Comment je pourrais convaincre mon conjoint de s’abstenir de rapport sexuel ?
Question posée :
Bonjour
Comment je pourrai convaincre mon conjoint a s’abstenir de rapport sexuel ?
Réponse d’un pasteur :
Bonjour madame,
Vraiment désolé pour ce que vous avez à subir. Apparemment.
Forcer sa femme à avoir un rapport sexuel alors qu’elle n’en n’a pas envie, qu’elle n’a pas dit oui (et encore pire si elle a dit non) : c’est du viol. Et c’est tout aussi abominable de violer sa femme que de violer qui que ce soit d’autre. c’ets peut-être même pire avec sa femme car non seulement c’est un viol mais en plus c’est trahir le respect que l’on doit particulièrement à son conjoint que l’on a promis d’aimer,de respecter, de chérir, de protéger.
Peut-être qu’il faut lui expliquer calmement que vous n’avez pas toujours envie d’avoir des rapports sexuels, pas aussi souvent, et peut-être pas telle ou telle pratique. Même si vous n’aviez jamais envie, ce serait votre droit, il y a des personnes comme cela, et ce n’est pas leur faute, et ce n’est pas un signe que ces personnes n’aiment pas leur conjoint.
Ensuite, si votre conjoint donne des signes de vouloir un rapport sexuel et que vous n’en avez pas envie. Vous dites tout simplement : NON, je n’ai pas envie. Il n’y a pas à se justifier de ne pas toujours envie d’avoir un rapport sexuel. Nous ne sommes pas des machines. Et s’il vous force, vous le quittez, dès la première fois que cela arrive. Le couple n’existe que s’il y a respect de l’autre. Évidemment. Forcer quelqu’un à avoir des rapports sexuels est un crime.
Hélas, l’homme a parfois des arguments qui lui semblent décisifs pour soutenir son attitude d’imposer des actes sexuels. C’est arguments sont tous faux. Et ils visent à culpabiliser la victime (la femme, en général). C’est souvent comme cela que les agresseurs prennent courage : en inversant les rôles, alors qu’ils sont coupables ils se présentent en victime, et tentent de dire que la victime est coupable, que c’est sa faute ! Cette manœuvre ne trompe personne, et elle ajoute au contraire une grave faute à leur crime.
- Le discours selon lequel l’homme a des besoins, etc… est faux. Le désir sexuel est un désir, ce n’est pas un besoin vital : la preuve c’est que l’on peut s’abstenir de sexe pendant des mois et des années, ce n’est pas pour autant que le corps se portera mal ! Si justement on est un homme, au lieu de prétendre avoir « des besoins », on pourrait montrer que l’on a dépassé les caprices de l’enfance et être un adulte, avec donc un minimum de contrôle de soi-même et de ses envies. Surtout quand c’est quelque chose d’aussi déterminant que ce partage si intime qu’est le sexe. La sexualité est effectivement assez forte en désir mais en contre partie, elle est assez rustique, la masturbation est une activité que l’on peut faire discrètement dans son intimité (afin là aussi de ne déranger personne), c’est une activité saine, et ce n’est pas un péché (c’est simplement parfois un tabou dans certaines cultures).
- Certains, hélas, prétextent quelques versets de lettres de l’apôtre Paul. Ce n’est pas comme cela que l’on lit la Bible, l’utilisant pour justifier ses crimes. Il y a bien des façons de lire ces passages des lettres de Paul, mais toute juste interprétation doit respecter ce fait essentiel : le Christ à chaque parole, chaque geste montre l’importance du respect de l’autre. Bien sûr. Et cela prime sur tout. Violer l’autre, en particulier son conjoint, c’est un petit peu le tuer. Ce ne peut être acceptable.
- Certains parlent de « devoir conjugal », le seul « devoir conjugal » c’est de s’aimer l’un l’autre dans le couple, comme Christ nous a aimé. (Jean 15:12)
- Certains expliquent que le rapport sexuel est un élément essentiel pour bâtir un « vrai » couple, où les conjoints peuvent communier l’un à l’autre, les cinq sens étant mis à contribution. C’est vrai pour bien des couples. Mais ce n’est absolument pas le cas quand un rapport sexuel est plus ou moins imposé à l’autre, au contraire, il n’y a rien de plus ennemi du couple que cela. Comme une négation de l’autre atteignant ses cinq sens. Le couple se soude, se construit et évolue dans le respect de l’autre, c’est la base de la base. Pour celui qui ne veut pas de relation sexuelle, ou pas comme cela, pas si souvent, ou jamais : il doit le dire honnêtement, simplement, directement, doucement et gentiment. Mais sincèrement. Il n’y a même pas à en être désolé ni à s’excuser : on n’a pas à être désolé d’être soi. L’essentiel dans le couple est d’être sincère et authentique avec l’autre. La base de cela est le respect de soi-même, c’est ce qui permet d’être plus en forme, et donc plus en forme aussi pour de bonnes et belles relations avec l’autre. C’est pourquoi Jésus dit qu’il est bon d’aimer son prochain comme soi-même » : on ne peut aimer son prochain si l’on ne se respecte pas soi-même, ce qui impose de ne pas se laisser abîmer.
