28 mars 2025

Une femme presque entièrement cachée dans un hamac orange, dans une forêt luxuriante - Image par StockSnap de https://pixabay.com/fr/photos/gens-femme-hamac-nature-fleuve-2587988/
Question

Qu’entends t-on exactement dans le terme  » vie éternelle » ? Je ne suis pas intéressée à perdurer après ma mort, peut-être à du repos éternel bien mérité.

Question posée :

Bonjour

Je ne vous remercierais jamais assez de m’avoir ouvert les yeux sur une approche nouvelle et beaucoup plus logique de la compréhension des écritures.

Aujourd’hui je viens vers vous avec une question qui me taraude… Alors que nous apprêtons à accueillir Pâques et Christ ressuscité une fois encore, je me demandais :  » qu’entends t-on exactement dans le terme  » vie éternelle » ? En effet, si je suis ravie pour Christ qu’il soit ressuscité et nous ai ainsi offert le pardon de nos péchés qu’en est il de nous ? On entends également souvent ces choses au moment d’inhumations :  » celui qui croit en moi ne mourra pas vraiment » etc…

Sous entends t-on comme dans l’hindouisme un genre de karma avec des réincarnations à la clef ? Ou bien une autre vie céleste ailleurs sous une autre forme ? Ou bien simplement une perduration de l’âme sauvée dans l’univers ? Enfin bref ! Qu’est ce qu’on entend exactement sous ce terme ? Avez vous une idée ?

Personnellement je suis croyante, et pourtant, je ne suis pas spécialement intéressée, voire pas du tout intéressée, au fait de perdurer après ma mort. Je serais plutôt intéressée par un repos éternel bien mérité personnellement. Et vous ? Qu’en pensez vous ? Je serais preneuse de toute interprétation de votre sur ce sujet…

J’espère que vous allez bien et vous remercie une fois encore de tout ce que vous faites au travers de « je cherche Dieu » en ces temps troublés.

Amicalement,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Merci pour vos encouragements très chaleureux.

Et bravo pour votre ouverture d’esprit, votre questionnement, vos recherches, votre sincérité de foi et de vie.

Je reconnais que nous avons de quoi être curieux sur ce qu’il pourrait y avoir « ensuite », après la mort.

Mais franchement, le premier conseil que je donnerais, c’est précisément que cela ne soit pas une question qui nous taraude le moins du monde.

  1. Parce qu’alors cela risquerait de fausser notre démarche de vie en ce monde. Aujourd’hui, c’est cette vie présente que nous avons à vivre, c’est la question du moment, de la saisir, d’en goûter le côté absolument miraculeux, d’en goûter chaque minute, de dénicher les occasions de nous émerveiller… et de l’embellir en nous et autour de nous. Cela a déjà largement de quoi nous occuper.
  2. Parce que chercher à « faire son paradis », comme on dit, c’est encore une façon d’être centré sur soi-même : c’est encore et toujours de l’égocentrisme, ce qui est un poison pour nous.
  3. Parce que, en réalité, nous ne pouvons pas savoir ce qu’il y a après cette vie, nous nous sommes tout à fait incapable de saisir ce que cela pourrait vouloir dire de vivre sans notre dimension matérielle.

Mais vous avez raison, tout à fait. Cette première idée sur la vie éternelle qu’est la vie après notre mort n’épuise pas le sujet de « la vie éternelle ». Parce que ce que l’on entend par là commence en réalité dès maintenant, alors que nous vivons en ce monde. Cette question est donc bien plus intéressant comme question qu’il ne semble. Car cela pose la question de ce qui vaut vraiment la peine dans notre vie. Par exemple, l’apôtre Paul dégage ces trois réalités qui demeurent : « la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande, c’est l’amour » (1 Corinthiens 13). Cela me semble déjà une piste très intéressante. On voit que la vie éternelle, en ce sens, est de l’ordre de la qualité d’être, de la qualité de vie, et que cela intensifie extraordinairement notre vie dans l’instant que nous vivons. Cet instant est alors plus qu’un simple instant, en tout cas dans notre façon de le vivre, de le ressentir, et parfois dans ce qu’il produit et qui, là aussi, nous dépasse. Ce n’est pas seulement de la spéculation, c’est très concret.

Il y a donc une résurrection essentielle qui est à vivre aujourd’hui, sur cette terre : c’est Dieu qui nous ressuscite en transformant notre cœur de chair en un cœur qui aime un peu véritablement, une pensée qui s’élève dans l’espérance et dans la confiance en Dieu. Effectivement, cette résurrection est comme un éveil à la vie, et quelque chose qui était en nous seulement à l’état de virtualité s’active, des dimensions qui étaient absentes enrichissent progressivement de plus en plus notre façon d’être et de vivre.

