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Actualité - opinion

Poèmes spirituels sur la liberté, merci pour vos partages, voici vos perles rares

Pour un concert spirituel, j’ai fait appel aux visiteurs du site de m’envoyer leur choix de poèmes sur le thème de la liberté. J’ai reçu ces propositions qui m’ont émerveillé, touché. En votre nom, je remercie immensément les personnes qui ont envoyé des textes. C’est un beau cadeau.

Nous remercions bien entendu les auteurs pour cette sensibilité extralucide qui est là leur, et qu’ils expriment. Chaque poème est un accouchement. C’est un travail qui donne la vie.

Les poèmes

David, Psaume 124, Psaume des montées

Psaume des montées : pour une élévation de la pensée, des sentiments, de la foi et de la vie tout entière.

Sans l’Éternel qui était pour nous
– Qu’on se le dise –
sans L’Éternel qui étais pour nous
quand des hommes nous assaillirent
alors ils nous avalaient tout vivants
dans le feu de leur colère

Alors le flot passait sur nous
le torrent nous submergeait
alors nous étions submergés
par les flots en furie

Béni soit L’Éternel
qui n’a pas fait de nous
la proie de leurs dents !

Comme un oiseau, nous avons échappé
au filet de l’oiseleur
le filet s’est rompu
nous avons échappé

Notre secours est Le nom de l’Éternel
qui a fait le ciel et la terre !

David, poète et roi d’Israël
début du Xe siècle av. J.-C.

Saint Augustin, Aime et fais ce que tu veux

Le thème central de la Lettre de Jean que commente ici Saint Augustin est l’amour : celui de Dieu qui fonde notre liberté puisqu’il n’y a plus de menace, plus de peur. Chacune et chacun est appelé à discerner par soi-même ce qui est juste et bon :

Une fois pour toutes, ce bref commandement t’est donné :
Aime et fais ce que tu veux.
Si tu te tais, tais-toi par amour
Si tu parles, parles par amour
Si tu corriges, corriges par amour
Si tu pardonnes, pardonne par amour.

Aie au fond du cœur la racine de l’amour,
de cette racine, il ne peut sortir que du bien.

En cela consiste l’amour : Dieu a fait paraître son amour pour nous, en envoyant son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.

Et voilà en quoi consiste cet amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés le premier.

Augustin d’Hippone dit Saint Augustin (354-430)
(philosophe et théologien chrétien amazigh)

François Villon, La Ballade des Pendus

Il y a ici une recherche de délivrance spirituelle, la liberté ultime, que Villon compose dans l’attente de son exécution (qui n’aura finalement pas lieu)

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesse nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à jouer.
Ne soyez donc pas de notre confrérie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon (1431-1463)

Agrippa d’Aubigné, Liberté douce et gracieuse

Ce poème illustre la valeur inestimable de la liberté, même pour les plus petits êtres. Il reflète également les sentiments de l’auteur, protestant engagé, face aux oppressions de son époque.

Liberté douce et gracieuse,
Des petits animaux le trésor,
Ah liberté, combien es-tu plus précieuse
Ni que les perles ni que l’or !

Suivant par les bois à la chasse
Les écureuils sautants, moi qui étais captif,
Envieux de leur bien, leur malheur je pourchasse,
Et en pris un entier et vif.

Je le mis en cage dorée,
Le nourris de noisettes et de lait,
Mais il pleurait sa liberté adorée,
Et refusait tout ce qu’il avait.

Un jour, la porte ouverte, il s’élance,
Retrouve les arbres et le ciel,
Et moi, je reste en ma souffrance,
Captif de murs, de chaînes et de fiel.

Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630)
(écrivain et poète protestant)

Laurent Drelincourt, Consolation du Prisonnier

A l’heure où les persécutions contre les protestants de France augmentent, malgré l’Edit de Nantes, Laurent Drelincourt, pasteur et poète, évoquent les prisonniers pour leur foi, et la liberté intérieure.

Portes, Grilles, Verrous, Gardes, Captivité ;
Ténèbres, Solitude, Efroy, Chagrin, Soufrance ;
Puis-que j’ay, dans les Fers, un Cœur en Liberté,
En-vain vous-vous joignez, pour vaincre ma Constance.

L’Espoir, dans mes Ennuis, se tient à mon côté :
La Foy, dans mes Combats, me remplit d’Assurance :
Jésus est mon Soleil, dans mon Obscurité ;
Et les Anges des Cieux veillent pour ma Défense.

