J’ai peur que ma foi soit une invention (pour avoir un ami pouvant être là 24/24) ?

Par : pasteur Marc Pernot

illustration - extrait d'une bande dessinée de Philippe Geluk

Le formidable chat de Philippe Geluk

Question d’un visiteur :

Bonjour M. le Pasteur
Ce questionnement répétitif, ce besoin d’un « ami » d’une force pouvant être là 24/24 me fait me tourner vers un Dieu que j’ai peur de m’inventer.
Car les doutes se font sentir et je lâche ma foi que peut être je n’ai que de façon intellectuelle.
L’impression d’être malhonnête me fit renier même la religion. Je trouve un état de perfection quand je suis dans la nature. Mais un moment donné je me questionne sur la vie et recherche un Dieu consolateur.
Dois-je croire en peut être une illusion que je me créer ?
Dois-je vivre dans le doute sans essayer de me raccrocher à quoi que ce soit ?
Dois-je croire en sachant que je ne suis que dans le doute?
je ne sais quel chemin choisir. Cordialement.

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Oui, nous avons besoin de tendresse et Dieu est dans un certain sens une source de tendresse transcendante. L’un va donc bien avec l’autre, comme vous le notez.

Mais l’argument des athées qui disent que l’homme a inventé Dieu pour répondre à ce besoin de tendresse, cet argument n’est pas solide logiquement. On pourrait tout aussi bien dire l’inverse : que le besoin d’une tendresse au delà de toute tendresse humaine est la preuve que Dieu existe. Nos poumons ont soif d’inspirer de l’air, ce serait l’homme qui aurait inventé l’existence d’un air invisible pour se rassurer du vide qui nous habite ?

Plus sérieusement, « Dieu », n’est pas un objet pour exister ou ne pas exister. C’est bien plus riche que cela.

  • Pour le moins, nous pouvons appeler « Dieu » = « ce qui est source de vie, de mouvement et d’être ».
  • Ou notre idéal du bien, du beau et du juste.
  • Ou ce pour quoi nous serions prêt à sacrifier tout le reste.

Dieu peut être bien plus que cela encore pour le croyant, mais Dieu est au moins cela. Et, dans tous les cas, ce Dieu là existe. Nous intéresser à « cela », le réfléchir, le méditer, et même le prier est un vrai facteur de liberté pour nous, une façon de prendre notre vie et son évolution en main. Car dans tous les cas, nous deviendrons un peu ce que nous avons comme Dieu.

La nature est un bon livre de vie. C’est une façon de découvrir l’incroyable merveille que nous sommes (collectivement et individuellement), c’est aussi une façon de se concevoir d’une façon plus juste dans ce monde, un peu comme un membre ou peut-être seulement une cellule qui a un rôle à jouer, une vocation.

Le doute, en tout cas n’est pas contre la foi. Il n’est pas non plus contre la science. Dans l’un ou l’autre cas le doute est une sagesse, un moteur pour améliorer ses convictions, et une façon de ne pas se prendre soi-même pour Dieu, ce qui est un défaut assez problématique.

Donc, vous me semblez bien parti. Franchement.

Par ailleurs, j’estime personnellement que l’hypothèse la plus plausible est qu’il existe « quelque chose » plutôt que rien comme participant à l’évolution de l’univers. Je pense que c’est l’hypothèse la plus rationnelle d’un point de vue scientifique et d’un point de vue philosophique. Mais ce n’est pas une preuve. Quand je vois une maison dans la nature rien ne me prouve qu’elle s’est construite toute seule sous l’effet du hasard. C’est possible, certes, mais il y a quand même peu de chances.

Amitiés fraternelles

pasteur Marc Pernot

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