à lire comme un futur antérieur : il se place à la fin des temps, quand tout sera accompli, « lorsque‭ toutes‭ choses lui‭ auront été soumises‭ », et décrit alors au passé comment Dieu a pu en arriver là, et comment, enfin, il aura pu prendre du repos.

      Mais pour l’instant Genèse 1:1 est encore d’actualité : Dieu, par son souffle créateur, continue à se rendre présent à la surface du chaos, de toute occurrence du chaos. Dieu n’arrête pas une seconde de créer, comme le dit Jésus : « ‭Mon‭ Père‭ agit‭‭ jusqu’à‭ présent‭ ; moi‭ aussi, j’agis. » (Jean 5:17).

      En même temps, ce récit n’est pas seulement un récit de ce qui est en train de se passer, il est aussi écrit pour nous qui sommes faits à l’image de Dieu, créateurs. Avec Genèse 1:1-2, nous sommes appelés à nous rendre présents dans les situations de chaos sans nous laisser submerger par le chaos. Avec Genèse 1:3 nous sommes appelés à une mise en lumière de la situation, afin de pouvoir discerner en vérité la situation. Avec la suite, nous sommes appelés à ouvrir un espace vivable, et que la vie émerge. Et avec Genèse 2:1, nous sommes appelés à prendre du repos le 7e jour : à savoir créer et à savoir faire Shabbat.

      Ce récit est donc à lire au présent mais aussi à l’impératif, ou au subjonctif : dans la mesure où nous sommes avec Dieu, nous pouvons… nous rendre présent, mettre en lumière, faire avancer la situation et la rendre vivable, participer à faire émerger de la vie, et faire place à un véritable repos aussi.

      Cette question « où est-il ton Dieu ? » est une question fondamentale à vivre par l’intelligence et par la prière. Elle ouvre à l’émerveillement et à la louange. Elle peut aussi nous permettre de dire, parfois, comme Jésus et David avant lui : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et laisser une chance à Dieu de nous répondre comment il ne nous a jamais abandonnés et ne nous abandonnera jamais.

      En compassion avec votre parent qui souffre dans sa santé et qui se réjouit de vous avoir si compatissant. Dieu vous bénit et vous accompagne.

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