Que la Terre, & l’Enfer, m’oposent leurs Efors ;
Enfin, je sortiray de la Prison du Corps :
Douce Mort, tu viendras m’en ouvrir le Passage.

Tu froisseras mon Corps, d’un bras oficieux :
Et telle qu’un Oiseau, dont on brise la Cage,
Mon Ame, en s’échappant, volera dans les Cieux.

Laurent Drelincourt (1626-1680)
(pasteur et poète)

Victor Hugo, Stella

Je m’étais endormi la nuit près de la grève.
Un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve,
J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain
Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
Aquilon s’enfuyait emportant la tourmente.
L’astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C’était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l’écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle.
Il faisait nuit encor, l’ombre régnait en vain,
Le ciel s’illuminait d’un sourire divin.
La lueur argentait le haut du mât qui penche ;
Le navire était noir, mais la voile était blanche ;
Des goëlands debout sur un escarpement,
Attentifs, contemplaient l’étoile gravement
Comme un oiseau céleste et fait d’une étincelle ;
L’océan, qui ressemble au peuple, allait vers elle,
Et, rugissant tout bas, la regardait briller,
Et semblait avoir peur de la faire envoler.
Un ineffable amour emplissait l’étendue.
L’herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue,
Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur
Qui s’éveillait me dit : c’est l’étoile ma soeur.
Et pendant qu’à longs plis l’ombre levait son voile,
J’entendis une voix qui venait de l’étoile
Et qui disait : – Je suis l’astre qui vient d’abord.
Je suis celle qu’on croit dans la tombe et qui sort.
J’ai lui sur le Sina, j’ai lui sur le Taygète ;
Je suis le caillou d’or et de feu que Dieu jette,
Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.
Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.
Ô nations ! je suis la poésie ardente.
J’ai brillé sur Moïse et j’ai brillé sur Dante.
Le lion océan est amoureux de moi.
J’arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !
Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles !
Paupières, ouvrez-vous, allumez-vous, prunelles,
Terre, émeus le sillon, vie, éveille le bruit,
Debout, vous qui dormez ! – car celui qui me suit,
Car celui qui m’envoie en avant la première,
C’est l’ange Liberté, c’est le géant Lumière !

Les Châtiments, livre sixième, 1853.
Victor Hugo (1802-1885),
poète, romancier, dramaturge, homme politique français.

Esclaves afro-américains, Go Down Moses

Ce chant s’inspire de l’histoire de l’Exode 5:1 où Dieu envoie Moïse demander au Pharaon de libérer les Hébreux de l’esclavage en Égypte. Pour les esclaves afro-américains, cette histoire biblique résonnait profondément avec leur propre condition, pour inspirer leur aspiration à la liberté. Ce chant était bien plus qu’un simple cantique. Chanter « Go Down, Moses » était un acte de résistance et d’espoir. Voir Harriet Tubman (1822-1913 militante anti-esclavagiste, abolitionniste et antiraciste américaine)

Quand Israël était au pays d’Égypte,
Laisse partir mon peuple,
Opprimé si durement qu’il ne pouvait se tenir debout,
Laisse partir mon peuple.

Descends, Moïse,
Tout en bas au pays d’Égypte,
Dis au vieux Pharaon,
Laisse partir mon peuple.

Ainsi parla le Seigneur, dit Moïse hardiment :
Laisse partir mon peuple
Sinon je frapperai ton fils aîné,
Laisse partir mon peuple

Qu’ils ne peinent plus en esclavage,
Laisse partir mon peuple
Et qu’ils sortent avec ton butin,
Laisse partir mon peuple

Le Seigneur dit à Moïse ce qu’il fallait faire,
Laisse partir mon peuple
Pour conduire les enfants d’Israël en sûreté,
Laisse partir mon peuple

Ils marchèrent selon son ordre saint,
Laisse partir mon peuple
Et parvinrent au pays de Canaan,
Laisse partir mon peuple

Fuyons tous loin de la servitude,
Laisse partir mon peuple
Et trouvons notre liberté en Christ,
Laisse partir mon peuple

Ce chant est au moins connu depuis le milieu du XIXe siècle.
Il été rendu célèbre dans le monde entier par Louis Armstrong

Paul Claudel, Ce n’est pas assez encore !

