28 septembre 2018

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Écospiritualité

Jardiner, un acte de reliance avec la terre

Par : pasteure Anne-Christine Menu-Lecourt

 Image: 'Terrasses du château de Stolzenfels (XIXe), Coblence, Rhénanie-Palatinat, Allemagne.'  by Bernard Blanc 
 https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/50879678@N03/24227888156L’idée d’un jardin potager urbain autour des temples s’inspire du film « Demain » qui a enthousiasmé un grand nombre de personnes et redonné de l’espoir à celles et ceux qui se sentent impuissants face à la destruction de la planète.
Mais cette idée se fonde sur une réflexion théologique et spirituelle. En effet, pour nombre de théologiens et penseurs, la crise écologique actuelle est d’abord une crise spirituelle. Avoir perdu à ce point le lien avec la terre, avoir réduit le monde animal et végétal à de la marchandise, c’est avoir nié le principe même de vie qui nous traverse et nous nourrit. Prendre soin de la terre, c’est prendre soin de notre « maison ». Prendre soin des relations sociales ici et dans le monde, c’est prendre soin de notre famille.

Entre notre naissance et notre mort nous participons au temps de la Création. Aimés de façon inconditionnelle par Dieu, nous sommes invités à être co-auteurs non seulement de notre vie, mais aussi de l’avenir de la Création. Il nous a instauré « Jardiniers de la Création ». Il nous a confié son œuvre.
Nous devons revoir notre théologie et relier le texte biblique de la Création au paradigme de la joie de Dieu.
Ecouter la nature nous parler de Dieu, l’écouter avec nos yeux, nos oreilles, notre cœur change notre attitude vis-à-vis d’elle. Il ne s’agit plus seulement de s’intéresser à elle et d’aller admirer les papillons au papillorama. Il s’agit de la respecter et de s’engager jour après jour pour sa sauvegarde avec l’amour et l’attention du jardinier pour le jardin qui lui est confié.
Cela rejoint les oeuvres d’entraides, Pain pour le prochain et action de Carême, qui nous ouvrent les yeux chaque année sur l’impact écologique de notre manière de consommer et donnent des pistes concrètes pour amorcer des changements, comme cette année les palettes CFF « cultiver la vie » pour commencer des jardins potagers urbains. Elles nous rappellent notre responsabilité pour la sauvegarde de la Création et la justice climatique. Cela rejoint aussi l’encyclique du Pape François « Laudato si ».

Mais cette réflexion et cet engagement dans nos Eglises ne datent pas d’hier. Dans les années 70 déjà, Lukas Vischer, pasteur à Genève, alertait le Conseil œcuménique des Eglises des conséquences désastreuses de notre manière de consommer sur le climat et la justice sociale et en 1986 a été créée l’association OEKU, Eglise et environnement. Barbara Vischer, son épouse me disait récemment que « chaque petite action de développement durable pour diminuer notre impact écologique a une valeur. »

Dans l’agitation de notre société, nous avons clairement perdu le sens des saisons et de la patience, de la lenteur et de la confiance. Cultiver un jardin nous relie à la Création toute entière. Nous réalisons à quel point nous en sommes dépendant et à quel point il est important de la préserver. Dans cette lenteur germe l’espérance et un sentiment de joie profond : nous nous ouvrons à l’émerveillement.

Nos paroisses possèdent des terrains autour des bâtiments. Mais ces derniers ne laissent pas beaucoup de place à la nature : le gazon coupé ras est « stéril », fleurs, plantes sauvages et insectes y sont rares. D’où le rêve de les valoriser en créant des potagers urbains et en favorisant la biodiversité avec l’installation de prairies fleuries, de maisons à insectes par exemple.

Modestes, ces actions répondent non seulement à un besoin de nature en ville, mais permettent d’aller à la rencontre de nos contemporains, eux qui n’entrent plus dans nos temples. Le jardin devient un lieu de partage et de témoignage : partage de son savoir faire, de compétences, d’amitié, de passion ; création de nouveaux liens communautaires, inclusifs et socials, partage de notre foi aussi : nous le faisons parce que nous croyons en Jésus-Christ, lui le jardinier de notre cœur.

Anne-Christine Menu
pour les « Jardiniers de la Création »

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