02 septembre 2022

un juif avec ses tefilim prie dan sla vuielle ville de Jérusalem - Photo by Maayan Nemanov on https://unsplash.com/photos/o9QAKPbEYLQ
Bible

Le Mont Sion est un lieu physique souvent évoqué dans la Bible, quelle est sa signification au sens figuré ?

Par : pasteur Marc Pernot

un juif avec ses tefilim prie dan sla vuielle ville de Jérusalem - Photo by Maayan Nemanov on https://unsplash.com/photos/o9QAKPbEYLQ

Où est le fameux « hamaqom » ?

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Merci pour le merveilleux travail d’enseignement et d’enrichissement spirituel que vous prodiguer.

Ma question porte sur le Mont Sion, lieu physique qui est souvent évoqué dans la bible, mais quel est sa signification au sens figuré ?

Merci à l’avance du temps que vous prendrez à répondre à ma question.
Que Dieu vous bénisse,

Cordialement,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Merci pour ces encouragements et merci pour cette intéressante question.

Le mont Sion, c’est une des collines de Jérusalem, la plus connue.

  • C’est donc d’abord simplement un lieu géographique. La ville de Jérusalem n’a pas été fondée par les hébreux, ils ont eu du mal à la conquérir (voir le livre des Juges), elle fut finalement fut conquise par David qui en fit sa capitale, « la ville de David ». Elle a ainsi été un certain temps la capitale politique d’Israël dans son heure de gloire.
  • C’est là qu’un temple fut construit par Salomon, détruit, reconstruit. Donc en plus d’être une capitale politique d’Israël, elle est devenue le lieu emblématique de la religion juive. le vocable « Sion », cela évoque donc le cœur de la foi. Comme un sacrement, un signe visible, symbolique, d’une réalité invisible. Lors de la dédicace du temple, Salomon aurait donné une belle prière exprimant qu’il sait très bien que l’Eternel n’habite pas plus là qu’ailleurs lui qui remplit l’univers, mais que ce temple a pour fonction d’aider à prier l’Eternel qu’on ne voit pas.(1 Rois 8-9). C’est un lieu « pour son nom » plutôt qu’un lieu où résiderait Dieu. C’est cela que désigne Sion : l’Eternel au cœur de tout, avec des espaces concentriques emboîtés : Le souffle de Dieu dans la personne humaine, au milieu de son peuple, au cœur de l’univers : comme le saint des saints au cœur du temple, lui-même au cœur de Jérusalem, elle même au cœur de la terre d’Israël, phare des nations.
  • C’est le sens qui prime, à mon avis. Je suis tout à fait du même avis que vous de s’intéresser au sens figuré de ces lieux physiques, géographiques. Sion évoque l’expérience même de Dieu pour l’humain.

C’est tout à fait important pour comprendre de quoi on parle dans la Bible et en quoi cela nous importe. Car bien des récits essentiels de la Bible font référence à ce lieu central. Tout particulièrement la saga de l’exode du peuple hébreu d’Egypte jusqu’en terre promise. La fête de la Pâque juive, et des Pâques chrétiennes fait référence à cette montée vers Jérusalem comme étant à vivre, de génération en génération comme une libération par Dieu à recevoir dans notre vie pour entrer dans la vie véritable avec l’Éternel.

C’est ainsi que la série des Psaumes 120 à 134 qui portent tous le titre « Psaume des montées » ne sont qu’anecdotiquement des psaumes utilisés pour faire un pèlerinage à Jérusalem et arriver à Sion, mais ces Psaumes sont avant tout des textes à méditer pour espérer et vivre un cheminement intérieur, une élévation spirituelle, humaine, existentielle et éthique grâce à l’Éternel.

Et quand une partie des hébreux est déporté en exil à Babylone hors d’Israël, loin de Sion, c’est un drame humain, évidemment. Mais il y avait aussi une crainte plus profonde. Certains craignaient qu’en étant loin du Temple de Jérusalem ils seraient peut-être coupés de Dieu ? C’est le risque des symboles, à force de penser le Temple comme évoquant la présence de Dieu, il y a le risque que si le symbole est atteint on craigne que la réalité elle-même serait atteinte. C’est un risque majeur, celui de l’idolâtrie, de prendre le symbole pour la réalité et de confondre une chose avec Dieu. Mais en exil, beaucoup vont se rendre compte que même quand on est physiquement à Babylone, Dieu est encore là et qu’il est tout autant possible de le prier que si l’on était à Jérusalem. Cette expérience va distendre le lien étroit entre la géographie terrestre et le salut donné par Dieu. La lecture spirituelle est alors largement valorisée. Les prophètes annonceront alors que le sacrifice auquel Dieu prend plaisir, ce n’est pas celui qui a lieu dans le Temple à Jérusalem mais plutôt une attitude devant Dieu, attitude que l’on peut avoir n’importe où.

C’est suite à cette expérience que bien des hébreux ne sont pas retournés de leur exil mais ont constitué une diaspora juive aux quatre coins de l’univers habité. Pour eux, le véritable Israël c’est la terre qui est sous les pieds ce la personne qui répond « me voici » à l’appel de l’Éternel.

Effectivement, il y a quelque chose d’idolâtre et de matérialiste dans la sacralisation d’un lieu géographique, Toute terre est sainte puisque Dieu est partout. Et Dieu veut pour chaque personne, où qu’elle soit, l’abondance et la paix de Sion. C’est vrai que dès lors que l’on fait de Jérusalem physiquement un « lieu saint », elle devient un lieu de conflit et de guerres dites « saintes » pour tenter de s’accaparer le divin, et ses pouvoirs. Alors qu’au sens spirituel Jérusalem est comme son nom le signifie « le fondement de la paix ». L’axe du monde ne passe pas à Sion plus qu’ailleurs, l’axe du monde est la présence de l’Éternel créant le monde, donnant la vie.

Bien des épisodes de la Bible sont rattachés à Sion, dès lors qu’il est indiqué « le lieu » (« ha maqom » en hébreu) et que l’épisode évoque une expérience vive de Dieu, le lecteur pensera tout de suite à Sion. Par exemple pour l’épisode de la ligature d’Isaac par Abraham : ce mont Moriah c’est le mont Sion au sens spirituel. Ou quand Jacob voit le ciel ouvert avec des anges qui montent et descendent, ou quand Moïse dialogue avec l’Eternel devant un buisson ardent c’est comme s’il était dans le saint des saints du temple, il est comme à Sion alors qu’il est dans le désert. En réalité, au fond, « Hamaquom », c’est l’Éternel lui-même dans sa présence au monde (« to chorion » : « Le lieu » en grec).

Le Christ prolonge encore cette spiritualisation. Le Royaume de Dieu n’est pas à un endroit plutôt qu’un autre mais il est à la fois au-dedans de chacun et il est au milieu de nous dans de belles relations. (Luc 17:21). Et à la mort du Christ, il est dit que le voile du temple se déchire du haut jusqu’en bas : cela signifie que Dieu lui-même ouvre alors le saint des saints du temple à l’ensemble de la terre, et même du cosmos. Aujourd’hui même, sans aller au moyen orient, vous êtes à Sion par grâce, puisque l’Éternel est là. En ce lieu, vous êtes précisément à « Hamaqom ».

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Eulalie dit :

    Merci infiniment pour cet éclairage ! Que le Seigneur vous accompagne.

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