Ma rencontre avec Jésus fut tardive… par François Cheng
Au bout d’un cheminement fait d’errance et d’errements, chargé des blessures que j’avais reçues et de celles que j’avais infligées a d’autres, j’ai fait enfin la rencontre de Jésus. Je me suis dit alors : « C’est donc arrivé. » Quoi ? Quelqu’un est venu et a vécu parmi nous, il a dit des paroles et fait des gestes à nuls autres pareils, qui nous montraient que le Royaume est parmi nous. Puis, lui l’innocent par excellence, prenant ainsi en charge l’humiliation de tous les innocents martyrisés du monde, il s’est laissé clouer sur la croix. En un unique acte et un acte unique, il a tenu les deux bouts de la vérité. C’est bien ce qui est arrive : il a affronté le mal radical, et dans le même temps, il a montré qu’existe le bien absolu – l’amour absolu. Il est passé par cette mort indispensable, parce que c’était la seule manière justement de vaincre la mort, en offrant une voie ouverte à la destinée humaine. Avant lui, personne n’était allé aussi loin. Après lui, personne ne pourra aller aussi loin. Dans la continuité du temps humain, une coupure s’est effectivement faite : avant lui / après lui.
Accomplissant son acte suprême, s’est-il appuyé sur ses seules forces, sa seule volonté ? Cet accomplissement aurait-il été possible sans cet Amour absolu qu’il portait jusqu’à la transcendance, et qui était en même temps si proche pour lui qu’il l’appelait « Père » ? Proche pour lui, proche pour nous : notre Père. En route simplicité, il eut souci de nous faire don d’une prière qui résonne désormais dans routes les vallées perdues du monde : la prononçant, chacun se voit offrir le Royaume et le pardon, entre en communion avec d’autres qui la prononcent en même temps, par-delà temps et espace, avec l’univers vivant en transformation qui n’a de cesse d’advenir.
François Cheng
dans « Jésus, L’encyclopédie »
Albin Michel 2017, page 367-368
* la prière n
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