25 décembre 2023

Marc Pernot le 25/12/23
Prédication

Noël selon Paul et Luc : « jusqu’à ce que Christ soit formé en nous » (Luc 1:28-38 ; Galates 4:4-19)

Luc est le seul qui, dans son évangile présente un récit de conception miraculeuse de Jésus. Or, Luc est un tout proche disciple de Paul, qui parle, lui, de Dieu qui forme en nous-même le Christ…

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

pasteur Marc Pernot

 

Vidéo :

Podcast audio de la prédication / Podcast audio du culte

(Voir le texte biblique ci-dessous)

texte de la prédication à imprimer

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le matin de Noël 2023,
par : pasteur Marc Pernot

 

Le Nouveau Testament est formé de 27 textes écrits au Ier siècle de notre ère pour évoquer Jésus-Christ. Parmi ces textes, il n’y a que les évangiles de Matthieu et de Luc qui parlent de l’enfance de Jésus, et seulement Luc qui parle de Jésus comme conçu miraculeusement par le Saint Esprit en Marie.

Les textes de l’apôtre Paul sont parmi les plus anciens. Dans sa lettre aux Galates, il parle de la naissance de Jésus en disant qu’il est « né d’une femme », γυνή (gunè en grec) et non d’une jeune fille (παρθένος, parthénos en grec). Il dit par contre que c’est en nous-mêmes que l’enfant de Dieu est en train d’être formé. C’est nous toutes et nous tous qui sommes enceints du Christ par la vertu du Saint-Esprit. C’est effectivement une magnifique nouvelle : notre test de grossesse est positif, nous sommes porteur de vie. Et quelle vie !

Luc nous rapporte donc une histoire apparemment féérique sur la conception de Jésus. Paul parle d’une naissance normale de Jésus et c’est nous qui vivons, dans les profondeurs de notre être, une histoire dépassant l’ordinaire. Est-ce qu’il y aurait là un sujet de dispute entre Luc et Paul, comme il en existe dans les familles autour de la dinde de Noël ? Certainement pas : car Luc était un ami très proche de Paul et tout appris de lui. Paul écrit cette lettre en 50, Luc a certainement eu connaissance de ce texte rédigé par son maître et il écrit son évangile quelque chose comme 25 ans après.

On peut donc avancer que si nous avons une différence entre le récit de Luc et l’enseignement de Paul, c’est plus une différence de styles littéraires, avec des significations proches, chacun dans son style.

L’avantage et l’inconvénient de la façon dont Paul s’exprime est son côté très philosophique et théologique. C’est formateur, mais tout le monde n’est pas prêt à cet effort, et cela pourrait rester très cérébral.

L’avantage et l’inconvénient de la façon dont parle son disciple Luc est le côté féérique de son enseignement : avec l’histoire d’une jeune fille, des anges, des miracles, des bergers et des chants dans le ciel… cela est vivant et joyeux, mais bien des personnes peuvent prendre cela comme étant un conte à dormir debout.

Alors qu’évidemment non : les deux façons de parler nous apportent profondément. À condition de lire ces textes selon l’Esprit, c’est à dire en nous impliquant personnellement dans ces textes comme des récits de formation, littéralement : de formation du Christ en nous, comme le dit ici Paul. Formation de cette dimension nouvelle dans notre façon d’être et de vivre, d’espérer et de faire confiance à Dieu.

Dans cet enseignement hyper concentré de l’apôtre Paul, chaque ligne est une grande nouvelle pour nous :

1) Humain, nous sommes adopté comme divin

« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et né sous la Loi religieuse, pour affranchir ceux qui sont sous cette loi, et pour que nous recevions d’être enfant adoptifs. »

Nous avons là deux choses : Jésus est né avec un corps de chair comme nous, et il est né avec une religion, ses règles et ses rites. Paul nous dit qu’en Christ ces deux choses sont transformées radicalement.

Comme lui nous sommes nés et nous n’avons pas cherché à l’être. Nous sommes le fruit d’une histoire de milliards d’années avec l’apparition de la vie, l’évolution des espèces, des hasards et des rencontres… et plop : nous sommes arrivés à la vie. Serions-nous seulement comme un peu d’écume à la surface d’une vague de l’océan ? Non : en Christ nous apprenons que nous sommes personnellement adopté par Dieu somme son enfant. L’idée même d’adoption rompt avec les hasards de l’existence : une volonté, une décision, un choix, un amour qui nous reconnaît comme essentiel.

