La paix en hébreu se dit שלום Shalom (Rabbi François Garaï)

Texte donné par le rabbi François Garaï (voir la vidéo de son intervention ici)
lors de la célébration interreligieuse
au temple de Cologny le 3 décembre 2023
Voir ensuite cette prédication par Marc Pernot

Après la lecture du Psaume 121 (en hébreu, puis en français)

Psaume des montées.

Je lève mes yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ?
Le secours me vient de l’Eternel, Qui fait les cieux et la terre.

Il ne permettra pas que ton pied chancelle;
Celui qui te garde ne sommeille pas.
Voici, il ne sommeille ni ne dort, Celui qui garde Israël.

L’Eternel est celui qui te garde,
L’Eternel est ton ombre à ta main droite.
Pendant le jour le soleil ne te frappera pas, Ni la lune pendant la nuit.

L’Eternel te garde de tout mal, Il garde ton âme;

L’Eternel garde ton départ et ton arrivée,
Dès maintenant et pour toujours.

La paix en hébreu se dit: shalom שלום et ce terme désigne plus qu’un état de non-belligérance. Il caractérise un état de plénitude car il est composé des mêmes lettres que le qualificatif shalèm שָלֵם: complet, entier, d’où vient le substantif shelémout שלמות plénitude.

La paix est une situation au sein de laquelle chacune et chacun trouve une place, une place pour tendre vers sa plénitude, son apaisement.

La paix est plus que l’arrêt des combats, elle est, au sein d’un état, une situation dans laquelle les tensions économiques, politiques et sociales ont disparu. Et lorsqu’il s’agit de deux états, elle est marquée par l’absence de désir de conquête et d’annexion et par la volonté de coopération.

Le chemin peut donc sembler long jusqu’à l’établissement de la paix, du shalom שלום.

C’est pourquoi dans nos prières, nous récitons cette phrase: Celui qui fait la paix dans ses hauteurs, Il fera la paix sur nous, et sur tout Israël et et sur tous les habitants de la terre.

Dieu est paix car Dieu est plénitude. Il est totalement ce qu’Il est alors que nous, ses créatures, avons reçu un reflet de lui, un reflet combien précieux. Ainsi, nous qui sommes des êtres incomplets, avons la capacité d’être en recherche de complétude.

Celui qui fait la paix dans ses hauteurs, Lui fera la paix sur nous car chacune et chacun de nous, bénéficiant de Sa présence lorsque nous l’évoquons, pouvons chercher à faire la paix en nous, à tendre vers notre propre complétude, car tout commence chez chacune et chacun de nous. Nous sommes les premiers concernés et les premiers appelés à trouver, en nous, les ressources nécessaires pour approcher notre plénitude.

…et sur tout Israël. C’est alors que l’apaisement peut se diffuser vers les autres, au sein de notre communauté, vers la société.

…et sur tous les habitants de la terre. C’est le stade de l’universel qui ne peut précéder les deux premiers. L’universel ne peut être apaisé que si l’individuel et le collectif le sont.

Cette vision place l’individu au centre. Elle affirme que l’universel dépend du collectif et que le collectif dépend de l’individuel.

Que chacune et chacun de nous puisse lever les yeux vers les hauteurs pour discerner ce qui nous est demandé afin que, lorsque nous entrons dans une nouvelle journée, nous ajoutions à nous-même un peu de plénitude, ainsi qu’à ceux qui nous entourent et enfin au monde.

Alors quotidiennement l’Eternel gardera notre arrivée et notre départ, méatah vead olam מֵעַתָּה וְעַד־עוֹלָם dès maintenant et à jamais, c’est-à-dire au-delà de notre quotidien. Et, la paix venue en nous, pourra irradier au-delà de nous, au-delà d’ici et de maintenant, et le Saint béni soit-Il, nous gardera dans sa mémoire, au-delà de notre temps.
Et que telle soit Sa volonté.

Rabbi François Garaï
Communauté Juive Libérale de Genève