Jeune femme joyeuse portant un casque rouge et assurée par des cordes en train d'escalader une parois - Image par Taylor Burnett de https://pixabay.com/fr/photos/escalade-fille-amusement-content-525768/
Développement

Peur du diable, fantômes et possession : une réponse chrétienne

Question posée :

Bonjour Pasteur,J’espère que vous allez bien. Je suis de nature très peureuse / anxieuse, j’ai probablement vu trop jeune quelques films d’horreur et j’ai donc très peur du diable car j’imagine qu’il pourrait apparaître physiquement ou prendre possession des personnes. Je m’aperçois qu’il m’arrive aussi d’avoir peur de Dieu et j’avoue que si je prie tous les jours depuis des années, c’est aussi par crainte que si je ne le fais pas Dieu s’offense / soit déçu / ne me protège plus du mal. Mes peurs sont sans doute irrationnelles mais je ne parviens pas à m’en défaire, je sursaute souvent pour un rien, si j’entends un craquement dans les escaliers, si je ferme les yeux. Je suis prisonnière de ma peur et je ne sais pas comment m’en libérer. Pensez-vous qu’il soit possible que des créatures maléfiques existent et entrent en contact avec ce monde ? Les fantômes ? Des signes de l’au-delà ? Je me dis que si la vie est « magique », que si je crois que Dieu existe, que des miracles se produisent, comment d’autres choses qui nous échappent ne pourraient-elles pas exister ? Croyez-vous que des maisons puissent être hantées ? Des personnes possédées ? Cela fait beaucoup de questions mais cela me tracasse depuis longtemps alors j’aurais souhaité avoir votre avis / éclairage.Merci infiniment par avance pour votre aide.Bien fraternellement, Anne

Peur du diable et des forces du mal

Chère Anne

Vos peurs ne sont pas imaginaires, elles ont sans doute des raisons profondes comme vous le soupçonnez. Ce sont de vraies peurs, il n’y a aucune honte à ça. La personne humaine est une réalité très complexe. Nous avons tous des faiblesses et des forces, des talents et des difficultés. C’est le cas de tout le monde, en réalité, même ceux qui le cachent bien, ou qui SE le cachent bien.

Alors comment faire pour que vous puissiez avancer au mieux ?

En apprenant à vous connaître vous-même, c’est la première étape, et vous êtes déjà bien avancée, manifestement, dans ce domaine.

Ensuite, étape très importante, il faut apprendre à vous aimer, vous apprécier. Cela n’empêche pas d’avoir nos défauts, nos faiblesses, nos difficultés, mais de saisir, de percevoir que nous ne sommes pas que ça. Que ça ne nous détermine pas en tant qu’êtres. Ce qui doit compter, c’est notre personnalité profonde, notre belle personnalité, ce sont nos talents, notre cœur, et puis les chances que nous avons, par exemple d’être dans un pays, une culture, une langue, d’avoir un toit sur la tête, d’avoir de la famille, d’avoir quelques amis… et puis d’avoir la foi (c’est là un atout extraordinaire que vous avez aussi).

Mobiliser ce meilleur de nous-mêmes se fait bien sûr, peu à peu, ça s’apprend, ça s’entraîne.

Quand ce travail est commencé, on peut s’attaquer à essayer de contenir nos difficultés, d’apprendre à faire avec. Ce n’est pas que l’on ne puisse pas progresser sur ces difficultés (on peut réellement avancer), mais il ne faut pas attendre d’avoir réglé la difficulté pour commencer à avancer d’une belle façon et pour être heureuse.

Vous voulez donc avancer sur cette question de vos peurs et de vos angoisses. Excellente idée, c’est un atout de plus que vous avez.

Vous désirez ici travailler par la raison contre ces peurs. C’est une bonne piste, car la raison est une force assez puissante dans la psychologie humaine. On peut effectivement aborder cette question sous cet angle-là. Je suis à la fois ingénieur et théologien, les deux domaines peuvent aider dans cette recherche.

