un homme au sommet d
Développement

Comment avancer avec ces doutes qui me torturent dans mon besoin de foi ?

Par : pasteur Marc Pernot

un homme au sommet d'une montagne devant un ciel nuageux - Image par Free-Photos de Pixabay

Il est vrai que la plupart du temps, on est en train de simplement chercher la force du pas suivant. Quand parfois nous ressentons la joie d’un sommet, c’est pour quelques instants. Tout cela est normal, sain, vivant.

Question posée :

Bonjour Marc.

Ma question est celle-ci:
Que pensez-vous du fait de FAIRE LE CHOIX de croire sans croire ?

C’est à dire décider de placer son énergie dans l’espoir malgré la « non-croyance » dans une religion.
Suivre le message du Christ par les actes, par la bienveillance, suivre un culte pour rester organisé et mobilisé intérieurement tout en sachant que je fais ce choix presque par fainéantise vu le nombre de religions proposant ce chemin vers le bien.

Je vois autour de moi débattre par tel et tels arguments pour affirmer sa religion.
Je ne comprends pas cela.
Néanmoins, je comprends que l’intellect a sa place mais c’est cet intellect qui me fait totalement douter d’une religion qui me serait adaptée plus qu’une autre.

Comment rester serein intérieurement quand ces doutes sont présents ?
Sur mon éventuel lit de mort, comment être fort face à ma fin certaine si le doute est si fort.

La discipline, malgré sa force, me semble bien limitée pour ressentir le souffle de la vie.
Néanmoins, se  » laisser aller » conduit parfois à des actes qui peuvent nuire.

Pour une personne comme moi issue d’une famille athée, déstructurée, violente, je ressens à la fois le manque de repère et le désir d’en construire un, sur un plan intime et donc spirituel.
Évidemment, je cherche une constance que je n’ai jamais eu.
Ces doutes, donc, pour le moment, me torturent dans mon besoin de foi.

Merci Marc de m’avoir lu et d’avance pour votre bienveillance.
La paix sur vous.
Bonne journée.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Personnellement, je ne « crois » pas en une religion. Je pratique à ma façon et à mon rythme parce que je pense que cela m’aide à avancer. Le fait qu’il y ait mille religions différentes est une richesse. Il y a aussi mille sports différents et c’est aussi une richesse, et ne contredit pas le fait que pratiquer un sport est meilleur pour la santé que de ne pas bouger. À condition de faire un sport qui nous correspond et d’une façon adaptée, c’est la même question en ce qui concerne la religion.

Ensuite, je comprends qu’un passionné de la pratique de l’alpinisme, ou de la voile en parle avec force et avec émotion. C’est formidable. Et cela ne veut pas dire que tous ceux qui ne pratiquent pas le même sport passeraient à côté de la vraie vie. Cela peut donner à d’autres personnes envie de se passionner aussi pour quelque chose, sentant que la passion rend la vie plus vivante. Mais ça peut être une passion pour la poésie de Baudelaire et de la marche à pieds. Il en est de même pour la religion, si un collègue témoigne de sa foi de façon passionnée, c’est génial, s’il projette l’idée que seules les personnes qui appartiendraient à sa chapelle sont dans le bien, là, oui, cela devient lourd, pénible et nocif.

Il y a doute et doute.
Il y a un doute nocif, c’est quand on se met à douter que nous serions une personne nulle, que nous nous mettrions à douter du fait que vivre est une bonne chose, douter de notre dignité, douter du fait qu’il soit bon de faire le pas suivant pour approfondir, nous élever, pour aimer et espérer. Là oui, cela devient dangereux. Si c’est de la dépression, cela se soigne et il est possible d’aller vers du mieux. Si c’est un refroidissement spirituel, il suffit de persévérer dans l’étude et la prière, c’est normal quand on franchit un palier, une étape dans notre foi. Si c’et dansune situation de vie objectivement difficile il est bon de se battre sur ce domaine tout en gardant fortement la dimension spirituelle et relationnelle avec les gens autour pour tenir bon.
Si c’est un doute quant aux croyances, à la religion, aux rites, c’est une bonne chose, car c’est ainsi que l’on avance, progresse, affine notre pensée et nos pratiques. Là est un excellent doute, comme pour la science, il est bon de bâtir sur les acquis et d’avancer par une remise en cause (et donc des doutes) à la marge des modèles. L’acquis fondamental dans l’Evangile du Christ, à mon avis, c’est la confiance en Dieu. Il nous aime et sa bienveillance nous est assurée envers et contre tout. Nous pouvons dont tout lui dire, il est fidèle et sûr.
Il est vrai que certaines personnes peuvent ressentir une expérience mystique, un souffle d’amour et de vie. Même les plus grands mystiques ne sont pas branchés tous les jours sur la haute tension, ce ne sont que quelques instants exceptionnels sur une vie entière. Ceux qui ont vécu de genre d’expériences vives ne l’on vécu qu’une seule fois dans leur vie et cela leur suffit, comme Blaise Pascal ou l’apôtre Paul. Une bonne part des croyants que je connais n’ont pas vécu d’expérience spectaculaire comme cela. Ce qui n’empêche pas de ressentir que le fait de prier, de chercher Dieu régulièrement, donne à leur vie un souffle tout à fait essentiel.Peut-être que vous faites partie de ces personnes là, ce qui n’a rien de honteux, rien de diminué par rapport aux autres personnes, chacun sa façon d’être. Et c’est bien comme ça. Rien d’inquiétant ou d’anormal.

Comme souvent, l’essentiel est dans le fait de cheminer, et de cheminer vers le haut, vers le mieux, vers le bien, le bon et le lumineux, vers ce qui se passionne et qui aime les personnes et la vie, et notre personne et notre vie.

Donc oui à ce que vous proposez, bien sûr. C’est une hygiène de vie, un exercice et de bons gestes pour les autres et de recherche spirituelle. J’ajouterais seulement la prière intime, personnelle. Même si vous doutez de Dieu, bien sûr.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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