Prédication

Passons en mode guerriers, nous dit l’apôtre Paul (Éphésiens 6:10-19)

Face à l’état du monde, Jésus nous mobilise. Paul explique comment : en nous armant contre les sources de chaos, afin de ne pas être blessés ou contaminés, puis d’agir par l’Esprit, comme Dieu, pour créer.

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

pasteur Marc Pernot

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prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 18 mai 2025,
par : pasteur Marc Pernot

Prédication

Passons en mode guerriers, nous dit l’apôtre Paul. Mais pas n’importe comment, ni contre n’importe quoi, n’importe qui… Évidemment.

Le plus ancien portrait de François d'Assise, de son vivant, en 1223 (Sacro Speco à Subiaco).

Le plus ancien portrait de François d’Assise, de son vivant, en 1223 (Sacro Speco à Subiaco).

Pourquoi cette image violente ? Parce qu’il y a manifestement plus qu’une bricole à faire, ce serait plutôt un combat afin que « la volonté de Dieu soit (un peu plus) faite sur terre comme au ciel », nous dit Jésus dans sa prière. Cette prière n’est pas une façon de nous défausser sur Dieu, ce n’est pas en nous en plaignant seulement que nous ferons avancer les choses. La prière est un acte de responsabilité qui nous engage. C’est nous tous, autant qu’il y a de bonnes volontés, que Jésus appelle en disant dans l’Évangile « Il faut que NOUS fassions les œuvres de celui qui m’a envoyé, la nuit vient, où personne ne peut travailler. » (Jean 9:4) C’est pourquoi Paul nous invite à devenir une certaine sorte de chevalier dans ce texte célèbre.

Contre qui, contre quoi lutter ?

Paul nous interpelle donc : « Soyez puissants dans le Seigneur, par sa force souveraine. Revêtez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir bon devant les manœuvres du diable. »(10-11)

Ah, voilà des précisions sur l’adversaire que nous aurions à combattre. Seulement, la traduction ne nous aide pas, ou plutôt l’absence de traduction, car le mot « diable » est devenu le nom d’une sorte de dieu méchant ou de créature malfaisante dont certaines personnes en sont venues à croire à l’existence. Dans le grec du Nouveau Testament, le mot diabolos (διάβολος) est le nom d’une fonction, celle de « démolisseur » : cela désigne toute personne ou tout facteur qui brise, divise, fait exploser une construction ou un groupe et en éparpille les éléments (διαβάλλω).

Lutter contre le diabolique, c’est chercher à travailler au niveau de la source du mal, plutôt que de mettre seulement un pansement sur les symptômes.

Le chaos est l’état premier de toute chose, tout est tiré de lui, et tout tend à revenir à cet état. Que quoi que ce soit existe est une merveille étonnante. Quand des Hébreux composent la page sur la création du livre de la Genèse, ils reprennent des récits de création déjà vieux de plus de deux mille ans à leur époque. Ces récits comportaient un dieu créateur et un dieu destructeur. Les Hébreux reprennent ce récit, mais ils gardent uniquement le Dieu créateur : il ne combat plus contre un dieu méchant, il travaille sur le chaos afin d’en tirer quelque chose de bon. C’est la mission à laquelle nous sommes appelés, nous dit Jésus. Avant d’en être là, il nous faut d’abord être capable de résister contre « les méthodes » de tout ce qui est facteur de chaos croissant. Tenir bon.

Les sources diaboliques

La première source de chaos est le chaos lui-même, il tend à être contagieux, engendrant du chaos, de la souffrance et de la mort.

Nous devons donc tenir bon face au chaos qui nous frappe, comme ces catastrophes que sont un tsunami, une maladie, un deuil, un loup qui décime le troupeau, les hasards de la vie…

Nous avons aussi à tenir bon face à cette autre source de destruction qu’est la méchanceté en l’homme. Cela nous touche et nous traverse tous plus ou moins. C’est l’arme de révolutionnaires et de puissants que de faire voler en éclats l’état de droit, le respect, la société, la vie. Mais c’est aussi dans les familles, les entreprises, entre voisins ? Tenir bon, ne pas se laisser contaminer, comme au temps de la peste noire.

Même en ce cas, nous dit Paul, ce n’est pas contre la chair et le sang, ce n’est pas contre la personne que nous avons à lutter, mais contre tout ce qui fait qu’une personne peut parfois être source de chaos. Paul nous dit qu’il nous faut chercher en amont de ces symptômes les forces et les ressorts qui ont conduit cette personne (parfois nous) à faire du mal alors que faire le bien est infiniment plus beau et plus satisfaisant.

Entre le diabolique dans l’homme et le chaos source de chaos, nous avons effectivement du travail de création à faire. Mais, pour cela, d’abord, il nous faut être capables de tenir bon, sans être abattus ni contaminés. Cela demande des forces. C’est le premier point de Paul.

« Soyez fortifiés dans le Seigneur »

La traduction est imprécise, car nous avons en réalité un impératif passif. C’est une curieuse forme verbale, car un impératif nous invite à faire quelque chose et le passif dit que c’est un autre qui agit, Dieu. C’est donc un travail d’équipe : c’est Dieu qui nous donne une force spéciale, et c’est à nous de nous ouvrir à sa puissance de création et de salut.

En même temps, nous ne sommes pas seuls non plus : c’est une force individuelle venant de Dieu, mais c’est dans une équipe que nous entrons « dans le Seigneur ». Nous avons des moyens que Dieu n’a pas, grâce à notre corps de chair, et Dieu a des moyens immenses que nous n’avons pas, bien entendu. Et dans cette équipe, nous retrouvons des collègues.

Le second impératif est de nous équiper :

« Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu. »

Face aux « méthodes diaboliques », source de destruction et de division, ce sont « les armes de Dieu » que nous sommes appelés à saisir et à apprendre à utiliser. La tentation est de rendre le mal pour le mal, d’utiliser des méthodes diaboliques pensant vaincre ainsi le mal, mais alors le mal a déjà remporté une victoire en nous incorporant au camp des faiseurs de chaos. La colère et la peur, l’injustice, la frustration, la désespérance peuvent nous abattre, nous faire baisser les bras, nous rendre méchants…

« Tenez bon », nous dit Paul, sachant qu’effectivement ce n’est pas facile. Et pour cela, nous saisir de la « panoplie » de Dieu. Ce ne sont pas des méthodes, ce sont des qualités d’être, celles de Dieu lui-même. Avant même de combattre, il nous faut devenir un humain christique (ne serait-ce qu’un peu). La sagesse populaire dit que « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Ce n’est pas faux au sens qu’avant de faire quoi que ce soit de bon dans ce combat contre les sources du chaos, nous devons d’abord penser à nous-mêmes pour nous développer avec l’aide de Dieu, afin de devenir ainsi suffisamment forts et fiers pour tenir debout et résister au mal.

Cette panoplie comporte quatre armes : 1) la vérité (vérité de relation, c’est-à-dire la fidélité) qui nous donne d’être dans une belle disposition vis-à-vis des autres. 2) la justice (ce qui est juste) qui nous protège de la contamination des méthodes diaboliques. 3) la bonne nouvelle de la paix (l’Évangile) que nous portons aux pieds, c’est-à-dire qui nous permet d’avancer, d’évoluer de façon constructive. 4) Et finalement, le bouclier de la foi, de la confiance en Dieu et dans la vie qu’il nous donne : cela nous permet de résister aux tourbillons et surprises du chaos.

Il y a là une théologie : Dieu est comme cela pour nous : fidèle, juste, source de paix et fiable. Il n’y a pas lieu de craindre que Dieu cesse d’être ainsi, et de rester en notre faveur.

Il y a là aussi un programme de développement pour nous : travailler ces quatre qualités d’être, les exercer comme on fait des exercices d’assouplissement et de musculation. Il n’y a pas d’autres moyens, même si Dieu nous aime infiniment, il ne peut pas être fidèle à notre place, aimer la justice à notre place, il ne peut pas nous forcer à évoluer si l’Évangile de la Paix ne nous motive pas, ou espérer en lui, Dieu, si nous ne pensons jamais à lui. Ces quatre dimensions pourraient nous inspirer un programme de prière, ou un plan de méditations pour quatre jours de retraite dans un monastère, si c’est notre goût. On peut aussi préférer une prière plus spontanée, comme on parle à un ami. Mais, puisque nous croisons ce texte de la Bible, nous pouvons nous demander où est-ce que nous en sommes dans cet équipement si précieux pour tenir bon. Y penser et compter sur Dieu, c’est déjà s’équiper.

Dans la mesure où, déjà, nous sommes un petit peu en forme (dans ce domaine, un petit peu est déjà excellent), nous pouvons ne plus être seulement sur la défensive face au chaos, mais être actifs pour augmenter le bien dans le monde, modestement, certes, mais résolument. Pour cela, deux pièces d’équipement nous sont offertes :

« Recevez le casque du salut et l’épée de l’Esprit. »

Le casque du Salut : c’est savoir qu’envers et contre tout, nous sommes gardés. Et nous serons gardés quoi qu’il arrive. Cela nous inspire de l’audace.

L’épée de l’Esprit : c’est ce qui permet de trancher, de discerner entre le vrai et le faux, le juste et l’injuste, le bien et le mal alors que tout est tellement mêlé. L’Esprit, ou la Parole : c’est cette façon que Dieu a de créer en ajoutant du sens, en appelant à se poser des questions. Et en annonçant à chacun cette bonne nouvelle : qu’il n’y a pas besoin d’être méchant pour être grand, et encore moins pour être heureux.

Le monde ne pourra être sauvé que par cette arme, celle de l’Esprit, celle de la Parole qui fait vivre. C’est pourquoi le Christ est une incarnation de cette Parole que nous donne.

À nous de jouer, vaillants héros.

Amen

pasteur Marc Pernot

Textes de la Bible

Éphésiens 6:10-19

Soyez puissants dans le Seigneur, par sa force souveraine. 11Revêtez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir bon devant les manœuvres du diable. 12En effet, ce n’est pas contre le sang et la chair que nous luttons, mais contre les principats, contre les autorités, contre les pouvoirs de ce monde de ténèbres, contre les puissances spirituelles mauvaises qui sont dans les lieux célestes.

13Prenez donc toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le jour mauvais et, après avoir tout mis en œuvre, tenir bon. 14Oui, tenez bon : ceignez vos reins de vérité et revêtez la cuirasse de la justice ; 15mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne la bonne nouvelle de la paix ; 16prenez, en toutes circonstances, le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais.

17Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu.

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Un commentaire

  1. Anne dit :

    Merci et encore merci
    Je n’ai pas encore pu tout lire ce qui est déposé sur le blog.
    En tout cas, je suis émerveillée de la richesse de vos réflexions, qui entraîne la nôtre (et enrichit nos ‘armes’)!
    Oui, Dieu vous accompagne et vous bénit,
    Bonne journée et mes chaleureuses salutations,

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