Dieu et diable sont symétriques : une réponse théologique et scientifique

Comme théologien, je vous assure qu’il n’existe pas d’autres dieux que le Dieu bon, source de vie, créateur, dont parle par exemple la première page de la Bible et que Jésus-Christ révèle comme un Dieu plein d’amour pour chaque personne, même si elle devenait son ennemi. Il n’y a pas de Dieu méchant qui existe. Quand la Bible parle de Satan, de diable ou de démon, c’est un reste de religions mésopotamiennes et égyptiennes, et c’est une façon de parler de cette part de nous-mêmes qui dysfonctionne et nous tourmente, qui parfois cherche à faire le mal au lieu du bien. C’est ainsi que dans cette première page de la Genèse qui parle de la création du monde, et qui parle de notre création : il n’y a que Dieu qui crée et bénit, fait le bien, et que le mal est expliqué comme l’existence de chaos dans la nature, c’est-à-dire le désordre qui existe au creux même de la matière, du monde, et aussi en nous-mêmes, pour une certaine part.

Vous vous demandez s’il ne serait pas logique de penser à des créatures malfaisantes puisqu’il existe un Dieu bienfaisant ?

Dans la réalité de ce monde, le bien et le mal ne sont pas symétriques. Par exemple, il existe des particules, les photons, qui sont comme qui dirait des graines de lumière. Il n’existe pas de particules de ténèbres : l’obscurité, c’est simplement une absence de lumière. De même pour le froid et le chaud : le chaud, c’est de l’énergie qui agite les particules. Mais le froid, c’est simplement un manque de chaud, et le froid absolu, c’est quand les particules sont simplement arrêtées : c’est pourquoi il existe un zéro absolu (0° Kelvin) alors que les températures maximales sont seulement quand nos modèles physiques ne peuvent aller plus loin. On ne sait pas pour l’instant ce que cela voudrait dire de chauffer plus. Cela pour dire que si Dieu est source de vie, ce qui est un miracle absolument hallucinant, cela ne veut pas dire qu’il existe pour autant une force inverse, ce n’est comme cela ni pour la lumière, ni pour la température, ni pour le temps qui lui non plus n’est pas symétrique, il ne va que dans un sens et un seul.

Ce n’est donc pas nécessaire de penser qu’il existerait une sorte de Dieu méchant ou des démons. Mais est-ce que cela existe quand même ? Je dirais que non. Car des mauvaises choses qui nous arrivent ne sont pas cohérentes avec ce genre de théorie. S’il y avait une volonté mystérieuse de faire le mal : elle viserait en priorité les bonnes personnes et épargnerait les brigands et les tyrans : ce n’est pas le cas : les catastrophes naturelles, par exemple, frappent sans discernement la maison du juste et celle du voleur. Dieu, lui, agit spirituellement pour chercher à donner de la force, de la sagesse, du cœur, de l’espérance à toute personne qu’il arrive à toucher.

Les fantômes, les démons et les possessions existent-ils ?

Je suis absolument persuadé qu’il n’existe pas de créature maléfique qui entre en contact avec ce monde. Il n’existe pas de fantômes. Il n’y a pas de signe de l’au-delà. Il n’y a pas de créatures invisibles comme des démons qui viennent « posséder » des personnes. Tous ces termes sont des façons de parler de nos peurs. Ces termes renvoient donc effectivement à des expériences que font des gens. Ils n’inventent pas ses expériences mais ils projettent les sentiments troublants et désagréables sur des causes imaginaires. Par exemple, pour les craquements dans les escaliers, bien sûr que ça existe. Une fois sur 100 000, c’est un voleur, donc il faut se méfier quand même, mais 99,999 fois sur 100, c’est parce que le bois est sensible à la sécheresse et à l’humidité, il se déforme et les assemblages grincent quand le bois va se dilater ou se rétracter. Il y a donc bien des craquements, la personne qui les entend ressent naturellement une peur bien réelle. Mais imaginer derrière cela un fantôme, un démon ou quelque autre réalité surnaturelle, c’est se tromper de piste, c’est perdre du temps dans la recherche des véritables enjeux.