Ensuite, cela rompt avec la religion, nous dit Paul. Comment ? Depuis que l’humanité existe, les hommes cherchent Dieu et développent pour cela des religions, des rites, des mythes, des théologies, des prières afin d’obtenir les faveurs de Dieu ou des dieux, du destin ou du karma… En Christ, nous voyons que c’est l’inverse : nous sommes connus et reconnus avant même que nous cherchions Dieu. Cela change complètement notre rapport à Dieu et le sens de la religion.

C’est un préalable absolument génial. Nous pouvons être nous-même, et nous pouvons chercher Dieu le cœur ouvert. Prier est alors une gourmandise, une respiration, ce n’est plus un devoir.

  • Pour vivre ce 1er point : réjouissons-nous d’être nous-même, et pour cela, mettons-nous à l’écoute de l’Esprit qui souffle au fond de nous : Dieu voit en nous son enfant qu’il aime.

2) En relation cœur à cœur avec Dieu

« Parce que vous êtes ses enfants : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba – Père ! »

Quand un enfant est né ou qu’il est adopté, la question reste ouverte : l’enfant adoptera-t-il ses parents ? C’est l’espérance de Dieu, évidemment. Nous savons que notre réponse est libre car il est manifestement possible de vivre en tournant le dos à Dieu : il n’a jamais foudroyé personne, il n’a ni puni ni abandonné personne, pas même ses ennemis, nous dit Jésus. Dieu nous laisse libre mais il nous appelle : depuis que nous ne sommes plus seulement une sorte de cousin du singe, l’humain a reçu le don de s’ouvrir à la spiritualité, pas seulement de chercher à manger et à se reproduire.

En Christ, cette spiritualité devient une intimité cœur à cœur avec Dieu, une relation de seule tendresse, appelant Dieu non pas « Seigneur » comme dans certaines traditions, mais « Abba – Père », « papa » en hébreu.

  • Pour vivre ce 2e point : nous pourrions ouvrir chacune de nos prières et nous plaçant devant Dieu comme étant de toute tendresse, de seule tendresse envers nous, envers ce monde. Rester là dessus le temps que cela infuse en nous.

3) D’employé nous devenons héritier

« Tu n’es donc plus esclave, mais enfant ; et, comme enfant, tu es aussi héritier par Dieu. »

C’est en même temps libérant, et c’est en même temps responsabilisant, c’est là que les affaires sérieuses commencent. Nous ne travaillons pas pour un salaire sous les ordres d’un patron nous dit Paul.

Imaginons que nous sommes à la tête de l’entreprise créée par notre ancêtre en 1340 et que chaque génération depuis a fait vivre, a adaptée, transmise aux générations suivantes… C’est notre tour, qu’aimerions-nous faire ? Nous sommes libre (voir Luc 15:11…).

En tout cas, l’Esprit nous est donné, et l’Esprit c’est le pouvoir de créer, d’innover, d’entreprendre, de construire avec d’autres.

  • Pour vivre ce 3e point : vivons par l’Esprit, osons discerner les besoins et nos talents, osons avoir de l’idéal, osons choisir des engagements personnels, aussi modestes soient-ils, ce sera déjà cela.

Paul poursuit :

4) La connaissance de Dieu nous rend libre

« Jadis, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez asservis à des dieux qui, par nature, ne le sont pas, mais maintenant : vous connaissez Dieu, ou plutôt vous êtes connus de lui. »

Alors que la peur de Dieu faisait de nous un esclave de la religion. Alors que l’absence de Dieu nous faisait croire en l’homme seulement. Christ nous a vraiment fait découvrir que Dieu nous élève, nous rend meilleur. C’est libérant et encourageant.

Seulement, Paul nous fait remarquer qu’il existe une autre chose qui nous rend esclave : c’est l’ignorance.

C’est pourquoi les tyrans de toutes sortes cherchent à empêcher les gens d’apprendre et donc de pouvoir penser par eux-mêmes.

