Le livre de Job m’a aidé à réfléchir sur la souffrance, on me dit que ce n’est pas le sujet.
Question posée :
Cher pasteur, bonjour
je suis interpellée récemment sur la lecture de Job. Dans notre groupe de jeunes, ce texte nous avait suivi sur notre route jour après jour avec l’aide du Pasteur. A l époque j y cherchais un soutien pour m’engager en medecine sur la souffrance du monde. Chaque passage était un message différent avec la foi de Job dans ses malheurs. Or il y a peu, mon pasteur actuel m’a reprise sur ce texte insistant sur le début et la fin du texte qui parlent des richesses. Pour moi le début et la fin d un Evangile sont importants mais le message des 3ans de l’enseignement du christ aussi. Pour moi job conseille de garder la foi dans la détresse. Ce reproche m’a émue…
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Il peut y avoir mil avis différents tout à fait défendables, en ce qui concerne l’interprétation de la Bible, heureusement. En l’occurrence, je suis bien plus d’accord avec vous que ce qu’avec ce qui vous a été dit. En effet :
- Si le sens à retenir était le début et la fin du texte, l’auteur aurait juste ajouté 40 chapitres qui ne servent pas à grand chose. Cela ne me semble pas raisonnable de le penser.
- Rien ne dit que le fin mot de l’histoire soit l’épilogue. Si vraiment il n’était pas bon de se poser des questions comme Job avec ses amis, et pas bon d’interpeler Dieu, alors le livre entier est en lui-même comme un contresens puisqu’il est un gros livre de 42 chapitres de discussions, de réflexions, d’interpellation de Dieu.
- Ensuite, comme vous le dites, si la question de la richesse est un sujet qui pose effectivement question dans le début et dans la fin du livre, il n’est pas vraisemblable que c’en soit le sujet principal du livre entier, car dans les 40 chapitres passionnants du milieu cela ne semble pas du tout central. De toute façon, de nombreux sujets sont abordés dans ce livre très riche. Et celui de la souffrance est certainement loin très très très loin d’être négligeable.
En fait, il me semble que le prologue et l’épilogue sont très différents dans le style (ils sont en prose alors que les 40 chapitres centraux sont en vers), et dans le fond (dans le mode de fonctionnement des personnages). Il est donc loin d’être évident que le prologue, et/ou l’épilogue soit la clé d’interprétation de l’ensemble du livre. Cela peut en être une, on a le droit, évidemment. Mais ce n’est pas la seule.
En et définitive, un passage biblique, et à fortiori une somme comme ce livre de Job, est donné au lecteur afin d’interagir avec ce lecteur. Le sujet du texte pour le lecteur sera ce qui s’éveillera en lui comme questionnement ce jour là dans sa lecture. C’est à cela que sert l’Esprit-Saint dans cette lecture, travaillant en nous ce qu’il est juste et bon d’être travaillé en équipe : Dieu avec le lecteur réfléchissant et priant. Il se peut donc que pour telle personne ce qui fera « tilt » dans sa lecture ce jour là soit le sujet de la richesse et pour telle autre personne que ce soit le sujet de la souffrance, de l’injustice, de la place de la raison dans notre foi, de ce que c’est qu’un véritable ami, de l’accompagnement de la personne dans le malheur, de la relation à Dieu… L’erreur étant surtout de penser et encore plus de dire que l’autre aurait tort parce qu’il ne lit pas le texte avec un angle différent.
Gardez donc votre souvenir précieux d’une lecture manifestement féconde. Sacré Saint Esprit, il a encore fait du bon travail avec vous et en vous.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
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Bonjour,
merci pour cet article.
Même si l’interprétation est in fine personnelle, il est quand même possible d’essayer de dégager certaines cohérences interprétatives, libre à chacun ensuite de les apprécier ou non, à sa guise, tout ou partie, plus ou moins…
Le livre de Job se termine au chapitre 42 par Job qui cesse d’utiliser Shaddaï comme appelation de Dieu, et sauf erreur de ma part, seule l’appellation YeHouWaH est alors utilisée de la part du rédacteur. Shaddaï est principalement dans la bouche du personnage Job tout au long de ce livre comme un des deux noms entre lesquels il semble constamment hésiter, Shaddaï ou Elouah ou Elohim…
Au moment de la transition vers l’épilogue, le narrateur fait répondre Dieu à Job :
Job 40:1-2 YeHouWaH reprit la parole et dit à Job :
Celui qui dispute avec Shaddaï va-t-il le réprouver ? Celui qui veut juger Eloah va-t-il répliquer?
Mais dans la plume du rédacteur seul YeHouWah est utilisée quand il s’agit de narration (Dieu dit alors…).
En Job 42:3, Job exprime son sentiment d’ignorance vis à vis de Dieu :
‘Qui est celui qui dissimule mes plans par un manque de savoir?’ Oui, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne connais pas.
En Job 42:6, Job retourne alors l’imputation des torts contre sa propre critique :
C’est pourquoi je me condamne et je reconnais mes torts sur la poussière et sur la cendre.
Ne serait-ce pas que Job passe d’une conception archaïsante à un nom plus approprié selon l’auteur de Job ? Bien sûr sans retirer effectivement toute la richesse du questionnement sur la souffrance dans les 40 premiers chapitres, ne serait-ce pas un des éléments d’interprétation (partielle) possible de Job : il passe d’un ou plusieurs noms archaïques de Dieu à une conception yawehiste de Dieu, sans doute plus « moderne » à l’époque dans le contexte de rédaction et de transmission ultérieure du livre, et en tout cas associé à une théologie sans doute différente et jugée nettement préférable par l’auteur ?
Cordialement,
Le livre de Job est complexe, il est loin d’être certain que la finale du livre corresponde au sommet du livre, à sa conclusion.
Ensuite, c’est vrai que la théologie du Dieu tout puissant existe, dans certains passages bibliques et en ville. La figure d’un Dieu dont la puissance est l’amour, et de ce monde et de ses habitants existe aussi. Ensuite, quand on regarde Jésus-Christ, cela donne aussi une indication sur la façon dont on s’empare de ces textes.
Bravo pour vos recherches.