Que m’importe la porte ouverte, si je n’ai la clef ?
Ma liberté, si je n’en suis le propre maître ?
Je regarde toutes choses, et voyez tous que je n’en suis pas l’esclave, mais le dominateur.
Toute chose
Subit moins qu’elle n’impose, forçant que l’on s’arrange d’elle, tout être nouveau
Une victoire sur les êtres qui étaient déjà !
Et vous qui êtes l’Être parfait, vous n ‘avez pas empêché que je ne sois aussi !
Vous voyez cet homme que je fais et cet être que je prends en vous.
Ô mon Dieu, mon être soupire vers le vôtre !
Délivrez-moi de moi-même ! Délivrez l’être de la condition !
Je suis libre, délivrez-moi de la liberté !
Je vois bien des manières de ne pas être, mais il n’ya qu’une manière seule
D’être, qui est d’être en vous, qui est vous-même !
L’eau
Appréhende l’eau, l’esprit odore l’essence.
Mon Dieu, qui avez séparé les eaux inférieures des eaux supérieures,
Mon coeur gémit vers vous, délivrez-moi de moi-même parce que vous êtes !
Qu’est-ce que cette liberté, et qu’ai-je à faire autre part ?
Il me faut vous soutenir.
Mon Dieu, je vois le parfait homme sur la croix, parfait sur le parfait Arbre.

Paul Claudel (1868-1965) poète français, dramaturge, essayiste,
diplomate français. Ici, apparemment assez habité.

Jean Alexandre, Repartir

Au bord des fleuves de Babylone
où nous sommes assis
faut-il chanter enchaînés ou pleurer
nous faudra-t-il danser

Sur les plages nues de servitude
où nous sommes assis
lequel de nous demain se lèvera
osera déserter

Au long des canaux d’obéissance
où nous sommes assis
enchaînés, quand poserons-nous les rames
qui va cesser d’avancer

Au fil des courants de déshérence
resterons-nous assis
la liberté, qui l’aime et qui la veut
qui voudra la goûter

Par les rivières de renaissances
aurions-nous réussi
savoureuse va s’inventer la vie
va remonter le cours

Jean Alexandre (né en 1937)
(poète et traducteur de la Bible)

Charles Le Quintrec, La Porte humaine

Ce poème est plein d’allusions bibliques.

Quand je me cloue contre moi-même
C’est toujours Dieu qui vit en moi-même
Le ciel n’a plus d’ombre, le ciel
A fait un grand signe de foi
Soleil de tête où l’homme boit
Le sang fabuleux du matin
Les gens sont vieux, les gens sont vains,
D’avoir rêvé chacun pour soi.

Sur le toit du monde miné
C’est un prisonnier qui s’échappe
Clous dans les mains, clous dans les pieds
Larron de Dieu, bête traquée
Mais les injures qui le frappent
L’empêcheront de s’évader.

Je suis parti comme un enfant
Qui met le feu à son village
Mauvais œil et tête d’orage
Je suis sorti de ma prison
Mais suis demeuré un esclave.
Prisonniers du monde et du temps
Dites-moi ce que vous fuyez
Pourquoi courir ? Pourquoi marcher ?
L’étape est au commencement.

La longue route du mal vivre
Charrie des cadavres ardents
Route de vent, route de givre
Et route de chiens vagabonds
Route aux jambes des mercenaires
Route de feu, route de guerre
Chaque croix fait un croisement
Sur cette route de misère.

Halte-là ! Le monde est fermé
Ne passeront que les enfants
Que chacun montre ses papiers
Et fasse le signe du sang
Qui veut s’évader doit prier
Semer le grain de sénévé
Parmi l’ivraie et le chiendent.
Les Temps obscurs, 1953.

Charles Le Quintrec (1926-2008),
écrivain et poète français chrétien.
Plein d’allusions bibliques.

Jacques Prévert, Page d’écriture

Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize…
Répétez ! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l’oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l’enfant le voit
l’enfant l’entend
l’enfant l’appelle :
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau !
Alors l’oiseau descend
et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre…
Répétez ! dit le maître
et l’enfant joue
l’oiseau joue avec lui…
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux
de toute façon
et ils s’en vont.
Et l’enfant a caché l’oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s’en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s’en vont également.
Et l’oiseau-lyre joue
et l’enfant chante
et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s’écroulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
l’encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.

Paroles, 1946.
Jacques Prévert (1900-1977),
poète français, auteur d’une poésie populaire au réalisme profond et à la spiritualité subtile.
Un pur génie.

René Char Qu’il vive

Une poésie de l’instant ultime, à chaque instant.
Ce texte ferait presque une prière de louange ?

Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.
La vérité attend l’aurore à côté d’une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu’importe à l’attentif.
Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.
Il n’y a pas d’ombre maligne sur la barque chavirée.
Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.
On emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.
Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n’avoir pas de fruits.
On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.
Dans mon pays, on remercie.

Les Matinaux, 1950.
René Char (1907-1988) poète français, participant au mouvement surréaliste, grand résistant,
ami d’Albert Camus et de Paul Veyne, de Picasso, Matisse, Giacometti, Braque et Camus.

René Char Liberté

Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l’issue de l’aube que le bougeoir du crépuscule.
Elle passa les grèves machinales ;
Elle passa les cimes éventrées.
Prenaient fin la renonciation à visage de lâche, la sainteté du mensonge, l’alcool du bourreau.
Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile où s’inscrivit mon souffle.
D’un pas à ne se mal guider que derrière l’absence, elle est venue , cygne sur la blessure par cette ligne blanche.

René Char, Seuls demeurent, 1962.

Pierre Emmanuel, Hymne de la liberté (extraits)

Ô mes frères dans les prisons vous êtes libres
Libres les yeux brûlés les membres enchaînés
Le visage troué les lèvres mutilées
Vous êtes ces arbres violents et torturés
Qui croissent plus puissants parce qu’on les émonde
Et surtout le pays d’humaine destinée
Votre regard d’homme vrai est sans limites
Votre silence est la paix terrible de l’éther.

Par dessus les tyrans enroués de mutisme
Il y a la nef silencieuse de vos mains
Par dessus l’ordre dérisoire des tyrans
Il y a l’ordre des nuées et des cieux vastes
Il y a la respiration des monts très bleus
Il y a les libres lointains de la prière
Il y a les larges fronts qui ne se courbent pas
Il y a les astres dans la liberté de leur essence
Il y a les immenses moissons du devenir
Il y a dans les tyrans une angoisse fatale
Qui est la liberté effroyable de Dieu.

Jours de colère, 1942.
Pierre Emmanuel (1916-1984), poète français d’inspiration chrétienne, résistant,
journaliste à Réforme, élu à l’Académie française en 1968. Il faut bien avoir un défaut.

Abdellatif Laâbi, Liberté

Ton nom peu importe
Dame-des-Douleurs dans l’absence torride
se dénudant
à l’aube incorruptible
fulgurante comme le sein impétueux de l’aimée
Peu importe ton nom
terre où vivre après le déluge du sang insomniaque
phénix migrateur
éparpillant les cendres de la mort lente
sur les champs magnétiques du souvenir
Ton nom peu importe
si tu es dégel d’aurores boréales
dans le rêve prémonitoire du prisonnier rebelle
si tu es cascade de fraîcheur
dans le désert des nuits claquemurées
Dame-des-Douleurs
Terre
Phénix migrateur pour toi relever
la tête face à la courbe de l’horizon restitué pour saluer ta résurrection secrète

Abdellatif Laâbi (né en 1942)
(poète et écrivain marocain)

 

Martin-Luther King, I have a dream

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.
Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.

Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.

Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté !”. Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.

Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’État de New-York !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado !
Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !
Mais cela ne suffit pas.
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Géorgie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee !
Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi !
Du flanc de chaque montagne, que sonne la cloche de la liberté !
Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque État, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres !”

Martin-Luther King (1929-1968)
pasteur et militant non violent pour les droits civiques
Extrait de « I have a dream » dit le 28 août 1963,
devant le Lincoln Memorial à Washington.

Andrée Chedid, Liberté

Je relève d’un pays où personne ne règne,
Traversé de crevasses et d’oiseaux.
La main trace l’avenir, le cœur ses extrêmes,
Un appel lui donne voiles, une grimace le ternit.
Je relève d’un pays sans fanion, sans amarre,
La mort a ses sentences comme ailleurs ;
Demain, son étendue ; le printemps, ses preuves.
Il s’y trouve partout d’endroit où se tenir.

Andrée Chedid (1920- 2011)
(écrivaine et poétesse franco-égypto-libanaise)

Andrée Chedid, Liberté

Tu existes pour agir
Devant toi les champs libres
Tu es faite Pour te dégager
De tout enfermement
Tu as nom
Liberté !

Andrée Chedid (1920- 2011)
(écrivaine et poétesse franco-égypto-libanaise)

 

Francine Carrillo, « Qui suis-je pour aller…? » (Exode 3, 11)

On se construit
en se cognant,

à des parents,
à des lois,
à des événements.

Apprendre
à ne pas esquiver
ce combat.