Cette phrase que vous citez, « celui qui croit en moi ne mourra pas vraiment« , vient effectivement de l’Évangile selon Jean 11:20-27, où Jésus dialogue avec Marthe : « ‭Jésus‭ lui‭ dit‭‭ : Je‭ suis‭‭ la résurrection‭ et‭ la vie‭. Celui qui croit‭‭ en‭ moi‭ vivra‭‭, quand même‭ il serait mort‭‭ ; ‭et‭ quiconque‭ vit‭‭ et‭ croit‭‭ en‭ moi‭ ne mourra‭‭ jamais‭‭. » Ces paroles sont effectivement importantes sur cette question, car Jésus parle peu de la question de la mort, préférant effectivement parler de la vie présente avec Dieu. Que tirer de ces paroles très condensées ?

  1. Notre résurrection est à vivre maintenant. Effectivement, « résurrection » signifie littéralement « être mis debout », éveillé, capable de vivre et d’avancer, que notre vie soit au-delà de la simple survie des cellules de notre corps. Il s’agit d’une intensification de notre vie.
  2. Le pardon de Dieu n’est ici même pas une question. Dieu aime et a toujours aimé chacun de ses enfants, et quand on aime, on pardonne, on garde celui que l’on aime : Dieu a foi en nous, il prend soin de nous et il nous garde fidèlement, cela nous assure l’avenir. La vie et la mort de Jésus ont manifesté l’amour de Dieu, et cet amour, son pardon n’avaient pas besoin d’être acheté.
  3. Pourtant, il est question ici que ce soit « celui qui croit en moi (Jésus) » qui vive d’une vie plus forte que la mort ?
  4. « Celui qui croit en moi » ou « celui qui croit par moi » : ce n’est pas une question de croyances (ce n’est pas ici le verbe de la croyance ou de la connaissance, mais celui de la confiance). Ce n’est pas une question de rite (être ou non baptisé, avoir communié, s’être repenti ni avoir de belles obsèques…). « Croit » est ici le verbe de la confiance. Celui qui a confiance en Jésus va être inspiré par sa façon d’être : en aimant Dieu, en cherchant à l’écouter, en cherchant à se soucier des autres, pas seulement de soi-même. C’est ainsi que Jean expliquera que « Dieu est amour, quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7). Car en vivant dans cette dimension, il est en communion avec ce qu’incarne Jésus : l’amour de Dieu.
  5. Nul n’est parfait ni n’a une foi parfaite, pleine. Bien sûr. Alors qu’est-ce qui est en nous pleinement vivant de la vie éternelle ? C’est cette dimension de nous (et de chacun) qui aime, qui espère, qui a soif de Dieu, soif d’avancer… Ensuite, on fait ce que l’on peut. Dieu comprend, bien entendu, puisqu’il nous aime.

Ce n’est donc pas une sorte d’examen qui nous attend, avec une pesée des âmes et des actes, suivie par une sélection des meilleures personnes (comme le pensent certaines cultures). Aucun parent aimant ne ferait cela parmi ses enfants pour sauver certains et laisser d’autres se perdre (quelle horreur ce serait) ! Dieu non plus ne fait pas cela. C’est bien plus simple : ce qui est vraiment vivant en chaque personne reste vivant et c’est tout. C’est notre personnalité profonde, ce qui, en nous et en chacun, aime, espère et est en lien avec cette source de vie qu’est Dieu.

Ce n’est donc pas grave si vous n’êtes pas spécialement tentée de vivre après la mort. Vous pouvez tranquillement vous concentrer à ce que votre vie présente soit intense et belle, si possible un peu bienveillante et bienfaisante, pleine de lumière ; vous pouvez vous réjouir de chaque matin comme un matin de résurrection, comme un poète face à la page blanche, chaque soir vous pouvez remercier pour ce temps de repos qui vous est offert. Pour ce qui est de la suite, après notre dernier matin, nous verrons bien. Ce dont je suis absolument persuadé, c’est que ce ne peut être qu’une bonne surprise, connaissant Dieu comme nous le connaissons grâce à l’amour que nous a manifesté le Christ, donnant tout par amour pour les humains, afin de manifester cet amour de Dieu qui l’a fait vivre.

