Emmanuel Rolland au 28/1/2024
Prédication

Exorcismes, « Tais-toi et sors de cet homme » (Marc 1:21-28)

Jésus veut être reconnu dans la profondeur de son humanité, pas adoré comme un Dieu à cause de sa puissance…

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

Vidéo :

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Podcast audio de la prédication / Podcast audio du culte

(Voir le texte biblique ci-dessous)

texte de la prédication à imprimer

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 28 janvier 2024,
par : pasteur Emmanuel Rolland

L’évangile de Marc commence tambour battant. Il y a un mot qui scande tout le premier chapitre et lui donne son staccato, c’est le mot « aussitôt » comme si Jésus savait son temps compté ; qu’il n’avait pas une minute a perdre. Il arrive de Nazareth pour être baptisé par Jean dans le Jourdain et aussitôt, il voit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Aussitôt après, l’Esprit le pousse au désert où il demeure 40 jours durant tenté par le diable. Sorti du désert, il passe le long de la mer de Galilée. Il voit des pécheurs, il les appelle à sa suite et aussitôt ils le suivent. Un peu plus loin, il en trouve deux autres qu‘aussitôt, il appelle. Nous ne sommes pas arrivés à la moitié du chapitre un que Jésus, flanqué de ses disciples déboule à Capharnaüm, et aussitôt, il fonce enseigner à la synagogue le jour du sabbat. Ce jeune homme pressé ne prêche pas comme les scribes. II ne dort pas et n’endort pas. N’ayant pas de temps à perdre, il dit ce qu’il pense ; ce qu’il dit il y croit et ce qu’il croit, il y pense. Et c’est frappant.

Que dit-il ? On ne se souvient pas de tout ! C’est normal. Comme vous tout à l’heure. Même si vous êtes très attentifs. Même si je ne vous perds pas en route. Vous retiendrez une chose, peut-être deux. C’est normal. Les professionnels savent pour l’avoir étudié qu’un auditoire ne retient que 5% de ce qui est dit. Ce que vous n’oublierez pas, en revanche ; c’est le style, le ton de la voix, les gestes ou alors s’il se passe quelque chose. Si quelqu’un parmi vous par exemple, m’interrompait ; me disait quelque chose et que j’arrête ce que je suis en train de dire pour engager la conversation avec lui. Là, tout le monde se souviendrait. Et ce jour-là, dans la synagogue de Nazareth, alors que Jésus y prêche pour la première fois, un homme non seulement l’interrompt mais se met à crier. Je ne sais pas si ça arrive ici, au temple de Vandœuvres. A la cathédrale Saint-Pierre, ça pouvait arriver. Que des personnes un peu « dérangées » viennent déranger l’ordre du culte. En se levant par exemple, ou en déambulant. Pour un pasteur comme moi, c’est hyper gênant. On ne sait pas quoi faire. On essaie de continuer son prêche mais C’est difficile ; on n’ose pas s’interrompre et en général c’est un courageux conseiller de paroisse qui s’occupe de ranger le dérangé pour que le pasteur continue son prêche. A la synagogue de Capharnaüm, Jésus ne se défile pas. Quand un individu avec un esprit « embrouillé » l’interrompt en vociférant : « Qu’est-ce que tu fabriques, Jésus de Nazareth ?! Tu es venu pour nous faire mourir ! Je sais qui tu es, le Saint de Dieu » ; Jésus ne se dérobe pas. Il descend de sa chaire et réplique : « Tais-toi et sors de cet homme ». Et vous connaissez la suite; la parole fait son effet : dans une grande convulsion, hurlant et vociférant, l’esprit sort de l’homme, créant stupeur et tremblement dans l’auditoire.

On se réjouit pour l’homme délivré ce jour-là mais on ne peut pas s’empêcher de se poser des questions. Est-ce que ça s’est vraiment passé comme ça ? Etant donné que nous ne le saurons jamais puisqu’on n’y étions pas, faisons confiance à l’évangéliste et admettons que ça s’est vraiment passé comme ça. Mais alors si ça s’est vraiment passé comme ça, c’était quoi le problème exactement ? Parce que cet esprit, qualifié d’impur (de dérangé, d’embrouillé) n’était pas du tout confus. Au contraire, il était parfaitement clairvoyant. Il voit le premier, qu’il y a quelque chose d’exceptionnel dans la prédication de ce Jésus de Nazareth. Que ce n’est pas seulement un bon prédicateur, qui tient son auditoire en éveil mais qu’il est bien plus que cela: « le saint de Dieu », le Fils de Dieu, venu pour « tuer »/ « faire mourir » / «expulser » les démons. Pour décoloniser les âmes de leurs démons. Exorciser le mal du monde. Rendre l’humanité à elle-même en la délivrant des démons qui l’aliènent. Belle confession de foi ! Bel hommage ! Bien vu !