Celui qui n’a aucune idée de Dieu risque d’avoir plein de dieux de substitution, et ces dieux sont tyranniques.

En Christ, la connaissance de Dieu nous rend libre : la connaissance de son amour, c’est vrai, et aussi le fait que Jésus passe son temps à stimuler notre propre questionnement sur Dieu, à casser les idées simplistes.

  • Pour vivre ce 4e point : pensons et prions librement, creusons, posons-nous des questions, débattons avec les autres avec respect et intérêt.

5) C’est avec patience que Dieu nous forme

Finalement, Paul supplie les Galates en les appelant : « mes petits enfants que, dans la douleur, j’enfante encore et encore, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous. »

L’opération Noël n’est donc pas terminée, ni en nous, ni dans le monde. Nous sommes à l’image de Marie enceinte. Nous sommes dans cet entre-deux : il existe déjà quelque chose de génial dans l’humanité et en chacun de nous. Et c’est vrai que nous avons la douleur aussi de constater que nous sommes loin du compte.

Nous sommes en travail avec Dieu, il est patient parce qu’il aime.

Cet embryon de Christ est bien là, vivant, en cours de formation dans nos profondeurs. Dieu nous bénit et nous accompagne. Et c’est donc en confiance et dans la louange à Dieu que nous pouvons vivre un Joyeux Noël, fêtant ce qui nous est déjà donné. Et ce qui nous est promis.

pasteur Marc Pernot

Textes de la Bible

Évangile selon Luc 1:28-38

28L’ange entra auprès de Marie et lui dit : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. » 29A ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 30L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. 32Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

34Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » 35L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu. 36Et voici que Elisabeth, ta parente, est elle aussi enceinte d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile, 37car avec Dieu, aucune parole n’est impossible. » 38Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Et l’ange s’éloigna.

Galates 4:4-19

4Quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et né sous la loi, 5pour affranchir ceux qui sont sous la loi, pour que nous recevions d’être enfants adoptifs.

6Parce que vous êtes ses enfants : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba – Père ! 7Tu n’es donc plus esclave, mais enfant ; et, comme enfant, tu es aussi héritier par Dieu.

8Jadis, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez asservis à des dieux qui, par nature, ne le sont pas, 9mais maintenant que vous connaissez Dieu, ou plutôt que vous êtes connus de lui, comment pouvez-vous retourner encore à des éléments faibles et pauvres, dans la volonté de vous y asservir de nouveau ? 10Vous observez religieusement les jours, les mois, les saisons, les années ! 11Vous me faites craindre d’avoir travaillé pour vous en pure perte !… 19Vous, mes petits enfants que, dans la douleur, j’enfante encore et encore, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous.

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

12 Commentaires

  1. François dit :

    Selon moi, (ceci est donc mon opinion personnelle et je peux me tromper) Luc, qui était médecin, relate yne enfance tout à fait normale de Jésus, ce en quoi il a bien raison : Jésus n’aurait jamais voulu être au dessus des autres, mais au contraire comme les autres, tous en tant qu’ils sont. Paul, lui, prêche en converti, et bien des années plus tard : il conçoit Jésus bien au delà de l’enseignement de Jésus, et lui accorde une devotion qui peut nous sembler hors de mise…

  2. Maryse dit :

    Merci pour ce beau et lumineux message de Noël .
    Joyeux Noël !

