La Crucifixion avec la Vierge et saint Jean ,v. 1624–1625 Hendrick ter Brugghen, Hollandais, 1588–1629
Témoignages

Semaine sainte 2020 – Vers la Lumière – Jour 6 : Vendredi

La Crucifixion avec la Vierge et saint Jean ,v. 1624–1625 Hendrick ter Brugghen, peintre Hollandais, 1588–1629Semaine Sainte (programme complet ici)
Vendredi
Emmanuel Fuchs, pasteur
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Prière

Tout a commencé dans la dure nuit de la crèche de Palestine.

Dès le début, Seigneur, tu as mangé le pain de la détresse humaine, avec la pauvreté et l’exil, avec la méfiance des tiens, avec le poison du mépris disséminé pour te réduire au silence.

Quelle fidélité Seigneur, pour te rendre jusqu’au bout de ta mise en chair en notre humanité !

Quelle passion, Seigneur, pour traverser l’absolue désolation et la mort afin de passer dans la vie espérée !

Que dire Seigneur, nous qui ne sommes pas exempts de reniements et de compromissions, nous qui avons tant de peine à aller au bout de nos engagements, sinon nous agenouiller devant toi avec l’émerveillement de notre merci et notre amour en retour.

Amen

Psaume 31

Seigneur, j’ai fait de toi mon refuge, que je ne sois jamais déçu !
Libère-moi par ta justice ; tends vers moi l’oreille !
Vite ! Délivre-moi !
Sois pour moi le rocher fortifié, le château fort qui me sauvera.
C’est toi mon roc et ma forteresse.
Pour l’honneur de ton nom, tu me conduiras et me guideras.
Tu me dégageras du filet tendu contre moi, car c’est toi ma forteresse.
Dans ta main je remets mon souffle.
Tu m’as racheté, Seigneur, toi le Dieu vrai.
Je hais ceux qui tiennent aux vaines chimères ; moi, je compte sur le Seigneur.
Je danserai de joie pour ta fidélité, car tu as vu ma misère et connu ma détresse.
Tu ne m’as pas livré aux mains d’un ennemi, tu m’as remis sur pied, tu m’as donné du large.
Aimez le Seigneur, vous tous ses fidèles !
Soyez forts et prenez courage, vous tous qui espérez dans le Seigneur !
Amen

Jean 19, 23-30

Lorsque les soldats eurent achevé de crucifier Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique : elle était sans couture, tissée d’une seule pièce depuis le haut. Les soldats se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, tirons plutôt au sort à qui elle ira », en sorte que soit accomplie l’Ecriture : Ils se sont partagé mes vêtements, et ma tunique, ils l’ont tirée au sort. Voilà donc ce que firent les soldats.

Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala. Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Après quoi, sachant que dès lors tout était achevé, pour que l’Ecriture soit accomplie jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif » ; il y avait là une cruche remplie de vinaigre, on fixa une éponge imbibée de ce vinaigre au bout d’une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé » et, inclinant la tête, il remit l’esprit.

(Traduction Œcuménique de la Bible)

Méditation

Comment traduire cette dernière parole de Jésus : « tout est fini »; ou alors « tout est achevé » ou encore « tout est accompli » ?

Si l’on opte pour « tout est fini », cela laisserait penser que Jésus voyant la mort arriver constate que c’est effectivement la fin de son parcours, il reconnaît avec une certaine amertume son échec. C’est une possibilité, mais elle est lourde de sens.

Ne peut-on pas déceler dans ces mots même de Jésus autre chose qu’un constat d’échec ? Si nous choisissons l’option de « tout est accompli », cela change passablement notre manière de comprendre cette parole du Christ.

Cela peut faire penser à ce moment quand on attend des amis et qu’on a travaillé toute la journée, le repas est prêt, la table est mise, les invités peuvent arriver, la soirée peut commencer ; tout est « accompli », tout est prêt.

Dans cette parole du Christ, il y a derrière cet apparent constat d’échec une intuition que dans cette mort quelque chose commence, un peu comme si Jésus disait : « ce que je devais faire, je l’ai fait, je peux m’en aller en paix ».

Un choix de traduction qui traduit une espérance ! « Tout est fini » nous oblige à regarder derrière, dans le passé ; il n’y a plus d’espoir… « Tout est accompli » en revanche nous permet de regarder devant, de nous projeter vers l’avenir.

Aujourd’hui nous pouvons redire avec confiance que la croix n’est pas la fin, mais le début d’une histoire nouvelle.

Un indice important se trouve dans le fait que cette Parole est prononcée par le Christ en croix. Ne l’aurions-nous pas plutôt attendue de la part du Christ ressuscité au matin de Pâques ? Jésus triomphant de la mort, sortant du tombeau au son des trompettes aurait pu dire : « Tout est accompli… j’ai triomphé de la mort ». Or c’est précisément à la croix que Jésus annonce que tout est accompli, comme pour dire que c’est là que se joue quelque chose d’unique, d’irrémédiable. Tout est accompli quand le ciel pleure sur Jérusalem, quand l’obscurité a envahi le pays, quand la violence a atteint son paroxysme. C’est au cœur de cette réalité tellement humaine et pas dans le monde des anges que tout est accompli. C’est donc au cœur de notre réalité quotidienne, peut-être difficile, parfois même vide de sens que nous devons creuser pour trouver un sens à cette parole et faire le choix de la traduction : non pas « tout est fini » mais « tout est accompli » et affirmer cette conviction que même si le sens ne m’est pas donné, le Seigneur ne m’a pas abandonné. Alors qu’à la croix tout semble fini, tout ne fait que commencer, car la vie est en marche d’une manière nouvelle.

Cantique

Alléluia N°46-08 « Toi qui gardes le silence »
(voir éventuellement la partition ci-dessous)

Envoi

Jour du grand silence.
Jésus repose dans la tombe : tout est fini se disent les disciples.
Dieu s’est tu.

Mais ton silence Seigneur n’est pas le silence de la mort :
que tout en moi se taise et s’apaise pour découvrir la Vie qui jaillit de ton silence,
pour voir ta lumière éclairer la nuit d’un feu nouveau
et pour qu’apparaisse dans le doute un chemin d’espérance.

Seigneur, fais-moi la grâce de ne pas fuir devant ton silence
mais d’attendre avec patience le murmure doux et léger de ton amour.

Amen

Bénédiction

Le Christ en croix est le signe donné par Dieu à notre désarroi et à notre espérance.
Tout dépouillement conduira à la grandeur du matin de Pâques.

Que la paix de Dieu nous habite et nous conduise à travers l’obscurité de ce jour jusqu’à la douce lumière du matin de Pâques.

Amen

+ Orgue


Choral « O Mensch, bewein dein Sünde groß »
de Jean Sébastien Bach (Ô Homme, pleure ton grand péché)

 

chant 46-08 dans le recueil Alléluia

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