J’avais déjà des réticences en ce qui concerne l’église, mais alors là c’est décourageant !!
Question posée :
Bonjour,
Je suis née dans une famille catholique mais je cherche toujours Dieu !!
Hier j’ai entendu un écrivain parler du miracle eucharistique qui s’est produit lors d’une messe.
Une hostie se serait transformée en un morceau de chair provenant d’un cœur vivant !
J’ai été profondément choquée d’entendre cela, surtout que le pape François aurait constaté l’événement quelques jours après!!
Alors soit le pape François aurait été berné ou alors si c’est la vérité, comment peut-on l’expliquer ?
J’avais déjà des réticences en ce qui concerne l’église Catholique, mais alors là c’est décourageant!!
J’aimerais savoir ce que vous en pensez.
Merci beaucoup pour votre réponse que j’attends avec impatience
Réponse d’un pasteur :
Bonjour
Miracle ou pieuse supercherie ?
Personnellement, je ne pense pas une seconde que cette transformation d’une ostie en morceau de cœur humain vivant (!) ait pu arriver au sens matériel du terme.
A mon avis, c’est une pieuse supercherie.
Mais pieuse sans doute, car cherchant à dire que la transformation opérée à la communion a des implications bien réelles dans notre monde, que ce ne sont pas que des paroles. Que cela ne devrait pas l’être, que notre communion avec le Christ doit s’incarner (devenir de la chair). C’est vrai, cette communion au Christ doit s’incarner dans NOTRE chair : dans notre façon d’espérer, d’aimer, d’écouter Dieu, dans des actes de compassion, aussi.
Au sens spirituel, cette mise en scène (jeu de mots) a un certain sens, donc. Et je suppose que c’est pour cela que Mgr Jorge Mario Bergoglio (qui deviendra le pape François) a reconnu ce miracle. Mais je n’en sais rien, bien sûr. Cela m’attristerait qu’il ait lui-même participé à monter cette supercherie, abusant de la confiance et de la naïveté des fidèles.
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Même si les intentions sont bonnes, je ne pense pas que ce soit une façon de transmettre l’Evangile. Ce n’est pas par le mensonge que l’on témoigne de la vérité, le mensonge reste le mensonge, et pour transmettre l’Evangile, il y a une choquante contradiction. Ici, c’est plus que du mensonge, c’est abuser de la naïveté des populations, ce qui n’est pas loyal. Tout cela porte au détriment de l’Evangile un triste contre-témoignage.
De toute façon, si c’était vrai : qu’est-ce que cela dirait de Dieu ?
- Il serait capable de ce genre de tour de magie, et il ne multiplierait pas les pains et les poissons pour éviter que dix mil enfants meurent de faim chaque jour dans le monde ? Quel exemple nous donnerait Dieu !
- Reconnaître ce « miracle » signifie qu’il nous faudrait adhérer à ce surnaturel invraisemblable, mettre de côté notre raison au nom de la foi. C’est ennuyeux comme message dans le monde.
Donc en définitive, je ne pense pas que le bilan de cette communication sur cette affaire soit intéressant pour développer la foi en Christ dans le monde, ni la droiture, ni la fidélité, ni la confiance dans les églises…
Mais ce n’est certes pas même le pire des contre-témoignages que portent les hommes et les religions. Il nous faut bien le reconnaître. Comme tout groupe humain, les églises ne sont pas meilleures que la moyenne des personnes qui les composent, et même : un groupe est en général plus mauvais que la moyenne des personnes qui mes composent, c’est ainsi de toutes les associations, groupements, partis et syndicats.
Dénoncer les scandales et faire preuve de bienveillance
Seulement, comme pour tout, nous pouvons faire preuve de bienveillance et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, les églises apportent un réel et bon service dans le monde, et l’église catholique aussi. Dénoncer ce qui ne va pas est utile, c’est même nécessaire afin de faire progresser nos institutions, mais cela ne nous empêche pas d’avoir de l’admiration et de la gratitude pour les services rendus dans le monde, les témoignages d’hommes et de femme dans les paroisses, les associations, les monastères… et de le dire, de le publier, de nous y engager. Nos institutions de progresseront que de l’intérieur, elles deviendront ce que nous en feront, collectivement.
Il me semble que c’est aussi la juste réponse à des faits bien plus graves, infiniment plus graves qui secouent en ce moment l’église romaine suisse : les scandales d’actes pédophiles et d’atteintes sexuelles commis et cachés dans l’église. La réponse ne me semble pas de quitter cette église, et encore moins de quitter la foi. car les personnes choquées sont précisément les personnes qui pourraient aider à avancer. Il faut tout simplement plus de personnes ayant vraiment la foi. des personnes que cela fait vivre, des personnes qui s’engagent avec droiture et fidélité, des personnes qui parlent de ce qui ne va pas ET de ce qui va bien : des personnes de bon sens et de foi actives dans la société et qui fassent avancer leur église. Sinon quoi ? Une société qu’aucune foi ouverte et sincère n’inspire ? Des églises laissées aux personnes qui ne sont pas dégoûtées par la compromission, les atteintes aux personnes ? Dieu nous donne la force, au contraire, de tenir debout et de témoigner du Dieu vivant et qui fait vivre.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Je partage, en grande partie, le commentaire de Marc Pernot : l’on ne peut rien bâtir de solide sur la falsification de la vérité . Que de tels « miracles » n’éclairent en rien et apportent de la superstition là où il faudrait mettre de la foi .
Là où je suis à peine un peu plus nuancé, ce sont sur les graves dérives touchant l’Institution catholique. Plusieurs rapports en France, Espagne, Irlande identifient des milliers d’enfants victimes d’agressions sexuelles. Cela n’est donc pas seulement des dérives individuelles ( ce qui peut arriver dans toute institution) mais des dérives institutionnelles. Cela met donc la responsabilité morale de l’Eglise en cause !
Yvan Illich employait la formule « La perversion du meilleur engendre le pire » ». Il me semble donc sensé qu’on puisse se poser la question d’appartenir à une institution aussi pervertie. Tout en reconnaissant que beaucoup de bonnes personnes puissent s’y trouver . Juger l’Institution n’est pas juger chaque individu.
Il ne faut pas non plus confondre l’institution avec la paroisse de base, ses paroissiens engagés, le curé qui fait ce qu’il faut. Il y a un monde entre ce petit peuple de la vie de tous les jours et Rome, ou même l’évêque.