    1. Marc Pernot dit :

      Très sympa ! Merci pour cet encouragement ! Dieu vous bénit et vous accompagne

  3. Paraboles du semeur plutôt que métaphore du Christ naissant en nous ? dit :

    Luc 1:35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu »
    Ce qui naît en nous via l’Esprit Saint n’est pas appelé « Fils de Dieu ». Il me semble que cette expression ne peut s’appliquer qu’à Jésus Christ.
    De même que pour le prologue de Jean peut suggérer des clefs de lecture pour l’évangile selon Jean, le Prologue de Luc (chapitres 1 à 3) peut servir pour suggérer des clefs de lecture du récit de la vie et des enseignements de Jésus Christ dans le reste de l’évangile selon Luc.
    La ou les personnes qui ont rédigé et inséré ce verset sur la conception de Jésus Christ ont voulu justifier le titre de « Fils de Dieu » et ont voulu l’associer à la conception biologique via l’action de l’Esprit Saint en Marie. Mais il est possible de rendre ces deux idées indépendantes : conserver ou non ce titre de « Fils de Dieu » appliqué à Jésus Christ, sans conserver celle d’une conception biologique via l’action de l’Esprit Saint en Marie.
    Sauf erreur(s) de ma part, Jésus Christ lui-même selon les évangiles, n’a ni annoncé Paul de son vivant, ni confirmé par ses enseignements ces récits des prologues des évangiles selon Luc et Matthieu, ni au sens biologique, ni au sens allégorique de type Cantique des Cantiques qui serait appliqué à la relation entre Dieu et l’Eglise ou même directement les humains. Dans les paraboles de Matthieu, Marc, Luc, il s’agit plutôt de semences végétales qui font advenir le Royaume de Dieu en nous, dont d’ailleurs seulement certaines sont bénéfiques (pas les « mauvauses herbes » non venues de Dieu). C’est assez différent comme métaphore et allégorie.

    Galates 4:4 […] Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme […]
    Le fait d’avoir mis au monde un enfant pourrait être suffisant pour l’utilisation du mot « femme » dans l’épître aux Galates à l’époque au Ier siècle de notre ère. Le cas particulier de la conception virginale par Marie par l’intervention de l’Esprit Saint selon le prologue de l’enfance de Jésus dans l’évangile selon Luc pourrait ainsi rester valide si l’on souhaite y croire et conserver en même temps la validité de ce verset particulier de l’épître aux Galates.

    « Paul écrit cette lettre en 50, Luc a certainement eu connaissance de ce texte rédigé par son maître et il écrit son évangile quelque chose comme 25 ans après.»
    => [La Colombe] Matthieu 23.8. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.
    9. Et n’appelez personne sur le terre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux.
    10. Ne vous faites pas appeler directeurs, car un seul est votre Directeur, le Christ
    => Hors du texte biblique lui-même, nous n’avons que très peu d’informations de contexte sur l’histoire de l’Église et des communautés chrétiennes, auteurs y compris, au premier siècle de notre ère et même jusqu’à vers 120 après JC. La datation de l’évangile selon Luc est très incertaine, elle a pu notamment se faire en plusieurs étapes et en ayant recours à plusieurs sources intermédiaires. Elle aurait même pu précéder en tout ou partie celle des lettres de Paul (par exemple 1-Corinthiens cite la Cène dans une version proche ou semblable la Cène selon Luc, ou il cite une source commune, vu que Paul en tout cas n’a pas été témoin direct de la Cène). Et le prologue sur l’enfance de Jésus vient probablement d’une autre source et d’une autre période de rédaction que les récits de la vie et des enseignements de Jésus adulte.
    Il n’est pas 100% sûr non plus que même cette partie centrale sur la vie et les enseignements de Jésus adulte soit d’une seule personne… ni que cela corresponde au Luc dont parle certaines fins de quelques lettres de Paul.

    « à la tête de l’entreprise créée par notre ancêtre en 1340 » ? Est-ce une allusion à un événement historique en 1340, avant même Jean Hus ?

    Galates 4:19 « mes petits enfants que, dans la douleur, j’enfante encore et encore, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous. » L’enfantement est censé venir de Dieu via L’Esprit Saint, non de Paul. L’expression de Paul me paraît trop centrée sur lui-même à la place de Dieu, comme d’autres passages de ses épîtres.

    1. Pascale dit :

      Une toute petite remarque concernant (je cite) : « L’enfantement est censé venir de Dieu via L’Esprit Saint, non de Paul. »
      Si on garde la métaphore de la grossesse et de l’accouchement, l’enfantement ne vient pas seulement de Dieu, de loin pas. Dieu est à la source, il est celui qui rend la vie possible et qui accompagne. Mais l’humain a une grande part dans le processus. La femme enceinte, ainsi que ceux qui l’entourent, ne sont pas passifs, que ce soit au cours de la grossesse, et encore moins lors de l’accouchement !

  4. Bruno dit :

    Paul dit « né d’une femme » et non « fils de Joseph » comme le voulait l’époque. Il avait probablement eu connaissance du récit rapporté par Luc.

