21 mars 2024

Extrait de la couverture du tome 1/6 de la Bible en manga, par Ryo Azumi aux éditions Blf Europe.
Bible

Comment comprendre ce passage de la Bible où Hénoc est dit « tellement aimé de Dieu » qu’il l’enleva ?

Question posée :

Bonjour,
mon fils de 8 ans lit un manga sur la bible « Manga la mutinerie » sur l’Ancien Testament et il me lit ce récit tiré de la génèse 4 : 25 à 6 : 6 « Adam et Eve eurent un fils Seth qui eut lui-même des petits enfants dont l’un Hénoc qui était tellement proche de Dieu qu’un jour Dieu l’enleva de la terre pour le prendre auprès de lui ».

Pouvez-vous m’expliquer cela car je ne le comprend pas et mon fils non plus ? Pourquoi Dieu enlève-t’il une de ses créations si proche de lui ????

Merci pour votre réponse

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Bravo de vous intéresser à la Bible, vous et votre fils ! Cette bande dessinée m’a l’air de ne pas avoir peur d’illustrer des textes de la Bible assez difficiles. Bravo à votre fils de se poser des questions et de les poser, cela veut dire qu’il a bien saisi qu’il y a quelque choses derrière ces textes qui est à saisir. À 8 ans ! Champion. Bravo à son papa. Je ne connaissais pas cette bande dessinée (la Bible en manga par Ryo Azumi, 6 tomes, 1600 pages, traduit en des dizaines de langues).

C’est bon en soi de se poser des questions, de chercher à comprendre. Même si l’on n’a pas toutes les réponses, même s’il y a bien des façons de comprendre ces textes : ils sont faits pour que l’on se pose des questions, et que grâce à eux nous nous posions des questions sur notre existence en ce monde et sur Dieu, sur ce qu’il nous offre et nous propose… Mais parfois il est pas mal quand même d’avoir des réponses possibles, ce qui permet ensuite de chercher ses propres réponses.

En ce qui concerne ce textes de la Genèse, il est déjà bon de noter que la plupart des théologiens catholiques et protestants les considèrent comme des contes théologiques, au moins jusqu’à Abraham, et sans doute jusqu’à la suite de l’histoire, jusqu’à David…

Par conséquent, ces personnages parlent de nous, de ce qui nous arrive. En chacun de nous il y a de l’Adam & Ève, du Caïn et Abel, du Noé, de l’Abraham, du Moïse… et donc de l’Hénoc, héros de l’histoire que lit votre fils.

Que Hénoc soit une figure de nous-mêmes, c’est ce que dit également la lettre aux hébreux dans le nouveau testament, texte qui a inspiré la bande dessinée de votre fils, la lettre aux Hébreux nous propose ainsi une interprétation du texte de la Genèse : « C’est par la foi qu’Hénoc fut enlevé pour qu’il ne voie pas la mort, et il ne parut plus parce que Dieu l’avait enlevé; car, avant son enlèvement, il avait reçu le témoignage qu’il était agréable à Dieu. » (Hébreux 11:5)

Hénoc est ainsi considéré comme un exemple de la foi, et l’histoire d’Hénoc est écrite comme une promesse de ce qui nous arrive de bon venant de Dieu.

J’interpréterais par exemple ce récit en disant que, par la foi :

  • nous recevons une vie qui vient de Dieu,
  • une vie qui nous élève, qui nous permet de voir les choses de plus haut, avec un point de vue non seulement « au raz des pâquerettes », au niveau matériel, superficiel, mais au point de vue spirituel, voyant le cœur et non seulement l’apparence, voyant le meilleur devenir possible et non seulement le présent…
  • cette élévation ne vient pas de nous, même si c’est notre foi. Mais ce verbe étant au passif « fut enlevé », cela montre que cela vient de Dieu, et donc que malgré nos forces limitées, il suffit de nous ouvrir à ce salut qui vient de Dieu.
  • ce salut non seulement donne une vie de qualité supérieure, spirituelle, mais cette vie est également éternelle, ne voyant pas la mort, surpassant non seulement la mort de notre corps (ce n’est pas la question pour aujourd’hui, et on n’est pas pressé), mais aussi la mort en ce temps : le découragement, la fermeture du cœur, l’absence d’une bonne dynamique dans notre vie,
  • Il ne parut plus, il disparut ? Cette qualité est plus difficile à interpréter. Peut-être pourrait-on dire que l’on ne peut pas réellement voir la partie spirituelle d’une personne, sa vie de foi. Elle transparait dans sa vie, mais la réalité même de sa foi, de son âme ne peut être saisie par les autres, et la personne elle même a du mal à l’expliquer. Comme parle de choses inexprimables (2Co 12:4).
  • Et à la base, ce qui a rendu Hénoc capable de cette foi qui l’a ouvert à Dieu, c’est le fait d’apprendre que Dieu l’aimait. C’est la base même du message de l’Évangile du Christ, c’est le sens même de l’épisode terrible de la croix  du Christ : une preuve d’amour pour nous.

Paul essaye d’exprimer une expérience mystique qu’il a eu, et il en parle aussi comme s’il avait élevé au ciel :

Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu’au troisième ciel (si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne sais, Dieu le sait). Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis, et qu’il entendit des paroles merveilleuses qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer. (2 Corinthiens 12:2-4).

Finalement, ce passage un peu mystérieux sur Hénoc peut être rapproché de ces versets bien connus de l’Évangile selon Jean, où Jésus dit :

  • « Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. » (Jean 3:7-8).
  • « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3:16).
  • « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui a foi en moi (ou par moi) vivra, même s’il meurt; et quiconque vit et a foi en moi ne mourra jamais. As-tu foi en cela? » (Jean 11:25-26).

Jean a choisi souvent de parler de façon plus théologique et philosophique que des récits fantastiques comme celui d’Hénoc, cette façon de parler est parfois préférée par certains. Mais il est intéressant qu’il y ait dans la Bible de multiples façons de présenter les choses, et présenter ces questions théologiques et existentielles sous forme de récit n’est pas non plus inintéressant, cela nous dit que ce sont des réalités dont nous pouvons composer une histoire : une histoire vraie, celle de notre propre vie.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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