Nous y sommes
de toute façon envoyés
par la voix embuissonnée
dans les épines.

Celle qui a foi
en nous
jusqu’à faire taire
nos frilosités

quand il s’agit
de débusquer
la violence
dont nous sommes traversés.

On voudrait parfois
que l’appel se détourne
et nous rende
à la tranquillité d’être.

Mais la voix est là
qui fait corps
avec notre glaise.

On ne l’esquive pas
impunément
car c’est elle
qui veille sur notre liberté.

Francine Carrillo,Vers l’inépuisable
(théologienne et poète)

Jean Lavoué, Ce rien qui nous éclaire

Il y aura toujours un chemin
Pour nous mettre en chemin

Il y aura toujours un pas
Pour devancer l’autre pas

Il y aura toujours le chant
Qui monte de la terre

Il y aura toujours le souffle
Ignorant les frontières

Il y aura toujours une lumière
Au détour de la nuit

Il y aura toujours
A ne pas s’empêcher d’avancer

Jean Lavoué (1955-2024)
(poète et essayiste)

Textes propsoés par des visiteurs de jecherchedieu.ch, compilés par Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Sophie dit :

    Bonjour Monsieur Pernot, voici quelques suggestions de poèmes spirituels…au sens large. (Car la poésie ne l’est-elle pas fondamentalement?)

    1.
    Je relève d’un pays où personne ne règne,
    Traversé de crevasses et d’oiseaux.
    La main trace l’avenir, le cœur ses extrêmes,
    Un appel lui donne voiles, une grimace le ternit.
    Je relève d’un pays sans fanion, sans amarre,
    La mort a ses sentences comme ailleurs ;
    Demain, son étendue ; le printemps, ses preuves.
    Il s’y trouve partout d’endroit où se tenir.
    (Andrée Chedid, dans le roman « Le Message » à vérifier !)

    2.
    Tu existes pour agir
    Devant toi les champs libres
    Tu es faite Pour te dégager
    De tout enfermement
    Tu as nom Liberté !

    Andrée Chedid, inédit, pour Le Printemps des poètes, 2020

    3.
    Liberté

    Ton nom peu importe
    Dame-des-Douleurs dans l’absence torride
    se dénudant
    à l’aube incorruptible
    fulgurante comme le sein impétueux de l’aimée
    Peu importe ton nom
    terre où vivre après le déluge du sang insomniaque
    phénix migrateur
    éparpillant les cendres de la mort lente
    sur les champs magnétiques du souvenir
    Ton nom peu importe
    si tu es dégel d’aurores boréales
    dans le rêve prémonitoire du prisonnier rebelle
    si tu es cascade de fraîcheur
    dans le désert des nuits claquemurées
    Dame-des-Douleurs
    Terre
    Phénix migrateur pour toi relever
    la tête face à la courbe de l’horizon restitué pour saluer ta résurrection secrète

    — Abdellatif Laâbi (né en 1942)
    Recueil non renseigné

    4.
    « Qui suis-je pour aller…? »
    (Exode 3, 11)
    On se construit
    en se cognant,

    à des parents,
    à des lois,
    à des événements.

    Apprendre
    à ne pas esquiver
    ce combat.

    Nous y sommes
    de toute façon envoyés
    par la voix embuissonnée
    dans les épines.

    Celle qui a foi
    en nous
    jusqu’à faire taire
    nos frilosités

    quand il s’agit
    de débusquer
    la violence
    dont nous sommes traversés.

    On voudrait parfois
    que l’appel se détourne
    et nous rende
    à la tranquillité d’être.

    Mais la voix est là
    qui fait corps
    avec notre glaise.

    On ne l’esquive pas
    impunément
    car c’est elle
    qui veille sur notre liberté.

    Francine Carrillo
    Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
    Éditions Labor et Fides

    Et sinon:
    Sans être nommée de manière explicite, la liberté se sent dans les poèmes de Jean Lavoué , par exemple:

    5.
    Il y aura toujours un chemin
    Pour nous mettre en chemin

    Il y aura toujours un pas
    Pour devancer l’autre pas

    Il y aura toujours le chant
    Qui monte de la terre

    Il y aura toujours le souffle
    Ignorant les frontières

    Il y aura toujours une lumière
    Au détour de la nuit

    Il y aura toujours
    A ne pas s’empêcher d’avancer

    Salutations poétiques (d’une poète contemporaine!)

    1. Marc Pernot dit :

      Formidable ! Mil mercis !
      Marc

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