    1. Marc Pernot dit :

      Ou il avait entendu les récits repris dans le Talmud où Jésus a été engendré de Marie et d’un soldat romain nommé Pandera ou Pantera ? Car hélas, de tout temps il n’est pas rare trois fois hélas, que les soldats d’une armée d’occupation d’un pays violent les femmes de ce pays, comme une façon d’éliminer ce peuple dont on vole la terre. Même en 2022-2023 nous avons vu cela accompagner des invasions.

  5. Un écho d'Irénée pour aujourd'hui ? dit :

    L’ouvrage de Bibliothèque de la Pléiade « Premiers écrits chrétiens » contient certains passages du Talmud concernant Jésus (qui d’ailleurs semblent un peu polémiques). D’autres passages du Talmud (non cités dans cet ouvrage) semblent indiquer effectivement une « histoire » (d’amour ?) que Marie aurait eu en dehors de (avant ?) ses fiançailles avec Joseph, en insistant sur le côté pécheresse hors la Loi mosaïque de Marie. Le passage Jean 8:1-11 prendrait alors une dimension supplémentaire concernant Jésus et Marie eux-mêmes. Mais attention, de même qu’Ulysse a demandé à ses coéquipiers de se boucher les oreilles lors du chant des sirènes, peut-être aujourd’hui faut-il se boucher les oreilles à certaines sources non canoniques, surtout si ces sources elles mêmes sont également sujettes au doute méthodique historique et à analyse de fiabilité historique comme l’indique Mireille Hadas-Lebel dans son ouvrage sur Hillel. Ulysse qui souhaite malgré tout faire l’expérience de l’écoute du chant des sirènes, mais sans risquer de succomber fatalement, demande à ses compagnons de l’attacher au mât pendant qu’eux se bouchent les oreilles.

    Matthieu 18:16 « prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute affaire se règle sur la parole de deux ou trois témoins ».

    Remarquons d’abord que cette invitation évangélique humanise le commandement source du Deutéronome en faisant passer au plan allégorique l’éventuelle condamnation à mort des transgresseurs de la Loi : le risque encouru ici est la sortie ou l’écart provisoire de la vie éternelle.

    Essayons de transposer cette invitation évangélique pour rechercher la vérité concernant la naissance de Jésus, en considérant ici non des témoins humains tous encore vivants, mais des traditions issues de l’histoire.

    Cherchons donc la concordance entre les sources scripturaires chrétiennes canoniques et les traditions des Églises : quel est le dénominateur commun ?

    => Un des dénominateurs communs entre les récits de l’enfance de Jésus dans les évangiles selon Matthieu et Luc, les traditions dont la ferveur s’exprime dans des chants de Noël du type « Il est né le divin enfant », est que Joseph, le père social de Jésus, n’est pas en même temps son père biologique.

    Ainsi formulé cela reste compatible avec les énoncés de chacune et de chacun il me semble.

    L’enseignement de Jésus Christ adulte nous invite de toute façon à reconnaïtre notre paternité spirituelle en Dieu, quelle que soit la parentalité sociale et biologique :
    Matthieu 23.9. « Et n’appelez personne sur la terre « père », car un seul est votre père, le Père céleste »

    Maintenant une source ancienne importante est Irénée de Lyon. Il a vécu au IIème siècle, environ de 140 à 200 après Jésus Christ. Pour les protestants, il ne s’agit pas comme pour certaines autres traditions d’Églises, de s’appuyer sur une autorité de saint, Père de l’Eglise, voire Docteur de l’Eglise, et source de Tradition ; mais il s’agit de chercher dans ses oeuvres des arguments qui éventuellement pourraient encore faire sens pour nous aujourd’hui selon nos critères contemporains (souvent propres à chacun, parfois communs).

    Dans sa « Démonstration de la foi des Apôtres », dont le texte a été retrouvé au début du XXème siècle via une traduction arménienne, Irénée cherche à établir que la Bible hébraïque ou sa traduction en grec dans la Septante annonce des événements de la vie de Jésus. Cet ouvrage est également disponible dans les « Premiers écrits chrétiens » à la Bibliothèque de la Pléiade.