Remarquons aussi que pour l’évangéliste, ce n’est pas ‘homme qui est démoniaque. C’est l’homme qui est possédé, habité, colonisé par le démon. Par conséquent, ce n’est pas l’homme qu’il faut expulser du temple parce qu’il dérange l’ordre du culte mais le démon qu’il faut expulser de l’homme pour que celui-ci puisse retrouver son ordre intérieur, son identité. Et comme Jésus n’a pas l’habitude de couper les cheveux en 4 quand il prêche, quand il guérit, il n’y va pas non plus par 4 chemins. « Tais-toi », ordonne-t-il. En fait le grec est plus direct. Il parle de muselière, de mettre une muselière au démon ; il parle de la gueule du démon. Du démon qui gueule et pardonnez-moi l’expression mais il dit au démon de fermer sa gueule. Et parfois ça suffit. D’avoir le courage de dire / de se dire à soi-même quand on sent qu’on commence à aller trop loin, dériver : « Tais-toi » /« ça suffit maintenant » /« Stop » ! Opposer une limite. Il n’y a pas de raison de tout écouter, de tout supporter, de chercher à tout comprendre, tout excuser ou de tout pardonner. Parfois, il faut avoir le courage de dire Stop ! Ça suffit maintenant. Cela peut être dans certains cas la meilleure des thérapies. Mais cela ne répond pas à la question : Pourquoi Jésus lui ordonne-t-il de se taire ? Pourquoi Jésus discerne en lui un esprit « akatartos » / Ce n’est pas la seule fois dans cet évangile que Jésus ordonne le silence à quiconque reconnait que son autorité/sa puissance lui vient de Dieu lui-même. Juste un peu plus loin, dans ce même premier chapitre, nous lisons qu’il « empêchait les démons de parler parce qu’ils savaient, eux, qui il était » (Marc 1,34). Ce sont les démons qui ont les premiers, reconnus en lui la puissance céleste. Quelques versets plus loin, après qu’il ait guérit un lépreux, on lit ceci : « Aussitôt, Jésus le renvoya sèchement en lui ordonnant de ne rien dire à personne ». Jésus n’a jamais eu de service de comm. Non seulement il n’en a jamais eu besoin mais il s’en est toujours méfié comme de la peste, ou du diable. Sa politique de comm, c’est « surtout ne dites rien à personne !!! »

Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas besoin d’être reconnu dans sa divinité mais dans son humanité. Jésus n’est pas là pour qu’on se prosterne devant lui en faisant des salamalecs devant sa puissance en poussant des Oh et des Ah ! Il ne nous a jamais demandé de nous agenouiller devant lui ; Il nous a mis debout en nous appelant à le suivre, à marcher avec lui. Il ne nous a pas demandé de l’adorer mais de l’écouter. Il s’est fait notre frère, notre ami. Et c’est parce qu’il est notre frère et notre ami que nous pouvons le reconnaitre comme notre Dieu. Un Dieu que l’on traite en frère, et en ami, pas en idole. Si nous pouvons reconnaitre en lui une puissance telle qu’elle peut expulser les démons, relever les paralysés, rendre la vue à des aveugles,, ce n’est pas sa puissance qui doit nous faire plier le genou devant lui mais son humanité, sa bonté, sa volonté de délivrer l’homme de son démon puis, « aussitôt après la belle-mère de Pierre » et puis, « le soir venu toutes celles et ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons ».

Vous le savez, dans l’évangile de Marc, le seul qui y aura vu parfaitement clair, c’est le centurion romain qui, au pied de la croix, voyant comment il était mort déclara « Vraiment cet était fils de Dieu ». Quand le démon reconnût sa divinité dans sa puissance au début de l’évangile, le centurion la reconnaitra dans la profondeur de son humanité.

pasteur Marc Pernot

Textes de la Bible

Marc 1:21-28

21Ils pénètrent dans Capharnaüm. Et dès le jour du sabbat, entré dans la synagogue, Jésus enseignait.

22Ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes.

23Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur ; il s’écria :

24« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. »

25Jésus lui commanda sévèrement : « Tais-toi et sors de cet homme. »

26L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri.

27Ils furent tous tellement saisis qu’ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela ? Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! » 28Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée.

(Traduction Œcuménique)

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Un commentaire

  1. Lemaire dit :

    Toujours aussi surprenant …. Merci

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