
De la nature des choses (Prière de Lucrèce, poète et philosophe latin)
Bien sûr, cette prière n’est pas chrétienne, elle n’est pas biblique non plus : elle est de Lucrèce, un poète et philosophe latin du Ier siècle avant Jésus-Christ et disciple d’Épicure. Il n’y aurait pas grand chose à faire pour transformer ce texte en prière à Dieu, ou un hymne au Christ. Cela peut nous aider à comprendre comment la foi chrétienne a trouvé un si prodigieux écho dans la société greco-latine. Et cela peut nous aider à ne pas bouder la culture, bien sûr. A en reconnaître ce qui est inspirant.
Toi qui le premier, au fond d’affreuses ténèbres,
as brandi un si lumineux flambeau
pour nous révéler les vrais biens de la vie,
Je te suis, ô gloire de la Grèce,
et j’ose aujourd’hui poser mes pas dans tes pas,
non que je veuille devenir ton rival,
mais plutôt parce que ton amour
me guide et m’exhorte à t’imiter.
L’hirondelle ose-t-elle défier les cygnes,
les chevreaux aux membres tremblants pourraient-ils lutter à la course avec le cheval fougueux ?
Toi, père, qui es l’initiateur, tu prodigues à tes enfants de sages leçons ;
c’est dans tes traités, maître glorieux,
que semblables aux abeilles butinant çà et là parmi les fleurs des prés,
nous allons cueillir nous aussi, pour nous en repaître,
des paroles d’or, oui, d’or vraiment,
et telles qu’il n’en fut jamais de plus dignes d’une vie éternelle.
À peine ta sagesse a-t-elle commencé à proclamer avec puissance
un système de la nature né de ton divin génie,
aussitôt s’évanouissent les terreurs de l’esprit,
s’écartent les murailles du monde ;
je vois à travers le vide immense les choses s’accomplir…
Lucrèce, De Rerum Natura, début du livre 3)
NB. L’image est extraite d’un portrait de Victor Hugo par Auguste Rodin (1885), Metropolitan Museum of Art, New York.
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