    Il s’appuie par exemple sur des passages comme le suivant :
    Esaïe 9.5. « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné.
    Il a la souveraineté sur son épaule ; on l’appelle du nom de prodigieux Conseiller,
    Dieu-Héros, Père éternel, Prince de paix. »
    Par ailleurs Irénée cite Genèse 1:26 : « Faisons l’humain à notre image et selon notre ressemblance », et pense y décèler du fait du pluriel (faisons) la révélation d’un dialogue entre le Père et le Fils, prodigieux Conseiller du Père.

    (ce paragraphe n’est plus dans Irénée) Là encore, l’enseignement de Jésus adulte entre en résonnance, si l’on souhaite conserver active en même temps la validité du verset d’Esaïe :
    Matthieu 23.10. « Ne vous faites pas appeler conseiller, car un seul est votre Conseiller, le Christ. »
    Ainsi l’identification peut se faire de façon unique entre le « Conseiller étonnant » de Esaïe 9.5 et « votre Conseiller, le Christ » de Matthieu 23.10.

    Toujours selon Irénée dans sa « Démonstration de la prédication apostolique » à présent, le Fils est la Parole ou le Verbe de Dieu, préexistant à l’humanité. Mais par ailleurs Irénée nous dit qu’Esaïe 7:14-16 est une annonce de l’humanité de Jésus, une fois la Parole devenue chair et ayant dressé sa Tente parmi nous (comme la Shekinah) : « (Esaïe) a laissé entendre qu’il serait véritablement homme, en le qualifiant d’enfant, et en disant qu’il mangerait. » Or aujourd’hui, nous avons également le « témoignage » de la biologie. La biologie nous enseigne que l’information génétique du corps humain (l’information humaine, hors information génétique des cellules symbiotiques) est transmise pour moitié par la mère biologique, et pour moitié par le père biologique. Et notamment qu’un enfant garçon naît avec le 23ème paire de chromosomes XY, tandis qu’un enfant fille naît avec la paire XX. Ainsi Marie possédait des chromosomes XX, et Jésus XY. Cela n’existe pas chez les humains, mais une parthénogenèse au sens biologique du terme, qui existe chez certaines espèces animales, et plus communément chez des espèces végétales, ne pourrait conduire qu’à la naissance d’une enfant fille, clône biologique de sa mère.

    Ainsi, chacune et chacun selon ses propres coryances, il est possible, si on le souhaite, de conserver l’idée de Jésus Christ Parole de Dieu, et en même temps humain conformément en ceci avec Irénée et le Concile d’Ephèse (Jésus Christ Dieu et humain), mais avec notamment une 23ème paire de chromosomes XY, dont le chromosome Y a été conféré par un père biologique humain, puisque la biologie nous enseigne que cela fait partie de l’humanité. Sans quoi Jésus Christ serait un demi-Dieu et la Parole Dieu-le-Fils, alors qu’il est crû humain et la Parole Dieu-le-Fils. Le côté humain de Jésus ne serait pas établi à 100% il me semble.

  6. Pascale dit :

    Il arrive que dans une prédication une phrase me touche, m’interpelle, me trotte dans la tête, sans qu’elle ne soit centrale dans le propos d’ensemble. Ici c’est : « Prier est alors une gourmandise, une respiration, ce n’est plus un devoir. » Une gourmandise, comme je voudrais que ce soit toujours le cas ! Oui, ce n’est pas un devoir, au sens de quelque chose d’imposé de l’extérieur, mais il y a tout de même des jours où la gourmandise a un goût un peu fade, où cela reste un exercice que l’on s’impose parce que l’on pense que ce sera bénéfique.

    1. Marc Pernot dit :

      Excellent ! Bravo Pascale
      C’est vrai qu’entre la contrainte extérieure et la gourmandise, il y a les exercices que l’on se donne à soi-même. C’est vrai pour la prière comme pour le sport. Et effectivement, la prière est aussi une hygiène de vie, un choix de pratiquer cet exercice. C’est peut-être là que, précisément, au élargit ses propres possibilités, dans l’effort que l’on choisit de faire au delà de ce qui ferait du simple plaisir ?
      Grand merci !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *