Comment concilier ces deux traditions et mon vécu (évangélique et protestant) et que je continue à avoir de bonne relation avec le corps de Christ dans son ensemble?
Question posée :
Bonjour
Il y a de cela 20 ans, j’ai vécu une forte expérience et un contact de proximité avec Dieu extraordinaire suite à une conversion. J’avais alors environ 25 ans et me suis senti attiré par Dieu et le cadeau de la repentance.J’ai ensuite cheminé une vingtaine d’années en église évangélique pensant que c’était la seule voie valable.
Puis la pandémie est passée par là et j’ai commencé à écouter les cultes en ligne de la paroisse de ma région.À l’époque, je fréquentais deux églises : une église évangélique fréquentée par des jeunes dont les rencontres avaient lieu le soir et j’allais à l’église protestante le matin où il y a une majorité de personnes âgées.
J’ai ensuite arrêté complétement de fréquenter cette église évangélique, car les réunions du soir ne me convenaient plus.Je me suis inscrit dans la tradition protestante de mes parents et suis maintenant lecteur au culte et délégué régional pour ma paroisse.
J’ai trouvé chez les protestants une foi tout aussi vivante que chez les évangéliques.J’ai toujours aimé le culte et les moments de sainte cène sont des moments que j’apprécie particulièrement.
Aujourd’hui, j’ai de la peine à ne pas être critique vis-à-vis des évangéliques fondamentalistes ayant connu l’abu spirituel dans ce milieu vers l’âge de 30 ans. Malgré cela, la peur de me tromper m’a fait continuer dans cette tradition encore un moment, jusqu’à ce que je prenne un virage à 180° et que je retrouve une paix avec moi-même, osant être moi, car cette parole a résonné en moi : je t’aime tel que tu es !
Comment concilier ces deux traditions et mon vécu pour que ça se passe au mieux et que je continue à avoir de bonnes relations avec le corps de Christ dans son ensemble ? J’ai compris que chacun avait son cheminement spirituel et qu’il n’était pas à juger. Néanmoins, je reste critique par rapport à la chose que j’ai vécue et à la brique qu’on aurait voulu faire de moi plutôt que d’une pierre vivante !
Réponse d’un pasteur :
Cher Fabien
Votre itinéraire montre un véritable attachement à Dieu, et une belle intelligence de ce qui distingue la foi et la religion. Les religions et les Églises sont des moyens élaborés pour nourrir notre cheminement de foi d’une belle façon. C’est beaucoup, et en même temps, c’est bien peu de chose par rapport à la foi, la relation à Dieu (ou à la recherche de Dieu). Les églises sont pour notre foi comme des salles de gym pour la santé de notre corps. À chacun de discerner quel exercice est bon pour son propre cheminement, quel exercice est par contre nocif pour nous (il est peut-être bon pour une autre personne).
L’essentiel reste effectivement à entretenir votre foi vivante, avec cette bénédiction que vous avez reçue d’avoir une expérience spirituelle forte (il y a des personnes excellentes à qui ça n’arrive pas, ou de façon plus diffuse). Et l’essentiel, ensuite, est d’avoir une part collective de notre pratique religieuse, comme vous le dites, afin de nous sentir membres du corps du Christ.
Quelle église ? Celle qui vous correspond le mieux à vous, en ce moment. Comme votre cheminement le montre très bien, nous pouvons avoir eu besoin et énormément reçu à tel moment de notre vie de telle ou telle église, puis d’avoir besoin d’autre chose plus tard dans sa vie et de s’orienter vers une autre église. Certains gardent une double attache : je connais des catholiques très engagés qui participent régulièrement au culte protestant par intérêt pour la prédication, et qui le reste du temps sont engagés dans leur paroisse catholique. Dans le domaine de la religion, il convient d’être pratique : la bonne église, la bonne paroisse pour moi : c’est celle qui me fait aujourd’hui avancer.
L’idée que vous pourriez vous tromper en passant à une autre église me semble être un reste du traumatisme des abus spirituels que l’on vous a fait subir. L’essentiel n’est pas d’être de telle ou telle église, d’avoir telle ou telle doctrine, ni de pratique religieuse. Jésus n’a jamais dit un mot là-dessus. L’essentiel est d’être en Christ, de vivre la confiance en Dieu, nous aimant tels que nous sommes, de faire ensuite comme on peut, les fruits et le cheminement seront encourageants.
D’ailleurs, le Christ n’a pas fondé une secte : nous le voyons souvent aider une personne puis lui dire : tu peux aller librement en paix, sans enchaîner la personne dans un club bien serré de personnes autour de lui. La personne est libérée, rendue autonome dans sa foi, dans sa propre vision, son propre cheminement. L’essentiel de l’essentiel, pour Jésus, est d’aimer Dieu, d’aimer comme nous le pouvons notre prochain, et d’arriver à nous aimer nous-mêmes par la grâce de Dieu. Il n’a pas donné des il faut croire ceci et pas cela, il a appelé à la foi, c’est-à-dire à une relation sincère, personnelle.
Maintenant, l’important, ce n’est pas tant l’Église, c’est vous. L’idéal (et vous me semblez bien dans cette voie), serait de garder en vous l’engagement spirituel vibrant des « évangéliques » et l’ouverture, le sens de la nuance, la réflexion théologique libre et nourrie chère aux « protestants ». C’est génial de vivre ainsi le meilleur des deux mondes. Et je connais des personnes comme cela. Cela personnes sont souvent engagées d’une très belle façon dans l’église.
Cela ne convient pas à tout le monde, et ne semble peut-être pas pour vous puisque vous avez souffert de certains aspects de votre ancienne église, mais certaines personnes arrivent à fréquenter de façon positive deux églises différentes à la fois, bénéficiant ainsi du meilleur de chacune.
Mais en tout cas, vous gardez le meilleur dans votre cœur et dans votre foi de ce que vous avez vécu là-bas, et cela c’est une partie de votre trésor, et vous n’avez pas à le renier, au contraire c’est un sujet de louange, que vous pouvez enrichir et approfondir maintenant en travaillant dessus d’une nouvelle façon.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
Réponse de la personne :
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me répondre et d’éclairer mon chemin de foi avec cette réponse et y avoir vu que je m’étais accroché à Dieu malgré tout, car je n’ai pas un chemin de foi et une vie toute facile. Comme vous avez si bien pu le ressentir, j’ai persévéré et appris énormément de choses.
Ma confiance en Dieu a augmenté aussi fortement que je le prie ou ne le prie pas : il est là présent fidèle.
Merci d’avoir répandu ainsi un chemin de réconciliation possible et de paix.
Merci pour vos prédications et votre ouverture.
Que Dieu vous inspire encore de nombreux messages et de prédications comme autant de cadeaux venus du ciel !
Salutations en Jésus le Christ.
Réponse du pasteur :
Très très sympa ! Merci pour vos encouragements.
Bonne route. N’ayez pas peur, comme le dit Jésus, comme le dit Dieu dans bien des rencontres.
Il vous bénit et vous accompagne
par : pasteur Marc Pernot
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- « L’Éternel fait de toi sa plus grande joie » (Sophonie 3:17)
De tout coeur avec cette approche ! Merci Mr le Pasteur.
Jésus n’a pas indiqué de pratique religieuse ?!
Je ne sais pas ce que vous appelez « pratique religieuse « , mais quand il dit, après avoir partagé le pain et le vin, » vous ferez ceci en mémoire de moi », il me semble que c’est bien l’indication d’une pratique à respecter. Entre autre exemples.