Comment surmonter la peur et l’angoisse spirituelle

C’est de vivre avec votre nature avec sa dimension peureuse et anxieuse. La question, c’est qu’elle ne soit pas pour vous une souffrance ou un problème, que vous arriviez à vivre avec cette particularité. Pour cela :

Il est possible que d’aborder la question sous l’angle de la rationalité puisse vous aider,

La prière et la confiance en Dieu

Il est possible que la prière, dans la confiance en Dieu, puisse vous aider aussi. Finalement c’est ça qui est peut-être le point principal qui me préoccupe dans ce que vous dites : vous pouvez absolument cesser d’avoir peur de Dieu : ne pas penser une seconde que Dieu pourrait s’offenser contre vous ou cesser d’être pour vous une source de biens de vie, de bonheur, d’épanouissement et qu’il vous laisserait tomber. C’est absolument impossible, Dieu ne veut pas faire cela, et même s’il le voulait, il ne le pourrait pas, parce que sa nature même est d’aimer chacune de ses créatures. Pour avancer sur cette question qui me semble importante pour votre développement, je vous recommanderais de lire et de méditer par exemple la première lettre de Jean. C’est une lettre ou l’apôtre. Jean parvient à dégager le cœur du cœur de ce qu’il a reçu de Jésus, en disant cette formule hypersimple et condensée : « Dieu est amour. » Que cela chasse, littéralement, toute crainte que nous pouvons avoir d’un jugement de sa part.

L’humour et le recul spirituel

Pour arriver à vivre avec votre nature peureuse et anxieuse, nous avons donc la rationalité. Nous avons la prière, la confiance en Dieu, peut-être que vous pouvez ajouter l’humour. Dans les milieux chrétiens, méditant sur les huit promesses de bonheur que Jésus nous donne (Évangile selon Matthieu 5), on évoque parfois à ces 8 « béatitudes » cette neuvième : « Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils n’ont pas fini de rigoler. » Je ne dis pas cela pour me moquer de vous en disant que votre peur serait risible, absolument pas, c’est une question effectivement, difficile et douloureuse pour vous aujourd’hui, mais peut-être que vous pourriez prendre vous-même cela avec un certain humour, comme étant une curiosité de votre nature, pas plus, cela pourrait vous aider aussi à la vivre d’une façon plus détendue, moins dramatique.

L’aide psychologique si nécessaire

Enfin, la plupart des gens vous proposeraient d’aller faire un travail chez des psychologues psychanalystes, des psychiatres pour essayer de résoudre cette question. Peut-être, effectivement, que cela peut aussi faire partie de la solution pour avancer, mais ce n’est certainement pas la seule, ni peut-être la plus importante. Ça deviendrait essentiel si cette peur et cette angoisse devenaient pour vous une souffrance insoutenable : à ce moment-là, oui bien sûr, il faudrait aller chercher de l’aide du côté de la médecine, il existe des médicaments qui peuvent vraiment calmer les angoisses. Parce qu’il est normal de souffrir, un peu, de différentes choses, physiques, psychologiques, morales, relationnelles, etc. Mais il n’est pas bon de trop souffrir quand même parce que ça fatigue.

En tout cas, je vous garantis qu’il n’y a pas de créature surnaturelle mystérieuse qui vienne vous tourmenter, je vous garantis que Dieu vous bénit et vous soutient avec toute sa tendresse, douce et puissante, compréhensive sans jugement.

Une conversion intérieure : transformer la peur en force

Je pense sincèrement qu’il vous est possible de vivre heureuse et épanouie avec cette particularité. Dans la mesure où vous avancez, où vous arrivez à être plus détendue avec cela, cette particularité pourra même devenir une qualité, un talent : cela peut vous donner une vigilance, un éveil, une sensibilité particulière à la vie, à vous-même, et aux souffrances des autres. Ce serait alors génial de pouvoir retourner ce qui est pour vous aujourd’hui une difficulté en une belle et profonde qualité. Je pense que ce genre de retournements est la spécialité de Dieu. On appelle parfois cela conversion ou résurrection, cela ne vient pas toujours en une seconde (parfois), en général cela se vit plutôt comme un cheminement, comme une randonnée en montagne où on s’élève pas à pas au-dessus des nuages.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Gérard dit :

    Au regard du nombre de fois, il est écrit dans la Bible , 365 fois,  » ne crains pas  » ,  » n’ ayez pas peur « .
    C’est dire l’ importance, pour vivre en paix intérieure autant que possible, et de faire confiance à Dieu, à Jésus Christ, d’ autant plus que Jésus lui même a formulé cette expression.
    Sur notre Terre le bien et le mal existent. Autant prendre du recul sur les situations de mal que nous ne pouvons changer et apprécier au quotidien toutes les situations bienfaisantes qui vont nous édifier.

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