23 mars 2020

image chrétienne des premiers siècles : Christ en philosophe, entouré d'alpha et oméga
Bible

Je me sens chrétienne, et je considère ne pas avoir besoin de l’Ancien Testament

image chrétienne des premiers siècles : Christ en philosophe, entouré d'alpha et oméga

Christ représenté en philosophe. Le A et le W (Alpha et Oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grec) témoignent que son enseignement est à la fois une source de vie et la finalité.

Question posée :

Bonjour! J’espère que vous allez bien.

On peut lire de nombreux livres de théologie déclarant que Jésus était annoncé dans l’Ancien Testament. Mais il est vrai que j’ai une certaine réticence: je perçois l’Ancien Testament comme principalement philosophique, avec des histoires inspirées de mythes du temps des Hébreux. Et il est vrai que je ne crois pas tellement à une annonce, effectivement il y a des versets qui sont assez troublants néanmoins je pense que Jésus était à part. Je ne crois pas à une éventuelle continuité des religions, pour moi c’est une conception différente des religions: les Juifs pensent qu’il faut des rites pour être proches de Dieu, les Chrétiens pensent que ce pas utiles. Je pense que Jésus a donc son interprétation. Certes, beaucoup prétendent qu’il y a une continuité mais je trouve ça assez romanesque. On constate la forte proximité des religions entre elles au travers des recherches et je pense qu’il s’agit ( à différentes époques) de s’accommoder les textes à sa manière. Je me sens chrétienne car j’estime de ne pas avoir besoin d’une religion pour être proche de Dieu et je m’inspire principalement de Jésus qui est pour moi le meilleure philosophe que la terre n’est jamais connu. J’aime mêler ma foi et ma raison, c’est pour cette raison que j’aimerai avoir votre avis que le fait que l’on interprète une continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Grand merci pour ces belles lignes très riches sur ce que vous recevez de voter foi, de votre pensée chrétiennes.
Vous avez tout à fait le droit de ne lire que le nouveau testament, et en particulier les évangiles, bien sûr.
Cela dit, le fait que Jésus était juif n’est pas du roman mais un fait historique. La sensibilité spirituelle de Jésus n’est pas absente de la Bible Hébraïque, car elle est profondément plurielle. Si certains livres, certains passages sont très centrés sur les rites et les lois religieuses, d’autres livres et passages ne le sont absolument pas. Par exemple, nous trouvons dans les Psaumes et les Prophètes bien des passages qui sont tout à fait dans la ligne de jésus et qui vont même plus loin que lui en se moquant des rites et sacrifices disant que Dieu n’a rien à en faire. La Genèse n’est pas centrée sur les rites. Le Cantique des cantiques est uniquement centré sur l’amour de Dieu pour l’humain et de l’humain pour Dieu. L’Ecclésiaste est effectivement philosophique mais pas du tout ritualiste non plus. Et Jésus lui aussi était porté sur la philosophie et l’invitation à réfléchir par soi-même, comme vous le soulignez.
Jésus étant juif et ayant presque exclusivement développé son action parmi les juifs, l’évangile est écrit dans le contexte d’une culture profondément biblique, le sens même des mots et des concepts ne peut être saisi sans faire référence à la Bible hébraïque. Par exemple quand on parle de « parole », de « bénédiction », de « vérité », de « christ », d' »ange »… ces notions sont assez trompeuses, à moins que l’on aille en chercher l’étendue du sens dans la Bible hébraïque. C’est ce que j’ai un petit peu essayé de faire dans le « petit dictionnaire de théologie » que j’ai écrit pour le mettre sur le site.
D’accord avec votre haute opinion de Jésus, et en tant que témoin de foi, témoin de Dieu, et comme philosophe. Ensuite, pour enrichir encore plus cette lecture, il me semble plutôt recommandable de découvrir quelques belles pages de la Bible Hébraïque mais aussi quelques belles pages de la philosophie grecque, en particulier les « pré-socratiques ». Je pense que l’évangile du Christ donne une clef de lecture particulière de la Bible hébraïque, et qu’alors nombre de ces textes apporte énormément. En particulier dans une lecture au sens figuré.
Reste que notre culture est profondément nourrie par le débat, la confluence entre la culture biblique hébraïque et la culture philosophique grecque, et que ce travail est extrêmement fécond et riche.
Je suis bien du même avis que vous sur le fait que foi et raison vont fort bien ensemble, théologie et philosophie nourrissant notre réflexion et la prière visant à la fois à s’ouvrir à l’action de Dieu et à travailler sur une cohérence entre ce que l’on pense et ce que l’on vit.
Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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