- Certains disent que le respect est dans les deux sens, qu’il veut bien respecter en ayant des rapports sexuels moins souvent, mais que l’autre doit aussi respecter son désir de sexe. Ce n’est pas exact : car les choses ne sont symétrique, il est infiniment plus vivable de se passer de sexe quand on en a envie que d’en subir quand on n’en a pas envie. Si le conjoint qui n’est pas trop amateur de sexe choisit d’offrir cette activité récréative à son conjoint, c’est sympa, mais ça doit partir du cœur avec la joie d’offrir un cadeau à l’autre, mais cela ne doit pas être avec un esprit de sacrifice, et encore moins une concession forcée.
Il y a bien d’autres façons de vivre une tendresse dans le couple, et ces autres façons sont à cultiver sans modération, au pas de l’autre : se prendre dans ses bras, se promener la main dans la main, faire la cuisine ensemble, parler, philosopher, rigoler ensemble, et pourquoi pas lire la Bible et débattre d’interprétations diverses, bricoler voire retaper une bicoque, s’inscrire dans un groupe de tango ou de rock acrobatique, de chasse aux champignons… ou toute autre activité tendre et sympa que l’on peut faire à deux.
Donc bravo et merci d’avoir posé la question, et d’arrêter de subir, et de chercher à bâtir un véritable couple, sur la base du respect.
Et merci pour les fiancés, car c’est une question qui a pu rester en suspend, question que nous abordons en général dans la préparation d’une cérémonie de mariage, en spécifiant que le couple a son sens en lui-même, et que les relations sexuelles sont une des façons d’être en relation dans le couple, si les deux conjoints en sont d’accord, et de la façon qui leur conviendra à tous les deux… Mais effectivement, il est bon que cela soit discuté avant le mariage, en encore après !
Amitiés & vraiment, bon courage.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
PS. Voir aussi, si vous le voulez : « La Bible permet elle le viol conjugal ?«
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Votre réponse est vraiment très intéressante et riche de pistes de discussion pour les couples en préparation au mariage et tous les autres couples…
Je ferai juste une petite remarque, vous êtes parti sur cette hypothèse que le conjoint de la personne qui a écrit la forçait à des rapports non consentis, ce qui peut être le cas. Mais il y a aussi l’hypothèse que, par conviction religieuse, cette personne pense qu’il n’est pas bon d’avoir une vie sexuelle hors acte de procréation, et essaie d’en convaincre son conjoint… C’est une vision possible de la sexualité dans le couple, mais il est important que les deux partenaires soient d’accord et ne souffrent pas de cette décision…
Vous avez raison, il y a différentes raisons qui peuvent conduire une personne à ne pas désirer des relations sexuelles : un manque de goût à cela, un blocage, une souffrance physique, une blessure psychologique, une fatigue, une conviction morale… cela appartient de toute façon à la personne.
Il y a des couples aussi où c’est la femme qui demande un peu plus de relations sexuelles. Mais si l’ homme n’a aucun désir, elle ne peut rien en obtenir. A-t-on déjà mesuré cette souffrance car la fidélité et l’amour pour le conjoint peut entrainer une épreuve telle que jeûner.
Bravo pour cette réponse complète et sans tabou. Espérons qu’elle ne soit pas lue uniquement par les victimes (femme ou homme).
Hélas, il y a encore bien du chemin à faire, y compris au niveau législatif. En France, par exemple, si la notion de viol conjugal est effectivement reconnue par la loi (mais ce n’est pas si vieux), il existe encore des cas de jurisprudence où un divorce pour faute est prononcé en cas d’absence prolongée de relations sexuelles. Cela n’aide pas à faire évoluer les mentalités.
Formidable . J’ai 76 ans , maintenant , et j’ai dû lutter avec les deux compagnons avec lesquels j’ai vécu , pour ne pas me laisser abîmer , réduire, de cette façon . Merci pour cette réflexion qui conforte et libère .