A quoi se rapporte le « faire ceci en mémoire de moi » ? C’est de donner sa vie pour ceux que l’on aime. C’est aussi de penser à cela chaque fois que l’on mange du pain et chaque fois que l’on boit, c’est une ascèse quotidienne. C’est précis »ment faire de notre vie entière une recherche de fidélité à Christ. C’est tout autre chose que de la religion religieuse.
Pour ce qui est du baptême avec de l’eau, on sait que Jésus ne baptisais pas comme cela, mais baptisait d’Esprit Saint, ce qui n’est pas une pratique religieuse mais une ouverture spirituelle.
Jésus n’a pas organisé non plus de chapelle où il y aurait eu un culte spécifique. Jésus était pratiquant avec souplesse de la synagogue et du shabbat, très très souples sur les pratiques religieuses autres (ablutions, jeûnes).
Mais c’est vrai que c’est bon de nous donner une pratique religieuse, c’est une façon de nous entraîner, et c’est pourquoi nous développons, nous, des exercices utiles pour favoriser notre cheminement.
« Quelle Eglise ? Celle qui vous correspond le mieux à vous, en ce moment. Comme votre cheminement le montre très bien, nous pouvons avoir eu besoin et énormément reçu à tel moment de notre vie de telle ou telle Eglise, puis d’avoir besoin d’autre chose plus tard dans sa vie et de s’orienter vers une autre Eglise. Certains gardent une double attache: je connais des catholiques très engagés qui participent régulièrement au culte protestant par intérêt pour la prédication, et qui le reste du temps sont engagés dans leur paroisse catholique. Dans le domaine de la religion, il convient d’être pratique: la bonne Eglise, la bonne paroisse pour moi: c’est celle qui me fait aujourd’hui avancer. »
Tous les chrétiens appartiennent au Christ Jésus.
C’est lui qui met sa lumière sous nos pas et nous permet de cheminer dans l’amour de Dieu et de notre prochain.
Sur cela, nous sommes en accord!
Alors, voyons tout ce qui nous rapproche plutôt que tout ce qui nous sépare et que l’Esprit de Paix et d’amour nous conduise tous au salut et à la vie éternelle. C’est pour cela que Jésus est mort, par amour pour nous. Pour nous sauver de la mort éternelle! Bonne soirée à tous!
Oui, d’accord avec vous mais en n’oubliant pas qu’on n’est pas chrétien tout seul dans son coin et que l’ Église est le Corps vivant du Christ
C’est vrai. C’est pourquoi il me semble essentiel d’aller rejoindre à son rythme d’autres croyants, et donc telle ou telle église qui est la plus propre à nous faire avancer. Voire deux églises particulières, éventuellement.
L’Eglise est le corps vivant du Christ. L’Eglise avec un E majuscule c’est à dire l’ensemble des personnes que Dieu reconnaît comme ses enfants (c’est à dire l’humanité entière, je pense).
Cette phrase m’interpelle : « Et l’essentiel, ensuite, est d’avoir une part collective de notre pratique religieuse, comme vous le dites, afin de nous sentir membres du corps du Christ. »
Si le corps du Christ est l’humanité entière, ce à quoi j’adhère totalement, il me semble alors que se sentir membre de ce corps, c’est se sentir réellement concerné par l’autre, justement lorsque cet autre est différent de moi. Alors que la pratique religieuse collective, qui peut être effectivement extrêmement enrichissante, rassemble essentiellement des personnes de même sensibilité, et en y participant, on se sent davantage membre d’un club. Et parfois même, en y participant, on se sent précisément exclu de ce club.
Complètement d’accord avec vous, Pascale. C’est pourquoi j’insiste sur le fait que le corps du Christ c’est l’humanité et pas seulement mon petit club de chrétiens de ma sensibilité ou de mon coin. Ce petit club est un lieu de ressourcement, une salle de musculation, une table de salle à manger. C’est pour prendre quelques forces en vue d’être plus en forme dans la vraie vie, dans le monde, et dehors de mon club.