19 décembre 2020

l
Ethique

Si le couple hétérosexuel monogame et fidèle n’est plus le modèle… on peut tout accepter ! FAUX.

Par : pasteur Marc Pernot

l'agression personnifiée sous forme d'un méchant virus - Image par John Hain de Pixabay

Question posée :

Bonjour
je suis admirative de votre très grande ouverture de cœur et d esprit qui essaye de relier au maxi les êtres à l’amour de Dieu,..
Mais j’ai du mal à penser que dans le domaine sexuel tout est normal (va dans le sens de la vie).
Il y a les interdits sexuels : l’homosexualité, l’ inceste et la bestialité (on dit que c’est une confusion entre les sexes, les générations et les espèces).
J’accepte les homosexuels vraiment s’ils ne peuvent pas faire autrement et s’abstenir, vivre en couple plutôt que la débauche.
La bestialité, certains pays l’on interdit pour protéger les animaux ! ok
Mais l’inceste entre adultes, parents, frères et sœurs ? C’est le même discours des militants de cette cause : ils sont libres, adultes, consentants et s’aiment.. La PMA pourra résoudre le problème de la consanguinité.
Tous les tabous sexuels sautent les uns après les autres……..alors si le couple hétérosexuel monogame et fidèle n’est plus le modèle selon la volonté de Dieu………on peut tout accepter, conseiller, encourager même. pourquoi refuser la polygamie, la polyandrie, l’ échangisme…….. on a pas à juger…….si les gens sont heureux.
Est-on sûr est sûr que l’ Amour de Dieu accepte Tout au nom de l’Amour ? C’est quoi au final l’ AMOUR ?

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir,

Je dois reconnaître que j’ai hésité à faire place ici ce genre de remarques car :

  • C’est extrêmement blessant pour les personnes homosexuels. Ce qui est grave, ce qui fait de vrais détresses et même des morts par suicides, des parents qui mettent leurs enfants à la rue.
  • Il y a aussi autre chose : ce type de pensées est profondément nocif, rendant possible bien des discours de haine et d’exclusion. Cela me semble donc tout à fait fâcheux.

L’argumentation développée ici est fausse : l’astuce consiste à dire que si on reconnaissait l’homosexualité comme normale, alors tous les verrous sauteraient et on accepterait bientôt la zoophilie, l’inceste ou l’échangisme. Le même raisonnement pourrait servir à des personnes racistes disant que si on se mettait à accepter une personne d’une autre couleur de peau on serait conduit bientôt à considérer que les vers de terre sont humains.

C’est un type de raisonnements qui est source de rejet de tout pluralisme, de toute nuance. C’est donc un type de raisonnement qu’adorent les mouvements sectaires, racistes, homophobes, extrémistes, intégristes… Le gardien de la pureté du dogme décrétant que si quiconque se permettait de relativiser un tant soit peu un seul détail de la doctrine sacrée, alors tout serait permis et l’ensemble de la doctrine pourrait être remise en cause impunément et ce serait la fin de toute vérité possible, etc.

Ce type d’argumentaire nauséabond est facilement repérable. Il existe dans des mouvements politiques ou idéologiques. Il se trouve donc aussi dans les religions : à propos de la doctrine, à propos de la pratique religieuse, ou de la morale, ou de l’interprétation du livre ou de la doctrine sacrée qui sont sacralisées avec comme argument ce genre de raisonnements. Même, hélas, dans la foi chrétienne alors que nous avons la vraie chance est d’avoir non pas seulement un seul évangile pour témoigner de Jésus, mais quatre, voire cinq avec Paul en plus de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Normalement, cela devrait inspirer un esprit de nuances et de pluralité des interprétations, des sensibilités, des rites, des cas particuliers… mais quand on le veut vraiment, l’humain arrivera toujours à prétendre que sa pensée est la seule véritable, étant la pensée même de Dieu (ben voyons).

Bien sûr qu’il n’est pas question de TOUT considérer comme juste et bon, ni sur le plan sexuel, ni en tout autre domaine. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existera pas différentes façons d’être juste et bon. Comme le dit Jésus : « Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père. » (Jean 14:1) Et c’est une grâce.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Le Mecreant dit :

    « J’accepte les homosexuels vraiment s’ils ne peuvent pas faire autrement et s’abstenir, vivre en couple plutôt que la débauche. »
    Cette phrase en particulier me gene.
    Et pourquoi lorsque deux personnes de même sexes font les mêmes choses que les personnes de sexe differents cela deviendrais de la débauche?
    Reciproquement pourquoi les même pratiques plus « discutables » pratiquées par des personnes de sexe opposés ne serait pas aussi de la debauche?
    Et peut être surtout, qui est on pour juger de ce qui se passe dans l’intimité d’un couple? et dire ce qui est permis et ce qui ne l’est pas ?

    1. Marc Pernot dit :

      Il y a quand même des pistes pour analyser notre propre pratique, mais même la pratique (sexuelle ou autre) dans le couple et dans les rapports humains.

      Par exemple quand « ce qui se passe dans l’intimité d’un couple » est subi par un des deux. Que l’autre le lui impose. Quand ce qui est fait pourrait être qualifié de viol conjugal. C’est bien plus fréquent qu’on ne le pense, dans tous les milieux sociaux, dans les couples hétéros comme dans les couples homos. C’est quand un des deux utilise le corps de l’autre pour des pratiques qu’il se sent obligé.e d’accepter. Je pense que l’on peut dire que ce n’est pas quelque chose de sain, ni de juste. L’impératif « Aimer son prochain comme soi-même » de Jésus invite à faire attention à cela.

      C’est ce que le philosophe Emmanuel Kant pose comme l’impératif de tous les impératifs :

      L’impératif sera donc celui-ci : Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »(Fondements de la métaphysique des moeurs)

      On ne peut donc utiliser son conjoint.e, compagne ou compagnon, personne de rencontre, comme un objet sexuel. Bien sûr. Et encore moins dans le cas d’un couple marié.

      Cela demande de s’assurer d’un oui explicite de l’autre pour avoir une relation sexuelle à tel moment, avec telle pratique. Et c’est au conjoint de s’assurer que ce consentement est effectivement sincère et vrai. l’absence de « non » ne suffit pas.

      Je pense donc que l’on peut effectivement avoir un avis sur ce qui se passe dans l’intimité d’un couple en général. Tout n’est pas acceptable. Tant s’en faut.

      Ensuite, « juger » ne veut pas dire que l’on pense que telle personne serait mauvaise. C’est sur la pratique, sur l’attitude que l’on porte alors une appréciation.

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