20 juin 2019

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Question

J’ai l’impression que de parler de ma foi revient à rejeter les convictions des autres ?

Par : pasteur Marc Pernot

illustration - deux filles bavardent - by Benoît Deniaud https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/14309045@N04/2887764927

Question posée :

Bonjour et merci pour votre site, je le parcours toujours avec plaisir.

Je suis protestante et je suis emmené à parler de ma foi à des amis non croyant s, ou alors musulman ou bouddhiste. J’ai souvent l’impression que dire ce que je crois, comme par exemple que Christ est le fils de Dieu et qu’il est ressuscité, ou alors parler de ma relation à Dieu, revient à rejeter les convictions des personnes d’autres religions.

Pourtant je pense que Dieu a pu intervenir dans l’histoire humaine à travers d’autres personnages que ceux mentionnés dans la bible. Mais ma foi est très importante pour moi, et peut- être que je mets un peu trop de conviction quand j’en parle. Est ce que parler de sa foi revient à faire preuve d’intolérance ?

Merci d’avance pour vos réponse.

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Je pense que parler de sa foi peut effectivement être ressenti parfois comme de l’intolérance. Mais pas nécessairement.

Tout dépend :

1) de comment c’est fait.

Si cela ressemble à une leçon : pratiquer ceci, croire cela… cela a bien des chances de passer effectivement pour un « système », et si c’est présenté comme LA Vérité avec un grand V, cela peut légitimement être perçu comme totalitaire.

Cela ne devrait pas être le cas, par contre, avec un témoignage comme « Hier dimanche, je suis allé au culte, et cela m’a fait un bien fou, ça m’a calmé, ça m’a fait me poser des questions… C’est alors un témoignage personnel, assumant une subjectivité de la vérité de ce dont on parle.

C’est comme si quelqu’un dit qu’il a été ravi de faire du parapente dans l’Aveyron pendant ses vacances, ce témoignage a des chances d’être ressenti comme un partage amical, pas comme une intolérance parce qu’il n’implique pas que tout le monde, à commencer par son interlocuteur, devrait faire comme lui à chacune de ses vacances pour le reste de son existence !

Même si pour nous, la foi est plus profonde que loisir avec de belles sensations, notre témoignage peut néanmoins s’exprimer à ce niveau, par respect, effectivement. Et l’on peut y mettre lors une passion, une conviction importante sans que ce soit doive normalement être reçu comme intolérant (après, cela peut aussi être le problème de notre interlocuteur, trop sensible sur la question, surtout s’il a été blessé par de l’intolérance avant…).

Je ne suis pas certain qu’il faille se précipiter sur des croyances assez techniques comme « Christ est le fils de Dieu et qu’il est ressuscité ». C’est le genre de concepts qui peuvent faire sens quand on a déjà la foi et que l’on creuse la question, mais pour une personne qui n’en est pas là cela peut sembler extrêmement déconnecté de sa vie.

 

2) Tout dépend aussi quel sentiment anime réellement le croyant quand il témoigne.

Car cela se sentira de toute façon, plus ou moins inconsciemment selon la finesse de l’auditeur, mais cela se sentira. Même un animal ou un bébé sent l’attitude mentale de celui qui s’approche (la peur, la colère, l’amitié…).

Donc, la question est de savoir si nous pensons sincèrement qu’une personne peut être quelqu’un de bien et sauvée par Dieu même si elle n’est pas de notre religion, même si elle n’a pas ce que nous pensons être la bonne croyance, ni la bonne vie ?

Si nous pensons que la personne que nous avons en face de nous et qui n’est pas croyant e, ou musulmane, ou bouddhiste… est rejetée par Dieu, en l’état, alors cette pensée de notre cœur va se sentir et donner un parfum assez nauséabond même à nos paroles les plus mielleuses.

Mais si nous voyons la foi comme une réponse à la grâce de Dieu, c’est à dire un amour dénué de tout chantage (comme tout véritable amour, en fait), alors l’amour de Dieu et la dignité de la personne en face de nous ne dépend pas de sa foi ou de son athéisme, ni de sa religion, de ses convictions. la foi est libre, elle est une option personnelle en réponse à l’amour inconditionnel de Dieu. Dans ces conditions, si une personne que nous rencontrons n’est pas croyant e, elle n’a pas moins de valeur à nos yeux. Mais c’est vrai que c’est plus facile d’échanger sur les questions essentielles quand on a des références essentielles communes, il est alors plus facile de discuter de théologie plus en profondeur. A condition bien entendu que nous ayons affaire à une personne ouverte dans ce domaine (et que nous aussi soyons ouvert, ce qui est manifestement le cas pour vous). Avec un intégriste, je ne suis aps certain qu’il faille le chatouiller sur des questions si brûlante pour lui/elle, c’est fatiguant et cela risque de la mettre en souffrance elle-même, et de briser une relation amicale.

Et donc, merci à vous pour cette question, à la fois pleine de foi et en plus pleine d’un véritable respect des autres, de ne pas les blesser, d’abord, mais aussi de pouvoir leur offrir ce qui compte profondément pour vous.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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