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Pratiquer

Je sais que ce n’est pas protestant, mais j’ai envie de me priver un peu pour me préparer a Pâques.

Par : pasteur Marc Pernot

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Question posée :

Bonjour pasteur
Je suis tout d abord ravi et joyeux d avoir trouvé votre site! Donc merci !
Voici ma question : je sais que la pratique de carême n est pas une pratique a proprement parlé protestante, mais cette année pour une raison inexpliquée, j ai envie de décider d une privation ou plutôt d une suppression par exemple supprimer l alcool pour me préparer a pâques….ce souhait n’émane pas vraiment d’une volonté protestante pour le huguenot que je suis ,il faudrait en avoir oublié ne serait ce la  » sola gratia  » mais alors qu en pensez vous s il vous plait ? Avec un peu d humour je me pose alors la question : » ne serais je pas en train de devenir un peu catholique ?  » avec mes remerciements et que le seigneur vous bénisse…

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Et bravo pour cette belle démarche, à la fois de réflexion et d’approfondissement de votre foi, de prise en main de votre trajectoire.

C’est vrai que la culture protestante :

  • aime bien revenir à ce que dit Jésus-Christ dans les évangiles, c’est une assez bonne base.
  • est assez attachée à « la grâce de Dieu », c’est à dire que rien de ce que nous pourrions faire ne change l’amour de Dieu pour nous. C’est un point important spirituellement (apportant une totale confiance en Dieu, chassant la crainte que nous pouvions avoir de Dieu – comme le disent Paul et Jean dans leurs lettres). Ce point est également essentiel du point de vue philosophique et éthique : cela fonde la dignité radicale de toute personne indépendamment de ses performances.

Pour ce qui est du jeûne, Jésus en parle dans les évangiles comme étant un bel exercice spirituel, à condition que cela vienne de la personne elle-même, librement, personnellement, dans le secret sans que personne ne le sache afin de privilégier la plus grande des sincérités d’une chose qui ne concerne que Dieu et la personne (Matthieu 6:16-18). C’est pour cela, je pense, que les contemporains de Jésus l’interrogent en s’étonnant que ses disciples ne jeûnent pas (Matthieu 9:14), ce qui est assez logique s’ils ont entendu l’enseignement de Jésus cité plus haut, peut-être jeûnent ils en privé, librement, individuellement, sans s’afficher.

Cela me semble tout à fait aller dans le sens de votre démarche spontanée. A condition que cela ne sacrifie pas votre santé, évidemment, car notre corps est une bénédiction qu’il convient de soigner.

Il a fallu attendre au moins quatre siècles pour que quelque chose comme le carême apparaisse dans certaines églises chrétiennes, je pense. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas le faire, il n’est pas marqué non plus dans les évangiles qu’il faille aller à son rythme au culte le dimanche matin, c’est pourtant un exercice que bien des personnes expérimentent comme étant d’un grand bénéfice pour leur foi. Donc pourquoi pas prendre une période de temps pour méditer sur le thème de Pâques avec quelques uns, ou pour soi-même, cela peut être un bel exercice pour approfondir sa foi, si on est sensible à ce genre d’exercice, évidemment.

Vous avez raison, je pense : si les protestants ont longtemps boudé le carême ce n’était pas contre la pratique en elle-même, c’était contre l’objectif affiché alors pour cette pratique. Les personnes pensaient gagner des bons points auprès de Dieu en sacrifiant des joies terrestres pour monnayer des grâces spirituelles ou éternelles. Cela froisse ce point essentiel de la grâce de Dieu cité plus haut. Mais dès lors que l’on voit telle ou telle pratique religieuse, collective ou intime, comme un exercice spirituel que l’on s’offre à soi-même pour approfondir sans propre foi : cela peut être excellent.

Mais avec quelques réserves :

  • A condition de ne pas abuser non plus, c’est comme une respiration, il y a un temps pour inspirer et un temps pour expirer, après l’exercice spirituel vient le temps d’exprimer notre être d’une façon créative en paroles et en actes, dans le monde.
  • A condition que ce soit libre, volontaire, discret (voir plus haut)
  • Ensuite, pour la question spécifique du jeûne, je pense qu’il ne faudrait pas qu’en se privant de certains plaisirs, par exemple, on en vienne à penser que ces plaisirs étaient mauvais en eux-même. Les plaisirs sont une bénédiction de Dieu. Ce qui est un problème est de prendre le plaisir comme un but essentiel de sa vie, c’est quand il devient une addiction, mais alors le problème n’est pas le plaisir en lui-même mais notre rapport à ce plaisir, le problème est l’idolâtrie sous-jacente, ou l’addiction, par exemple.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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