Comment s’intégrer dans le groupe tout en gardant notre personnalité unique ?

Par : pasteur Marc Pernot

Les relations humaines ne sont pas ce qu’il y a de plus simple dans la vie. Pensons par exemple à un jeune qui est au collège. Comment doit-il s’y prendre pour s’intégrer dans la société des autres élèves ? S’il attire trop l’attention ou s’il ne fait pas « ce qu’il faut » pour être intégré, il risque d’être mis à l’écart et ignoré (« ghosté »), il risque d’être maltraité, harcelé. Faudrait-il qu’il cherche à n’avoir que des notes moyennes parce qu’avoir de bonnes notes attirerait l’attention ? Faudrait-il qu’il se fasse faire des tatouages comme les membres de gangs à Los Angeles, porter tels vêtements ? Suivre dans des expériences douteuses ? Comment s’intégrer dans le groupe tout en gardant notre personnalité unique ? Comment épanouir notre spécificité tout en étant accepté et apprécié ? Le salarié connaît la même difficulté dans son entreprise, le médecin à l’hôpital, le professeur à l’université. Cela demande de la délicatesse dans le pilotage de sa propre vie, de fins réglages, cela demande de la nuance.

Or l’esprit de nuance n’est précisément pas le fort de notre époque. Il nous est souvent demandé de choisir notre camp : d’être de gauche ou de droite, d’être croyant ou non croyant, d’être pour l’euthanasie ou contre, de prendre parti pour Israël ou pour Gaza… On exige de nous que nous nous engagions pour un camp et rejetions l’autre. Un silence sera taxé d’assourdissant, une suspension de notre jugement ou une nuance seront appelées des compromissions. Cela tend à construire une société morcelée entre des communautés et des groupes qui se rejettent mutuellement, un monde d’idées simplistes, tranchées, antagonistes. Or, les humains sont des êtres complexes. Simplifier c’est mutiler l’humain. C’est grâce aux nuances que chacun de nous doit arriver à faire corps avec un groupe tout en devenant lui-même.

L’apôtre Paul donne une proposition avec cette image du corps de l’humanité dont chacun est un membre, la spécificité de chacun étant une richesse à cultiver. Personne ne devrait se sentir penser : parce que je suis différent je ne suis pas digne de faire partie du groupe. Et personne ne devrait pouvoir penser qu’un autre membre devrait être exclu du corps. Ce qui tisse ce lien entre des membres si différents, nous dit Paul, c’est que les membres se soucient les uns des autres. C’est une bonne piste pour faire partie d’un groupe sans sacrifier (trop) de notre spécificité : se soucier des autres membres du groupe, prendre des nouvelles, s’intéresser aux autres, un à un. C’est quelque chose que l’on peut choisir de faire, c’est utile et formidablement enrichissant. L’Esprit de Dieu nous rend capable de cet intérêt pour l’autre, et pour nos spécificités.

par : pasteur Marc Pernot

PS. Voir ce formidable billet de la romancière et essayiste Maria Pourchet à La Grande Librairie