Cela dit, il me semble plausible que la suite pourrait être la quintessence de ce qu’il y a de meilleur ici-bas : non pas un repos, mais une vie qui espère et qui fait donc des projets nouveaux, une vie qui marche et qui s’élève encore, qui franchit encore avec joie des paliers de vie, une vie qui produit avec joie de bons fruits, une vie attachée à d’autres vies par l’amour et la fidélité… Mais ce ne sont que des « idées », comme vous le dites, et chacun est libre de s’en faire sa propre idée. À condition de ne pas se tracasser sur cela. Encore une fois, nous verrons bien en temps utiles. Je ne suis pas pressé. La vie sur terre est si brève que je veux bien l’explorer encore un petit peu, et vivre encore, si possible, un soir où je me tourne vers Dieu avec reconnaissance, et peut-être encore un matin, et ce printemps qui vient.

Dieu vous bénit.

par : pasteur Marc Pernot

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5 Commentaires

  1. Michel dit :

    Pour moi la vie éternelle c’est tout simplement l’éternel présent de Dieu, Sa plénitude, ici et maintenant

  2. Marie dit :

    Merci Marc pour cet article détaillée..
    Il semblerait que je sois mourante aux dernières nouvelles… D’où, un peu l’intérêt pour cette question… Je ne tarderai pas à le savoir de toute façon ?!
    Je ne pense pas pouvoir vous envoyer de mails là où nous allons tous, mais le coeur y est !
    Pour l’instant en tout cas, je suis toujours là ?! et sérieux je ne me sens pas malade !
    D’où je vais vous dire… Je fais comme si !

    Vous avez vraiment changé ma vie vous savez ? J’ai commencé à vous connaître au travers de vos audios avec Jérôme Prigent sur le site de l’Oratoire, puis sur je cherche Dieu… Pour les autres je ne sais pas ? Mais pour moi c’était une révolution de pensées neuves et vraiment nourrissantes !
    Merci vraiment, c’est sincère !
    Continuez tant que Dieu vous prêtera vie ! SI ça a pu changer ma vie je suis sure que cela aide aussi d’autres comme moi.
    Merci pour tout ce temps que vous nous donnez sans compter généreusement, sur votre propre temps de vie.
    Et pour le cas où il existerait un compteur de bien… Je crois que vous l’explosez largement !
    Pour moi ça va être plus compliqué je pense…
    Mais c’est pas grave ! J’assume mes choix !
    Amicalement,

    1. Marc Pernot dit :

      Comme votre message est touchant !
      Je propose que vous viviez encore longtemps.
      Mais c’est une bonne idée de « faire comme si ». C’est ce que je proposais. Chaque jour est une merveille. Une merveille rare, de toute façon.
      Il parait qu’un jour on a demandé à Martin Luther ce qu’il ferait s’il apprenait que la fin du monde était pour demain, et qu’il aurait répondu : : « Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je veux quand même planter aujourd’hui mon pommier. »
      En tout cas, aujourd’hui, avec votre message si encourageant pour moi, vous avez planté un pommier dans mon élan de vie et de service. Et je vous en suis très très reconnaissant.
      Dieu vous bénit et vous accompagne
      Bien fraternellement
      Marc
      PS. Dieu écrit avec le cœur. Dans ce qu’il garde dans le livre de vie, il ne peut inscrire que le bien qu’il pense de chaque personne, que le bien qu’il a relevé sur chaque petite pensée chaque petit geste de bonté que nous avons pu avoir. Il garde même toute l’espérance qu’il a eu en nous. Donc le dossier que Dieu a sur chacun, c’est son cœur à lui, si je puis dire.
      Je ne m’inquiète donc pas pour votre dossier. Il est plutôt en forme !

  3. Pascale dit :

    Heureusement que lorsqu’on était un fœtus, on ne nous a pas demandé si on était intéressé par la vie au-dehors 🙂

  4. François dit :

    Le concept repose en fait sur un contre-sens. La « vie », telle que nous la concevons, et même au niveau animal, est nécessairement limitée dans le temps. Au contraire, il suffit d’avoir fait un petit tour en paléontologie pour s’apercevoir que la « vie » ne peut s’arrêter aux seuls « vivants », mais qu’il est tout aussi important d’y inclure toutes les formes de vie déjà connues à ce jour, plus celles dont nous n’aurions jamais entendu parler.
    Pour aller plus loin dans l’étude de ce concept, ce qui me trouble est l’absence de l’unité « zéro » dans l’échelle de temps, si l’on admet même que le Temps veuille bien s’écouler pareillement sur tous les corps planétaires. Car en admettant que nous ne nous limitions qu’à notre univers, l’éternité ne saurait avoir de début. Et pas de fin connue ni identifiée. Le problème apparaît alors complexe.
    La vie « éternelle » ?
    Un doute éternel subsistera…

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