Qui, ou ce qui, peut nous faire rajeunir comme l’aigle ?
Dans une courte vidéo (que l’on trouve ici sur internet), le philosophe et mathématicien Michel Serres partage le secret de jouvence, il en donne même trois. Pour rester jeune, nous dit-il, le premier moyen est la cosmétique, de la chirurgie esthétique aux crèmes diverses : cela coûte cher et ne marche pas tellement. Le second moyen est déjà plus efficace, nous dit-il, c’est l’exercice : se lever de bon matin et marcher au grand air, par exemple. Le troisième moyen, enfin, est totalement gratuit et bien trop négligé alors que ce moyen est essentiel pour rester jeune : c’est de lire tous les jours un texte un peu difficile, et tout les jours de se pencher sur un raisonnement un peu difficile, tous les jours de faire un effort intellectuel. Le philosophe nous promet : si vous prenez chaque jour un livre un peu difficile, et que vous essayez de comprendre une page pendant dix minutes : vous êtes sûr, non seulement de rester jeune, mais même de rajeunir.
Il parait que le poisson pourrit par la tête (je ne sais pas, car à la pêcherie d’Hermance on n’a jamais vu un poisson pas frais), mais en tout cas, l’humain, lui ou elle, rajeunit par la tête. Si en plus on fait un peu d’exercice, alors, nous serons dans la meilleure forme possible. Quant aux jeunes, c’est par la tête aussi qu’ils grandissent et deviennent plus libres et plus eux-mêmes. C’est pourquoi la pédagogie ne peut pas se contenter de jeux et d’activités faciles.
Les disciples de Jésus s’en plaignent en lui disant : mais pourquoi est-ce que tu nous parles sous forme d’énigmes, personne ne comprend rien, est-ce que tu ne pourrais pas être plus clair ? Dans le langage d’aujourd’hui, les disciples de Jésus lui auraient demandé d’être plus ludique et surtout plus simple : de donner un catéchisme en quelques vérités absolues, quelques rites et commandements, de faire passer le tout sous forme de jeux ou de courtes vidéos rigolotes de quinze secondes. Sauf que non. Jésus connaissait apparemment ce secret de jouvence et de croissance qui consiste à pousser ses propres limites : se creuser la tête soi-même, chercher Dieu également par sa propre prière avant même de savoir prier, réfléchir à ce que nous pensons juste et bon alors que nous ne sommes pas (encore) expert en philosophie ni en théologie, avoir le goût de la nuance et de la discussion. Parce que c’est par la tête (et le cœur) que l’humain grandit et rajeunit.
Déjà David dans son Psaume 103 nous signalait que l’Éternel nous fait « rajeunir comme l’aigle » (les grecs parleraient d’un phénix). En conséquence, David nous invite à la louange à Dieu, et pour cela, de faire un effort de discernement.
par : pasteur Marc Pernot
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